We Are What We Are

Car il est sûr que si We Are What We Are ne bénéficierait pas d’un rythme tellement lent qu’il donne clairement l’impression que les choses sérieuses commencent dans le dernier quart du film, à savoir la pleine incursion dans le véritable monde de l’horreur, le final ne semblerait pas si dantesque et savoureux. Et même si un quart paraît très peu, les trois premiers ne sont pas tellement en reste. On admire le jeu du trio d’acteurs principaux, à savoir Bill Sage, Ambyr Childers et Julia Garner, jouant respectivement Frank (le père), Iris (l’aînée) et Rose (la cadette), époustouflant. On s’estomaque de l’état mental du père, totalement illuminé qu’il en paraît fou à lier, malgré de rares moments de lucidité et de culpabilité qui n’empêcheront en rien que jamais il ne se remettra en question. On se laisse fasciner par la peau pâle des deux jeunes filles nous faisant penser à d’innocentes poupées de porcelaines bafouées dont la condition et souffrance nous touchent au plus profond de notre corde sensible. De même qu’on est piqué au vif de notre curiosité quant à la suite, comment le parcours se terminera, si le dénouement sera heureux ou au contraire une tragédie totale. Seule ombre au tableau, le côté thriller reste clairement en-dessous du reste. Ce Dr Barrow qui mène l’enquête en quête de vérité sur la disparition de sa fille, qui l’amènera de fil en aiguille au secret de la famille Parker, on ne peut pas dire qu’il soit forcément convaincant. Trois os, un rapport d’autopsie et quelques bouquins de médecine et le voilà mis au parfum des sombres desseins de cette famille. Un peu superficiel même si on ne lui en tiendra pas trop rigueur dans le sens où le film ne se focalise pas forcément là-dessus en premier lieu. Et ce n’est pas cette futile enquête de ce Sherlock Holmes du dimanche qui empêchera qu’au fur-et-à-mesure des minutes qui passent, la tension générale s’intensifie encore et encore.

Jusqu’à carrément exploser dans un final grand guignol. Un film qui s’est acharné à être si suggestif, à la limite du raffinement, le voilà qui se revêtit d’un manteau bestial, une sauvagerie brutale, une barbarie proche du néandertalien. A n’en point douter, c’est un final qui a divisé, divise et divisera encore le public mais aussi exagéré paraît-il sur le coup, il reste malgré tout crédible et cohérent. Un argument percutant pour souligner son propos vous disais-je précédemment, il ne fait aucun doute qu’on n’accorderait certainement pas le même égard aux sujets principaux développés par le film si l’on n’en arrivait pas à de tels points d’inhumanité. Car la situation de cette famille est tout sauf humaine dans la condition à laquelle l’espèce s’est historiquement battue pour qu’on lui reconnaisse des droits, regroupés sous la forme de Constitution. Et qu’il est encore dingue de voir que son cas n’est pas isolé dans la réalité d’aujourd’hui. Et il n’est nullement question d’anthropophagie, simple élément hyperbolique usité par le film, mais bien du reste.

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[section id= »conclusion » style= »border:1px solid white;padding:10px;overflow:auto;background-color:#20F37A;color:#FFFFFF; »]Au final, We Are What We Are est ce qu’on peut appeler un « beau » film. Pas que les thématiques soient très reluisantes mais on se prend à être si touché durant le générique de fin, voire au-delà lors de notre phase de recul, qu’il en devient « beau ». Aussi captivant que surprenant, cela ne l’empêche pas de déranger, de titiller notre psychique jusqu’à nous amener à notre tour dans la réflexion. A usiter de notre libre-arbitre. Ironique puisque de libre-arbitre, il est justement question de son absence. Et c’est lorsqu’on se rend compte de cela que l’on se dit que, sans lui, on serait quand même bien mal dans notre vie et notre peau. De la même manière que ces deux jeunes filles qui nous ont autant ému. Et même si l’on s’attendait à du Hannibal-bis, il faut bien reconnaître que cette profonde dimension psychologique qui prend clairement le pas sur l’horreur en tant que telle est plus que bienvenue car cela nous marquera tout autant qu’une succession d’images et d’actions ragoûtantes et gorifiques moins substantielles. Si ce n’est plus…[/section]

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