Valkyrie Profile Lenneth

A un moment où Square Enix n’était pas spécialement présent sur PSP, la firme japonaise annonce l’arrivée d’une suite au légendaire Valkyrie Profile sur PS2. Pour l’accompagner et faire découvrir le premier épisode aux jeunes générations, un remake est également prévu sur PSP, avec pour sous-titre Lenneth. Si ceux qui ont déjà fait la version Playstation navigueront en terrain connu, cette version PSP est une aubaine pour les autres, ceux n’ayant jamais pu toucher à ce chef d’œuvre du RPG.

[spoiler title= »Si vous n’avez pas lu la critique Valkyrie Profile »]Avant d’aborder le jeu en lui-même, rappelons rapidement le scénario et plus particulièrement sur l’histoire d’une jeune fille, Platina. La nature l’a dotée d’une beauté sans pareil et d’un altruisme sans aucune mesure. Fille de paysans, elle est maltraitée par ses parents. Leur situation très pauvre leur fait vendre leur fille à des esclavagistes. Informée par son ami Lucian, elle s’enfuit à ses côtés loin de la maison familiale.Arrivés dans un immense parterre de fleurs, ils se rendent compte qu’elles sont empoisonnées. Platina y succombe dans les bras de Lucian… Le récit de Platina s’arrête là au cours du prologue tout à fait facultatif. Le jeu débute au Valhalla, le monde des dieux. Un conseil se tient entre Odin, le dieu des dieux, Freya, une déesse et Lenneth, une valkyrie. En tant que telle, Lenneth a la faculté d’entendre les lamentations des différentes âmes humaines sur la terre (Midgard). Le Ragnarok, autrement dit la fin du monde, aura bientôt lieu et le monde divin a besoin de guerriers pour combattre. Ainsi, Lenneth a huit chapitres pour débusquer de bons guerriers, les entraîner puis les envoyer au Valhalla. Votre mission (si vous l’acceptez…) sera d’accomplir cette tâche.

Vous devrez donc rechercher des âmes et les enrôler toutefois, les humains que vous dégotterez ne sont que très rarement morts et ils ne peuvent vous rejoindre qu’une fois leur dernier signe de vie disparu. C’est pourquoi vous assisterez irrémédiablement à leur mort. Durant ces passages, vous ne serez que simple spectateur et découvrirez des histoires toutes plus tristes et dramatiques les unes que les autres mais nécessaires si vous voulez que le personnage meurt. Ainsi, vous assisterez à des meurtres, des sacrifices, des suicides et j’en passe. Il arrivera même que Lenneth contribue à la mort de l’humain car il semble indispensable à la cause d’Odin. Le jeu se découpe donc en plusieurs phases : recruter les Einherjars (les âmes héroïques), visiter les villes, arpenter la carte du monde et visiter les donjons. Le tout doit se faire dans un temps limité. Vous avez huit chapitres de 24 périodes chacun. Chacune des actions de Lenneth coûte au moins une période. L’enchainement est toujours le même : une fois sur la world map, Lenneth peut écouter les pleurs du monde pour dénicher un Einherjar. Une fois trouvé, il est temps d’aller assister à son décès. Recruter tout le monde n’est pas obligatoire mais Freya impose des quotas à respecter pour espérer avoir les faveurs d’Odin et potentiellement la fin cachée. Une grande partie de l’intérêt de Valkyrie Profile repose sur la découverte de ces histoires, qui donnent un aspect dramatique à la fois fascinant et triste.

Les développeurs ont dû hésiter sur le mode de représentation et ont opté pour un mixte des deux. Cela donne un aspect un peu old school au soft qui n’est pas pour nous déplaire. Dans les villages et les donjons, Lenneth se déplace au travers d’un scrolling horizontal avec des personnages en 2D. Les décors sont dessinés mais sont absolument superbes. Comme vous pouvez le constater à la vue des images, le jeu n’a pas beaucoup vieilli et apparaît comme un titre aux graphismes superbes. Cette version PSP étant en 16:9, la qualité des décors en pâtit tout de même quelque peu, étirant l’ensemble transformant certaines grottes et maisons en petite bouillie de pixels. Heureusement, dans l’ensemble, le jeu reste très beau et présente tout de même un aspect pratique : l’agrandissement du champ de vision. Très pratique pour la progression dans les donjons. Pour en revenir à la visite des lieux dans VP, il est possible de passer par moment en arrière plan, ce qui donne de la profondeur aux environnements. Durant les donjons, tout ceci est également possible, plus l’opportunité de monter dans les décors par l’intermédiaire d’échelles, rappelant le gameplay de certains hits de l’époque 8/16bits. L’héroïne se voit d’ailleurs doter de capacités propres aux jeux d’action-plateforme : sauter, se baisser, glisser, courir et lancer des projectiles, de la glace plus précisément. Les ennemis étant visible sur le terrain de jeu, il est possible de les glacer et ainsi s’échapper. Action peu recommandée pour ne pas être sous-expérimenté et être éjecté du donjon.

Malgré le poids des âges, le système de combat de Valkyrie Profile est resté un modèle du genre. Le champ de bataille apparaît : votre ennemi d’un côté, vos trois Einherjars et Lenneth de l’autre. Chaque guerrier est assigné à un bouton. Ils sont même positionnés sur le champ de bataille de la même manière que les boutons d’actions sur la manette : le perso du bas pourra être utilisé avec X, celui de droite avec O, … Le but est d’appuyer sur les boutons dans un certain ordre afin de réaliser des combos et in fine des attaques spéciales abordées plus bas. Les combinaisons varient en fonction des combattants que vous possédez dans l’équipe. Selon l’arme d’un Einherjar, il n’aura pas la même utilité : un combattant qui a une grosse épée peut faire s’envoler un ennemi alors que s’il avait un arc, il serait plus prompt à mitrailler un adversaire en l’air. Il faut donc s’adapter à son équipe et chercher les meilleures possibilités. Lenneth est généralement là pour conclure les combos par de superbes attaques dont certaines en images de synthèse, histoire de bien marquer le coup. Rien que le fait de voir ces scènes pousse les joueurs à chercher la meilleure combinaison pendant les combats car ces super attaques ne sont réalisables qu’une fois la barre des hits à 100. Il faut donc réussir à faire des combos qui frappent l’ennemi sans faire retomber la barre des hits afin de conclure.
Le principe est assez simple à comprendre mais requiert un minimum d’organisation et d’anticipation. [/spoiler]

Valkyrie Profile est très agréable à l’œil et cette version PSP se veut extrêmement fidèle à son aînée, un peu trop même reprocheront certainement certains. Les graphismes n’ayant pas été retouchés mais la résolution ayant changé, comme écrit précédemment, l’étirement des graphismes occasionnent quelques perditions. Il arrive donc de se retrouver devant des décors floutés. A côté de cela, l’avantage tient dans le (très) léger agrandissement du champ de vision. Heureusement, le character design, repris de l’édition Playstation n’en pâtit absolument pas. Les personnages en imposent et certains resteront probablement à jamais gravés dans votre mémoire. Si l’on excepte Lenneth bien sûr, citons notamment Arngrim qui restera à vos côtés tout au long de l’aventure ou encore Lezard Valeth, nécromancien sans scrupule et foncièrement puissant. Si leurs histoires sont intéressantes, il faut saluer l’excellent travail de Kou et You Yoshinari. Il est appuyé, sur PSP, par l’ajout de scènes en images de synthèse pour les moments importants. Particulièrement peaufinées, elles font leur petit effet – longues, très fines et donnant de la « grandeur » à un titre qui n’en avait même pas besoin – mais contrastent complètement avec celles d’origine, pas retouchées. Tant que nous sommes dans les comparaisons, il faut malheureusement déplorer des temps de chargement un chouïa plus longs, principalement l’accès aux menus ou à la carte. Autant dire qu’il est préférable de bien réfléchir à ses actions afin de ne pas pester contre les noirs. Bref, cette version PSP, bien que pratique et utile pour les derniers arrivés dans le domaine du jeu vidéo, n’apporte pas grand chose à l’oeuvre d’origine, donnant l’impression d’être un remake/portage un peu fainéant.

Au final, il y aura deux écoles : les fans de la première heure qui préfèreront toujours la version Playstation et ceux qui découvriront la série avec ce volet tout à fait honorable. Dans tous les cas, le plaisir est présent, et c’est bien là l’essentiel. Les légers ajouts sont les bienvenus, même si cela peut paraître un peu léger pour proposer le jeu au prix fort. D’autant qu’aucune localisation n’a été réalisée laissant l’édition européenne dans la langue de Shakespeare. Rien de suffisant pour bouder son plaisir. Valkyrie Profile Lenneth est bel et bien l’une des valeurs sûres de la console.

  1. Personnellement, je suis clairement de la première école. Je trouve le portage globalement assez fainéant et je suis d’accord avec tous les points que tu as soulevés comme le manque de polish des anciennes cinématiques par rapport aux nouvelles et le changement de définition qui laisse pas mal d’artefacts dans les décors alors que la PSP est capable d’afficher des graphismes bien plus fins.

    J’ajouterais à ça que la plupart des nouvelles cinématiques nuisent pour moi plutôt à l’ambiance originelle du jeu en oscillant entre des genres aussi divers que la série Z horrifique aux effets spéciaux cheap (pauvre Jelanda) et l’anime de magical girls (pauvre Valkyrie). Bref, le tout ne rajoute pas vraiment de grandeur à l’ensemble à mes yeux, loin de là =p .

    M’enfin, vu le coût d’une version PSOne US et les complications qui y sont liées (zonage, etc…), cette version PSP reste une sacrée opportunité pour que les amateurs de bons RPGs découvrent un jeu resté assez confidentiel (surtout que cette fois, il est sorti en Europe). Et avoir un mythe comme Valkyrie Profile à disposition dans sa poche pour y jouer partout et tout le temps est quand même un sacré argument de poids. Le compromis parfait aurait été d’avoir accès à la version PS sur le PSN mais on ne peut pas non plus tout avoir ^^.

    Sinon :

    « Autant dire qu’il est préférable de bien réfléchir à ses actions afin de ne pas pester contre les noirs. »

    Soit c’est une coquille, soit la remarque est quelque peu gratuite et raciste =p .

  2. Moi j’ai découvert cette légende par cette version. Du coup pas grand chose de ce que vous lui reprochez ne m’a sauté aux yeux plus que ça. Les ignorants sont donc bénis, comme dirait l’autre.

    Je surenchérit, parce que je m’y suis replongé à cause de vous. Et ce jeu exerce un pouvoir sur moi : j’allume la Psp, et 5 minutes suffisent, à chaque fois et quel que soit mon avancement dans le jeu, à me happer : ambiance, justesse de l’écriture, système de combat, theorycraft et gameplay passionnants. Tant de cadors ne soutiennent pas la comparaison face à la maturité globale de Valkyrie Profile en terme de projet. Comment une telle perle a-t-elle pu naître et oser tant de choses en 1999?

  3. J’ai connu les deux versions, et je dois avouer que je n’ai pas été choqué plus que ça par cette version PSP. Un peu par les dommages dû à la résolution de l’écran de la PSP, mais ce n’est pas dramatique non plus. Quand aux cinématiques, j’ai envie de dire que c’est un élément tellement mineur que c’est le moindre de mes soucis, d’autant que je ne les trouve pas vraiment méchantes.

  4. C’est le premier jeu que je me suis acheté avec ma PSP, et quelle claque ! Je n’avais pas fait la version PSone, donc, pour moi, l’aventure était totalement neuve. Les quelques bémols cités (décors floutés) ne m’ont pas spécialement gênés, hormis peut-être les temps de chargement qui cassent un peu le rythme. Faudrait que je prenne le temps de le refaire en le dumpant sur ma Memory Stick (j’imagine que les loadings seront alors quasi inexistants…) ^^;

  5. Tout l’intérêt de cette édition PSP est justement de faire découvrir ce jeu au monde entier, et notamment à l’Europe. Mais quitte à choisir, la version Playstation a pour elle de meilleurs graphismes et des temps de chargement plus courts. J’en connais qui ne supportent pas cette édition portable et attendent de se (re)prendre une version Playstation. ^^

  6. Voilà ! Fin A bouclée il y a quelques jours, et voilà que j’ai relancé le jeu en Hardmode directement, pour un 3ème run consécutif, ce qui ne m’était jamais encore arrivé… Ce jeu va m’accompagner longtemps je pense, et c’est peut être là l’atout majeur de la version Psp, cette facilité d’y jouer un peu en n’importe quelle circonstance.

    Bref un BGE, un jeu de chevet. Je n’ai pas fait beaucoup de J-RPG dans ma vie, moins d’une quinzaine. Mais je ne vois aucun équivalent à ce VP parmi ceux que j’ai fait, et sur beaucoup de points, du plus artistique au plus « mécanique », c’est le titre le plus abouti que j’ai eu entre les mains. Une vraie drogue.

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