The Cave

Une vitrine alléchante pour une longueur trop mal léchée

Si les bémols du multijoueur et de la facilité générale de The Cave ne sont pas spécialement gênants en soi, on ne dira pas la même chose de ce qui suit. Qu’il en soit bien clair, la première fois que l’on parcourt le jeu, ce dernier nous semblera très bon. Agréable à jouer mais surtout agréable à suivre grâce à l’écriture de Ron Gilbert dont la patte est clairement reconnaissable. Un énorme bon point qui fera plaisir à la fois aux nostalgiques qu’aux petits nouveaux en proie de connaître leur première initiation avec le bonhomme grâce à ce dernier jet. La première fois, le plaisir est bel et bien là : c’est la joie de la découverte qui s’étalera sur quatre ou cinq heures. Cela peut paraître bien maigre mais n’oublions pas que nous n’avions choisi que trois héros sur les sept proposés. Et en toute logique, on se prend à redémarrer une partie avec d’autres héros, histoire de voir ce qui se passe de leur côté. C’est là qu’intervient le premier avertissement que l’on prendra sur nous de manière aigre-douce. Certes, chaque héros a son niveau dédié et son pouvoir spécial mais tout au long de notre périple, on se retrouve confronté à des pans de cavernes communes à tous. Se résolvant exactement de la même manière sans trop avoir de subtilité supplémentaire. Ces passages, on les connaît déjà et honnêtement, si ils sont passés nickel la première fois, ils nous paraîtront bien plus lourdingues la seconde fois ainsi que la troisième. Par chance, le niveau exclusif rattrape les choses et balance du sable afin de détourner une réalité qui sera éventuellement mise en avant plus tard. En outre, ces deux autres parties avec des personnages différents montrera une autre réalité : repasser par des passages qu’on connaît déjà rabaisse dangereusement la durée de vie vu qu’il nous faudra deux heures à peine afin de revoir le bout de la caverne.

Et puis, lorsqu’on regarde les trophées et qu’on a un minimum suivi ce que pouvait bien nous dire le narrateur, il existerait deux voies alternatives pour chaque héros : le chemin du bien et du mal. Eh bien, quitte à être dans l’ambiance, autant enquiller là-dessus on se dira logiquement… Grossière erreur, c’est là que The Cave nous montre toutes ses limites. Afin de voir le second dénouement, on devra se refaire le jeu avec tous les personnages (donc trois fois de plus pour ceux qui n’avaient pas été très prévoyants), EXACTEMENT de la même manière, sans que la progression ne soit modifiée à une petite subtilité près intervenant durant les dernières minutes de jeu. On finit par se dire que c’est clairement abusé, que ce « défi » – qui n’en est pas un – est surtout de la durée de vie pour de la durée de vie, inutile au possible. Et si la narration avait bien fait mouche les premières fois, ce ne sera plus spécialement le cas ces fois-là. La sonnette d’alarme est tirée. Peut-être est-ce dans notre tête face au sentiment d’avoir été blousé comme des bleus… Malgré tout, à côté, on peut se refaire des Monkey Island des centaines de fois sans qu’il ne perde une once d’efficacité. Alors qu’est-ce qui a bien pu tant bugué avec The Cave ? L’écriture elle-même. Efficace une première fois, futile les fois suivantes, on finit par se rendre compte qu’elle manque cruellement de substance par rapport aux travaux passés de son créateur. Une certaine déception finit par nous toucher : c’est bien triste de voir Ron Gilbert peiner ainsi à faire du Ron Gilbert. Il faut se rendre à l’évidence : les années de plus ont peut-être retirer quelque chose à ce grand nom quelque part. Ou ces vieux codes ne sont vraiment plus d’actualité de nos jours et, en l’état, peut-être manque-t-il quelque chose de « plus moderne » mêlé à cette patte retro afin de réellement s’inscrire dans une efficacité irréprochable que les « New Game » n’entacheront pas. De grandes questions qu’il est très difficile de répondre tant chacun aura certainement sa propre opinion.

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[section id= »conclusion » style= »border:1px solid white;padding:10px;overflow:auto;background-color:#00a0db;color:#FFFFFF; »]En tout cas, au prix de treize euros affichés en tarif plein, The Cave propose un contenu bien trop maigre pour être vraiment pris au sérieux. Si la première partie révèlera bien un plaisir certain chez le joueur, ce bien-être manette en main s’essouffle de manière croissante les parties suivantes. Et comme le jeu nous incite chaudement à recommencer, on le fera, d’autant plus que vu le prix payé, on se sentira bien obligé de faire un minimum le tour du jeu afin d’avoir l’impression d’en avoir eu pour son argent. Voilà qui est un peu une mauvaise chose : plus on le recommence, plus la déception est là. Ron Gilbert s’est planté avec The Cave et malgré toute la sympathie qu’on peut vouer à cette personnalité du monde vidéo-ludique, on ne peut que reconnaître que son premier – et dernier vu qu’il s’en est allé – bébé fait en collaboration avec les studios Double Fine de son acolyte passé Tim Schafer n’obtient qu’un résultat plutôt fade manquant cruellement de saveur sur la longueur. C’est bien dommage car on ne doute pas que les intentions de départ ayant motivées la création de The Cave étaient très louables.[/section]

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