Hotel Dusk : Room 215

Hotel-Dusk_Screen-006Qu’il en soit bien clair, même si les plus impatients seront clairement triés sur le volet, le rythme n’est pas spécialement un point dommageable : il est en totale adéquation avec le côté polar mis en avant par Hotel Dusk : Room 215. Et si vous êtes capables de vous coltiner des jeux qui ne sont clairement pas avares en paroles tels que les Ace Attorney pour rester sur le même support ou d’autres point’n click plus anciens comme les Discworld voire les Broken Sword, il n’y a pas de raison que vous n’accrochiez pas au titre de Cing. D’autant plus qu’il n’y a pas à être trop alarmiste non plus : les erreurs ne pardonnent peut-être pas mais le jeu reste globalement facile, on ne butera pas spécialement beaucoup, ni sur les choix de dialogues qu’on aura tôt fait de réussir du premier coup uniquement en se fiant à son instinct, ni sur les énigmes, loin d’être insurmontables, à supposer que l’on ait en tête toutes les possibilités que le support offre afin qu’on les appréhende rapidement de la bonne manière. Après, pour ce dernier point, il est possible qu’on vienne par moment se prendre la tête dans la mise en œuvre mais il reste difficile de savoir si le souci vient des développeurs ou des limites techniques de la DS. Malgré tout, cela reste rare et on ne passera pas non plus trois heures dessus, loin de là.

Hotel Dusk : Room 215 mise donc tout sur son histoire et voilà justement LE gros point que l’on peut lui reprocher en même temps qu’il s’agisse de son atout. Un peu paradoxal exprimé comme cela, n’est-ce pas ? Et pourtant, si l’histoire est loin d’être inintéressante, on sent pertinemment que les petits gars de Cing sont très loin d’être des romanciers de profession. Qu’importe pourriez-vous dire, il faut admettre que dans beaucoup de cas, faire appel à des écrivains ne donnent pas forcément des résultats plus fameux dans le cas d’un jeu vidéo. Et cela est vrai, cela s’est même vérifié à de nombreuses reprises : le scénario d’un jeu vidéo ne s’appuie pas sur les mêmes fondations qu’un bouquin – et ce n’est pas cette chère Jehanne Rousseau qui ira donner tort à cette affirmation. Malgré tout, lorsqu’un jeu mise tout sur son histoire, que la narration en est son point central, on est en droit de s’attendre à un peu plus de rigueur en terme d’écriture. Si le point noir n’est clairement pas l’histoire en elle-même, qui se laisse suivre sans difficulté au point de nous tenir en haleine, on ne fera pas le même constat du développement des personnages. La psychologie est clairement un point bancal qui règne au sein d’Hotel Dusk : Room 215 et ce n’est clairement pas le héros en lui-même qui ira brouiller les pistes : Hyde est sans conteste le personnage le plus maladroit qu’il puisse avoir dans tout le casting.

Hotel-Dusk_Screen-007Malgré tout, on aura beau lui en tenir rigueur et à passer une bonne partie de son aventure à s’étonner des comportements paraissant tout bonnement illogiques – on en devient presque profileur à nous tous seuls – il n’empêchera que paradoxalement, on n’ira pas le condamner pour autant. Hotel Dusk : Room 215 fait partie de ces jeux qui se révèlent magnétiques et sans même que l’on s’en rende compte. On finira réellement par s’attacher à lui. La psychologie a beau être perfectible, il n’empêchera qu’on se sera pris d’affection pour ce beau gosse bourru que peut être Kyle Hyde, de même que pour le reste des personnes peuplant le motel. Découvrir les secrets de ces derniers nous donnent réellement l’impression de créer un lien avec eux, de développer quelque chose de faussement intime. Et nul doute que l’esthétique et l’ambiance du jeu n’est pas étrangère à tout cela : l’esprit crayonné tantôt noir et blanc, tantôt couleurs, ainsi que la bande-son jazzy pas forcément inoubliable mais entraînante quand même apporte un certain atout charme.

[section id= »conclusion » style= »border:1px solid white;padding:10px;overflow:auto;background-color:#00a0db;color:#FFFFFF; »]Car de Hotel Dusk : Room 215, ce qu’il faut en retenir, c’est plus globalement cela : il s’agit un jeu de charme et non d’une réussite absolue et inattaquable. Par bien des points, il peut sembler perfectible. Mais l’envoûtement qu’il procure si l’on fait partie du public pouvant supporter ces partis-pris de linéarité, de lenteur et d’illusion de passivité, aura tôt fait de balayer tous ses points noirs. On ne les occulte peut-être pas pour autant, on les observe durant toute notre aventure mais on les relativisera au bout du compte : avec ce jeu, on aura passé un bon moment d’évasion, de la même manière qu’on aura terminé un bon bouquin. Après tout, n’est-ce pas là l’essentiel ?[/section]

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  1. Très bon jeu que cet Hotel Dusk avec une très bonne ambiance et un parti-pris artistique intéressant. Bon, on se retrouve parfois coincé pour des raisons tordues, mais c’est le genre P&C qui veut ça. D’ailleurs, j’ai encore la suite à faire…

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