Jamestown : Legend of the Lost Colony

Autrefois appréciés par un grand nombre de joueurs bourrés d’une détermination inoxydable et d’un conséquent porte monnaie, les shoot’em up ont été peu à peu oubliés pour devenir un genre de niche qui n’intéresse aujourd’hui qu’une poignée de passionnés pas mal masochistes, la popularité des manic shooters l’attestant. Si la Xbox 360 est l’actuelle reine pour mitrailler à tout va tout en esquivant des boulettes colorées, le PC n’en demeure pas moins une plate-forme privilégiée avec les Touhou Project et bien d’autres jeux amateurs comme le nouvel arrivé dont nous allons parler dans le présent article. Comme nous allons le voir, le jeune Jamestown de Final Form Games, disponible sur Steam, Direct2Drive et Gamersgate, est lui aussi bien décidé à faire grimper notre taux d’adrénaline et tester nos réflexes avec un argumentaire gros comme la planète Mars.

Déshonoré par son roi et banni de son pays qu’il chérit tant encore, -R est en route pour le Nouveau Monde, où les terres encore inexplorées sont déjà sources de conflits entre les armées anglaises et espagnoles. Ces nouveaux territoires ne sont pas les Amériques comme nous pouvons le lire dans nos livres d’Histoire, mais bien notre planète voisine : Mars. Cette vision très steampunk de la conquête du Nouveau Monde ne s’arrête pas là, puisque les hispaniques se sont alliés avec les extraterrestres de la petite rouge, leur fournissant une force d’attaque principalement composées de redoutables machines largement supérieure aux grands bretons. Et c’est bien entendu notre héros, armé de son fidèle vaisseau, qui changera la donne dans cette guerre interplanétaire, et qui par la même occasion lavera son honneur pour retourner au pays fier et digne d’accéder à la clémence de son bon roi.

On l’aura compris, le scénario de Jamestown a le mérite d’être original et plutôt bien narré au travers de la poignée de levels composant ce shoot’em up. Shoot’em up qui nous accueille avec une sobre introduction accompagnée d’un superbe thème qui ne laisse présager que du bon niveau musiques. Pas de surprises : la bande son très cinématographique est absolument magnifique et apporte un souffle terriblement épique à l’aventure. Le menu principal juste atteint, il est temps de lancer le premier niveau et de découvrir véritablement les graphismes qui habillent le titre. D’un pixel-art extrêmement travaillé, détaillé et stylé, le résultat visuel très proche des Metal Slug habille admirablement l’univers du jeu constitué d’îles volantes, de marais nauséabonds ou encore de sombres mines. De la bouche de ses créateurs, les œuvres du studio Ghibli, en particulier Laputa : le Château dans le ciel et Nausicaä de la vallée du vent, ont été une grande source d’inspiration pour concevoir l’univers de Jamestown. C’est indéniable, et la musique du dernier niveau n’en est qu’un clin d’œil des plus frappants (voir le trailer). L’excellent enrobage abordé, il est temps de nous attaquer au gameplay.

Même si l’on retrouve ici un système de jeu dans l’esprit des productions de Cave, le bébé de Final Form Games possède quelques atouts qui le démarque des classiques du genre. Chacun des quatre vaisseaux disponibles possède ses propres tirs rapides et spéciaux : trajectoires rapprochées ou éparses, lasers continues ou projectiles qui demandent un certain temps de charge, chaque embarcation possède son lot d’avantages et d’inconvénients qu’il faudra gérer pour réussir à se faufiler parmi les hordes de boulettes multicolores. La rare et salvatrice super-attaque qui nettoie l’écran de toute menace est ici remplacée par le Vault, une action commune à tout les aéronefs qui se charge en récoltant de petits boulons et roues d’engrenages auprès d’ennemis déchus. La déclencher déploie un bouclier durant quelques précieuses secondes, augmente la puissance des tirs et active un multiplicateur doubleur de points. La barre de Vault se vidant inexorablement, il est possible de la maintenir activée en l’alimentant sans cesse en nouveaux débris pour profiter de ces améliorations mais aussi augmenter le score bonus obtenu une fois la jauge épuisée… Sachant que pendant ce temps là le bien pratique bouclier – qui s’obtient finalement assez vite – reste inaccessible. On peut tout de même activer une brève protection de la dernière chance qui invalidera le Vault pendant quelques secondes et divisera le bonus acquis jusqu’alors. Le score ou la vie, il faut choisir.

Sur les cinq stages que comporte Jamestown,  seuls les trois premiers seront jouables avec la difficulté normale, qui se veut très accessible pour les débutants. Pour accéder aux deux derniers niveaux, il faudra au préalable avoir tâté les modes Difficile et Légendaire (id est de plus nombreuses et rapides boulettes), loin d’être hardcores comme dans leurs leurs confrères japonais, mais tout de même assez abrupts pour pousser le joueur à se dépasser d’avantage. Globalement notre shoot’em up aurait mérité d’être plus long, mais il possède toutefois quelques atouts dans sa manche pour rejouer encore et encore. Le premier se situe dans la boutique où l’on pourra acheter de nouveaux vaisseaux, challenges ou modes de jeux encore plus raides. Le second est bien sûr le scoring, puisque des classements en ligne sont disponibles. Le troisième – et pas des moindres – n’est autre qu’un mode multijoueur en local qui acceptera jusqu’à trois joueurs supplémentaires, qu’ils soient chaussés d’une souris, d’un clavier ou d’une manette. L’absence d’un online est assez regrettable mais pardonnable vu l’équipe de développement réduite et la complexité d’implanter la chose.

Fruit de nombreuses inspirations auxquelles il rend un très grand hommage, Jamestown est un excellent shoot’em up qui ravira autant les nouveaux venus que les puristes en quête de challenge. Visuellement et musicalement très beau, la première création du jeune Final Form Games peut également se vanter de proposer un système de jeu très intéressant, un solo prenant et un multijoueur bien implanté, même si uniquement jouable en local. Bref. On se répète, mais avec un pixel-art de qualité, des musiques épiques, un gameplay agréable  à partager, et tout cela pour seulement neuf euros, que demander de plus? Jupiter?