Enclave

De l'action sans entrave

Genre
Action-RPG
Développeur
Starbreeze Studios
Éditeur
Atari
Année de sortie
2003

Davantage connu en ce moment pour son travail de supervision des créations d’Overkill Software et sa non moins populaire série des Payday, Starbreeze Studios a cumulé depuis sa création en fin de millénaire dernier autant de succès critiques, avec notamment le premier The Darkness, les deux œuvres gravitant autour des Chroniques de Riddick, ou encore Brothers : A Tale of Two Sons, que de gros déboires financiers, avec plusieurs menaces de banqueroute évités de justesse. Même leur premier véritable titre, Enclave, faillit connaître un avenir tragique lorsque son éditeur du moment mis la clef sous la porte, obligeant le développeur à revoir ses plans de jeu multijoueur pour sortir rapidement une mouture solo commercialisable, et ce afin d’éviter une éminente casse. Fort heureusement, le contenu retravaillé ou tronqué en cours de route ne se voit que très peu, voir finalement pas, comme nous allons le voir durant quelques caractères.

Rien ne va plus dans le royaume de Celenheim, où des siècles après une guerre sans merci entre la lumière et les ténèbres, le retour du grand démon Vatar et les armées de Dreg’Atar menacent à nouveau la paix dans la contrée devenue l’enclave régissant l’équilibre fragile du monde. C’est dans cette période trouble que nous intervenons, nous humbles combattants qui se retrouvent à partir à l’aventure pour freiner l’arrivée démoniaque qui se prépare… A moins que nous participions à celle-ci ? On l’aura rapidement deviné à la vue des premiers visuels, mais Enclave prend place dans un univers médiéval fantastique où notamment humains et elfes vont affronter, entre autres, gobelins et orques. Pas très bavard, le titre distille son histoire au travers de quelques cinématiques et autres dialogues en cours de jeu (avec une VF plutôt réussie), ainsi qu’au moment des chargements sous forme de briefings textuels, pour une trame qui se veut globalement assez assez simpliste, vu qu’il s’agira de satisfaire, en tant qu’aventuriers téméraires, aux différentes sollicitations d’entités royales ou démoniaques visant à rétablir ou faire basculer l’ordre établi puisque le titre – originalité certaine – est découpé en deux scénarios bien distincts ou incarnera des combattants du bien ou du mal.

Ceci sera l’occasion de parcourir, durant une quinzaine d’heures tout au plus, différents univers qui iront de la ville tranquille (si l’on exclut les combats) aux ruelles étroites à la grotte menant directement aux enfers, en passant par des temples ou des extérieurs peu arborés. Plein d’environnements à visiter donc, avec une réutilisation certaine des niveaux que l’on parcourra différemment selon le scénario, mais affichés à l’écran d’une fort belle manière grâce à une direction artistique et un moteur graphique des plus convaincants. Pour un jeu sorti à l’origine entre 2002 et 2003 sur Xbox et PC, cela tient encore la route visuellement, et davantage encore avec les versions Steam et GOG d’aujourd’hui, même s’il faudra parfois réduire le nombre maximal d’images par seconde afin d’éviter d’étranges bugs résultant sur une bien trop rapide noyade… A noter qu’un portage Wii est également disponible, mais celui-ci pique quelque peu les yeux.

Pas spécialement compliqué dans son scénario, Enclave ne l’est pas non plus pour son gameplay. Le titre se présente comme un action-RPG à la troisième personne où nous devrons simplement répondre à quelques objectifs annoncés en début (ou cours) de mission et qui se résumeront, très grossièrement, d’aller d’un point A à un point B, avec parfois un retour au point A en possession d’un objet récupéré en fin de niveau. Pour pimenter cela, nous aurons quelques portes à déverrouiller, un peu de plateforming et d’énigmes à résoudre, mais surtout, et c’est le plus important, tout plein d’ennemis à défourailler. Ces derniers, particulièrement nombreux, seront se montrer plutôt entreprenants quant il s’agira de nous liquider froidement, sans sans faire couler le sang. Fort heureusement, nous avons à notre disposition différents types d’armes aux utilisations adaptées à chaque situation : épées, haches, arcs, arbalètes… Ajoutons des armures, boucliers ou encore quelques potions, et c’est ici tout un tas d’équipement qui est disponible et déblocable au fil de l’aventure ainsi qu’utilisable par l’ensemble des classes (guerriers, mages, ingénieurs, à sauver aux moments clefs du jeu), possédant pour chacune d’entre-elles forces et faiblesses qui leur sont propres, qu’elles soient en terme de rapidité, de puissance d’attaque, ou de points de vie. Après, pas question de faire dans la finesse : on maintient le bouton d’attaque en visant un minimum – il y a une location des dégâts, tout de même – et les combos s’enchainent tous seuls.

Pour le côté jeu de rôle, si nous n’avons pas un système d’expérience et de niveaux à proprement parler, c’est plus ou moins tout comme : au gré de nos pérégrinations, on collectera moult piécettes d’or et autres objets précieux. Une fois la mission complétée, ceux-ci serviront à s’offrir les équipements les plus puissants, mais bien qu’il est question de fric, il s’agira plus ici d’une capacité de transport maximale plutôt qu’autre chose, puisqu’elle sera la même pour l’ensemble des personnages, et ajustable à souhait. Il sera ainsi possible de reparcourir des niveaux auparavant terminés pour partir à la recherche de trésors oubliés, et certains sont bien planqués. Sur le plan de la difficulté, Enclave est bien conçu et équilibré, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, y aller en mode bourrin ne sera pas forcement la bonne solution (bien que souvent celle adoptée) : les ennemis sont de fins tireurs ou de dangereux guerriers, et aller au corps à corps sans trop réfléchir, voir sans bouclier, finira par une mort assurée… Du moins, tout d’abord une perte d’argent, et à terme, une fin de partie. En résulte un titre assurément peu cérébral proposant suffisamment de challenge, et après tout, c’est tout ce qu’on attend de lui. Pour une galette qui va bientôt fêter ses vingt bougies, elle propose une expérience encore des plus amusantes, surtout pour avoir été auparavant pensé avant pour du multijoueur. On remarque d’ailleurs, au travers de quelques cartes dédiées à de courts défis, les restes de cette ambition passée.

Enclave
Appréciation
Quelque peu bête et méchant, Enclave n'en reste pas moins un titre amusant à parcourir. Proposant pas mal de contenu - plein de classes et d'armes, deux scénarios - et une direction artistique réussie, il parviendra à occuper quelques heures durant avec un challenge parfois corsé, mais juste, si l'on ne fonce pas tête baissée. Un bon jeu pour Starbreeze Studios en somme, qui ne connaitra malheureusement jamais de suite, pourtant annoncée et bien initiée, suite à un nouveau déboire entre le développeur et la société d'édition qui devait superviser et financer ce nouveau projet, annoncé comme bien plus ambitieux. Décidément !
Points forts
Deux scénarios proposés
Gameplay simple et efficasse
Plein de classes jouables
Techniquement correct
Points faibles
Pas très révolutionnaire