L’Indépendant #2

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Si le nom d’Artifice Studio Montréal ne vous rappelle rien, c’est normal, inutile de blâmer votre manque de culture, Sang Froid : Un Conte de Loups-Garous est en effet leur premier titre à voir le jour; réalisé en étroite collaboration avec Bryan Perro, un auteur québécois de romans de fantasy pour enfants connu notamment pour sa série Amos Daragon. Sang Froid nous narre ici la lutte sans merci de deux frères bûcherons, assaillis nuit après nuit par des hordes de loups-garous et autres créatures mystiques, il ne tient qu’à vous de mener leur survie au succès. Bienvenue dans le Québec rural de 1858.

A quoi ça ressemble ?

L’un des points forts du titre est indéniablement sa direction artistique. Très porté sur la narration, tout dans Sang Froid vous donnera davantage l’impression d’avoir été transporté dans un vieux livre de contes fantastiques que dans un jeu vidéo. L’introduction en témoigne puisque entièrement réalisée à partir de dessins fixes accompagnée par une voix-off suave relatant les événements sombres d’une nuit qui l’est tout autant et qui sera le point de départ de l’aventure. Dès les premières minutes, le joueur aura certainement envie de continuer sa partie confortablement installé devant l’antre bienveillante d’une cheminée. Tous les menus sont ornés de textures rappelant le bois ou encore le vieux parchemin, renforçant d’autant plus l’aspect si chaleureux du jeu. Une fois lâché dans la forêt, l’aspect graphique est un peu moins reluisant, rappelant les belles heures de la Playstation 2, mais ne manque pas d’un certain charme. Ce n’est en aucun cas dommageable pour le titre, ce défaut étant mineur et remarquablement contrebalancé par son esthétique très réussie et sa bande-son de qualité, tant au niveau des doublages (à condition ne pas être allergique à l’accent québécois) que des musiques, très folkloriques et entraînantes.

Comment ça se joue ?

Sang Froid a la particularité de mélanger bien des styles, à mis-chemin entre Tower Defense, Dungeon Defender et TPS dans une moindre mesure. Dans les faits, deux phases bien distinctes s’opposent. Celles de jour, consacrées à la préparation et la mise en place de pièges et de stratégies, constituent le cœur du gameplay. Il faut constamment s’adapter aux nouveaux types de créatures ayant chacune leurs particularités, comme par exemple l’immunité à certains pièges ou armes mais une plus grande sensibilité à d’autres. Sachant que vous n’aurez peut-être pas les moyens d’être efficace contre tous les ennemis qui risquent d’arriver lors d’une même nuit, les dilemmes sont monnaies courantes. Les séquences de nuit en vue à la troisième personne, bien plus stressantes, sont l’occasion de mettre votre stratégie à l’épreuve. Certains pièges nécessitent d’être activés manuellement ou à l’aide d’un bon coup de fusil bien placé, il est donc primordial d’être au bon moment au bon endroit. Le hic, c’est que lorsque qu’une vague d’ennemis comporte des salves venant de côtés totalement opposés de la carte, relativement grande, une bonne coordination est souvent difficile à obtenir. Toutefois, si les embuscades se sont révélées inefficaces, il est toujours possible de venir à bout des assaillants à coups de hache ou de tromblon, mais les compères bûcherons ne sont pas des surhommes et l’infériorité numérique sera votre pire ennemi. Globalement, Sang Froid se révèle relativement exigeant et certaines séquences demandent une préparation aux petits oignons, à ne pas mettre entre toutes les mains.

Pourquoi on en parle ?

Car pour un jeu indépendant à prix modéré, il est assez rare d’y retrouver un tel niveau de finition. Le titre d’Artifice Studio dégage un réel charme et a l’avantage de placer le joueur dans une époque et un contexte très peu exploités dans le jeu vidéo. Sa fraîcheur et son exigence l’élève au panthéon des meilleurs titres indépendants insoupçonnés de l’année 2013. On pourra lui reprocher sa trop grande difficulté, mais il mérite amplement de s’y investir, ne serait-ce que pour le plaisir de découvrir le fin mot de ce conte interactif un peu naïf mais très poétique qu’est finalement Sang Froid.

Gamer Contrarié

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