Brothers : A Tale of Two Sons

Le dématérialisé et les plates-formes de téléchargement ont permis à bien des studios de développement de modeste envergure de montrer leur jeu au reste du monde. Titres à petit budget, pas ou peu influencés par les contraintes du marché, ils ont su amener une fraicheur à un marché qui en avait bien besoin. Même des studios réputés se permettent des originalités que les affres du marketing auraient rejeté en bloc. Parmi eux, Starbreeze. Responsable de The Chronicles of Riddick : Escape From Butcher Bay, The Darkness ou encore Payday, le groupe suédois dévoile Brothers A Tale of Two Sons.

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Le choc visuel est immédiat. Au revoir violence visuelle, et bonjour à la violence émotionnelle. Deux enfants, deux frères, orphelins de mère, voient leur père terrassé par une obscure maladie. Le seul moyen de le sauver repose sur un remède caché près d’un arbre perdu dans de lointaines contrées. Les deux enfants décident de partir, seuls. Une sacrée responsabilité et surtout un propos finalement assez dur. Les yeux logiques se demanderont pourquoi le médecin les laisse partir ainsi, voire pourquoi les deux enfants ne réquisitionnent pas de l’aide dans le village plutôt que de demander leur chemin mais l’aventure n’aurait pas été la même. Les développeurs nous demandent donc de diriger simultanément ces deux frères, au travers des deux sticks analogiques de la manette, au travers d’une multitude de paysages tous plus sauvages les uns que les autres. Brothers est en effet visuellement remarquable. Le moteur du jeu, sans être incroyable, affiche de très jolis panoramas, mis en valeur par une gestion de la caméra plutôt intelligente. La linéarité de la progression permet une mise en scène plus qu’élaborée, avec la possibilité de réorienter, à loisir, la caméra au besoin. C’est d’ailleurs le cas une ou deux fois dans l’aventure, lorsque le casse-tête le requiert.

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En sus des deux joysticks – dont l’utilisation simultanée nécessite un certain temps d’adaptation – les interactions des deux frangins sont centralisées sur deux boutons, un chacun. Starbreeze a fait en sorte que chaque personnage soit joué par une de nos mains. Malin et symboliquement plutôt fort. Le grand frère est robuste et réfléchi, le petit est frêle et frivole. Leur complémentarité est parfaitement exploitée dans les différents puzzles du jeu, dans l’ensemble simples mais parfaitement cohérents. A la portée de tout le monde et restant très classiques, ils ne sont là que pour freiner quelque peu le rythme de jeu. En effet, l’épilogue arrivera guère plus de trois ou quatre heures après l’écran titre. Pourtant, les deux héros vont réussir à parcourir un sacré bout de chemin ensemble. Le jeu tente, sur toute sa durée, de nous émouvoir avec beaucoup de « contemplatif ». Beaux paysages, des bancs permettant des pauses avec vue panoramique – à en oublier que le papa est sur son lit de mort – angles de caméra bien choisis. Si l’histoire est touchante, si le level design est irréprochable, il faut bien avouer que Brothers a un peu de mal à émouvoir.

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Et c’est bien là le problème : dès le départ, le joueur sent que l’on désire l’enivrer mais n’est pas Ico qui veut. Deux personnages, un sentiment de solitude, de grands décors, lesdits bancs, un dialecte incompréhensible… Si seule Yorda demeurait mystérieuse dans ses paroles – le temps de la première partie – ici, c’est l’intégralité des protagonistes. En plus de ne pas pouvoir être entendus, les deux enfants sont physiquement quelconques. Mis à part leur taille et la couleur de leur vêtement, ils n’ont rien de marquant. Même si les illogismes peuvent être mis sur le dos de l’intitulé “Conte”, ils n’aident pas à vouloir s’impliquer davantage. Un autre souci tient dans l’uniformité de l’histoire : elle n’évolue que sur le dernier quart d’heure. Les énigmes et mécanismes ont beau être extrêmement fluides, ils ne resteront pas dans les annales. Tout comme la bande son, épurée mais oubliée sitôt le jeu arrêté. Le constat semble lourd mais Brothers A Tale of Two Sons reste indubitablement un jeu attachant et plaisant à jouer – grâce à sa maniabilité réellement bien pensée. Son gameplay coopératif a de quoi faire des émules. A défaut de nous émouvoir, Brothers réussit tout de même à nous évader vers de biens beaux pays.

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  1. Dommage que tu sois un des seuls que ça n’ait pas ému HAHA. Non plus sérieusement, comme je te l’avais dit, l’histoire et la thématique font écho à quelque chose de très personnel, donc je comprends que ça puisse laisser de marbre. Après, Brothers c’est un voyage initiatique qui vise par chacun de ses paysages et de ses situations à outrepasser la mort, c’est pas tellement un jeu à scénario qu’un jeu à la symbolique très forte. Après quand tu relèves les petites incohérences, tu titilles quand même, chaque jeu vidéo a son bon gros lot d’incohérences et Brothers ne fait pas partie de ceux qui en contiennent le plus je trouve. Après, la suspension consentie de l’incrédulité, tout ça. Dernière chose, t’as déjà oublié la bande-son ? 😮 Perso les trois dernières pistes m’ont tellement percé que je risque pas de les oublier. C’est pas le genre de truc que tu fredonnes, mais elles marquent.

    En tout cas, c’est toujours cool de lire des avis sur ce jeu, thx pour le papier :).

  2. Si, je peux dire que tu es mon frère jumeau.
    Je pense que tu as déjà lu mon avis sur le forum et il se rapproche beaucoup du tien.
    Touchant mais pas émouvant est un très bon résumé.

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