Spring Breakers

L’été, le moment d’oublier tout le reste de l’année, de s’évader de la réalité quotidienne assommante, de se ressourcer… Et d’avaler des litres entiers de bière au milieu de centaines de filles dénudées sur un dancefloor inondé de vodka, avant de mitrailler à coups d’Uzi les gangs de Miami ! Cette transition vous a surpris ? C’est ni plus ni moins ce que vous réserve Spring Breakers, le dernier né d’Harmony Korine, réalisateur peu connu à la filmographie pauvre mais néanmoins intéressante.

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« Bikinis and big booties, that’s what life is about ! »

Le Spring Break, événement purement américain maintes fois retranscrit au cinéma au travers d’œuvres rarement inoubliables. Mis à part l’assez récent Pirahna 3D d’Alexandre Aja qui a quelque peu relevé le niveau avec une bonne dose de second degré, le sujet sonne déjà dans votre tête comme vu et revu. La différence est qu’avec Spring Breakers, Harmony Korine nous livre là un film aux antipodes des « teenagers movies » habituels, un véritable ovni qui tranche totalement avec l’idée que l’on peut s’en faire de prime abord. Un peu à la manière de Gregg Araki avec Kaboom, le film propose une double intrigue, qui ne prend son sens qu’une fois les 40 premières minutes passées.

De base, le scénario se concentre sur les quatre héroïnes qui le composent, à savoir Faith, Brit, Cotty et Candy ; de jeunes étudiantes en quête d’évasion, prêtes à tout pour sortir du carcan de leur fac le temps d’un été. D’apparence, elles ont tout de l’archétype des filles faciles et sans cervelle qui n’ont d’intéressant que leur physique, à ceci près qu’elles dégagent un je-ne-sais-quoi de captivant, d’inquiétant et semblent s’élever d’une façon naturelle au dessus de la masse. Il est amusant de se rappeler que Selena Gomez et Vanessa Hudgens qui incarnent respectivement Faith et Candy étaient il n’y a pas si longtemps des égéries Disney, opérant avec Spring Breakers un changement total d’étiquettes. On peut en dire autant de James Franco, éternel beau gosse en costard/cravate convertit soudainement en gangster couvert de tatouages et au sourire carnassier (littéralement).

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« Come on it’s Spring Break, you get craaazy. »

Partir en Floride pour deux mois de fête, un projet qui n’a égal à son attrait que son prix. C’est pourquoi, en manque d’argent, nos quatre héroïnes qui n’ont pas froid aux yeux décident de braquer un diner miteux perdu en dehors de la ville. Armées d’une batte de base-ball et d’un pistolet à eau, l’opération est un succès ; en route pour Miami ! S’enchaîne alors les séquences de fête sans limites où règne alcool, drogue et dubstep sous l’œil d’Alien alias James Franco, un prétendu chauffeur d’ambiance au message spirituel douteux et à l’allure de criminel notoire. Finalement arrêtées pour usage de drogue, les quatre pin-ups se retrouvent aussitôt libérées par ce dernier, qui semble avoir un faible pour les filles sexy qui n’ont pas encore passé la vingtaine. Méfiantes, elles décident néanmoins de suivre leur ange-gardien qui passe son temps à se vanter de ses activités illégales et à étaler toutes ses paires de chaussures et ses fusils d’assaut sous l’œil émerveillé des jeunes filles. Seule Faith flaire les ennuis et décide d’écourter son séjour et de filer en vitesse, laissant ses trois amies aux mains de ce bienveillant dégénéré. Car contrairement aux apparences, Alien ne les considère pas comme ses prisonnières mais plutôt comme des anges tombées du ciel et semble avoir trouvé en la personne de Brit, Cotty et Candy des âmes sœurs. Celles-ci se prennent totalement au jeu et ne sont en rien effrayées par cette caricature de malfrat, finissant même par l’aider à garder son empire, l’arme à la main…

Je vous avais prévenu, Spring Breakers n’a rien du film de Spring Break classique.

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Certes, le scénario est complètement abracadabrantesque mais au final, ce n’est pas ce qu’il faut retenir de ce film. Non, ce qui le démarque, c’est sa construction. Rythmée en dents de scie, l’histoire de Spring Breakers semble être le prétexte à une pléthore de séquences plus « what the fuck ? » les unes que les autres, Harmony Korine  a clairement voulu se lâcher en portant ce film sur les écrans et tout en se faisant plaisir, il tente avec réussite de ravir le spectateur à la recherche de divertissement original et inhabituel. Le film alterne entre des scènes très contemplatives avec fond sonore très discret dans lesquels les héroïnes font le point sur elles-même ou passe un coup de fil à leurs mamans chérie (voir leur grand-mère, véridique) et des scènes de débauche ou de fusillades qui deviennent soudain très assourdissantes sans être déplaisantes. Spring Breakers bénéficie également d’un grand soin apporté à sa photo, très colorée et très portée sur les jeux de lumières, ce qui offre un rendu vraiment chatoyant pour la rétine.

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Vous l’aurez compris, Spring Breakers est une bonne surprise. Si, comme moi, vous n’en attendez pas grand chose, vous risqueriez de vous surprendre à passer un très bon moment. Si vous êtes lassés de tous ces films qui tournent en rond autour du thème du Spring Break, foncez vous prendre en pleine figure la claque qu’Harmony Korine vous réserve ! Elle sera directe, violente sans être inoubliable mais au moins, vous aurez vu quelque chose de différent ; et ça, c’est toujours bon à prendre.

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  1. Pour le doublage français, je ne saurais dire, je ne l’ai vu qu’en VO. Mis à part certaines exceptions de qualité, la VF reste une petite aberration à mes yeux.

    Concernant l’histoire, mis à part le fait de proposer quelque chose d’inattendu, n’est pas un modèle de cohérence, loin de là. Je pense que le principal but de ce scénario est d’offrir un divertissement qui va crescendo, et fait plus office d’effet de style à un film qui désire surprendre avant tout.

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