Mass Effect Trilogy

Mass Effect Trilogy[dropcaps style=’2′]Trilogie de renom par développeurs de renom. BioWare a un solide CV pour lui, avec la réputation de faire partie des tous meilleurs studios au monde dans le domaine du RPG. Fort de ses succès avec ses titres phares que sont Baldur’s Gate, Neverwinter Nights, Star Wars : Knights of the Old Republic et Jade Empire, le studio canadien semblait transformer en or tout ce qu’il touchait. Même son essai à l’action-plateforme avec MDK 2, suite du très apprécié opus original de David Perry, fut transformé en véritable coup de maitre. En parallèle à la série Dragon Age, et son univers fantasy très riche mais plus convenu, BioWare se lança dans l’ambitieuse création d’une trilogie de RPG prenant l’espace pour cadre. Les jeux de rôle orientés science-fiction restent extrêmement rares, mais Casey Hudson, le directeur et producteur de l’excellentissime Star Wars : KOTOR avait l’expérience requise pour mener à bien ce projet. Revenons donc sur les trois opus de la saga, grâce à la compilation Mass Effect Trilogy.[/dropcaps]

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MassEffect-2015-09-07-00-23-10-78S’il y a bien une caractéristique marquante à travers l’ensemble de la série, au fil des épisodes et opérant toujours de façon cohérente, c’est la personnalisation de l’ensemble. La sensation de vivre l’aventure du commandant Shepard, certes, mais aussi et surtout sa propre aventure. Si la création du personnage est plutôt simple en l’état, c’est bien ailleurs que le jeu puise sa force. BioWare nous avait déjà habitué à inclure des choix essentiels dans les textes de ses précédentes créations, mais c’est bien la saga Mass Effect qui poussera cette idée encore plus loin ; et constituant en somme une belle évolution vidéoludique. Combien de jeux avons-nous fait où l’histoire était déjà toute tracée, préméditée, ne laissant finalement guère de choix et de réelle liberté au joueur ? Énormément, sans doute. Mais combien de jeux avons-nous fait où nous pouvions justement nous affranchir de toutes ces multiples contraintes ? Peu, mais Mass Effect fait effectivement partie de cette branche. C’est aussi cette volonté de repousser les limites narratives du jeu vidéo qui fait de BioWare un studio si unique en son genre, les développeurs ayant parfaitement capté ce qui devait faire l’essence même d’un RPG. Car ils n’oublient pas que dans ces trois lettres, il y a « Role Play »… Et dans ces aventures spatiales, vos choix seront déterminants à plus d’un titre. Certains de vos co-équipiers pourront perdre la vie selon vos actions. Certaines quêtes, certains choix pourront évoluer ou alors disparaitrent, aussi. Que ça soit par le biais d’événements à priori anodins ou de moments remplis de tensions, Mass Effect n’oublie jamais de donner la parole au joueur. Le système de dialogue, déjà, où l’on peut choisir différentes réponses bien distinctes, est une force à lui seul. Selon vos choix, vous vous dirigerez soit vers la voie de la conciliation, soit vers la voie du pragmatisme. Faire un choix clair peut vous ouvrir de nouvelles options dans les discussions. BioWare nous embarque dans une odyssée personnalisable, à la re-jouabilité énorme au vu de tous les embranchements imaginables.

MassEffect-2015-09-07-00-20-10-60L’évolution des personnages se fait grâce à un arbre de compétences assez simple, où on attribue des points dans les catégories de notre choix. On gagne évidemment ces points à répartir au fur et à mesure que l’on engrange de l’expérience. Classique, mais efficace. Les combats quant à eux se déroulent sous forme d’un Third Person Shooter (TPS), avec la caméra placée derrière le personnage. On peut jongler entre différentes armes de 4 types (pistolet, fusil à pompe, mitraillette, sniper) et lancer des grenades. À noter qu’il n’y a pas de munitions pour les armes : celles-ci « surchauffent » pendant quelques secondes si on dépasse une jauge, rendant leur utilisation impossible durant ce laps de temps. Plutôt bien pensé, mais ce point ne sera pas conservé pour les deux volets suivants. De façon globale, il est très agréable d’incarner Shepard. Seul regret : des déplacements quelques fois longuets, avec une course très limitée. Ceci n’entamera toutefois pas notre enthousiasme de parcourir des lieux très intéressants et surtout, de rencontrer des personnages extrêmement travaillés, aux personnalités et destins divers. L’univers, en tout point, constitue l’un des principaux atouts de Mass Effect – et plus largement de la saga entière. En revanche, si le jeu mise sur une excellente re-jouabilité, il faut admettre que la quête principale nous laisse un peu sur notre faim en terme de consistance. Elle se fait en moins d’une quinzaine d’heures, et même si on a une certaine liberté dans l’ordre des missions à effectuer, ceci ne change rien au fait que ces dernières soient peu nombreuses. Il y a évidemment des annexes (malheureusement pas directement indiquées sur la carte de l’univers – ce qui sera heureusement corrigé à partir de Mass Effect 2), dont la majorité des quêtes demeurent réellement bien écrites, ainsi que des planètes à explorer. Soyons francs toutefois, l’exploration des planètes annexes n’est en rien intéressante puisque celles-là s’avèrent être systématiquement vides (elles ne servent qu’à dénicher des ressources, pour la plupart). Dernier point noir : le contrôle des véhicules (mako) est raté, et le pilotage n’est pas des plus amusants. Ces défauts n’enlèvent rien au fait qu’il s’agit d’une très belle aventure, aux nombreuses qualités, mais il manque toutefois une petite once de finition supplémentaire pour élever Mass Effect parmi les plus grands RPG.

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ME2Game-2015-09-07-00-04-38-60Mass Effect 2 s’efforce de reprendre les meilleurs éléments narratifs du premier opus en améliorant ce qui est possible. On retrouve toujours l’opposition conciliation/pragmatisme, des choix percutants à effectuer, etc… L’histoire principale en revanche, impose un rythme très lent cette fois. En effet, vous passez un temps conséquent du jeu à recruter des équipiers pour vous préparer en vue de la fameuse « mission suicide ». Mais même si le fil conducteur n’est pas grandiose, les personnages rattrapent le tout. Le casting, d’une qualité exceptionnelle, prend le temps de s’attarder sur chaque personnage. ME2 pousse plus loin encore les relations avec nos coéquipiers, qui peuvent devenir loyaux ou l’inverse en fonction de l’aide que vous leur apporterez. Inévitablement, ceci modifiera le cours de la mission finale, qui repose par ailleurs en grande partie sur ce que vous aurez accompli pendant le reste du jeu (améliorations de votre vaisseau – le Normandy, relations avec vos troupes, choix des personnages, etc…). En lieux à visiter, on retrouve bien sûr l’emblématique Citadelle – mais dans une version moins vaste – aux côtés de nouvelles villes, notamment Omega et son ambiance déchainée. Une ambiance d’ailleurs idéalement maitrisée tout au long du jeu, bien servie par une direction artistique sans fausse note, permettant une immersion sans faille. À noter : La compilation Trilogy inclut le personnage de Zaeed, ainsi que quelques (courtes) missions des DLC. Toujours appréciable.

ME2Game-2015-09-07-00-02-52-97Les quêtes annexes sont de surcroît vraiment intéressantes à découvrir, et se fondent parfaitement aux missions principales. On notera du nouveau pour le principe de ressources : on peut scanner les planètes une à une pour récolter différentes ressources, qui nous permettent ensuite d’acheter de nombreuses améliorations (que ça soit pour nos personnages, nos armes ou bien notre vaisseau). Mass Effect 2 n’est ceci dit pas parfait non plus, et à ce titre, c’est dommage de constater que le système d’évolution est un poil tronqué… La répartition des caractéristiques se fait de façon moins fluide. La gestion de l’équipement a été aussi extrêmement simplifiée, pour ne pas dire qu’elle a presque disparue. Hormis le choix des armes, le reste est anecdotique (l’armure n’étant quasiment plus qu’esthétique), les grenades ne sont plus de la partie non plus… D’un autre côté, ceci nous permet de varier plus facilement les membres de notre commando puisqu’on ne prendra plus autant de temps pour s’occuper de leurs équipements. Les combats semblent cette fois emprunter davantage à Gears of War et abusent même un peu trop du système de couverture. Au niveau des missions, le déroulement est (trop) souvent identique et peine à apporter de la variété. Si le jeu est plus long que son prédécesseur, on pourra toujours pester après ce manque de folie dans la majorité des missions, les rendant ainsi parfois presque monotones à la longue.

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MassEffect3-2015-09-07-02-19-09-57Mass Effect 3 avait la lourde tâche de clore l’une des principales séries de jeux vidéo de la 7ème génération. Pour cela, BioWare disposait de grandes ambitions, en partie freinées par les impératifs d’Electronic Arts qui, depuis le premier opus, avait fait l’acquisition du studio canadien… Quoiqu’il en soit, il est clair que ME3 mise davantage sur l’action pure que son ainé. Mais il parvient aussi à tirer son épingle du jeu là où ME2 échouait partiellement : les missions sont plus variées, et souvent plus spectaculaires, parfois même carrément épiques. À l’instar du premier ME, on peut se mettre à découvert plus facilement, et se réfugier constamment à l’abri n’est plus une obligation de tous les instants. Les téméraires tenteront d’user du corps-à-corps, grisant (mais un peu cheaté…). Mise à part une mission énigmatique où on… tire sur des cubes, il n’y a pas grand chose à redire sur les missions du jeu, franchement dynamiques. le contenu annexe est par contre moins passionnant que dans le précédent volet, avec un scénario beaucoup moins appuyé pour celui-ci. Le scan des planètes se fait maintenant directement sur la map de la galaxie, simplifiant donc le système du 2, mais ne le rendant pas plus intéressant pour autant. Mass Effect 3 simplifie encore plus l’évolution des personnages et les améliorations possibles. Tout est fait pour rendre les fonctionnalités du jeu à la fois efficaces et accessibles, ce qui pourra déplaire aux fans de la première heure, mais persiste finalement dans une continuité relativement logique après le second jeu. L’action est en outre plus « cloisonnée » : la seule vraie ville à visiter est la Citadelle, qui est encore une fois fragmentée et pas des plus agréables à parcourir, surtout quand on repense au premier Mass Effect. Plus dommage encore, on note tout de même un nombre nettement diminué de personnages à qui vraiment parler (je ne parle pas que d’une ligne de dialogue, là), et donc de choix à effectuer. Même si c’est sympathique de pouvoir régulièrement intervenir dans des discussions entre deux protagonistes pour donner son avis, ça reste en général plutôt léger… Les Volus et les Elcors auxquels on peut directement s’adresser, par exemple, se font très rares. Pour finir, les piratages (de documents, de coffres, de portes…) qui étaient présents sous différentes formes dans les premiers jeux disparaissent.

MassEffect3-2015-09-07-02-17-07-71De là à dire que tous ces points énoncés sont forcément des défauts… Non, pas forcément : ceci dépend uniquement de l’appréciation du joueur et de ses attentes. Après, il est indéniable que Mass Effect 3 a continué à simplifier la série sur plusieurs plans. Tout n’est pas parti pour autant, et les romances, notamment, sont toujours possibles, y compris avec des personnages qui ne font plus partie de notre équipage. Équipage, d’ailleurs, moins vaste que dans Mass Effect 2, et qui peut même se retrouver en nombre très limité selon certains choix faits depuis le début de la trilogie… Vous l’aurez compris : ME3 joue beaucoup du spectacle et de son sens de la mise en scène pour tenter de proposer un final à la hauteur, soutenu entre autres par une bande-son d’exception, plaçant la barre probablement encore plus haute que Mass Effect 1 & 2.. Globalement, le gameplay tient la route, avec des armes plus nombreuses, des pouvoirs à améliorer, etc… Mais il fallait aussi un script au niveau. Honnêtement, l’histoire principale fait – de façon générale – mieux que celle du 2 qui stagnait un peu. On passe par un peu tous les états, avec de l’explosif, du posé, des révélations… La guerre est bien retranscrite, et nous permet de voir des planètes décrépir sous les batailles imposées par les puissants Moissonneurs, ennemis principaux de l’équipage du Normandy. Les missions nous permettent d’ailleurs de rassembler un maximum de forces, en provenance de toutes les races possibles, au profit de l’assaut final. Le nombre d’unités que l’on rassemblera a donc une petite influence sur la fin du jeu. Une fin qui a engendré de nombreux débats… Avec Mass Effect Trilogy, on profite (heureusement !) de la fin améliorée « Extended Cut ». Un final qui reste contesté, que certains adorent et d’autres détestent. Mais ce n’est pas ça qui doit nous faire oublier que Mass Effect est une grande saga, dont les trois opus originaux devraient être un exemple pour ceux qui auront l’audace, à leur tour, de créer un RPG de science-fiction aussi ambitieux que ceux-là.

[section id= »conclusion » style= »border:1px solid white;padding:10px;overflow:auto;background-color:#00a0db;color:#FFFFFF; »]Certes, aucun des épisodes de Mass Effect n’est parfait. Certes, chacun nous frustre au moins sur un point. J’aurais aimé que le premier propose une aventure plus consistante. J’aurais aimé que le second sache davantage varier son gameplay. J’aurais aimé que le dernier ne sacrifie pas autant de subtilités annexes. Par chance, peut-être qu’Andromeda s’occupera de corriger tout ça, qui sait… Mais pour autant, je n’oublierais pas toute la richesse qui coule de chaque opus, le plaisir procuré par les combats, et surtout, certains moments d’une intensité rare. Le fait de pouvoir conserver son personnage à travers les trois jeux, de le faire évoluer, et que nos choix soient pris en compte tout au long de la trilogie permettent de rendre Mass Effect inoubliable. Alors je pense que, malgré ses défauts, la série Mass Effect restera gravée dans l’histoire des RPG. Comme souvent quand BioWare est à la baguette…[/section]

Toutes les images ici présentes sont tirées de mes propres parties.