Die Hard Trilogy

Now I have a machine gun. Ho ho ho.

Genre
Action
Développeur
Probe Entertainment
Éditeur
Fox Interactive
Année de sortie
1996

Die Hard. Une saga qui retentit dans la tête des cinéphiles comme LA définition du film d’action à l’américaine : totalement improbable, irréaliste, avec de la violence, des gunfights et des explosions par palettes de C4, et avec pour seules interruptions des dialogues bourrés d’un humour décapant entre John McClane, super flic incarné par Monsieur Bruce Willis, et une pléiade de méchants sur-armés, principalement attirés par l’argent, dont on retiendra particulièrement un de leurs chefs des plus emblématiques, Hans Gruber, porté à l’écran par Sir Alan Rickman. Une maîtrise de la pyrotechnie et de la comédie à en faire rougir Michael Bay, mais aussi à en inspirer quelques jeux-vidéo pour attirer le – souvent bien trop jeune – fan au fil des générations de machines et des nouveaux épisodes cinéma. C’est un certain Die Hard Trilogy qui retient notre attention aujourd’hui, sorti sur une PlayStation en plein rodage pour visiblement concorder avec la mise en place de nos rayons de la K7 VHS (!) du troisième et dernier meilleur opus : Une journée en enfer, sorti en 1996. Le premier jeu PlayStation de votre serviteur, pour une éternelle vénération.

Mais pourquoi diable ce « Trilogy » ? Et bien c’est fort simple. Le jeu est grossièrement basé sur tous les films sortis jusqu’alors, à savoir Piège de cristal, 58 minutes pour vivre et donc Une journée en enfer. Trois opus cinéma pour potentiellement trois jeux avec tout autant de gameplays différents, voilà ce que nous proposait le britannique Probe Entertainment (l’auteur d’Alien Trilogy, sur le même modèle, et d’autres jeux moins biens, à vrai dire) pour environ 400 francs. Alléchante sur le papier, l’idée l’est tout autant manette en main, le poids de dix-sept années dans les jambes mis à part.

À visionner : le making-of du jeu


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Comme l’indique très sommairement le menu de sélection d’un jeu, la première partie du jeu prend place dans le Natakomi Plaza, énorme building d’affaires (le Fox Plaza dans la réalité) pris aux mains de criminels un tantinet énervés et bien armés. Ces derniers ont d’ailleurs décidé de prendre en otages la majorité des personnes travaillant encore ici, c’est bien sûr à vous, John McClane, pour la première fois au mauvais endroit au mauvais moment, que va revenir la tâche de nettoyer tout ce bordel. Pour cette adaptation de Piège de Cristal, le développeur a choisi la carte du Third Person Shooter, avec une caméra plus aérienne et éloignée que nos jeux d’aujourd’hui, pour obtenir champ de vision un brin plus large (dans la limite de l’imposant clipping), mais aussi éviter les désagréments que peut offrir une mauvaise gestion de la caméra : elle est automatique ici, et suivra notre héros comme son ombre en ne s’autorisant aucun artifice particulier, mis à part un petit effet de zoom arrière quand le personnage se meut. Les éléments affichés en premier plein s’effaceront dans une transparence plutôt limpide. Mais là n’est pas la question. Le but est donc de gravir la vingtaine d’étages de cet immeuble et de mitrailler toute menace ennemie, entre ceux qui sont déjà sur place en train de patrouiller et ceux qui arrivent en grappes de cinq ou six par les ascenseurs.

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Le joueur dispose par défaut, en plus des classiques strafe et de roulades, d’un simple pistolet à la puissance d’attaque ridicule mais aux munitions illimitées. De quoi s’en sortir en duel mais face à des ennemis plus nombreux, pouvoir utiliser, de manière plus sporadique, des fusils d’assaut, une mitrailleuse lourde, ou un fusil à pompe peut s’avérer plus efficace et sympathique. Surtout quand en face ils n’hésiteront pas à s’en servir. Notre équipement comporte également trois types de grenades, à savoir un fumigène jaune aveuglant, une « boule puante » verte paralysante et enfin une purement offensive pour réaliser du bon gros dégât de zone. Cependant, pas question de foncer sur l’ennemi tête baissée pour deux simples raisons: la première est que bien entendu, contrairement aux films, notre héros n’est pas invincible, il perdra santé et vies, et la seconde, c’est qu’il y a des otages à sauver. Du moins à ESSAYER de sauver. Ces âmes innocentes sont généralement coincées entre une poignée de gardes ou alors disposés là, dans un bureau ou dans une cage d’escalier à crier à l’aide en se débâtant de leurs liens sans doute trop serrés. A noter qu’ils sont parfois seuls, leurs ravisseurs étant bien trop occupés à faire des rondes. Les sauver vous ajoutera quelques points supplémentaires à votre score et la récupération d’une petite portion de santé. Par d’ailleurs, certains malchanceux devront être sauvés d’une froide exécution en abattant leur bourreau avant la fin du temps imparti, avec pour récompense la satisfaction du devoir du justicier ainsi qu’une vie supplémentaire toujours bienvenue. Pas toujours simple cependant. Mais bien entendu, nous sommes dans un jeu d’action, estampillé Die Hard de surcroît, donc tirer dans le tas et faire quelques dommages collatéraux n’empêchera pas de progresser dans le jeu. Le fun justifie les moyens. Euh… La fin. La fin de chaque niveau (justement) pourrait d’ailleurs être carrément fatale et gâcher un run ma foi pas dégueulasse dans un étage nettoyé. Visiblement légèrement agacée, une entité inconnue vous invitera à aller désamorcer une bombe préparée pour exploser dans moins d’une minute. Trouver l’ascenseur qui l’a déposer permettra d’accéder au niveau suivant… Faudra-t-il encore le trouver en le repérant sur le radar. Sinon une vie en moins, et on recommence. Hop. Au final, cette première portion s’avère simple mais efficace, avec un sympathique mélange d’action et de pseudo missions de libération d’otages.


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Second jeu, autre ambiance! Beaucoup de joueurs se souviennent de Die Hard Trilogy au travers de cette seconde partie. Il faut avouer que cette interprétation de 58 minutes pour vivre possède quelques arguments tous à fait louables qui fonctionnent encore aujourd’hui. Celui-ci s’attaque à un genre plébiscité dans les salles d’arcades à l’époque : le light-gun shooter, revenu en force et en 3D avec le célèbre Virtua Cop de Sega, qui vient juste d’être adapté sur Saturn, justement, alors que sur PlayStation… Il n’y a pas grand chose à vrai dire. Time Crisis n’arrivera, par exemple, que deux ans plus tard. Probe Entertainment n’a alors pas hésité à saisir l’occasion de porter sa pierre au petit édifice, et nous y voilà donc. L’objectif de cette partie est de principalement tirer sur tout ce qui bouge (ou presque), sans pour autant oublier de rester un minimum en vie. Comme dans le film, l’action débute dans l’aéroport de Washington-Dulles, mais celui-ci est littéralement pris d’assaut par une organisation de criminels qui n’hésitent visiblement pas à mélanger prises d’otages et explosifs. Et comme d’habitude, John McClane ne peut pas s’empêcher de jouer les héros et de faire le ménage de par lui même. Enfin, rappelons le, sa femme est dans un avion, et celui-ci tourne au dessus de l’aéroport avec une réserve de carburant de plus en plus faible. Enfin, le jeu ne s’attarde pas sur le sujet, mais visiblement le joueur doit intervenir, vu la réactivité de la police qui court partout en ne criant que « NE TIREZ PAS » à tout bout de champ.

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On retrouve ce gameplay sur rails, avec des ennemis à liquider par vagues plus ou moins importantes. On avance automatiquement, nettoie la zone, continue d’avancer, pour exploser la suivante, et ainsi de suite. Point sympa, il est possible de jouer avec une manette, à la souris ou encore via le Konami Justifier pour plus de « réalisme ». A l’instar du jeu de Sega, une grosse cible apparaitra sur un ennemi à l’éliminer, avec un zoom qui va avec pour davantage de précision. Un principe déjà connu donc, mais Die Hard 2 propose de notables différences qui font pas mal mouche. Pour commencer, on ne sera pas obligé de se contenter d’un seul et unique flingue pour toute la durée du jeu. Fusils à pompes, mitraillettes et autres armes viendront parfois remplacer l’éternel Beretta, le temps d’un chargeur copieusement vidé sur toute menace à l’écran. Il sera même possible de détenir, de manière définitive, une de ces armes, avec une quantité illimitée de munitions, en réalisant certaines (bonnes) actions ou en détruisant un élément particulier du décor… Ou un hélicoptère. Ensuite, contrairement à un House of the Dead qui s’amusera parfois à lâcher quelques âmes innocentes histoire de déstabiliser le joueur et pourquoi pas lui retirer une portion de vie, on devra dans Die Hard Trilogy gérer en même temps et plutôt régulièrement élimination d’ennemis et sauvetage de personnes, sans pour autant s’en faire (une fois de plus) en cas de maladresse involontaire ou non : un retrait de points, et le poids d’un mort sur la conscience, mais rien d’éliminatoire. Se faire toucher plus de cinq fois sans avoir pu se soigner auparavant sera par contre puni par un Game Over et un retour à la case départ. A chaque fin de mission (et comme dans toutes les autres niveaux de la compilation), un score bonus du joueur sera calculé au pourcentage d’ennemis éliminés et aux innocents épargnés et potentiellement sauvés, dans un massacre de NPCs des plus cocasses.

La chose qui étonne aujourd’hui c’est que pour une production PlayStation datant de 1996, ce 58 minutes pour vivre propose un moteur graphique en 3D étonnement interactif. Quasiment tout élément présent à l’écran peut être mitraillé ou explosé, renforçant ainsi l’esprit absolument over the top du jeu, et procurant un certain plaisir destructeur. Vitres, murs, comptoirs, voitures… Tout peut y passer.  Il sera d’ailleurs possible d’utiliser certains objets, comme des plaques accrochées au plafond, pour éliminer de manière plutôt violente et sanglante de malheureux ennemis qui passaient par là, non sans nous tirer dessus. Bref, une partie encore très fun à jouer de nos jours, particulièrement dynamique et variée.


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Vient enfin Une journée en enfer, troisième et dernier tiers de cette compilation, très souvent oubliée à l’époque pour des raisons tous à fait valables. Finie la marche à pied, bonjour les courses effrénées en voiture. On retrouve ici la même base que le film. John McClane et Zeus Carver sont gentiment conviés à parcourir les rues bouchonnées de New York pour désamorcer un paquet de bombes disposées ça et là par « Simon », le gros méchant psychopathe du film. Ludiquement parlant, il s’agira de conduire différents véhicules et d’aller débusquer des bombes planquées dans des poubelles ou des cabines téléphoniques placées au milieu de la route, avec quelque fois des courses poursuites à la Chase H.Q. où l’on devra foncer suffisamment de fois dans un engin lancé à pleine vitesse pour le détruire. Ces petites missions s’enchainent dans un rythme frénétique, avec un chronomètre très serré dont on pourra heureusement augmenter le temps de quelques secondes via des bonus dispersés un peu partout. Si la bombe explose, c’est littéralement toute la ville qui sera rayée de la carte dans une vague de feu cataclysmique, alors il va falloir assurer. Accessoirement ceci retirera une vie à un compteur ma foi trop peu alimenté.

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Lutter contre le temps sera difficile pour plusieurs raisons : tout d’abord, les rues de New York, selon les différents coins visités (Brooklyn, Central Park, Chinatown, Wall Street et des docks), seront plus ou moins étroites et encombrées d’autres véhicules et de mobilier urbain plus ou moins solide. Il faudra donc ruser et se faufiler en passant par les trottoirs et en trouvant des raccourcis, et ne pas toujours se fier au radar. Il sera possible, de temps à autres, de choper divers bonus pour gagner de précieuses secondes, à savoir l’appel d’une ambulance qui défoncera tout sur son passage, ou encore une borne de saut qui fera s’envoler le véhicule du joueur pour passer par dessus un amas d’obstacles, non sans faire tout faire exploser. Les rater sera très souvent synonyme d’une vie en moins. L’autre problème réside dans la maniabilité absolument horrible des véhicules, tels qu’ils soient, avec cette impression de contrôler un tank lancé à 200 km/h sans aucune possibilité de tourner correctement, et qui oblige d’utiliser les touches permettant de réaliser un virage à 90 degrés, une indispensable option que le développeur a dû implémenter en voyant la catastrophe manette en main. On n’oubliera pas non plus de si tôt cette gestion des collisions désastreuse et complètement buguée, qui fera regretter le moindre choc contre un mur ou une voiture. Pire, cette partie, assurément la moins bonne des trois, a en plus le mérite de ne pas être la plus courte, et saura bien s’amuser avec la patience du joueur.

A noter qu’à l’instar du sulfureux Carmageddon, sorti bien plus tard sur consoles et PC, il est tout à fait possible d’écraser (par inadvertance ou non) les piétons qui se baladent sur les trottoirs ou qui traversent la route sans regarder… En vue intérieure, cela se traduira par une gigantesque marre de sang sur le pare-brise qui sera sommairement nettoyée par l’essuie-glace, comme si rien n’était. Ceci vaudra un bannissement du jeu en Allemagne, mais pas un tollé aussi prononcé que l’adaptation du mythique et cynique Death Race 2000.

Die Hard Trilogy
Appréciation
Globalement, Die Hard Trilogy est un titre qui a quand même pas mal vieilli, et cela peut se voir notamment sur 58 minutes pour vivre et Une journée en enfer, qui souffrent d'un affreux clipping et d'une horripilante modélisation des personnages, faits de sorte de sprites en 2D et grossièrement animés comme des pantins de papier, sans oublier des textures qui ont tendance à baver ou à disparaitre sans raison. Oui en gros le jeu est moche comme un cul. Au niveau du son, les effet, voix et cris rigolos divers côtoient une très bonne bande sonore rythmée et so 90's qui saura parfaitement accompagner ce déluge absolument ridicule de violence gratuite. C'est pourtant, comme dans les films, ce qui fait le principal intérêt de ce Die Hard Trilogy : du sang à foison, des trucs à détruire, des méchants à zigouiller, une pyrotechnie digne d'un 14 juillet... Ajoutons à cela un gameplay relativement simple, très bourrin, mécanique et monotâche, et tout cela forme un cocktail particulièrement idiot mais tellement hilarant voir quelques fois grisant que l'on pourra bien pardonner l’absence de profondeur vidéoludique et des lacunes techniques de plus en plus creusées par le temps. L'aspect scoring peut s'avérer être un petit plus, même si le cœur du plaisir ne réside évidemment pas là. Au final, le jeu de Probe peut se définir comme une sorte de nanar doublé d'un petit plaisir honteux, et tout de même une des meilleures adaptations de films qu'il est possible d'avoir en jeu-vidéo. Comme quoi, cela existe vraiment.
Points forts
Trois jeux en un
Gameplay bourrin et fun
Bande-son sous-estimée
Points faibles
Troisième jeu en dessous