Dirge Of Cerberus – Avis de Margoth

Vincent Vs The World !

Genre
TPS / RPG
Développeur
Square Enix
Éditeur
Square Enix
Année de sortie
2006

L’impatience de la sortie de Final Fantasy VII Remake fait faire des choses bien saugrenues. Par exemple, emprunter l’exemplaire d’un ami de Dirge Of Cerberus : Final Fantasy VII que je n’avais encore jamais osé faire jusqu’à maintenant. Et ce n’est même pas un poisson d’avril, la belle affaire. Bon, après, ce n’est pas aussi saugrenu que le fait que ce-dit ami se soit procuré le jeu sans rien de connaître de Final Fantasy VII, qu’il s’en contrefichait d’ailleurs royalement tant les délires mollassons type RPG tour par tour et autres trucs à histoire ne sont pas son came. Naïvement, il espérait que le soft lui plaise par son gameplay et qu’il soit face à une histoire un brin bidon d’habillage qu’il pouvait comprendre sans le speech de base de l’univers de Final Fantasy VII. Autant dire que je ne me suis clairement pas gênée à partir vers quelques gentilles moqueries. Parce que bon, même si je n’avais osé, je savais pertinemment que ce Dirge Of Cerberus : Final Fantasy VII – dernier projet sorti sur Playstation 2 de la Compilation Of Final Fantasy VII où l’on trouvait en parallèle Crisis Core sur PSP, le film Advent Children et autres petits softs mineurs qui ne sont jamais sortis sous nos latitudes – était ce genre de soft où l’intérêt réside dans le fan service. Et au final, après l’avoir terminé, je réitère avec d’autant plus de conviction cette pensée : ce n’est que du fan service.

Après, je ne vais pas aller jusqu’à dire que c’est du mauvais fan service et que le but n’était que bassement mercantile. C’est justement la connaissance et bonne appréciation de l’univers de Final Fantasy VII qui nous fait trouver des points positifs à ce Dirge Of Cerberus. Notamment via son histoire. Parce que c’était l’argument numéro 1 de ce projet de compilation de soft dérivés : apporter enrichissement à l’univers de Final Fantasy VII et donner des réponses à quelques zones d’ombre qui subsistait dans le jeu originel. Si Crisis Core arrivait plutôt bien à faire passer la pilule pour ceux n’ayant pas fait le jeu, Advent Children également, quand bien même il leur manquerait quelques éléments pour une totale compréhension, il faut admettre que dans le cadre de Dirge Of Cerberus, la non connaissance de la base est clairement rédhibitoire. Car si de nouveaux personnages font leur apparition, il y en a aussi une belle tripotée de visages connus, justement au cœur du propos, dont le passif qu’on leur connaissait au sein du jeu originel, n’est finalement que peu exposé, ce qui ne donne pas foncièrement l’envie pour le non-connaisseur de s’y intéresser plus que cela. Au contraire, ce dernier aura plutôt l’impression de nager dans la semoule en terme de compréhension globale et d’avoir entre les mains un jeu certes très beau pour l’époque mais pas foncièrement bien rythmé, doté d’un gameplay pas spécialement folichon pour couronner le tout.

Alors que le fan de Final Fantasy VII adorera contrôler un Vincent Valentine qui aura marqué à l’époque par son charisme et l’aura de mystère pas forcément entièrement levé à l’issue du combat final contre Sephiroth. Ainsi que revoir d’autres personnages secondaires mais néanmoins d’une importance capitale dans le lore originel comme Lucrécia – que l’on découvre sous un jour nouveau et pas toujours aussi flatteur qu’à l’époque – ou cette belle enflure d’Hojo. Dirge Of Cerberus permet également de se remémorer un point que l’on avait tendance à un peu laisser de côté avec le changement de nemesis de Final Fantasy VII : à quel point cette société Shinra peut être abjecte. Que ce soit sur les événements du passé qui sont ici développés et servent de complément à Crisis Core, que sur l’héritage qu’elle aura laissé après le dénouement du jeu originel, Dirge Of Cerberus se situant quelques années plus tard (et après Advent Children également). Bien entendu, je ne vais pas m’étendre sur le speech en lui-même, le peu pouvant être résumé spoilant tout un tas de choses de tous les jeux/films estampillés Final Fantasy VII mais plutôt m’étendre sur l’appréciation globale. L’histoire se révèle au final intéressante, ce qui est dévoilé reste cohérent, une très bonne chose au demeurant. On appréciera moins ce côté mal rythmé. On pourra se retrouver face à vingt-trente minutes de pure narration pour passer ensuite trois chapitres (2h30/3h dirons-nous) de pur gameplay un brin remplissage, répétitif et pas spécialement passionnant sans rien avoir sous la dent pour combler le vide. Si les deux premiers chapitres passent bien, on se retrouve quand même avec un gros passage un peu à vide jusqu’à atteindre le dernier quart du jeu où les choses s’emballent enfin. Tant du côté histoire que du gameplay où les gros combats de boss s’enchaînent. De ce dernier point, on s’amusera à voir que Square Enix a pris une grosse inspiration sur la série des Metal Gear Solid. Tant par ce côté déséquilibré de la narration que par cet effort de créer de nouveaux personnages que l’on affrontera en tant que boss au bout du compte, avec leur bonne dose de charisme, leurs motivations et leurs états d’âme. Avec cette même volonté de les mettre en scène, que ce soit avant ou après leur affrontement. L’inspiration est évidente mais Square Enix n’oublie pas pour autant la propre griffe Final Fantasy, notamment dans les moments de twists et de révélations, et se cantonne heureusement à ce qu’il sait faire sans forcément partir dans les délires de bris de quatrième mur à la Kojima. On les remerciera.

On les remerciera moins en revanche vis-à-vis du fait qu’ils ont voulu puiser de cette influence également dans le gameplay. Parce que si les petites caisses à ramasser reprennent le modèle de Metal Gear Solid, c’est peut-être rigolo, on pestera notamment cette petite phase d’infiltration hommage absolument infecte. Et plus globalement, cette volonté de partir vers un délire TPS. Parce que Vincent Valentine se bat avec des armes à feux, le parti-pris paraissait évident. Décider de le mélanger avec quelques aspects RPG, histoire de dire qu’on n’oublie pas la base de Final Fantasy, ne semblait également pas une mauvaise idée en soi. En théorie. Dans le pratique, on déchante rapidement : le jeu ne brille clairement pas pour ses bonnes sensations de jeu. Au contraire, on se sent rigide, ça manque cruellement de feedback tant lorsqu’on touche ses ennemis que lorsqu’on se fait canarder. Certes, on n’oublie pas que l’on est sur un jeu de Playstation 2 mais l’on a quand même vu bien mieux à tous ces niveaux. Outre ces soucis de base, on n’ira pas forcément pester pour son côté linéaire découpé en chapitres, on regrettera surtout d’être toujours confronté aux même genres de situations. Dirge Of Cerberus s’avère en effet très répétitif dans ses phases de jeu, un point noir qui se révèle d’autant plus mauvais que chaque objectif, qu’il soit obligatoire ou optionnel, n’est déjà pas très passionnant à la base. Autant dire que la seconde fois dans un autre décor n’ajoutera pas forcément plus d’intérêt. Même la promesse de se transformer en bête galienne en mode « limit break » n’enthousiasme pas plus que cela tant ça manque de sensations.

A vrai dire, il y aurait pu y avoir un intérêt si cette promesse de partie RPG influait beaucoup dans le système de jeu. Et ce qui en découle paraît effectivement d’une base intéressante, à savoir la possibilité de customiser ses armes et équipement – avec notamment quelques rares matérias pour lancer de la poudre aux yeux qu’il y a de la magie – histoire de pouvoir compter sur des caractéristiques spécifiques et offrir donc des subtilités de jeu diverses. Le système est là, bien présent, mais malheureusement pas assez développé pour que cela offre quoi que ce soit de décisif. Et ce n’est pas en mettant un système d’expérience pour faire des montées de niveau de notre héros que ça donnera un vrai fond RPG. Que reste-t-il dans tout ça du coup ? Eh bien, du TPS très moyen de gamme qui nous fait dire que, définitivement, il n’y a pas assez de narration dans Dirge Of Cerberus. Et ce, même lorsqu’on ressort d’une séquence de parlotte de vingt minutes, c’est dire…

En revanche, Square Enix oblige, on n’ira rien redire sur la beauté du soft. Les cinématiques en envoient plein les mirettes, de la même manière que sur les séquences tournant avec le moteur de jeu où l’on sent clairement le fait qu’ils aient réemployés les assets de Final Fantasy X, X-2 et XII. Le chara-design signé Nomura fonctionne également très bien (encore mieux aujourd’hui vu qu’il signe celui de Final Fantasy VII Remake). Notamment pour les personnages issus du jeu originel tandis que d’autres rappelleront davantage Kingdom Hearts (Shelke pour le cas le plus frappant). Des bonnes choses dont Square Enix aurait eu grand tort de se passer bien qu’il aurait été préférable de savoir arrêter cet aspect recyclage à temps. Car il est plutôt déroutant d’avoir affaire à une bande-sonore qui recoupe pas de resucées de Final Fantasy X-2 et Final Fantasy XII – pas dans les hauts du panier des soundtracks Final Fantasy malheureusement – dans un jeu estampillé Final Fantasy VII. N’aurait-il pas été justement plus logique, à l’instar de la bande sonore d’Advent Children très réussie dans l’exercice, de repartir sur les bases de l’OST originelle et ainsi enfoncer le clou de la dimension fan-service que l’on voit pourtant continuellement, avec une certaine réussite, dans Dirge Of Cerberus (clins d’œils, mises en scène, apparitions des protagonistes principaux du jeu de base, etc) ? Comme dirait l’autre, passons…

Passons vite pour dire qu’au final, Dirge Of Cerberus fait partie de ces jeux que j’ai vécu comme une jolie purge en terme de gameplay. Par chance, les promesses de fan-service sont tenues et le propos de l’histoire demeure fort intéressant, ce qui ne donne pas non plus l’impression d’avoir trop perdu son temps. Mais l’on ne s’y reprendra pas trop à le recommencer, encore moins aussi régulièrement qu’un Final Fantasy VII.

Dirge Of Cerberus – Avis de Margoth
Appréciation
Que les non-connaisseurs de Final Fantasy VII passent vite leur chemin de ce Dirge Of Cerberus tant ce dernier n'a aucun intérêt sans connaissance du lore de base. C'est même son principal argument avec la beauté de ses graphismes et ses quelques cinématiques car le volet histoire et clins d’œils sont bien menés, de la même manière que l'inspiration surprenante envers Metal Gear Solid dans ses délires de mise en valeur de ses différentes nemesis. Pour le reste, le délire de proposer du RPG dans une formule TPS n'est clairement pas assez poussée pour revêtir d'un véritable intérêt malgré des bonnes idées de base. Pire, le côté action n'est pas forcément très agréable à jouer, ni même très bien mis en valeur à cause d'un enchaînement de situations de jeu pas franchement passionnantes et répétitives.
Points forts
L'histoire, aussi intéressante que crédible
Visuellement magnifique
Du bon fan-service pour le fan de Final Fantasy VII
Une surprenante inspiration à Metal Gear Solid pour certains aspects narratifs qui fonctionne bien
Points faibles
Un gameplay TPS mollasson
Répétitif et peu intéressant en terme de phases de jeu
Un aspect RPG complètement anecdotique
Les musiques, fonds de tiroir des sessions Final Fantasy X-2 et XII, peu marquantes