The Next BIG Thing

the-next-big-thing_jaquette[dropcaps style=’2′]Runaway avait réussi à jeter son pavé dans la mare. Même si l’engouement n’était pas forcément toujours justifié, cela a suffit pour que ce qui aurait pu être un simple one-shot parmi d’autres se décline en trilogie. Une belle opportunité pour les Ibériques de Pendulo qui se sont servis de ces trois volets comme une sorte de voyage initiatique afin de développer un certain savoir-faire. Mais il y a toujours un moment où l’apprentissage doit s’arrêter et rentrer dans la cour des grands. On les avait laissé sur l’ultime chapitre de Runaway qui constituaient une parfaite synthèse canalisée de leur talent après les deux précédents essais très imparfaits mais non dénués de qualités propres. On en arrive au moment où les Espagnols tournent la page afin de voler vers l’aboutissement. Celui de partir d’une idée et univers tout neufs, triturés et développés avec l’expérience d’élèves ayant bien digérés leurs différents apprentissages. Comme des adultes. Et tout cela se manifeste au travers de The Next BIG Thing.[/dropcaps]

Exit le monde tiré de notre présent. Place à du délicieux rétro directement inspiré du cinéma fantastique de série B. Exit Gina Timmings et Brian Bosco. Place à Liz Allaire et Dan Murray. On repart ici de zéro avec du sang tout neuf et tout frais. Car si Runaway n’était pas dépourvu de charme, on peut dire que trois épisodes ont amplement suffit à faire le tour de la question. D’autant plus vu la franche réussite de la révérence, il valait quand même bien mieux rester sur cette bonne note.

the-next-big-thing_screen-001On suit désormais les tribulation de deux journalistes : Dan Murray, ancien reporter sportif on ne peut plus égocentrique et macho fraîchement reconverti dans le mondain non sans mauvaise volonté et Liz Allaire, nouvelle tête du métier quelque peu excentrique et fantasque complètement dévouée à sa profession par grand renfort de zèle et d’arrivisme. Deux personnalités diamétralement opposées qui se frictionnent mais qui doivent néanmoins coopérer afin de livrer un papier sur la cérémonie de la remise des prix des meilleurs acteurs monstrueux. Une cérémonie des oscars version freak car dans The Next BIG Thing, humains, humanoïdes, mutants et autres monstruosités cohabitent ensemble. Et dans le cinéma d’horreur, les monstres sont donc incarnés par de vraies créatures. De quoi se frotter les mains pour l’industrie du Septième Art qui doit se faire moult économies en occultant ce fameux budget maquillage devenu bien obsolète avec de tels acteurs soit dit en passant. Alors que nos deux comparses se mettent au boulot, chacun à leur manière, non sans se crêper le chignon, ils se retrouvent témoin d’une bien étrange infraction d’une figure bien connue du cinéma dans le bureau de celui qui a permis aux monstres de s’illustrer dans le doux monde du septième art et de pourvoir à sa « race » une place sociale autrement plus reconnue et importante. Il n’en fallait pas plus pour notre zélée de service, avide de reconnaissance de sa plume et fibre journalistique, pour s’engouffrer tête la première dans cette affaire, telle une paparazzi prête à alimenter la presse à scandales d’un nouveau scoop. Un fait semblant assez anodin qui conduiront pourtant les deux compères à déjouer un gros complot politique d’une des figures monstrueuses les plus importantes et populaires du milieu.

Avec The Next BIG Thing, on n’y va pas par quatre chemins : l’excentricité est de mise. Dès les premières minutes, on sait qu’on se retrouvera face à un prétendant totalement barré et grotesque du point’n click. Là où les Runaway montrait un fond assez conventionnel où l’on greffait des événements barrés de ci et de là, ce nouvel effort de Pendulo ne donne pas dans la dentelle : la folie est de mise autant sur le fond que sur la forme. Coller du fantastique dans un univers y est pour beaucoup mais la galerie des personnages, plus bigarrés les uns que les autres finissent le travail pour donner une étrangeté bien charmante qui aura de quoi coller la banane aux lèvres toutes les cinq minutes, voire plus, derrière son écran. Même si les premières frasques peuvent laisser le joueur un peu sur le carreau tant les Espagnols se sont laissés aller en terme de grotesque et délires loufoques en tout genre, on finit vite par s’y jeter tête la première et à s’y attacher. Le comique est omniprésent, et de différente manière, qu’il soit via le profil comportemental des différents protagonistes – mention spéciale à Liz, visiblement bercée trop près du mur – du comique de situation et même de répétition au sein des dialogues notamment. Bien écrit et bien mis en scène, voilà un tableau qui fait mouche et donne cette petite saveur d’héritage à l’âge d’or de Lucas Arts moderne qu’on allouait un peu trop facilement – et à tort – au premier Runaway au moment de sa sortie.

Une modernité qui se retrouve par sa patte esthétique. Légèrement plus beau que le troisième Runaway, déjà fort joli, à de rares moments mal optimisé toutefois, The Next BIG Thing s’illustre au travers de tableaux colorés et cartoonesques charmants, fourmillant de détails en tout genre. Des décors travaillés à la main avec amour et passion encore une fois. Le gameplay est lui aussi revu au goût du jour. Là encore, le dernier Runaway a encore et sans surprise servi de modèle mais a cette fois-ci été développé de façon plus aboutie.

the-next-big-thing_screen-002On reste toujours sur une jouabilité toute simple complètement jouable à la souris et laissant tout de même la possibilité de recourir à quelques raccourcis clavier afin de s’adapter à tous les goûts. Le jeu laisse libre choix au joueur de la difficulté : de l’assistanat pur et simple à l’absence totale d’indices, en passant par une marche intermédiaire où l’on aiguille légèrement en mettant en surbrillance les parties interactives du décor sans rien ajouter de plus. Au final, chaque profil de joueur y trouve son compte, du débutant à l’aguerri, en passant par celui qui veut juste parcourir la bête sans se prendre la tête. Même si se prendre la tête est un bien grand mot tant le jeu ne revêtit pas forcément d’une nature complexe dans ses énigmes, parfois un brin déjantées mais jamais forcément tordues comme on a pu le voir/subir dans les années 90. La principale nouveauté qui fait son apparition est cet écran centralisant chaque objectif et les différentes étapes l’alimentant du chapitre et ce, construit de façon chronologique. Certes, Runaway 3 pouvait centraliser par moments un objectif en découpant les étapes à suivre afin de l’atteindre mais c’était quelque chose qui intervenait de façon plutôt ponctuelle. Ici, la vision d’ensemble est permanente et même si l’on ne veut pas forcément trop s’y appuyer, le jeu nous y ramène continuellement au fur-et-à-mesure de notre avancée puisqu’elle est directement incluse au sein-même de la narration. Les plus conservateurs verront peut-être cela d’un œil farouche tant cela semble brider le joueur dans son avancée et linéariser l’ensemble du jeu et pourtant, il faut reconnaître que cette manière de faire se révèle assez efficace. On trouve en ce procédé un plus grand confort de jeu, d’autant plus qu’il est amené intelligemment et non de façon gadget, afin de vraiment se concentrer sur l’histoire et s’imprégner complètement du background et de l’univers que The Next BIG Thing peut bien proposer.

C’est d’ailleurs à ce dernier niveau où l’on découvre la plus grosse faiblesse du titre. Si l’écriture est excellente, bien mis en boîte et en son – les bruitages et doublages s’avèrent aussi excellents mais Pendulo nous avait de toute manière toujours habitué à cela – la durée de vie bien trop courte tâche un peu l’ensemble. On comptera entre cinq et six heures de jeu pour en voir la fin. C’est peu, d’autant plus qu’elles sont remplies jusqu’à la moelle de moments forts, rebondissements et retournements de situation. On ne s’ennuie pas certes, mais l’ensemble donne une sensation de compression pouvant s’avérer assez gênante : les événements s’enchaînent tellement vite que l’on n’arrive pas toujours à s’en délecter à leur juste valeur. Un peu d’aération aurait permis de mieux s’imprégner de tout cela et s’attacher encore plus à cette aventure. Enthousiasmante en l’état mais qui aurait pu carrément devenir incontournable.

[section id= »conclusion » style= »border:1px solid white;padding:10px;overflow:auto;background-color:#00a0db;color:#FFFFFF; »]Pour être véritablement parfait, cela ne s’est joué qu’à un cheveu. Ce qui n’empêche pas The Next BIG Thing d’être un gros mastodonte. Pendulo a fait ici des merveilles en développant un bébé fort beau, des mécaniques modernes bien foutues et surtout autour d’une histoire et d’un univers délicieusement badasse et attachant. Une fois encore, le studio ibérique passe un cap. L’apprentissage est bel et bien terminé et c’est bien par le biais des aventures monstrueuses de Dan et Liz qu’il montre toute la maturité que lui a apporté le voyage initiatique Runaway. Et ce, même si le public ne s’en est pas rendu compte étant donné que le jeu n’a malheureusement pas connu le succès commercial qu’il méritait. Et pourtant, si de véritable héritier de l’âge d’or de Lucas Arts il fallait désignait, ce serait bien The Next BIG Thing qu’il faudrait citer en lieu et place des précédents travaux des Espagnols.[/section]

 

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  1. Margoth is back !
    J’ai eu ce jeu en achetant le Pendulo Pack où il y a les trois Runaway et The Next Big Thing. J’avais commencé le premier Runaway et ça m’a vite gonflé, déjà parce qu’à la base le point & click c’est pas trop mon truc, mais en plus je trouvais les énigmes trop tordues, pas très logiques. xD
    Je laisserai peut-être une chance à celui-là plus tard. 🙂

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