Comme bon nombre de ses confrères, NIS America a depuis quelques années, devant le potentiel du marché, étendu son immense catalogue de jeux au monde du PC, et s’est même essayé à l’exercice de la production de créations provenant de développeurs indépendants, en exclusivité pour cette plateforme. En effet, Assault Spy, le titre qui va nous intéresser aujourd’hui, conçu par la (toute) petite équipe japonaise de chez Wazen, a visiblement fait de l’œil de l’éditeur mastodonte qui s’est donc décidé à leur apporter son aide, notamment sur la partie marketing durant et après un court passage en accès anticipé sur Steam. Comme semblent le présenter les différents trailers et l’ensemble du travail accompli pendant les phases de conception et après la sortie du jeu, il s’agit visiblement d’une bonne pioche pour NIS et, comme nous allons le voir dans ces quelques lignes, une très bonne surprise pour les amateurs de hacks and slashs.
Assault Spy nous met dans la peau d’Asaru, un espion particulièrement bien sapé bossant pour une mystérieuse entreprise qui semble être prête à tout pour faire couler la concurrence. De l’espionnage industriel donc. La nouvelle mission confiée par sa boite et que nous allons suivre consiste “simplement” à s’introduire au sein de la méga-corporation Negabot afin d’y dérober plans, paperasserie diverse et ce qui pourrait servir technologiquement à son employeur. Ceci semble être à priori tout à fait dans les cordes de notre héros. Manque de pot, on lui a collé dans les pattes Kanoko, véritable pile électrique quelque peu criarde, en tant qu’assistante afin de lui apprendre le métier. Autant dire cette dernière ne va pas grandement notre espion à conserver sa couverture. Déjà désespéré, il constate, alors qu’il était en train d’infiltrer Negabot, qu’une organisation terroriste s’était emparée de la société, semant le chaos complet en lâchant robots de sécurités et en menaçant quelque peu d’aller lâcher tout ça à l’extérieur. Un objectif secondaire se présente donc pour Asaru, parfaitement idéal cependant : en aidant les gens à se dépêtrer de cette situation délicate, il arrivera davantage à accéder aux niveaux plus confidentiels de la corporation. C’est en tout cas ce qui l’amènera à rencontrer un certains nombre d’autres personnes, alliées ou ennemies, durant sa mission, dont Amelia, excentrique agente de la CIA, qui aura d’ailleurs le droit à son propre scénario par la suite, avec sera donc par la même occasion, un autre personnage jouable.
Avec ses airs de salaryman, on pourrait croire que face à une armée de robots, Asaru ne fasse pas le poids. C’est bien mal le connaître ! Notre héros sait en fait plutôt bien se battre, et son habillement plutôt discret, costume cintré et cravate, ainsi que les effets personnels qui l’accompagnent constituent, un arsenal aussi original que dévastateur, bousculant un peu ce à quoi on pourrait s’attendre avec cette panoplie du parfait jeune cadre dynamique. Son arme principale se trouve en effet être son attaché case, dont l’utilisation a été détournée pour des discussions d’affaires plus musclées, ici incroyablement solide et qu’Asaru manipule avec une impressionnante aisance et dextérité, malgré le fait qu’il doit peser un âne mort à la vue pour autant infliger de dégâts. Comme tout businessman qui se respecte, il a également à sa disposition une quantité infinie de cartes de visite à distribuer à qui le voudra et à la manière d’un certain Gambit, ce qui aura principalement effet d’assommer quelques instants.
A ces deux armes viendront s’ajouter, plus tard dans l’histoire, un puissant mais lent parapluie, aussi pratique pour se protéger de la pluie que pour nettoyer une vaste zone d’adversaires pour le peu que l’on arrive à placer l’attaque, ainsi qu’une sorte d’overdrive, permettant temporairement d’être surpuissant. Vu qu’il s’agit d’un hack and slash, nous sommes en droit de nous attendre à des combats pêchus à la Devil May Cry ou encore Bayonetta, ce dernier ayant tellement mit la barre haut que l’atteindre peut s’avérer difficile. On sent la volonté du développeur à leur faire honneur avec les moyens moindres qu’il a à sa portée, et après quelques minutes de jeu, il s’avère que c’est complètement validé tant Assault Spy propose un système de jeu poussé et dynamique, avec une panoplie de mouvements – dont des contres et esquives – ainsi que de coups plutôt impressionnante et qui offre un vaste panel de combos aussi bien au sol et qu’en aérien. Le feeling est excellent, les coups ont du répondant et s’enchaînent dans une grande fluidité avec de nombreuses possibilités au niveau du timing pour une grande variété d’options pendant les affrontements. Et quand tout est mis en scène avec de jolis effets graphiques, des pauses durant certaines puissantes actions, et un bon mixage sonore, on peut dire que de gros points sont gagnés ici. Disponible plus tard, la partie dédiée à Amelia n’est en est absolument pas en reste avec du gameplay en tout point similaire, si ce n’est que son armement demeurera plus traditionnel : coups de poings et de pieds seront légion.
En parlant de points, le titre est grandement articulé autour d’un système d’évaluation visant à déterminer notre style et notre efficacité au combat. Pas trop de surprise : la variété et notre capacité à éviter de se prendre des coups – cinq encaissés et c’est le Game Over – seront récompensés par une notation fortement motivante et l’obtention d’une pseudo monnaie permettant d’acheter de nouveaux coups (plutôt nombreux) dans les bornes prévues à cet effet. Le jeu est plutôt généreux de ce côté là (même si les combats sont quand même nombreux) et on se retrouvera presque blindé en compétences à la fin du titre, près à attaquer des difficultés supérieures pour les personnes les plus motivées. Globalement, Assault Spy dispose d’un challenge plutôt équilibré dans son mode par défaut, bouclé en un peu moins de 10 heures, avec bien évidemment un peu plus de résistance dans les niveaux en fond de scénario. Outre une sélection de robots aux designs aussi hilarants que menaçants, le hack and slash propose un petit lot de boss aux gimmicks annoncés comme révolutionnaires par les antagonistes… Mais uniquement pour eux. Puisqu’on est au niveau des méchants, autant aborder l’histoire et les personnages : ceux-ci s’avèrent réussis et tout à fait dans le cahier des charges de l’animé japonais typique, pour une ambiance portée sur la comédie et des dialogues souvent très drôles, intégralement doublés vocalement. On pourra regretter qu’ils découpent un peu trop l’action, s’invitant régulièrement entre deux combats alors que l’on était chaud patate pour enchaîner les arènes. Heureusement, une fois le lore connu après un premier parcours de l’aventure, on pourra tout simplement les couper pour se concentrer sur le cœur du jeu. Graphiquement, et presque logiquement vu l’équipe minimaliste derrière, Assault Spy reste plutôt modeste du côté de ses graphismes, avec un moteur – l’Unreal Engine 4, étonnement – ici davantage mis à l’ouvrage pour afficher une animation fluide débordant de particules et un système de gameplay plutôt exigeant en terme de réactivité que pour afficher des environnements riches et détaillés : il faudra donc se contenter de bureaux d’entreprises aseptisés faits de murs de béton, pas mal de verre et quelques éléments en métal.