Final Fantasy VIII : Musiques et dérivés

Certains doivent le savoir : avant d’écrire sur le jeu vidéo, j’écrivais sur la musique. Et de la chronique musicale, j’en fais toujours d’ailleurs. Parce que la musique, c’est mon truc, une passion qui surpasse des pieds à la tête celle que je peux vouer pour le jeu vidéo. Alors, cela semble logique de me voir m’attaquer à la conciliation des deux univers, à savoir les OST. Car sur les multiples choses que je peux écouter, les Soundtracks – jeux vidéo comme films d’ailleurs – en font partie, il ne faut pas croire.

Mais le souci qui se pose, c’est que l’exercice de l’OST est bien plus complexe qu’un support intégralement musical. Casse-gueule et se basant bien au-delà de la simple perception sonore. Certes, j’avais bien écrit sur l’OST d’Of Orcs And Men lors de la semaine spéciale qui lui était dédié. Mais l’acte avait été simplifié par le fait que je n’avais jamais touché au jeu, que la bande sonore avait un fil conducteur en terme de sonorités employées et d’ambiances et surtout, elle ne tenait que sur une seule galette. Pour le cas de celle de Final Fantasy VIII, les choses sont bien différentes : je connais le jeu qui repose sur un enchaînement de thèmes souvent courts bien différents des uns des autres. Et surtout, les musiques tout le long fourmillent tellement qu’elles tiennent quand même sur quatre disques. Un sacré morceau sur lequel se pencher. Un sacré défi à aborder.

Mais il y a un moment où il faut savoir repousser ses limites et se lancer. Car connaître le jeu ne facilite pas les choses mais c’est toutefois heureux tant les musiques de Final Fantasy selon Nobuo Uematsu sont faites pour être complémentaires à l’image pour la plupart. Finalement, quand on y réfléchit bien, ne pas connaître le contexte visuel fait que l’écoute individuelle de l’OST ne revêtirait d’aucun intérêt. Et en faire une chronique telle qu’on le voit dans un magazine/webzine musical n’aurait vraiment aucun sens.

Au moment où j’écris ces lignes, je n’ai encore rien écrit sur le véritable contenu mais ce qui me passe par la tête dans ce que je pourrais inclure reste bien clair sur l’ampleur de la tâche : parler de la bande originale d’un jeu vidéo est assurément encore plus complexe que celle d’un film. Car l’image est une chose mais il ne faut pas non plus écarter le côté ludique du support qui jouit d’une importance aussi importante – si ce n’est plus – que le simple aspect vidéo. Trois pôles à prendre en compte : la musique, l’accord à l’image et notre expérience de jeu. Ce dernier point extrêmement difficile à cerner tant elle est différente selon les profils, les capacités, les goûts… En cela, parler d’une OST est peut-être quelque chose de plus égoïste qu’il n’y paraît. Et ce ne sont pas mes collègues qui me contrediront puisqu’ils ne se sont pas faits prier pour apporter leur petite contribution, montrant que le concept de la nouvelle rubrique Mémoire Vive mis en place par notre cher Hyades est efficace tant on peut toujours être susceptible d’en voir des relents à chaque coin d’article.

Un autre handicap qui se pose à l’exercice, c’est comment en parler. Casse-gueule comme je le disais. Certains ont bien eu le courage de sauter le pas, pour un résultat se présentant toujours de la même manière : du simple track-by-track commenté. Un procédé qui peut être utile dans certains exercices strictement musicaux telle qu’une preview où le journaliste est convié à une petite sauterie en studio avec l’artiste pour écouter en avant-première l’album en question qui lui est diffusé une seule fois quelques mois avant sa sortie officielle sans qu’il lui soit possible de réentendre ensuite le bousin avant les envois promotionnels, voire sortie commerciale si le label joue dans la radinerie. Mais hormis cette exception, le track-by-track reste quelque chose qui ne me parle pas du tout, à écrire comme à lire tant la présentation est trop stricte et rébarbative. Alors si c’est déjà ennuyeux au bout de douze titres, alors quatre galettes… C’est pourquoi, à l’instar du cas de l’OST d’Of Orcs And Men, je vais m’attacher à aborder le sujet dans son ensemble – à ne pas voir comme une unité vu que l’OST n’a pas véritablement de fil conducteur comme celle qu’a pu composer Olivier Derivière.

Ce qui fera un texte qui pointera du doigt quelques cas particuliers, qui en occultera d’autres. De façon totalement subjective puisque ce sera intimement lié à mon expérience de jeu et nul doute qu’il soit possible que les moments m’ayant plus marqués soient différents des vôtres. En tout cas, je n’ai pas la prétention de faire mieux que les autres s’étant attardés sur du commentaring de tracklist. Ni même n’ai la prétention que ma perception de l’exercice soit la bonne solution. Mais vu que l’exercice n’est pas si couramment pratiqué, aucune règle n’existe réellement de toute manière : auteur comme lecteur marchent sur des œufs par conséquent.

Bien entendu, par souci de complétion – car on aime bien cela chez Archaïc – je ne pouvais pas forcément m’arrêter en si bon chemin. C’est pourquoi, je ne pouvais pas m’attarder sur les musiques de Final Fantasy VIII sans aborder les deux autres albums dérivés de l’OST originelle, à savoir l’album orchestral et le Piano Collections – vieille habitude de Square Enix que l’on ne présente plus tant beaucoup de ses RPGs en bénéficient. Car ils le valent bien, d’autant plus que parler d’eux s’avèrent finalement moins corsé et plus conventionnel puisque seul l’aspect musical rentre en ligne de compte.

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  1. Article ultra complet !

    Je suis complètement d’accord sur le fait qu’il est assez difficile d’être immergés par FFVIII dès le premier coup, comme pour la bande-son. J’ai mis 30/40 heures à pleinement apprécier le jeu, et c’est vrai que pour la bande-son, je ne l’ai adorée qu’au bout d’un certain temps. Si peu de thème m’étaient restés en tête au début, en ré-écoutant l’OST et en refaisant le jeu, que j’ai finis par adorer lui aussi, ce fut nettement différent. Ça doit être l’une des meilleures OST d’Uematsu à mon goût – même si personnellement je la place juste derrière celles de FFVII et surtout FFVI. Surtout pour les thèmes de combat : je crois que je ne connais pas beaucoup d’autres RPG ou absolument toutes les musiques de combat sont d’une telle qualité ! Et pourtant, il y en a beaucoup !
    En revanche j’approuve moins la comparaison avec FFXII, car j’ai adhéré à ce dernier dès l’introduction et j’ai été vraiment pris par son ambiance très vite. Pas vraiment le cas du VIII. Mais bon, c’est un détail, peu importe.

    Pour ce qui est des thèmes de personnages : Uematsu avait dit qu’il n’en avait pas fait pour FFVIII car il les trouvait trop mal utilisés dans les opus précédents (il est un peu exigeant quand on repense à FFVI, mais bon XD). Donc à part le thème de Linoa, c’est vrai que la bande-son est bâtie sur d’autres thèmes majeurs.

    Sinon, je dois dire que j’ai beaucoup aimé Eyes on Me (et que la fin de FFVIII est sans doute ma préférée dans la saga), alors qu’habituellement je suis pas loin d’être allergique à ce genre de thèmes (je hais Sutaki no De), comme quoi…

    L’album Piano Collection est vraiment très sympa aussi, je trouve que ça correspond bien à l’ambiance des musiques de FFVIII (surtout qu’il y a ce côté assez bourgeois que tu évoques).

    Bien que j’ai déjà cité mes 3 musiques marquantes, mention spéciale aussi à The Castle, une musique de donjon final vraiment atypique et imprévisible la première fois qu’on y entre (un peu comme Stone Tower Temple de Majora’s Mask je trouve, mais dans un genre bien différent)

    Bravo et merci pour cet article en tout cas !

    (légère coquille, tu as renommé Kefka en « Kefta »… je ne sais pas s’il appréciera :p)

  2. En même temps, tu n’es pas sans savoir qu’à l’heure d’aujourd’hui, je n’ai pas encore été foutu d’appréhender FFXII de la bonne manière : le système de gambits m’a lourdé (bien qu’être spectatrice d’une partie de quelqu’un d’autre il n’y a pas si longtemps m’a permis de mieux cerner le truc), j’ai du mal avec les personnages que je ne trouve pas spécialement charismatiques (la seule exception étant Basch et peut-être Ash dans la juste limite) et je dois admettre que l’univers d’Ivalice me laisse toujours perplexe. Et le scénario est tellement long à décoller que j’ai toujours perdu patience avant qu’il ne démarre vraiment. Bref, en espérant qu’il finisse par passer avec les années comme ce fut le cas avec FFVIII.
    Merci pour la boulette « kefta », lapsus venant d’une malencontreuse déformation professionnelle (à force de servir dans un resto marocain, il ne faut pas trop s’en étonner haha), qui est maintenant corrigée.
    Enfin, je t’avais dit sur Twitter que je n’étais partie de rien en ce qui concernait cet article. Aucune documentation/interview/dossier et autres avis de joueurs. Juste mes oreilles et mon cerveau. Il est vrai que j’aurais pu faire encore plus complet en m’appuyant sur des références et des interviews pour une page supplémentaire uniquement explicative, informative sur la conception selon Uematsu lui-même mais là, il m’aurait fallu un délai plus important, ce papier en l’état m’ayant déjà pris pas mal de temps (se farcir l’OST prend déjà pas moins de 4h, ajoute le fait que ça a été répété plus d’une fois et ajoute en plus les deux autres disques… bref, ça a demandé beaucoup d’attention).

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