Interview de Yasuyuki Oda (King of Fighters XIV, Kizuna Encounter)

L’interview a été réalisée par Simon *Gozaimas* Parkin en début d’année 2017 et publiée sur le forum de Neo-geo.com.

Réalisée dans le cadre d’un projet d’article pour le New Yorker, elle n’a que très peu répondu aux attentes de son auteur, mais contient suffisamment de passages intéressants pour combler les nôtres. Avec l’accord de son auteur, nous publions ici la version originale et la version traduite en français.

Yasuyuki Oda est un quadragénaire qui a travaillé chez SNK de 1993 à 2000. Il a revêtu les casquettes de pixel artist, game designer et directeur sur de nombreux jeux et séries de SNK, et pas des moindres : ART OF FIGHTING, FATAL FURY, THE KING OF FIGHTERS ou encore KIZUNA ENCOUNTER SUPER TAG BATTLE. Il est retourné travailler pour SNK en 2014 comme producteur de KOF XIV. Voici donc quelqu’un avec qui on boirait bien une bière.

Version Française

– Quand avez-vous rejoint SNK et comment cela s’est-il passé ? Que faisiez-vous avant de rejoindre l’entreprise ?

YO : Avant de rejoindre l’entreprise, je travaillais à temps partiel dans un supermarché tout en suivant des cours d’animation dans une école de design. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai rejoint SNK comme pixel artist et ai été promu designer environ 4 ans plus tard. En février 2000, j’ai quitté l’entreprise pour en rejoindre une autre du nom de SOKIAK (DIMPS). J’ai à nouveau rejoint SNK en février 2014.

– Comment était-ce de travailler pour SNK à cette époque ? Pouvez-vous nous décrire une journée type ? Était-ce passionnant, ou stressant ou quelque chose d’autre ?

Il n’y avait jamais de fin à la charge de travail à cette époque, donc ma routine quotidienne ressemblait à ceci :
Du lundi au samedi :

08:00 Réveil
08:30 Nettoyage de mon bureau
09:30 Travail
12:00 Déjeuner
13:00 Travail
18:00 Dîner
19:00 Travail
22:00 Pause (Prendre une douche, etc…)
23:00 Travail
04:00 Sommeil

Dimanche
Bref retour à la maison dans la matinée (je ne pouvais rentrer à la maison qu’une fois par semaine)
Retour au travail à partir de l’après-midi.

Jeune, je ne réalisais pas la nature de cet emploi du temps; mais avec le recul, c’était vivre comme un « esclave » il y a des milliers d’années. Lors des location tests, nous aidions à la mise en place des événements et donc, je dormais encore moins ces nuits-là. (Le SNK d’aujourd’hui n’a pas ces problématiques, rassurez-vous!)

Les périodes les plus passionnantes étaient celles précédant les location tests et pendant ceux-ci, mais c’était toujours stressant de voir des bugs apparaître devant soi. Parfois, les joueurs se mettaient même en colère ou se moquaient de nous, ce qui était difficile. Quoi qu’il en soit, c’était toujours une expérience géniale de voir de nos propres yeux les joueurs jouer à notre jeu.

Lorsque le jeu était prêt à sortir en arcade, j’étais généralement déjà passé sur un nouveau projet. Je repensais donc rarement aux précédents jeux sur lesquels j’ai travaillé. Cela peut paraître bizarre pour les fans; mais quand vous vous amusiez sur des jeux, pour la plupart des développeurs, ces jeux appartenaient déjà au passé.

Concernant l’anecdote ci-dessus du location test, je souhaiterais vous donner plus d’informations de fond. Un exemple dont je me souviens est arrivé ici à Osaka dans une salle d’arcade qui s’appelait NEO GEO LAND #1. À cette époque, il y avait 3 NEO GEO LAND différents rien qu’à Osaka.
Je ne me rappelle plus de quel jeu il s’agissait; mais ça n’a pas d’importance, car ça arrivait presque à chaque fois ! Les fans se fâchaient principalement lorsqu’ils trouvaient quelque chose comme un combo infini (un problème quand un joueur est bloqué dans un combo sans possibilité d’en sortir), une modification dans le design d’un personnage ou une modification d’un mouvement ou d’une technique spécifique. Parfois, cela voulait dire qu’ils se plaindraient à nous directement, mais la plupart du temps, ils utilisaient les sondages et les autres outils que nous laissions à disposition pour obtenir leurs retours afin qu’ils posent par écrit tous leurs reproches. À l’époque, nous gérions véritablement les commandes des coups spéciaux comme des secrets confidentiels ; et je me suis retrouvé dans des situations avec des fans qui m’ont traqué pour me soutirer cette information spécifique.

Pendant cette période, les location tests revêtaient l’ambiance de festivals, avec plein de gens qui faisaient la queue avant l’ouverture de la salle d’arcade et qui restaient jusqu’à minuit le soir à la fermeture de celle-ci. Voir autant de fans s’amuser sur un jeu la journée entière créait une ambiance géniale et très plaisante pour moi. C’était passionnant de voir des joueurs tellement impliqués par l’événement qu’ils apportaient leur propre repas, ou encore voir le quartier regorger de cosplayers venus assister à l’événement.

– Qu’est-ce qui rendait les jeux NEO-GEO différents à cette époque ?

Je crois que les jeux NEO-GEO de SNK se démarquaient par le nombre de personnages attachants qui ont été créés et qui continuent d’exister dans l’esprit des fans aujourd’hui encore.

Je pense que SNK est sur un niveau différent des autres sociétés à cet égard. En conséquence, SNK avait un large éventail de personnages populaires et a été capable de combler les attentes du plus grand nombre. C’était le résultat de chaque créateur accordant un incroyable niveau d’attention aux designs.

Un des plus gros points forts de la NEO-GEO étaient ses caractéristiques techniques élevées pour l’époque, qui permettaient aux fans de profiter des jeux d’arcade à la maison sans aucune perte de qualité. À cette époque, pour la plupart des adaptations de jeux d’arcade, il fallait faire d’importantes concessions pour qu’ils puissent tourner sur les consoles de salon. Grâce à la taille des cartouches et des ROMs utilisées par la NEO-GEO, il était possible pour un fan de profiter de ses jeux d’arcade favoris à la maison seulement quelques mois après la sortie initiale en arcade.
Je pense qu’il y a aussi le simple fait que beaucoup de gens adoraient les énormes et encombrantes cartouches de la console, particulièrement la sensation de satisfaction et le son, lors de leur insertion dans la console.

De plus, nos consoles n’étaient pas fournies avec ce qui pourrait être considéré comme une manette normale; et à la place était fourni avec un stick similaire à ceux en arcade. Je crois que cela nous a un peu aidé à nous démarquer. En y repensant, ces sticks avaient un aspect distinctif et pouvaient facilement être perçus comme l’incarnation de l’esprit de SNK.

Pour finir, je souhaiterais préciser mon propos quand je dis que les artistes accordaient un incroyable niveau d’attention à chaque design.

Pendant les belles années de la NEO-GEO, SEGA et d’autres entreprises avaient commencé à déployer des tonnes de jeux utilisant des nouvelles technologies 3D. Pendant cette période, SNK continuait de se focaliser sur des jeux avec des sprites en 2D. Nous devions donc compenser l’impossibilité d’utiliser de la motion capture 3D pour créer des scènes percutantes en intégrant plus de travail et de détails à tous nos personnages, ainsi qu’aux stages. Ci-dessous, vous trouverez plusieurs exemples spécifiques des efforts fournis :

Geese Howard :
Pour son coup spécial, le Raging Storm, nous avons retravaillé les animations de ses doigts afin de le rendre aussi maléfique que possible. De plus, nous visions vraiment à rendre hommage à Randy “Macho Man” Savage avec certaines parties de son design. Plus précisément, nous avons basé la carrure de son corps sur celle de Macho Man dans ses dernières années, essayant d’en finir avec un design qui lui donnait l’air un peu flasque sur les côtés.

Kim Kaphwan :
Afin de transmettre à quel point il est un sérieux et solide personnage doté d’un fort sens de la justice, nous avons fait en sorte que, dans chaque pose ou animation, il affiche toujours un poing fermé.

B. Jenet :
Bien qu’elle puisse évidemment être perçue comme sensuelle par son design; elle était aussi censée être quelqu’un de jeune. Nous lui avons alors donné des poses et des lignes de dialogues plus adaptées à un garçon, afin de la présenter plus comme un personnage attrayant. Nous avons fait de notre mieux pour ne pas en faire une simple blonde sexy, un poncif récurrent.

Divers :
Afin que les stages ne ressemblent pas à un tour du monde de lieux célèbres, nous avons imaginé la ville fictive de South Town et énormément travaillé sur les origines et l’environnement de nos personnages afin de leur donner vie.

– Pourquoi les cartouches AES étaient-elles si chères comparées à celles des consoles rivales ?

Comme les cartouches AES avaient les mêmes caractéristiques techniques que les versions arcades, il nous fallait des cartouches particulièrement grandes et des ROMs afin d’atteindre la qualité voulue. Par conséquent, nous ne pouvions que difficilement tirer les prix vers le bas; et même avec ces coûts, je ne pense pas que la marge était élevée. Pour une console de salon, ils étaient évidemment très chers, mais je pense que la taille et le poids du tout avaient convaincu les acheteurs de leur valeur.

– À quel moment avez-vous réalisé que la NEO-GEO AES devenait un objet de collection ?

En fait, je n’ai realisé l’étendue du marché qu’il y a quelques années. Je m’en suis aperçu en surfant sur le web un jour. Pour information, une production moyenne de jeux sur AES variait de 10 000 à 50 000 unités. Certains des très gros titres étaient édités entre 100 000 et 150 000 unités. Certaines des plus faibles productions allaient de quelques centaines à 1 000 – 1 500 copies. Je ne peux vraiment pas donner de chiffres précis pour un jeu particulier, malheureusement.

– Pourquoi les productions de versions européennes de jeux SNK tels que Ultima 11 et Kizuna Encounter ont-elles été si faibles ?

Pour Ultima 11, il s’agit d’une situation basique où, comme la version arcade ne s’était pas bien vendue, ils n’ont pas produit beaucoup d’AES.
En ce qui concerne Kizuna Euro, l’histoire est beaucoup plus intéressante. À la base, le précédent jeu Savage Reign ne s’était pas bien vendu; il leur restait réellement une tonne de cartouches sur les bras. Kizuna Encounter a été créé à partir de cartouches modifiées, comme elles partageaient la même puce de programmation. Le nombre envoyé était donc directement relié au nombre de cartouches restantes de Savage Reign…

– Quand avez-vous remarqué l’augmentation des prix de certaines cartouches ? Qu’en avez-vous pensé ?

C’est aussi une chose que je n’ai réalisé qu’il y a quelques années. C’est incroyable de voir que des gens collectionnent les consoles et cartouches aujourd’hui. Il est intéressant de voir à quel point les titres aux faibles productions ont continué à augmenter sensiblement en valeur.

– Pourquoi pensez-vous que les prix des cartouches AES ont tant augmenté, cette année en particulier ?

Bien que nous ayons porté beaucoup de nos titres mythiques sous forme d’archives sur de nombreuses consoles ces dernières années, il y a évidemment quelque chose de spécial à jouer à ces jeux sur MVS et AES; et je pense que toute version contemporaine amènera probablement certaines personnes à regarder en arrière et devenir nostalgique des jeux sous leur forme originale.
Grâce à leur taille et leur qualité, ils ont l’air superbes quand ils sont rangés sur une étagère. C’est assez facile de comprendre pourquoi ils seraient des objets de collection si recherchés.

– Prévoyez-vous un éclatement de cette bulle ?

Il n’y a pas de possibilité de refabriquer ces produits; je pense donc que cela continuera dans ce sens. Je devine qu’ils seront simplement traités de la même manière que d’autres antiquités.

– Comment la prolifération des bootlegs et des conversions ont-elles affecté le marché ? Pouvez-vous personnellement différencier une fausse cartouche d’une vraie ?

Je n’ai jamais vraiment vu de version pirate, donc je ne sais pas si je pourrais différencier une fausse cartouche d’une vraie. Cependant, je déteste vraiment les gens qui fabriquent ces versions pirates.

– Quelle est votre attitude envers les personnes qui accumulent les cartouches afin de faire monter la demande ?

D’une certaine manière, la revente est un principe fondamental du capitalisme ; je ne peux donc pas vraiment leur en vouloir plus que ça. Malgré tout, je n’aime pas ce genre de chose du tout. L’autre jour, j’ai essayé de précommander une figure GUNDAM de haute qualité, mais celle-ci était déjà épuisée, principalement à cause des personnes qui en achètent plusieurs pour les revendre. Il n’y avait rien que je puisse faire contre ça, ce qui est le pire.
Si nous parlons du contenu même des jeux, nous avons beaucoup travaillé pour les sortir sur les nouvelles consoles, mais dans ce cas précis, c’est la cartouche et la boîte qui sont tant cotés. Nous n’avons donc aucun contrôle dessus.

– Quel est votre souvenir le plus cher à cette époque, en travaillant chez SNK ?

Le salaire de base n’était pas très bon, mais j’ai reçu une tonne de bonus…

Cependant, il n’y avait pas de règles strictes à l’époque sur la distribution des bonus. Nous avions donc l’impression d’être à la merci du bon vouloir de nos patrons. Malheureusement, comme je vivais essentiellement au bureau tout l’année, j’ai rarement eu l’occasion de profiter de cet argent ! J’ai d’ailleurs toujours apprécié le moment où je recevais les réactions des joueurs du monde entier. C’était aussi génial de rencontrer les fans lors des game shows et des autres événements. Il y a aussi le fait que beaucoup de fans de NEO-GEO sont partis travailler dans l’industrie du jeu vidéo : j’ai eu le plaisir de les rencontrer et de parler avec eux. En même temps, ces conversations me rappellent mon âge…

– Cela vous manque de travailler sur de la 2D ?

Il y a évidemment une forte corrélation dans l’esprit des gens qui connectent SNK au pixel art 2D. Cependant, pour nous les développeurs travaillant sur des jeux à cette époque, nous n’y pensions pas trop. C’était naturel de faire des jeux en 2D, comme nous travaillions sur Neo-Geo. En outre, je pense personnellement que la possibilité de faire des jeux en 2D sera toujours présente; je ne dirais donc pas encore que cela me manque. Il y a malgré tout toujours un moment où nous devons évaluer si cela est cohérent commercialement ou non; ce qui me fait penser qu’une approche amateur ou indépendante peut être un meilleur choix.

English Version:

– When did you join SNK and how did that come about? What were you doing prior to joining the company?

Yasuyuki Oda: Before joining the company, I worked a part time job at a super-market while attending a design school to study animation. After graduating I joined SNK as a pixel artist, and was promoted to game designer about 4 years later. In February of 2000, I actually left the company to join another company called SOKIAK (DIMPS). I joined SNK once again in February of 2014.

– What was it like working at SNK in those early years? Can you describe a typical day? Was it exciting, or stressful or something else?

YO: There was never an end to the workload in that period, so my daily routine looked like this:

Monday – Saturday
08:00 Wake-up
08:30 Clean up my desk
09:30 Work
12:00 Lunch
13:00 Work
18:00 Dinner
19:00 Work
22:00 Break (Taking a shower, etc.)
23:00 Work
04:00 Sleep

Sunday
Return home briefly in the morning (only had time to go home like once a week…)
Work again from the afternoon.

As a young man I didn’t think anything of this sort of schedule, but when I think back on it now it was like living the life of a “slave” from thousands of years ago. For location tests we actually helped set up the events and such, so I got even less sleep on those nights. (Modern SNK obviously doesn’t have these issues! Please don’t worry!)

Some of the most exciting times were leading up to and during location tests, but it was always stressful to have bugs pop up right in front of you. Sometimes the players would even get angry or make fun of us, which was tough. However, it was always a great experience seeing the players play our game with my own eyes.

By the time the game was ready for general release in the arcades, I was usually already moving onto a new project so I rarely thought about the previous games I worked on. It may seem weird to the fans, but by the time you were all enjoying the games, for most of the developers the games already felt like the far past.

Regarding the above location test anecdote, I wanted to give a bit more background information. One example I can remember happened here in Osaka at an arcade that was called NEOGEO LAND #1. In those days, there were actually three different NEOGEO LAND arcades in Osaka alone.

I don’t remember what game it was exactly, but that doesn’t really matter because it happened almost every time anyway! Basically, the fans would get a little angry anytime they found something like an infinite combo (an issue where players could be stuck in a simple combo with no way of escaping), a change in a character’s design, or a change to a specific move or technique. Sometimes that would mean they would complain to us directly, but more often they would use the surveys and such that we left there to collect feedback as a way to write all of their complaints down. In the past we actually treated some of the super move command inputs as confidential secrets, and I actually had instances where fans would chase me down trying to pull that specific info from me.

Location tests in that period were almost like a festival, with tons of people lining up in advance of the arcade opening and staying there until midnight that night when the arcade closed. Seeing so many fans enjoy the game over an entire day was a great atmosphere and very fun for me. It was interesting seeing players so dedicated to the event that they would bring their own lunch, or seeing the neighborhood overflowing with cosplayers also attending the event.

– What made NEOGEO games different at that time?

YO: I believe SNK’s NEOGEO games stood out because of the number of charming characters that were created and still live on in fans’ minds to this day.

I feel SNK is on a different level in that respect when compared to other companies. As a result, SNK has a large number of popular characters and was able to appeal to a wide variety of tastes. This was the result of each creator paying an incredible level of attention to the designs.

One of the biggest selling points of the NEGEO was the high specs for the time, which allowed fans to enjoy arcade games at home without any hit in quality. At the time, for most home ports of arcade games there had to be significant sacrifices made before they would run on home consoles. Thanks to the large ROM cartridges the NEOGEO used, it was possible for a fan to enjoy their favorite arcade games at home only a few months after the initial arcade release.

I also think there is just the simple fact that a lot of people loved the huge and unwieldy cartridges that came with the system, especially the satisfying feeling and sound when inserting them in the system. Also, our systems did not come with what would be considered a normal controller and instead came with a controller similar to arcade sticks. I think that helped us stand out quite a bit. Thinking back, those controllers were definitely a distinguishing aspect and could easily be seen as embodying the soul of SNK.

Finally, I wanted to touch a little bit on exactly what I mean when I say the artists paid an incredible level of attention to each design.

During NEOGEO’s prime, SEGA and other companies had started to roll out a ton of games using new high-spec 3D hardware. During that time SNK was still focusing on games featuring 2D sprite work, so we had to make up for being unable to use 3D camerawork to create impactful scenes by putting more work and detail into all of our characters and stages. Below, you can find some specific examples of this sort of effort:

Geese Howard:

For his super move, Raging Storm, we re-worked the animations on his fingers specifically in order to make it look as evil as possible. Also, we actually aimed for a Macho Man Randy Savage homage with some parts of his design. Specifically, we based his body type on Macho Man in his later years, trying to nail down a design where he actually looked a bit flabby on the sides.

Kim Kaphwan:

In order to get across how much of a serious, stoic character he is with a strong sense of justice, we made it so that in almost every pose or animation he had always featured a closed fist.

B. Jenet:

Although she can obviously be seen as a sexy design, she was also supposed to be a young character so we gave her some tomboyish poses and spoken lines in order to push her more as a cute character. We did our best to keep her from being simply a sexy blonde character, which is an all too common trope.

Miscellaneous:

In order for our stage graphics to not just look like a world tour of famous locales we came up with the fictional city South Town, and put a lot of work into our character’s backgrounds and settings in order to make them feel like living breathing people.

– Why were the home cartridges so expensive compared to those on rival consoles?

YO: As the home console cartridges were actually the same specs as the arcade versions, we were dealing with especially large cartridges and ROMs in order to achieve the quality we wanted. As a result, we really couldn’t bring the costs down in an easy manner, and even at those costs I don’t think there was a high profit margin. For a home system they were obviously priced very high, however I think the overall size and weight of them actually convinced buyers of their worth.

– At what point did you realise that the NEOGEO home console (AES) was becoming a collector’s item?

YO: I actually only realized the extent of the market a few years ago. I just ran across it while surfing the web one day. Just for reference, an average production run for games on the AES ranged from 10,000 to 50,000 units. Some of the really big hit titles ranged from 100,000 to 150,000 units. Some of the lowest production runs were in the several hundred to 1,000-1,5000 copies. I can’t really give any specific numbers for a particular game unfortunately.

 

– Why were the production runs on some European versions of SNK games such as Ultimate 11 and Kizuna Encounter so incredibly small?

YO: For Ultimate 11, it is a pretty basic situation where the Arcade version did not sell well so they didn’t produce many home cartridges.

Regarding Euro Kizuna, it’s a much more interesting story. Basically, the previous game Savage Reign didn’t sell well so they actually had a ton of cartridges left on hand. Kizuna Encounter was actually created by modifying those cartridges as they could share the same programming chip. So the number sent out was directly related to how many cartridges of Savage Reign were left over…

– When did you first start to notice that the prices on some cartridges were rising? How did you feel about this?

YO: This was also something that I only realized a few years ago. It is amazing to think that there are people collecting the systems and cartridges to this day. It is interesting to see how the titles with low production runs have continued to rise sharply in value.

– Why do you think prices of AES cartridges have risen so much this year in particular?

YO: Even though we have ported a lot of our legacy titles to various console archives in recent years, there is obviously something special about playing those games on MVS and AES NEOGEO systems and I think any modern release will probably cause some people to look back and become nostalgic for the games in their original form.

Thanks to the size and quality, they look great when they are lined up on a bookshelf. It’s quite easy to see why they would be such a sought-after collector’s item.

– Do you anticipate the bubble ever bursting?

YO: There really isn’t a possibility to remanufacture the products, so I think it will continue on this way. I guess they are basically going to be treated similar to other antiques.

– How has the proliferation of bootleg / conversion carts affected the market? Can you personally tell a fake cart from a real one?

YO: I’ve never actually seen a pirate version, so I don’t know if I could tell a fake cart from the real one. I do really hate the people making these pirate versions though.

– What is your attitude towards people hoarding cartridges in order to drive up demand?

YO: In some way, reselling is a core principle of capitalism, so I can’t really fault them much. However, I personally don’t like this sort of thing at all. Just the other day I tried to pre-order a high quality GUNDAM figure, but it was already sold out mostly thanks to people buying multiples for the purpose of reselling. There wasn’t anything I could do about it, which is the worst part.

If we are talking about the game content itself, we have always worked on releasing the titles on new hardware, however in this case it is the cartridge and case itself which is so highly valued, so there is no way for us to control it.

– What is your fondest moment of that time, working at SNK?

YO: The base salary was not very good, but I got a ton of bonuses…

However, at that time there weren’t really strict rules on how bonuses were handed out, so it felt like we were at the mercy of our bosses’ mood. Unfortunately, since I was basically living at the office for the entire year I rarely had a chance to even put that money to use! Also, I have always enjoyed the moment when I get to see the reactions from users around the world. It is also great meeting fans at game shows and other events. There is also the fact that a lot of NEOGEO fans went on to work in the game industry and I have had the pleasure of meeting and talking with them. At the same time, those sorts of conversations do remind me of my own age…

– Do you ever miss working in 2D?

YO: There is obviously a strong relation in most people’s minds connecting SNK to 2D pixel art, however for us developers working on the games at the time we didn’t really think about it much. It just felt natural to be making 2D games as we were working on the NEOGEO. Also, I personally feel like the possibility to make 2D games will always be there, so I wouldn’t say I miss it yet. However, there is always a moment where we have to evaluate whether it makes business sense or not which makes me think a hobbyist or indie approach might be the best bet.