Hypothermia

Il est toujours amusant de chercher dans les sorties cinéma les films à petit budget, les « petits films », ceux qui passent totalement inaperçus tant l’investissement marketing est proche du néant, et écrasé par celui des blockbusters d’à côté. Et il se trouve que dans le genre Epouvante, il y a toujours quelques pellicules qui attirent. Du sang sur la jaquette, un pitch mystérieux, une odeur de nanar. En tout cas, une envie irrépressible de se plonger le temps de quelques dizaines de minutes dans les affres, en l’occurrence, d’un lac gelé…

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Ray Pelletier est contremaître dans une fabrique d’armes à feu. Tous les ans, il vient, avec sa femme et son fils, pêcher sur un lac gelé à 1h30 de voiture de chez eux, et éloigné de toute vie humaine. Cette année, ils sont même venus avec leur future belle-fille, juste avant que les deux tourtereaux ne finissent leurs études. Cette année, la petite famille fait la connaissance de Steve et Steevy, père et fils, pêcheurs eux aussi mais aux moyens autrement plus sophistiqués. Perce-neige, caravane tout confort, motos des neiges, armes à feu au besoin. Leurs méthodes sont très loin du traditionnel couple fil hameçon. Deux visions de la pêche qui s’opposent mais qui, très vite, vont se rejoindre lorsque des profondeurs du lac, une étrange créature apparaît…

Hypothermia_screen_01 Hypothermia_screen_05Le scénario ne décollera la mâchoire d’aucun habitué du genre et sans garder le mystère plus longtemps, l’ambiance n’étonnera personne non plus. James Felix McKenney, réalisateur inconnu au bataillon, a semble-t-il disposer de bien peu de moyens pour mettre en scène son histoire. Parmi le casting, nous retrouvons toutefois Michael Rooker, un « célèbre » habitué des seconds rôles (The Walking Dead). Ici très bon, dans la peau de ce père de famille passionné, un peu dur, et suffisamment charismatique pour porter le film à bout de bras. Le reste des participants, peu distingué, ne marquera pas les esprits. Plutôt bien filmé, angoissant dès ses premières minutes – celles durant lesquelles le spectateur ne sait pas encore à quelle sauce il va être mangé – Hypothermia fait forte impression. Surprise. Le cadre bucolique aide à instaurer une ambiance à la fois tristement calme et mystérieuse dès les premières minutes. Comme si la forêt servait de complice aux drames se déroulant sur le lac. Une caravane, des projecteurs, une surface gelée : le paysage ne changera pas énormément durant la seconde moitié du film.

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La créature est là : les nombreux passages présentés à travers sa vision toute orangée (!) nous le rappellent fréquemment. Les conditions de peur répondent également présentes. La glace se teinte peu à peu en rouge, à chaque mort. Nous sommes bien dans un film du genre. Le tableau, pourtant mal débuté, s’oriente vers le positif. Le réalisateur a semble-t-il bien intégré les préceptes. Le manque de moyens l’a tout de même rattrapé avec son monstre parfaitement minable, au point de nous faire davantage pouffer de rire que nous glisser sous la couette. Sans rien vouloir dévoiler, le costume moulant dont semble accoutrer l’actrice l’incarnant paraît surgir du passé, peut-être en hommage aux films des années 70 qui, eux, n’avaient malheureusement pas trop le choix… La durée de Hypothermia – à peine 70 minutes – ainsi que la fin ratée, sans logique aucune, viennent conforter l’idée que le monsieur aurait pu détenir là une véritable bonne surprise avec des bourses plus fournies. Nous parlons, ici, toujours d’épouvante.

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Et ce sera la conclusion : Hypothermia avait tout du film de monstre raté. Il l’est. Certes. Mais pour une fois que le jeu d’acteur et le cadrage n’y sont pas pour grand-chose, au contraire même, il s’agit même d’une belle surprise. Il révèle quelques moments de tension tout à fait réels et un cadre crédible. Dommage que son monstre d’un autre temps, élément quasiment central d’un film de monstres, vous en conviendrez, vienne ternir cette bonne impression.