2011 a été une année très riche ; à tel point que j’en suis devenu pauvre. Mais si les sorties de fin d’année m’ont fait revenir vers la génération actuelle, celles du début d’année m’ont fait aller vers ce que l’on appelle de manière fashion « le retrogaming ». Bulletstorm, Killzone 3, Test Dive Unlimited 2, Marvel vs Capcom 3, Dragon Age 2, Brink, infamous 2, que de titres ayant trouvé leur public mais qui ne m’ont pas fait rêver un seul instant. Du coup, je me suis naturellement tourné vers les machines de notre enfance, et surtout vers celles que je n’avais pas eu la chance de découvrir.
– Des sprites, donnez-moi des sprites !
C’est ainsi que j’ai rattrapé mon retard sur Neo Geo, PC-Engine, GP32, Famicom, Jaguar, Lynx, GameGear ou encore 3DO. Sans oublier celles que je connaissais mais dont le catalogue recelait encore moult merveilles, et là, ce sont la Dreamcast, la Megadrive, la Super Nes et la Nintendo 64 qui sont visées. L’année a été marquée par de nombreuses parties de Puzzle Bobble, Sonic 2, Fantastic Dizzy, Ogre Battle 64 (une tuerie !), Super Metroid, Metal Slug, Super Mario 64, … Mais quel pied de retrouver l’ambiance des jeux d’avant, avec leur gameplay au petits oignons, leur difficulté qui challenge le joueur et les parties à deux, voire quatre, devant l’écran. L’organisation de soirées Neo Geo et retro m’ont confirmé que le jeu vidéo actuel se prend trop au sérieux. Loin de moi l’idée de dire que c’était mieux avant, mais les titres d’avant possédait ce petit charme, cette personnalité qui manque à beaucoup de titres actuels. Il suffit de prendre un Duke Nukem 3D et un Homefront pour comprendre la différence d’ambiance et d’implication entre les deux époques.
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Mon grand « kiff » du moment tient sur la console de mes rêves : 2011 aura été l’année de la Neo Geo AES. L’année durant laquelle j’ai donc découvert la Rolls Royces des consoles, celle qui me mettait des étoiles dans les yeux de gamin et pour qui j’ai enfin craqué. C’est étonnant l’aura que peut posséder pareille machine, et surtout l’univers dans lequel vivent les passionnés de ce monstre. Tout un historique à connaître, un vocabulaire à apprendre, des dizaines de jeux à découvrir, … Mon jeu de baston de l’année ? Super Street Fighter IV ? Mortal Kombat ? Ultimate Marvel vs Capcom 3 ? Non : Mark of the Wolves. Tant d’éléments font de fabuleuses trivias se dévoilant au fur et à mesure de l’aventure. La Neo Geo dispose d’ailleurs d’une longévité assez impressionnante puisque des jeux ont fleuri dessus de 1990 à 2003, officiellement, et continuent d’arriver de nos jours en 2012 (Treasure of Caribbean, Fast Striker, Gunlord). D’ailleurs, je tenterai cette année de vous faire découvrir non seulement cette superbe console mais également la scène plus ou moins amateur bossant encore dessus. C’est fascinant !
Et c’est au milieu de ses découvertes que le symbole d’une époque révolue est sorti : Duke Nukem Forever. L’arlésienne, le jeu avec lequel j’ai grandi, la légende urbaine. Mais voilà, il est enfin là. Pour ma part, il a été très vite précommandé et attendu avec une sacrée impatience. Et la majeure partie des critiques du net me font me poser des questions. Soit les joueurs sont devenus d’horribles blasés, soit je n’ai rien compris au jeu vidéo. Duke Nukem Forever représente toute ce qui manque aux FPS actuels : de l’action décomplexée, de l’humour et un gameplay sans prise de tête. L’ambiance régnant chez les « doom-like » des années 90 quoi. Je pense d’ailleurs que la review et la chronologie qui ont accompagné sa sortie vous ont fait comprendre à quel point j’ai été heureux de me replonger dans cet univers. Alors le jeu a plein de soucis, certes, avec une gestation aussi longue et autant d’équipes de développement c’était inévitable, mais je l’ai traversé presque d’une traite, prenant plaisir à suivre un scénario écrit sur un timbre poste, à rire à chaque vanne du Duke et à me dire qu’en 2011, j’ai dû acheter une douzaine de FPS mais je n’en ai fini que deux : Wolfenstein 3D et Duke Nukem Forever…
– Le RPG et le jeu vidéo nippon
Mais ceux qui me connaissent savent que mon domaine de prédilection, quelque soit l’époque, reste le jeu de rôle. On a beau entendre dire que le RPG nippon est devenu moribond, il présente encore de sacrées perles réalisées par les ténors du genre. Si la refonte de Final Fantasy XIII m’a confirmé tout le bien que je pense du jeu – j’ai beau comprendre les reproches souvent évoqués à son sujet, son rejet massif m’intrigue encore – j’ai enfin pu tâter cette année de Xenoblade Chronicles et The Last Story, deux titres qui ont permis à mes Wii de sortir de leurs cartons, et m’ont accaparé des dizaines d’heures en 2011. Honnêtement, je pense que Takahashi et Sakaguchi restent deux des plus grands artisans du genre au Japon. Si l’on regarde Xenoblade Chronicles, on ne peut qu’être admiratif devant la générosité de l’équipe de Monolith. Je ne m’étendrai pas encore davantage sur toutes les qualités du titre mais il est juste sidérant de voir au sein d’un même jeu autant de quêtes, de lieux, de personnages, de rêve et d’envie de faire plaisir. En plus d’être très certainement l’une des plus belles œuvres de la console. En face, The Last Story n’a pas pour lui une réalisation tonitruante. Le jeu est même sacrément imparfait mais pourtant quelle passion. A l’inverse de nombreux jeux totalement impersonnels, j’ai senti une véritable patte, un cachet inimitable qui en fait un des jeux les plus agréables de l’année. J’en garde un très bon souvenir et pense me replonger dedans à l’occasion de la sortie française. Mais ce ne sont pas les seuls à avoir marqué mon année. Pourtant, le troisième jeu à forte personnalité qui me trotte dans la tête ne m’a occupé qu’un petit week-end. A l’heure où les joueurs râlent sur tendance à sortir des jeux de plus en plus courts, c’est étonnant ; pourtant, Catherine est juste subjuguant. Jamais je n’aurais pensé utiliser ce terme pour un puzzle game. Atlus a réussi le tour de force de nous offrir un emballage tellement réussi et une mécanique à la fois simple mais bien prise de tête qu’il a rendu Catherine si marquant ; et puis rien que ses protagonistes méritent le détour…
Mais ce n’est pas tout. Car en parallèle, j’ai enfin pris le temps de me plonger dans Demon’s Souls. Acheté à sa sortie américaine, je n’avais pas réussi à passer le premier niveau. Racheté à sa sortie européenne, je n’avais guère réussi à faire mieux. Mon égo ayant été blessé, pas question de remettre la main dessus jusqu’aux trailers extrêmement prometteurs de Dark Souls (oh le Hardcore trailer…) qui m’ont incité à m’y replonger une troisième fois. Et là, révélation. Avec de l’abnégation, le niveau 1-1 a lâché prise pour me laisser enfin prendre mon envol dans cet univers à la fois hostile et passionnant. Il m’a également fait prendre conscience à quel point le challenge n’est plus aussi valorisé que par le passé. Demon’s Souls n’est pas dur : il est exigeant. Il demande de l’entrainement, de la rigueur et de la concentration. Tout ce qui n’est plus trop à la mode de nos jours avec des joueurs préférant des jeux flattant leurs skills plutôt que ceux les fouettant à la moindre occasion. Je suis loin de vouer un culte au style « die and retry », cependant, quand la progression valorise aussi bien le joueur, difficile de résister à l’appel. Dark Souls reprend d’ailleurs tout ce qui a fait le succès de son prédécesseur en y ajoutant une liberté d’exploration inédite dans la (courte) série, mais pas sans contrainte. C’est là où l’on sent la différence entre RPG occidentaux et japonais : les premiers mettent un point d’honneur à laisser le joueur libre tandis que le second lui inflige des contraintes. Dark Souls impose de lourdes contraintes, mais elles sont à lui et l’aventure tourne autour d’elles, ce qui la rend bien plus intéressante que la plupart des jeux occidentaux, par exemple. Il faut des contraintes dans les jeux, sinon comment les différencier ?
– C’est n’importe quoi
Je retiendrai de cette année 2011 pas mal de déceptions. Et notamment la chute de sex appeal pour les grosses licences. Assassin’s Creed, Call of Duty, Batman Arkham City, Uncharted 3, Resistance 3, … On en fait trop. J’ai l’impression de les connaître sitôt leur annonce faite. Il n’y a plus la place pour le rêve. A chaque annonce, nous savons à quoi nous attendre et c’est sans compter sur les 250 images et dix trailers qui fleurissent, en plus des pseudo-soirées VIP/présentation où n’importe qui est invité. Franck Sébastien, au premier contact, semblait avoir peur que je lui réclame des jeux gratuits alors que je ne voulais qu’avoir des informations sur les futurs jeux de Sega. Wtf ? Le jeu vidéo est devenu une très grosse machine, trop grosse à mon goût. Pas de débat casual gaming/hardcore gaming, il y a de place pour tout le monde, juste un manque clair et net d’âme dans les jeux actuels, et d’onirisme. Un Uncharted 3 est certes un très bon jeu – et je vous le rappellerai prochainement – mais il n’étonne pas. Des personnages à l’histoire et à l’univers, c’est du vu et revu. Nous avons affaire à des machines de guerre en terme de gameplay mais qui sont d’une banalité sans nom dès qu’on commence à aborder le cas de l’univers ou du fond. Et je ne parle même pas de les caisses de FPS qui, fonctionnant tellement bien dans les charts, ne risquent pas de stopper leur livraison. Même les Nintendo 3DS et PS Vita, nouvelles sur le marché, n’ont pas encore amené grand chose de passionnant au jeu vidéo. Heureusement qu’il subsiste des Rayman Origins…
Pour en revenir au RPG japonais, il lui est souvent reproché d’être trop niais et de présenter des mondes un peu trop hauts en couleurs. En attendant, c’est tout de même plus divertissant à mes yeux d’avoir des personnages peut-être un peu légers et de passer un bon moment en leur compagnie que la coquille vide entièrement personnalisée aux possibilités de dialogue pleines de cynisme des jeux occidentaux. Je caricature mais mis à part quelques uns tels que Skyrim, The Witcher 2 – pas touché mais vu le bien que j’en lis et les rouages apparemment utilisés, j’ai hâte de mettre la main dessus – ou Dragon Age Origins, le reste me semble sans grand intérêt. D’autant que beaucoup de joueurs oublient que la notion de mature (et d’intérêt !) n’est pas synonyme de dialogues pseudo-réalistes, d’insultes ou de scènes coquines… C’est d’ailleurs pour cela que le studio PlatinumGames est, selon moi, l’un des tout meilleurs au monde, réussissant à offrir des jeux « parfaits », techniquement impressionnants, à l’univers travaillé, mais pas trop (évitant toute dilution) et au fun extraordinaire. Refaire plusieurs fois Bayonetta a été l’objet de plusieurs de mes week-ends cette année. PlatinumGames ne tente pas d’américaniser leurs jeux : ils produisent des jeux internationaux, en prenant ce qui est bien dans chaque culture de programmation. Certains éditeurs semblent décider à les suivre, tels que Sega. D’autres comme Square Enix ont encore du mal. Surtout quand on regarde The 3rd Birthday, l’une de mes plus grosses attentes de l’année qui s’est révélée être un TPS techniquement sympa mais sans grand intérêt. Dommageable quand on se rappelle de l’impact qu’avaient les deux précédents. Peut-être me déciderai-je à m’y replonger, histoire d’en voir la conclusion, en 2012… Square Enix, éditeur que j’ai adoré dans ses années 32 et 128 bits, mais qui peine désormais à convaincre, enchaînant les productions soit bas de game (Mindjack) soit en demi-teinte (Lord of Arcana). Le studio semble tellement vouloir plaire aux occidentaux qu’il en oublie de faire de bons jeux – comme de nombreux éditeurs japonais. Heureusement, il y demeure de bonnes équipes qui continuent de nous émerveiller avec la série des Kingdom Hearts, Final Fantasy Type-0 et dernièrement avec FFXIII-2, qui, à l’heure où j’écris ces lignes, passe à la casserole chez moi.
Bref, peu de titres en 2011 ont eu grâce à mes yeux. Des jeux sans âme, une industrie qui se prend trop au sérieux (ainsi que beaucoup de joueurs sur les forums..) et un business qui m’échappe de plus en plus (le marché de la rupture de stock des collectors). En revanche, le bon côté de tout ça tient dans l’ouverture que cela m’a donné pour me replonger dans les trésors passés, me montrant tout ce que j’avais raté. Retrouver de l’onirisme, de la surprise et de la légèreté fait du bien. Je continue donc activement à rattraper mon retard et j’espère en faire profiter Archaïc au maximum. Le site n’a pas été nommé « Archaïc » pour rien !