La Nintendo 64 doit impressionner le public et écraser la concurrence. Nintendo s’emploie donc à s’entourer d’experts tels que Paradigm. En 1994, le studio texan s’est créé une bonne réputation grâce à ses compétences en technologie de pointe et ses connaissances des stations Silicon Graphics. Nintendo, désireux d’utiliser cette technologie pour sa nouvelle console, décide de s’allier à eux, dans un premier temps pour peaufiner les démos de sa console et très vite pour offrir à la console un de ses jeux de lancement, Pilotwings 64.
S’envoyer en l’air, tout un paradigme
Pilotwings n’est déjà plus une nouvelle licence. Le premier volet, paru sur Super Nintendo en 1990, avait su faire honneur à la console et jouer son rôle de vitrine technologique. Six ans plus tard, sa suite, développée par les ricains de Paradigm, a exactement le même rôle pour la Nintendo 64. Le jeu figure même parmi les trois seuls du lancement japonais. Et il faut avouer que Pilotwings 64 a de quoi surprendre : il nous met dans la peau de six protagonistes au travers d’épreuves aériennes. Trois moyens de locomotion sont, au départ, disponibles : deltaplane, jetpack et gyrocopter (autogire en français).
Le deltaplane requiert de passer de courant d’air en courant d’air pour progresser. Sans oublier de prendre quelques photos du paysage pour remplir certaines missions. Le jetpack offre l’opportunité d’atterrir sur de multiples cibles ou de taper dans une balle. Quant au gyrocopter, équipé de ses missiles, il nous demandera de détruire des cibles, mouvantes ou non. En sachant que traverser des anneaux est aussi une activité récurrente, et disponible pour les trois. Le temps, l’exhaustivité des tâches et leur précision octroient un score en fin d’épreuve débloquant une médaille, de bronze à or. Voire l’obtention d’un score parfait.
Terminer des épreuves avec des médailles permet de débloquer les épreuves suivantes. Les moyens de locomotion principaux, une fois maîtrisés, en amènent d’autres, encore un peu plus exotiques. L’homme-canon ou les chaussures bondissantes sont, par exemple, deux types de véhicules à débloquer, avec leur lot d’épreuves. Il est même possible de jouer un homme-oiseau afin de visiter les différents terrains de jeu des épreuves. Si Pilotwings 64 sait être exigeant et nécessiter un véritable doigté, il sait aussi être généreux.
Au-delà des nouvelles épreuves à débloquer, le jeu recèle moult secrets à découvrir et traits d’humour. Tirer sur la tête Mario de la réplique du mont Rushmore permet de tomber nez à nez avec Wario. Les différentes îles rendent hommage à des paysages existants. Outre trouver des étoiles pour débloquer les niveaux de l’homme-oiseau, il est possible de visiter des grottes et des immeubles étonnamment accessibles. Le jeu mise d’ailleurs énormément sur son sentiment de liberté, et en abuse en disséminant de petits événements un peu partout. Comme pour récompenser la curiosité du joueur.
Accessibilité et exigence
Et c’est aussi en cela que Pilotwings 64 se veut impressionnant. Sa plastique tout à fait honorable sert un jeu offrant un sentiment de liberté rarement atteint avant lui. A l’instar de son Super Mario 64, Nintendo souhaitait montrer au public la liberté grisante de la 3D. Évidemment que le flou inhérent à la console est présent. Il n’est, heureusement, pas suffisant pour nous empêcher de nous arrêter avec précision sur chaque cible au jet-pack. Paradigm fait également très fort dans la simplicité des commandes. Seuls quelques boutons sont utiles, et malgré une configuration exclusive à chaque moyen de transport, impossible d’emmêler les pinceaux. La simplicité est ici au service de la précision. La courbe de progression est assez étonnante, amenant le joueur à jouer une bonne dizaine d’heures s’il souhaite obtenir l’or à toutes les épreuves, bonus comprises.
Pilotwings 64 est une aventure exclusivement solo. Pourtant, la rapidité de ses épreuves – rarement plus de 5 minutes pour les longues – fait qu’il est simple de progresser aux côtés d’amis. Chacun se passant la manette, rendant le titre particulièrement convivial. Autre bienfait : sa bande son a été pensée relaxante. Les épreuves doivent leur côté agréable, aussi, aux musiques reposantes, pouvant évoquer, par moment, des vacances. Malgré sa progression à base de scoring, Pilotwings 64 s’évertue à reposer ses joueurs. A les transporter sur les îles, aux côtés des six personnages aux designs tous plus délirants les uns que les autres.