Syberia

Syberia_Jaquette[dropcaps style=’2′]Il y a de ces jeux qui nous paraissent au préalable tout banals – ou banaux si l’on applique les règles de la langue française de la mauvaise manière – qui, au final, nous marquent au fer rouge. Et ce, que ce soit un mois, six mois, un an, deux ans, une décennie, voire jusqu’à l’aube de notre mort. Pourtant, ils ont beau marquer, nous réveiller de beaux souvenirs, de jolis rêves, on ne le crie pas forcément sur tous les toits. Ce sont des chapitres importants de notre vie vidéo-ludique mais pour autant on ne les considère pas comme majeurs, cultes ou on ne sait quel sobriquet mélioratif auquel toute une communauté s’accordera. Dans celle du point’n click, la série des Syberia de Benoît Sokal fait indubitablement partie de cette catégorie. Car lorsqu’on parle de titres majeurs et cultes dans le style, on cite très facilement les vieux Lucas Arts, les Broken Sword, les Gabriel Knight, les Myst dans un autre registre et consort. Pourtant, à l’instar d’un The Longest Journey, Syberia aura su marquer les joueurs, qu’ils soient férus du style ou simples visiteurs de passage, s’attardant sur un titre plus posé entre deux tempêtes AAA survitaminées. Certes, ils n’en parleront pas forcément d’eux-mêmes mais nul doute qu’on les prendra à avoir les yeux brillants si on les amène sur le sujet.[/dropcaps]

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Parce que Syberia, c’est typiquement le jeu qui marque autant qu’on a tôt fait d’oublier. Pas forcément complètement. On en refoule l’intensité de son épopée au point de ne plus l’avoir forcément en tête pour le citer de soi-même dans on ne sait quel débat intellectuel entre passionnés. Ce qui n’empêche pas de se surprendre à ressentir une intense vague de nostalgie et d’émotion quand on aborde le sujet par on ne sait grand hasard. Puis, une petite once de honte : « Mais comment a-t-on pu oublier ce jeu qui nous a pourtant tant retourné souris en main ? ». Dans le doute, on retrouve le jeu, voire cela nous obsède tellement qu’on se le rachète pour les plus malheureux qui ne le posséderaient plus, puis on le relance. Peut-être de manière un peu farouche, perplexe que le titre ait réussi à supporter le poids des années sans prendre de rides. Car lorsqu’on fouine dans nos souvenirs, les moments passés sur Syberia à l’époque étaient magiques, ce qui serait par conséquent fort décevant de constater que le recul altère le constat jusqu’à le rendre obsolète.

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On a tôt fait de se rassurer : même pas besoin de cliquer une fois pour se rendre compte que notre esprit n’idéalisait pas notre expérience passée, la cinématique d’introduction suffit d’elle-même pour raviver à qui veut bien le revoir toute l’admiration que Syberia pouvait susciter à l’époque. D’autant plus lorsqu’on s’y était penché en se fiant uniquement à sa jaquette. Modeste, cela ne laissait rien paraître d’énorme. Suffisant, cela inspirait assez pour que cela ne nous semble pas trop mauvais. Et au final, les apparences sont assez trompeuses. Sans qu’elles ne soient si fausses que cela. Car Syberia, c’est à la fois de la modestie et de la suffisance.

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Modeste par son gameplay. Jouabilité simple, épurée pratiquement à son maximum, ce qui ne l’empêche par ailleurs pas d’être efficace. Sa longueur l’est tout autant et ses six à huit petites heures de durée de vie – mais quelles heures ! – représentent bien là le seul défaut majeur du soft. Énigmes qui ne brillent pas par leur inventivité, créativité ni même leur difficulté mais au moins ont-elles l’avantage d’être logiques, tellement qu’on y réfléchira à peine. Ce qui nous permet de nous focaliser sur le plus important : sa suffisance. Des décors magnifiques – pour l’époque – qui ont de quoi laisser rêveur, une histoire captivante et une ambiance… Cette ambiance ! Entre onirisme, poésie et mélancolie, on a tôt fait de se laisser prendre au piège séduisant que nous balance Benoît Sokal avec son épopée qui nous fait traverser l’Eurasie d’ouest en est à bord d’un Transsibérien automate. Impossible de rester de marbre à moins de vous être fait arracher le cœur avec toutes ses formes de sensibilité. L’aventure de cette avocate américaine, Kate Walker, en quête d’un héritier disparu de la circulation depuis qu’on l’a fait passé pour mort il y a des lustres de cela, qui la mènera des Alpes françaises jusqu’aux frontières de la Russie sibérienne envers et contre tout son entourage, vous émoustillera de tout son long. Quel que soit le nombre de fois qu’on pourra bien la faire, la première et la centième fois ne variant pas d’un iota en terme d’émotions transmises et ressenties.

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[section id= »conclusion » style= »border:1px solid white;padding:10px;overflow:auto;background-color:#00a0db;color:#FFFFFF; »]Au final, pas besoin d’aller faire de longues dissertations : Syberia fait clairement partie des jeux que l’histoire du point’n click sous-estime énormément. Après, le souci s’explique également que l’on parle beaucoup moins facilement de la génération 2000 par rapport à la décennie qui la précède. Pourtant, il serait fort dommage d’oublier l’existence de Syberia pour autant. Car au-delà des qualités qu’il proposait déjà à l’époque, il s’agit d’un jeu qui passe formidablement bien le poids des années. A moins d’être fortement allergique à la régression graphique – chose qui serait quand même fort grave pour un point’n click tant ce n’est pas forcément d’un point de vue technique qu’un prétendant doit se démarquer – l’expérience reste probante. Mieux encore, elle reste clairement identique, même dans la rejouabilité. Alors, même si aujourd’hui, le titre de Benoît Sokal ne bénéficie pas dans l’opinion publique d’un statut de « culte », « majeur » ou encore « incontournable », cela ne l’empêche pas de regrouper toutes les composantes pour l’être véritablement. Il ne tient qu’à nous – et surtout vous – joueurs isolés de renverser un peu la vapeur : jouez-y si vous ne l’avez pas encore fait, relancez-le s’il fait partie des vestiges de votre passé. Et croyez-moi, il y a de fortes chances qu’il vous magnétise de toute sa longueur au point de mettre de côté tout autre jeu avant d’en avoir vu les crédits.[/section]

 

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  1. Syberia… Une grosse claque quand j’ai découvert cette série. On m’avait alors montré le 2, j’ai illico acquit le premier et je n’ai pas été déçu. Comme tu le dis si bien, il mériterait le statut d’incontournable pour ma part, mais il ne tient qu’à nous de prêcher la bonne parole. 😉

    1. Au final, il y a pas mal de joueurs qui ont fait le jeu à l’époque qui disent également qu’ils s’étaient pris une grosse claque. Malheureusement, il faut leur mettre le sujet sur le tapis pour qu’ils s’en remémorent. C’est que de l’eau a coulé sous les ponts depuis. Je me souviens qu’au moment où j’ai eu le jeu – cela devait être au moment de la sortie du second opus il me semble – j’ai vraiment scotché dessus. Un véritable magnétisme. Tellement qu’une fois terminé, j’ai directement refait une nouvelle partie et refait le jeu. Chose qui est plutôt rare, faut l’avouer.

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