Nanashi no Game

Le jeu est séparé en deux phases bien distinctes qui s’alternent et qui, au fur et à mesure que l’histoire progresse, se rapprochent d’une manière dont on n’effleurera pas le propos entre ces lignes. La première se déroule dans le monde réel, façon point’n’click, où l’on doit enquêter sur ce (maudit) jeu-vidéo maudit qui nous menace, sous les conseils d’un de nos professeurs qui s’est aussi intéressé à l’affaire. Notre console se tient dans ce cas comme un livre, les deux écrans projetant une vue 3D à la première personne d’une manière plutôt agréable (proche de celle d’Hotel Dusk : Room 215), mais aussi les quelques dialogues textuels parfois agrémentés d’images fixes. Les déplacements de notre personnage sont cantonnés au stylet et au pad directionnel, les deux dispositifs faisant grossièrement la même chose et qui, une fois couplés, offre une vitesse de mouvement doublée, ce qui ne sera jamais de trop face à la vitesse de pointe de notre avatar, qui semble se mouvoir avec une armure de plomb. Une volonté sans doute voulue des diaboliques concepteurs pour instaurer un petit peu de stress lors des séquences où l’on devra se balader (ou s’échapper) du lieu actuellement visité en esquivant tout ennemi se présentant à soi, sachant que l’on ne possède AUCUN moyen de se défendre, bien entendu! Ces ennemis, probablement les fantômes des victimes du jeu qui apparaissent sans doute parce que la malédiction n’apprécie pas vraiment que l’on mette le nez dans ses affaires au lieu d’être recroquevillé dans un coin de sa chambre en train de sangloter ou à bouffer un pied de table, savent toujours se présenter quand il le faut, parfois arrivant tranquillement de loin dans un corridor étroit, ou tout simplement cachés dans un angle mort au détour d’un couloir, prêt à vous faire un frissonnant et mortel câlin. Oui, le moindre contact équivaut à un Game Over.

L’autre partie se déroule au sein de votre TS, ou de votre Nintendo DS tenue normalement. Le menu principal de la bête est à s’y méprendre de celui d’appareil original, dimension un tantinet réaliste oblige. On peut par ailleurs consulter à tout moment ses mails, et charger une partie sauvegardée… De Nanashi no Game, pas du jeu éternellement installé dans votre vraie-fausse console. Cette partie intervient à des points bien précis, vous obligeant à jouer à une partie de ce fichu RPG et de subir les bugs graphiques, une musique de plus en plus corrompue, et des personnages in-game aux propos de plus en plus étranges et malsains qui dépasse souvent le cadre du jeu en s’adressant directement à nous d’une façon bien familière… Quoi de mieux pour briser d’une bien belle manière le quatrième mur, nous en apprendre plus sur la malédiction et nous surtout nous plonger d’avantage dans ce trip délicieusement terrifiant. A l’instar des jeux cités plus haut, il s’installe ici la culture d’une atmosphère aucunement gore avec des monstres dégueulasses et de la tripaille partout, mais plutôt une trempée dans une ambiance sonore particulièrement stressante avec son fond bien trop calme, et tout ces petits éléments qui font sursauter et qui surtout entretiennent cette peur du moment qui va arriver, mais qui sait toujours se pointer quand on s’y attend le moins, saupoudré du fantôme à la japonaise (ou généralement asiatique), la bouche et les yeux qui semblent être une porte vers le néant absolu. En gros, quitte à décevoir, l’atout du jeu n’est pas l’action à tout va, mais bien l’exploration. Et cela fait mouche.

Et quoi de mieux de nous envoyer visiter – de nuit bien entendu – des lieux superbement accueillants, avec entre autres un sinistre hôpital, une maison abandonnée, ou la non moins célèbre galerie marchande de Nakano dans la banlieue de Tokyo, qui comprend en plus la traversée d’un des magasins Mandarake avec une musique d’Hatsume Miku en prime ? Et bien, avec des graphismes des plus réussis bien sûr. epics a en effet conçu un moteur 3D des plus solide, qui affiche sans brocher des décors détaillés et loin d’être pixelisés, agrémentés de quelques effets plutôt convaincants. On notera un léger clipping lors d’un affichage de grandes distances, mais rien de grave. Comme suggéré plus haut, c’est au niveau de nos oreilles que Nanashi no Game explose, jusqu’à nous conseiller d’utiliser un casque pour profiter d’un effet panoramique. Une fois coiffé sur notre crâne, l’accessoire permet en effet d’apprécier pleinement d’un travail méticuleux sur les environnements sonores, ses petits effets si indispensables pour notre petite dose d’adrénaline, et surtout une composition musicale, certes limitée, mais qui devrait rester longtemps à trotter dans votre tête, la véritable console éteinte.

[section id= »conclusion » style= »border:1px solid white;padding:10px;overflow:auto;background-color:#00a0db;color:#FFFFFF; »]Au final, on titillera tout de même sur quelques points après avoir survécu à cette terrifiante et malsaine aventure que nous offre epics et Square Enix. Tout d’abord, elle s’avère très courte. La fausse semaine passée dans le jeu se décompose en à peine trois heures de notre vie, les chapitres s’enchaînant vraiment rapidement, narration bien aiguisée aidant, il faut bien l’avouer. On remarquera également la bêtise de certains ennemis, condamnés tourner en rond sur un chemin bien défini en en attendant que le joueur se jette dans ses bras. On regrettera enfin et surtout que Nanashi no Game, tout comme sa suite, sombrement intitulée (« Me » pour « œil »), et dans une moindre mesure les mini-jeux sur DsiWare, ne sortira jamais chez nous, Square Enix n’ayant pas jugé judicieux de tenter une diffusion hors de l’archipel japonais, comme malheureusement beaucoup de titres édités par la société aux RPGs. Reste que si l’on ne comprend pas un traître mot de japonais (oui chef, nous n’y mettons pas du nôtre), on peut toujours compter sur internet et ses FAQs, mais aussi à ces intrépides passionnés qui ont entièrement traduit le jeu en anglais, avec un patch diffusé fin 2011 à appliquer sur la rom japonaise. Un grand merci à eux, même si ce n’est pas très légal, mais c’est de bonne guerr3e33€€éꀅ!!££!!///. Ǭɲ ȵɵ ʌȦ ɋɒʂ ȩȾŖŒ ƜƌùɗɪȚ ʠʘuʁ ɢəɬȧ,,,,,,,, ƨƚǐȉɪɩ ?!!!,?1::µµµ11,,[/section]

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  1. J’ai toujours été intrigué par le jeu, mais j’ignorais jusque là qu’un patch de trad’ avait été fait. Du coup, cet article me donne bien envie de tenter enfin l’expérience. Et ça fait vraiment plaisir, à ce propos, d’en trouver le test. 😉

  2. ça fait longtemps que ce jeu m’intéresse et m’intrigue, la seul chose qui m’empêche de franchir le pas est que je n’ai pas envie d’y jouer sur emulateur par soucis d’immersion :/. Très bon billet en tout cas !

  3. Très intéressante critique qui fait un usage surprenant de la mise en page ^^. En tous cas, le jeu semble vraiment intéressant dans sa manière intelligente de traiter son thème, de quoi encore regretter qu’il n’ait jamais traversé les frontières du Japon.

    Quitte à une fois de plus verser dans le « c’était mieux avant », ce que tu présentes de Nanashi no Game est malheureusement pour moi symptomatique du déclin inexorable de Square-Enix depuis des années. A une certaine époque, un jeu original ou inventif de cet acabit (ou de celui de Sigma Harmonics), ils auraient eu les corones de le mettre un peu plus en avant et de le sortir au moins en US. C’est vraiment une des raisons pour lesquelles je n’attends plus rien de cette société : qu’est-elle encore bonne à sortir par chez nous en dehors d’un énième Final Fantasy (XIII), d’un énième Kingdom Hearts ou d’un énième Dragon Quest ? Malheureusement, je cherche encore et c’est vraiment dommage tant à une certaine époque ça bouillonnait de créativité chez eux.

    (Et tu n’améliores pas vraiment les choses en donnant envie de s’intéresser à un jeu définitivement inaccessible =p .)

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