Murder By Numbers

Picross meurtrier

Genre
Puzzle Game / Visual Novel
Développeur
Mediatonic
Éditeur
The Irregular Corporation
Année de sortie
2020

Il n’y a pas si longtemps, un certain PictoQuest qui tentait de renouveler le picross en lui ajoutant une plus-value RPG m’avait quelque peu laissé perplexe. Un certain Murder By Numbers, déboulé en mars dernier, tente, lui également, de rafraîchir le côté sommaire du simple jeu de picross en l’enrobant d’un aspect visual novel d’enquête. Et de ce dernier point, nul doute que l’on songera à Phoenix Wright, le soft allant même plus loin dans le clin d’œil étant donné que ses musiques ont été composées par Masakazu Sugimori – qui a signé de belles frasques de la série des Ace Attorney ainsi que Viewtiful Joe. En terme de guest star, le casting ne s’arrête pas là étant donné que l’on doit l’esthétique du jeu à un certain Hato Moa qui s’est illustré sur le déjanté Hatoful Boyfriend. Bref, du beau monde pour du beau jeu ?

A quoi ça ressemble ?

Quand bien même l’on retrouvera l’ombre de quelques pigeons pour le running gag, il faut admettre que la cinématique d’opening en impose d’emblée. A mille lieux du côté visual novel de drague minimaliste qui l’a fait connaître, Murder By Numbers débute par un véritable générique d’introduction digne d’un anime pop/glamour des années 90. Du genre Lucile, Amour Et Rock’n Roll ou encore Denver, voilà un peu ce que l’on pourra penser en premier lieu en terme de character design. En quand même plus joli et finalement moins concon has-been dans l’écriture, bien qu’il ne manque pas de jouer la carte de l’humour et la dérision. En jeu, en revanche, on repart sur des choses fixes classiques du visual novel dont la présentation et interface fera d’emblée penser aux phases d’enquête de Phoenix Wright où les picross interviendront lorsque l’on trouvera un nouvel objet au sein des différents décors.

De quoi ça parle ?

Nous suivons les tribulations de Honor Mizrahi, jeune actrice en déclin d’un feuilleton télévisé policier hollywoodien du début des années 90. Alors qu’elle apprend son licenciement, elle fait la rencontre d’un petit robot prénommé SCOUT amnésique qui, l’ayant prise pour une véritable détective, lui demande de faire la lumière sur ses origines. De fil en aiguille, les deux nouveaux compères finissent rapidement par découvrir le corps sans vie de l’ex-producteur d’Honor et finissent par faire équipe afin de découvrir le fin mot de cette histoire, le robot ayant des particularités fort pratiques dans le cadre d’enquêtes policières, la jeune femme étant également poussée inconsciemment par ses origines familiales (son père de son vivant était inspecteur). Ce qui marque le début d’une nouvelle carrière pour Honor qui passe de détective de fiction à véritable enquêtrice de choc.

Pourquoi on en parle ?

Murder By Numbers s’avère être un jeu sympathique. Certes, on regrettera vite que l’aspect enquête ne soit pas plus poussé vu qu’il s’agit simplement d’un visual novel linéaire entrecoupé de grilles de picross. Malgré tout, la manière dont le côté puzzle est bien amené et cohérent. Et surtout bien fait : la progression des grilles se fait crescendo en terme de complexité mais surtout propose un choix de difficulté bien pensé pour correspondre à tous les profils. Divers échelons d’aide iront bien encadrer le débutant tandis que l’habitué se trouvera lâché tel quel, sans filet, ni assistance, histoire qu’il puisse trouver un minimum de difficulté, surtout en fin de jeu où les grilles s’avèrent plus longues et retords. De plus, un système de score à l’issue de chaque grille permet de débloquer des grilles bonus afin de prolonger le plaisir. Ce qui amène d’autant plus de générosité en terme de durée de vie (on dépasse la trentaine d’heures pour voir le bout de tout), l’histoire en tant que telle étant déjà plutôt bien fournie à ce niveau. Cette dernière s’avère d’ailleurs sympathique : l’esthétique fonctionne à merveille, l’ambiance est au rendez-vous. Malgré que l’on ne se situe pas dans les travaux les plus inspirés de Sugimori, on se laisse bien happer par un univers, un ton et des personnages où le dosage entre sérieux et humour est vraiment bien maîtrisé. Seul bémol : les anglophobes se retrouveront floués de l’absence de localisation mais l’anglais déployé ici n’a rien d’insurmontable pour autant.

Murder By Numbers
Appréciation
Murder By Numbers fait passer un très bon moment. On accrochera à l'univers, l'ambiance et l'histoire. Les phases de picross sont malignes dans le sens où elles contenteront à la fois l'habitué du genre et le débutant qui chercherait à s'initier. Malheureusement, il est dommage que le soft ne développe pas davantage son aspect enquête – étant d'ailleurs plus linéaire encore qu'un Ace Attorney, pourtant pas très développé non plus en la matière – histoire d'avoir un ensemble plus ludique. Surtout que ça lui aurait permis au passage de vraiment appuyer un côté vraiment original dans sa formule. Dans ce cas précis, on se contentera de ce simple rafraîchissement. Mais qui sait, peut-être aurons-nous dans le futur une suite qui saura tirer parti de cette petite suggestion ?
Points forts
Une ambiance et aspect visuel inspiré des animes des années 90 bien restitués
Une histoire intéressante et pleine d'humour
Le picross, c'est la vie ! (et c'est ici généreux en contenu !)
Un système d'aide malin à plusieurs échelons pour s'adapter à tous les niveaux
Points faibles
Pas de localisation (par chance, l'anglais est plutôt accessible)
Bien que sympa niveau musiques, on a vu du Sugimori plus inspiré !
Un aspect enquête quasi-inexistant