R/C Stunt Copter

Piles et patience vendues séparément

Genre
Simulation
Développeur
Shiny Entertainment / Big Grub
Éditeur
Interplay
Année de sortie
1999

Quelque peu déroutante au premier abord du fait de sa forme très originale, la manette en M de la Nintendo 64 marqua toute une génération et bouscula quelque peu l’industrie vidéoludique avec sa pièce (littéralement) centrale dont Super Mario 64 fût le meilleur ambassadeur : le joystick analogique. Ce petit ensemble de plastiques, aujourd’hui bousillé sur les contrôleurs d’occasion par les années d’usage intensif et parfois brutal, fût en effet une telle révolution qu’elle est aujourd’hui la norme obligatoire quant à la navigation dans des univers en trois dimensions (ou non), alors que le concept même du joystick existait depuis déjà des décennies. Il ne fallut pas bien longtemps à la concurrence pour emboîter le pas, et si Sega ne proposa que son 3D Control Pad, Sony passa d’abord par le Dual Analog Controller aux poignées allongées et basé sur son quelque peu imposant Analog Joystick pour finalement le remplacer quelques mois plus tard par la fameuse DualShock dont le design fait encore date aujourd’hui, et dont l’adoption ne se fera vraiment qu’avec la PlayStation 2. Sur le support originel, celle-ci n’était pas du tout obligatoire, à quelques exceptions près. Si l’on pense immédiatement à Ape Escape, un certain R/C Stunt Copter pourrait bien constituer l’utilisation la plus implacablement logique du nouveau périphérique et ses deux excroissances.

Derrière R/C Stunt Copter se cache l’ultime réalisation de Shiny Entertainment sur PlayStation après Wild 9 et avant son passage plus marqué dans le monde PC, développé ici une fois encore en coopération avec Big Grub. Et comme on l’aura rapidement deviné, il ne s’agira pas ici d’un nouveau jeu d’action au rythme effréné mais bien d’un titre nous proposant de diriger un hélicoptère, et un hélicoptère radiocommandé qui plus est ! Il faut dire que la Dualshock présente avec ces deux joysticks toutes les caractéristiques pour être transformée en contrôleur de cette bizarrerie physique que représente l’aéronef à hélices, ici en version miniature,, et ceci pour des acrobaties virtuelles bien moins onéreuses en cas de casse que dans la réalité.

Pas question de donner les pleines commandes dès le départ. Afin d’accéder au mode principal, il faudra passer par une séance d’entraînement. Loin d’être aussi compliquée que de passer les permis sur Gran Turismo, cette petite mise en jambe permettra de se familiariser avec les contrôles localisés, vous qui suivez bien, sur les deux joysticks, celui de gauche gérant le rotor principal – pour notamment l’ascension et la descente – et celui de droite le rotor de queue/anti-couple, particulièrement utile pour la rotation en mode stationnaire. Les autres boutons de la manette seront assignés à des tâches plus secondaires comme la rotation de la caméra ou le tir de projectiles. Cet entraînement amène à de se rendre compte de deux choses : primo, que la patte Shiny est toujours là. Secundo, que nous sommes ici bien en présence d’une simulation assez pointue et suffisamment inédite à être pressée sur un disque PlayStation. La prise en main est graduelle et plutôt didactique, le titre bloquant quelques manœuvres et affublant notre hélicoptères de bâtons s’occupant d’éviter de se crasher en tapant trop fort le sol.

La complétion et l’obtention de médailles durant ces phases d’entraînement permettent d’accéder au mode principal et différents niveaux de difficulté, tous étant découpés en une même série de défis classés selon plusieurs types d’épreuves, avec du slalom, du passage de portes, de l’atterrissage de précision et du tir de cibles, avec parfois un mélange d’un peu tout ça durant le même challenge. Pour progresser, un score minimum sera nécessaire, ce qui ne sera forcément chose aisée au premier abord : comme indiqué précédemment, la physique du jeu se veut très réaliste et exigera précision et anticipation quant aux manœuvres à effectuer. Si Pilotwings 64 était parfois compliqué, ce R/C Stunt Copter demandera encore plus de pratique pour être véritablement maîtrisé. Fort heureusement, le titre ne baigne pas dans le sérieux un peu trop lourd et pousse à retenter les essais : Shiny oblige, outre les graphismes colorés et les défis parfois idiots – comme tirer sur des ballons afin de précipiter des gamins dans un puits, une voix-off française quelque peu facétieuse qui navigue entre des encouragements enjoués et des piques assez acerbes en rapport à notre incompétence à contrôler notre hélicoptère.

Malheureusement, R/C Stunt Copter manque d’un tas de petites choses qui auraient pu le rendre plus attrayant à l’époque et une galette sur laquelle passer du temps de nos jours. Qu’on ne s’y trompe pas, il reste encore rigolo mais le manque d’une véritable variété dans les défis fera qu’on sera moins tenté de retenter les niveaux de difficulté supérieurs, d’autant plus que ces derniers impliquent de devoir parfaire avec des contrôles totalement débloqués, permettant certes de pouvoir maintenant réaliser des cascades qui seront gages de points supplémentaires, mais le gap entre le mode adressé aux débutants et celui estampillé « as des as » est tel qu’on devra passer par de longs moments dans le mode libre pour s’entraîner et davantage appréhender les nouvelles lois de la physique qui vont s’appliquer à nos escapades aériennes. La patience pourra donc rapidement laisser place à la frustration. Un mode arcade aurait été le bienvenu, notamment pour les parties en multijoueur où il sera logiquement exigé que l’adversaire sache suffisamment jouer pour s’affronter à armes égales, surtout quand la personne qui attend son tour peut couvrir l’écran de sa main virtuelle, la voix off rappelant que ce n’est pas très sympathique, mais au moins drôle, il est vrai). Bref, cela manque tout de même de contenu, la fin du jeu se résumant d’ailleurs à ce qui semble être David Perry qui nous félicite de nos exploits puis nous somme de sortir de son bureau, et cela ne sera évidemment pas la technique ou la réalisation artistique qui vont sauver la mise, le jeu ne proposant que des graphismes pas spécialement mauvais mais peu fournis, et pour ainsi dire comme ambiance sonore qu’une seule musique composée pour le menu principal, les épreuves étant tout simplement accompagnées d’un vague fond changeant selon la thématique du décor. Et cette seule musique, signée Tommy Tallarico comme à l’accoutumée, n’est que la reprise du générique de fin du premier Earthworm Jim. Un peu cheap quand même !

R/C Stunt Copter
Appréciation
R/C Stunt Copter, malgré son concept initial assez accrocheur, ne fera sûrement pas date dans l’esprit des gens. Les premières heures sont pourtant convaincantes, transformant notre Dualshock en une radiocommande d’un hélicoptère, pour des défis de plus en plus corsés. Mais une fois la série terminée, recommencer dans le mode de difficulté supérieur n’est pas des plus motivants, étant donné l'entraînement réclamé et le manque de variété dans ces nouvelles épreuves. Un meilleur enrobage, de délire et de contenu - on a connu Shiny Entertainment plus passionné sur ces sujets - aurait bien aidé pour se parfaire dans cette simulation mine de rien très aboutie pour tourner sur PlayStation, qui saura occuper un pluvieux après-midi, mais peut-être pas pour déborder sur la soirée.
Points forts
Utilisation habile de la Dualshock
D'un réalisme très convaincant
La touche humoristique
Points faibles
Peu de variété dans les défis
Marge de progression bien raide