[dropcaps style=’2′]Senran Kagura est une série de Beat’em all un rien olé-olé originaire de la 3DS. Le relatif succès européen de Senran Kagura Burst aidant, Marvelous nous propose aujourd’hui les opus PSVita, Bon Appétit et Shinobi Versus.
Le passage du scrolling horizontal aux aires 3D ne s’est pas fait sans douleur : il faut tout réapprendre. Déjà les boss sont maintenant super-agressifs et n’hésitent pas à vous infliger de longs combos immédiatement suivis de leur ninpô (attaque spéciale), au point que même se relever peut parfois sembler difficile. Il est donc indispensable de maîtriser au moins la garde, et idéalement le contre. Seulement voilà ce dernier n’est pas aussi intuitif que dans un Metal Gear Rising par exemple, ce qui fait que l’esquive est souvent le meilleur moyen d’organiser sa contre-attaque. Pareil pour le lock qui nécessite de désigner l’ennemi sur l’écran tactile, car vous n’avez pas toujours le loisir de libérer une main pour ce faire. Enfin comme dans MGR, l’action va très vite et la caméra n’arrive pas toujours à suivre. On a donc un gameplay qui gagne énormément en nervosité mais perd un peu en précision.[/dropcaps]
Il est cependant dommage que la difficulté ne suive pas. Le premier Senran Kagura se finissait hyper-facilement quand Senran Kagura Burst proposait un challenge intéressant au début du chapitre 5. Shinobi Versus est encore une fois assez facile pour une raison toute bête : vous gagnez de l’expérience beaucoup trop vite. La bonne nouvelle est que vous avez maintenant un mode difficile, mais il est atrocement ardu et demande de longues sessions de levelling. Le dosage est donc au final très inégal et il manque cruellement un «juste milieu» qui permettrait d’apprécier davantage l’histoire principale. Signalons que question déroulement du jeu, il y a un boss dans la quasi-totalité des missions, éventuellement précédé/assisté de sbires plus ou moins inertes. A noter qu’il y a un mode versus en ligne que je n’ai pas pris le temps de tester.
Les développeurs se sont un peu lâchés au niveau de l’ecchi pour ce changement de plate-forme. En effet, en plus de fonctionnalités tactiles des plus savoureuses dans le menu vestiaire (attention NSFW), vous avez maintenant 6 niveaux de déchirement des fringues des héroïnes, ceci pouvant aller jusqu’à la nudité totale. Oui, mesdames & messieurs (quoique que j’ai probablement perdu les dames à ce niveau-là du discours), votre adversaire se retrouvera à poil à la fin du combat si vous jouez bien (avec cependant du flou pour masquer les parties les plus sensibles de l’anatomie). Je vais faire mon rabat-joie mais perso je trouve que ça devient un peu too much dans le sens où cela « banalise » quelque chose qui encore hier paraissait inédit.
Techniquement, Shinobi Versus montre le fossé qui existe entre les deux portables : c’est beaucoup, beaucoup plus beau et plus fluide. Le cel-shading convient à merveille et le rendu graphique est tout simplement délicieux. Les ninpôs sont absolument splendides, et d’une classe… je ne m’en lasse pas. On relèvera cependant le (non)-travail sur les ombres, les décors bof et quelques ralentissements. Il n’en reste pas moins que la version 3DS, pourtant techniquement l’un des jeux les plus avancés du support, est reléguée au rang d’ébauche grossière par ce nouvel épisode. Les musiques sont assez discrètes dans l’ensemble, mais certaines parviennent à marquer. Niveau contenu, Shinobi Versus rajoute 2 écoles pour 5 scénarios, 10 persos pour un total de 22, de nouveaux modes de jeu, les trophées et un nombre impressionnant de costumes. En gros, considérez que Shinobi Versus a deux fois plus de volume que Senran Kagura Burst et que la durée de vie du jeu est prolongée d’autant.
L’histoire reste dans le ton de la série avec l’habituelle juxtaposition de thèmes très sérieux et d’un humour japonais un rien basique. Les différents scénarios sont inégaux mais permettent de passer de très bons moments. On est littéralement porté par l’histoire de certains personnages, et les nombreux artworks de grande qualité illustrent les différents chapitres à merveille. Shinobi Versus s’intègre parfaitement dans la timeline de la série car il répond à beaucoup de questions cruciales restées en suspens à l’issue des épisodes 3DS (on y apprend par exemple ce qu’est un «Kagura»), ceci faisant de cet épisode PSVita une vraie suite et non un spin-off comme certains aiment à le penser. La version en anglais vont permettra enfin d’en profiter, car le niveau de langue très élevé de la version japonaise était un sacré frein.
Senran Kagura Shinobi Versus est donc bien l’épisode ultime de la série. Transcendé par la puissance de la PSVita, il profite en plus d’un contenu abondant qui le rend infiniment plus abouti que les précédents sur 3DS. Il faudra toutefois adhérer totalement à l’ambiance décalée pour passer outre les imperfections de gameplay.