[dropcaps style=’2′]La série Zelda fête cette année ses trente ans d’existence. La non-moins mythique saga des Final Fantasy passera elle aussi le cap de la trentaine l’année prochaine. Voilà qui ne nous rajeunit pas. Alors avoir sous les yeux un soft nous montrant un mix entre le héros de Nintendo et la série-phare de Square Enix – s’entend anciennement Squaresoft – au travers des âges nous confronte encore davantage au coup de vieux. C’est ce que Shiro Games a fait en 2013 au travers d’Evoland, même si ce dernier se paye même le luxe d’aller un brin plus loin que les deux inspirations sus-citées. Un bon moyen de se convaincre à quel point l’on est devenu un vieux briscard du jeu vidéo. Et montrer aux petits jeunes par la même occasion qu’ils en ont loupé des choses.[/dropcaps]
Créé à l’origine au détour d’une game jam en 48h par un seul homme, Nicolas Cannasse, dans le cadre d’un concours ayant pour sujet l’évolution, Evoland reprend cette partie originelle et l’étire afin d’arriver à une durée de vie un peu plus conséquente. Même s’il faut admettre que malgré cela, on en fait vite le tour : une bagatelle de six heures pour atteindre les crédits avec un pourcentage de complétion maximale. Pourtant, les ajouts sont bien réels et importants puisque la partie originelle ne dure qu’une ou deux petites heures.
C’est peu mais c’est certainement bien cette introduction qui se révèle être la partie la plus intéressante du jeu. On se retrouve à incarner un jeune homme du nom de Clink, au sein d’une prairie. Enfin, à l’instar d’un DLC Quest, nos possibilités restent tellement limitées que le paysage se révèle progressivement. Le but étant de traverser ce donjon initiatique en ramassant les coffres disséminés un peu partout, chacun construisant et façonnant ce que deviendra le jeu définitif. Avancée évolutive où l’on se retrouve à traverser les âges vidéo-ludiques avec plus ou moins tous les progrès majeurs qui ont jonché son histoire. Du monde en 8 Bits noir et blanc, le passage en 16 Bits avec panel de couleurs basique puis plus étoffé, l’apparition des musiques de fond, du basic scrolling au smoother scrolling, l’apparition de points de sauvegarde, le passage en 3D puis au 32 Bits, sans puis avec anti-aliasing sont au programme de ce qu’on pourrait appeler un petit cours d’histoire (vidéo-) ludique de bon ton, léger et frais. En parallèle à la construction technique, le gameplay se met aussi en place au travers des coffres. C’est ainsi qu’on commence désarmé pour finir affublé d’une épée fort pratique. D’un paysage vide de vie apparaît une faune locale clairement inhospitalière pour des aventuriers perdus tels que nous. On finit même par avoir un semblant de narration, histoire de mettre un semblant de contexte à nos pérégrinations. Si la prairie de démarrage s’articule autour d’un gameplay singeant fidèlement les vieux Zelda 8 et 16 Bits, sortir de ce premier paysage nous fera revivre le plus pur RPG des premiers Final Fantasy en mettant en place des combats tour par tour en ATB dans la mappemonde du monde d’Evolandia. Une véritable copie carbone qui n’ajoute rien mais qu’importe : l’hommage est totalement assumé. En atteste le héros lui-même qui, comme son nom l’indique, est une mutation entre Cloud et Link totalement transparente.
Si les références à Zelda et Final Fantasy sont totalement transparentes, allant même jusqu’à utiliser les mêmes termes à peine modifiés – les « glis » servant de monnaie, la présence de grands volatiles jaunes se prénommant Chobokos, notre alliée surnommée Kaeris qui mourra en cours de jeu, le boss se présentant comme le fantôme de Kefka, l’invocation Babamut ou encore le grand vilain du jeu, Zephyros entre autres – d’autres clins d’œil plus ou moins fins se nichent çà et là, tel Dragon Quest, Mario ou encore Resident Evil. Si les plus jeunes pourront voir en Evoland un côté pédagogue, les aficionados ne seront pas en reste puisque la dimension fan-service est omniprésente. Et franchement sympathique il faut l’avouer.
Même si la narration est aussi légère que le jeu – et je n’ai pas remarqué spécialement de fautes d’orthographe sur PC que Vidok a pu dénoncer dans les colonnes de l’Indépendant sur la version Android qu’il a eu entre les doigts – il se laisse parcourir agréablement. Deux villages et cinq donjons, ces derniers ayant l’avantage d’être plutôt variés. Car entre prairie Zelda-like 8/16 Bits, la caverne typée donjon Final Fantasy 16 Bits, une mine encore une fois Zelda-like mais cette fois en version 3D, ou encore le bosquet entremêlant 2D et 3D du RPG Adventure – certainement le lieu symbolisant le plus fortement et intelligemment le concept d’Evoland – il n’y a pas matière à s’ennuyer, d’autant plus que le jeu à la manette ou au clavier sur PC ne montre pas les défauts de prise en main sur les tablettes tactiles tournant sur Android. Shiro Games se montre même jusqu’au-boutiste dans son désir de montrer l’évolution du style RPG en allant piocher du côté des occidentaux en s’attaquant au hack’n slash avec un donjon Diablo-like. Malheureusement, si l’idée est bonne et à applaudir, la mauvaise technique prendra le dessus et le sabordera totalement : l’intégralité du donjon laggant à mort, et ce, quelque soit le support et appareil utilisé, son parcours se révélera poussif et franchement désagréable. D’ailleurs, en dehors de ce niveau, il est possible de se retrouver bloqués face à quelques bugs gênants, montrant le gros défaut d’Evoland : la modestie de son budget. Ce qui explique que sa durée de vie courte n’est pas si gênante dans le sens où les derniers temps commençaient dangereusement à s’essouffler. Si les débuts fourmillent de détails et d’idées diverses, la richesse s’appauvrit au fur-et-à mesure que le jeu avance, donnant une vision partiellement négatif d’un jeu que l’on aurait passé sous une machine de torture médiévale. Parce qu’étirer sans rajouter de contenu ne peut pas donner quelque chose de si bien que cela. Et au vu de l’effort entrepris pour l’élaboration de sa suite, les idées étaient bien là, dans la tête des développeurs, incapables de les mettre en œuvre par manque de moyens. Il ne faut pas pour autant bouder ce premier opus puisque son idée de départ se montre originale et excitante. Et sa mise en lumière et succès semble avoir mis beaucoup d’eau au moulin de ses géniteurs qui ont disposé de bien plus de fond pour développer son petit frère.
Comme tout bon RPG qui se respecte, Evoland nous présente quelques petits annexes. Courts mais bienvenus. De la simple collecte d’étoiles plus ou moins bien cachées au jeu de cartes Double Twin reprenant les mêmes règles basiques que celui présenté dans Final Fantasy VIII en passant par la recherche de quelques lieux optionnels cachés sur la mappemonde, le jeu reprend les rênes de la pédagogie en nous présentant les différents types de quêtes annexes que l’on peut rencontrer dans le style même s’il ne le montre pas de façon très exhaustive. Geste suffisant par ailleurs pour montrer un caractère complet au concept recherché au sujet et amenant une petite rallonge salvatrice à une durée de vie basiquement très courte.
[section id= »conclusion » style= »border:1px solid white;padding:10px;overflow:auto;background-color:#00a0db;color:#FFFFFF; »]Si Evoland se révèle modeste à bien des égards, notamment à cause d’un budget au ras des pâquerettes, il n’en demeure pas moins un petit jeu très sympathique. Fort d’une idée originale et rafraîchissante, nul doute que beaucoup y trouveront leur compte : le petit jeune apprendra, le plus vieux y trouvera son compte de nostalgie et de fan-service.[/section]
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