The Dinosaur Project

Les dinosaures ont toujours été un sujet très prisé par les réalisateurs, et encore plus depuis le chef d’œuvre de Spielberg, Jurassik Park. Ils sont cependant souvent réservés aux superproductions américaines. Fortes d’un budget pharaonique, elles tentent autant que faire se peut d’en mettre plein les yeux aux spectateurs en rendant ces monstres du passé aussi actuels qu’effrayants. The Dinosaur Project n’est pas une superproduction américaine. Il résulte d’une volonté britannique, dirigée par un réalisateur anglais, Sid Bennett. Peu connu sous nos latitudes, notre homme a signé de nombreux épisodes de séries télé outre-Manche. Il réalise ici son premier long-métrage. Gloups…

Attention, The Dinosaur Project se veut tourné comme un documentaire. Il part d’ailleurs du postulat qu’il est le résultat d’une véritable expédition. Une équipe de tournage accompagne quelques spécialistes à la recherche du Mokele Mbembe, le Nessi africain. Des reportages et témoignages de plus en plus crédibles font état d’un monstre aquatique, au Congo. Celui-ci ressemblerait aux plésiosaures, gigantesques reptiles marins ayant vécu il y a plus de 65 millions d’années. N’écoutant que leur curiosité et persuadés de revenir avec des preuves tangibles de son existence, ces cryptozoologues partent chambouler leurs croyances. C’est ainsi que, caméra à l’épaule ou au poing, ils s’envolent pour un coin reculé du Congo, et c’est également ainsi qu’un vol de ptérodactyles endommage l’hélicoptère entraînant un atterrissage d’urgence en pleine brousse… Et si les protagonistes pensaient rencontrer un monstre, ils vont très vite se rendre compte les terres africaines renferment bien plus de mystères qu’escompté, dont certains liés à des espèces censées être éteintes depuis longtemps…

Sur le papier, The Dinosaur Project a tout du nanar vu et revu. Le sujet des dinosaures étant si sensible – car, semble-t-il, épuisé depuis longtemps – qu’il devient difficile de proposer un divertissement valable. Sid Bennett a opté pour le parti pris du film tourné de façon réaliste, principe démocratisé par Projet Blair Witch en 1999. D’ailleurs, devant la beauté des paysages (sud-africains, soit dit en passant), il est difficile de ne pas voir un croisement entre Projet Blair Witch et Jurassik Park. Bien que ne réutilisant aucun dinosaure présent dans son modèle (ou presque…), The Dinosaur Project ne peut s’empêcher de piocher dans la trilogie JP en intégrant énormément d’éléments du troisième épisode et en n’oubliant pas l’émerveillement appris dans le premier. Les effets spéciaux n’ayant nullement à rougir de la comparaison – surtout vu la différence évidente de budget – The Dinosaur Project se veut plutôt bon dans son genre. D’autant que le film casse certains schémas que nous pensions acquis quant à l’ordre des décès. Car un film de ce genre sans quelques morts prématurées et violentes – « pas une méningite, pas un rhume » – ne serait pas digne d’être projeté. Attention toutefois : il n’est heureusement pas question de tapisser la jungle africaine de litres de ketchup : tout est mesuré. A la bonne heure.

C’est en cela que The Dinosaur Project attire la sympathie : sa modestie. Il ne tente jamais, pardonnez l’expression, de péter plus haut que son cul, et se contente de raconter son histoire. Elle n’est certes pas parfaite et affiche quelques ressorts reniflés à des kilomètres, offrant une fin extrêmement attendue, mais elle a au moins le mérite de se laisser suivre sans aucune lassitude. Son petit côté « Voyage au centre de la Terre » n’y est très certainement pas étranger, autre référence flagrante du titre. Il faut dire que les personnages vont vivre un grand nombre de péripéties en seulement 1 heure 23. Les moments de détente se comptent donc sur les doigts d’une main, bien qu’il ne puisse pas non plus frapper à la porte du genre action. Son seul réel défaut tient dans son cadrage : la caméra à l’épaule ne peut plaire à tout le monde. D’autant que l’équipe a tenu à être réaliste en effectuant de nombreuses coupures et sauts aussi bien visuels que sonores, propres à tout tournage légèrement mouvementé. Amis de la fluidité au revoir. Pourtant ce procédé a de magique l’immersion occasionnée sans jamais intégrer le spectateur à l’action : une distance est maintenue, pourtant, le réalisme de la situation nous atteint.

Est-ce que les dinosaures promis sont de la partie ? Oui. Est-ce que nous passons un agréable moment en leur compagnie ? Oui. Est-ce que The Dinosaur Project est une œuvre marquante ? Certainement pas. En sachant rester modeste du début à la fin, il impose certes le respect mais ne nous décolle jamais de notre siège, fan de dinosaure ou pas. Son format court empêche toute longueur et permet de le voir sans avoir à se bloquer une soirée entière. Un premier long-métrage plutôt réussi donc, où Sid Bennett a semble-t-il voulu se faire plaisir, en s’inspirant de deux œuvres majeures du cinéma, et en ne tentant pas de tout révolutionner. Suffisamment agréable pour être remarquable.