Sakura Taisen Atsuki Chishioni

Ah, les Sakura Taisen, en voilà une superbe série méconnue en Europe. Au Japon, chaque sortie d’un nouvel épisode est un événement, presque au même titre qu’un Final Fantasy voire qu’un Dragon Quest. Red a su mélanger divers genres complètement différents pour former un produit inimitable et fabuleux : Sakura Taisen. Profitons de cette réédition pour aborder en ces lignes l’une des toutes meilleures séries de Tactical-RPG.

Sakura Taisen Atsuki Chishioni est en effet le tout premier épisode de la série porté sur Playstation 2, déjà réédité sur Dreamcast. Graphismes améliorés, système de combat dernier cri, scènes inédites et introduction exclusive sont de la partie. Une version de luxe ? Peut-être bien…

L’histoire

Les Sakura Taisen ne brillent pas par leur scénario recherché mais bien par leur confort de jeu. Vous dirigez Oogami Ichiro, jeune officier de l’armée muté à la section Hanagumi, une section pas comme les autres : une troupe de jeunes filles qui ont pour charge de protéger la ville de Tokyo contre les menaces démoniaques. Pour cela, elles ont à leur disposition le dernier cri en matière de Kobus, des robots aussi puissants qu »ils sont kawai, mais d’époque : à vapeur, histoire de rappeler que les événements contés se déroulent dans les années 20. La petite troupe a pour couverture un thèâtre; parfait pour camoufler leurs activités d’agents. L’aventure est ponctuée de représentations qui n’auront comme pour seul et unique intérêt de vous divertir. Il va sans dire que la vitrine première de Sakura Taisen est symbolisée par sa gente féminine.

Les personnages

Sakura, jeune japonaise de base est l’équipière centrale. Elle représente à la fois l’héroïne du jeu et la jeune fille modèle par excellence, toujours prête à aider son prochain, maladroite, un peu timide mais qui sait être forte quand il le faut. le fantasme nippon. Ensuite, nous trouvons Sumire, une jeune femme au caractère bien trempé, difficile à appréhender, mais à la douceur cachée (la préférée de votre serviteur, bien évidemment…). Iris Chateaubriand est la petite du groupe d’origine française comme son nom l’indique si bien. l’envie de lui balancer quelques baffes vous tiraillera très certainement plus d’une fois. Elle représente l’enfant propre à toutes les équipes Hanagumi que vous croiserez dans la série. Maria, quant à elle, est d’origine russe et est, sans doute, la fille la plus difficile à séduire. Très introvertie et mystérieuse, Maria est cependant une fabuleuse meneuse qui cache un lourd secret. Kanna est un véritable garçon manqué, s’entraîne sans cesse dans la salle de musculation, ce qui explique sa force considérable en combat. Même si elle manque cruellement de féminité, elle saura vous faire rire par son accent particulier et son humour. Et pour finir, on trouve Kohran, ingénieur de génie qui perfectionnera vos kobus à un certain moment. Elle est experte en mécanique et n’a de cesse de tout faire exploser autour d’elle. Elle possède, elle aussi, un fort accent puisqu’elle est d’origine chinoise.

Que de caractères à analyser pour séduire chaque demoiselle. Mais ceci ne peut se faire qu’au travers de l’une des trois phases de jeu.

Un jeu en phase(s)

Les déplacements

Toutes les actions que vous pourrez effectuer durant la partie « aventure » se feront dans le théâtre des Hanagumi. Le théâtre comporte trois étages, chacun découpé en une dizaine de pièces (sauf le sous-sol, seulement cinq). Même si le terrain semble sur le papier très restreint, une fois plongé dans Sakura Taisen, il en devient tout autre. Pour vous déplacer, vous dirigerez le héros, Oogami Ichiro, en SD, sur une mini carte en 3D très sobre sur laquelle seront indiqués, à l’aide de symboles inscrits dans des bulles (habituelles aux manga), les événements possibles (pour la grande majorité facultatifs) et l’humeur des jeunes filles de votre équipe.

Les phases de dialogues

Dès que vous pénétrez dans une pièce, la vue bascule à la première personne et la progression se fait par écrans fixes. Transition déroutante mais finalement tout à fait adéquate et agréable. Si ces phases permettent de faire avancer l’histoire, elles autorisent aussi et surtout de converser avec les pensionnaires du théâtre, et même de les séduire. Lorsque vous discutez avec ces dernières, vous aurez une grande partie du temps le choix des réponses que vous leur donnerez. Généralement, sur les trois réponses possibles, il y en a une qui fera plaisir à votre interlocutrice, une ne lui fera ni chaud ni froid et la dernière ne lui plaira pas. Chaque fille a son propre caractère, à vous de bien le cerner. Avoir un ton plaisantin avec Maria fera naître des frictions entre vous, tandis que cette même attitude créera des atomes crochus avec Iris. Ainsi, vous aurez le choix de votre conquête, et de votre fin, puisque celle-ci changera en conséquence. Il est difficile de ne pas trouver son bonheur au sein des six membres de l’équipe.

Les membres de votre équipe aussi charmantes soient-elles font partie d’une division de l’armée. Sakura Taisen est tout de même un Tactical-RPG, il ne faudrait pas l’oublier.

Les phases de combat

Pas loin d’une quinzaine d’heures de jeu pour un peu moins d’une dizaine de combats. Dans le principe, ils sont fidèles à ceux du genre. Vous disposez de votre troupe de Kobus que vous déplacez à l’aide du stick mais, originalité de la série, vous ne possédez pas de zone limite ni de déplacement par case. Afin de bien comprendre le fonctionnement, je vous conseille de jeter un oeil aux photos qui ornent le texte. Vous disposez en bas de l’écran d’une jauge découpée en plusieurs cases. Leur nombre varie en fonction de l’humeur du protagoniste. 9 compartiments de jauge étant le maximum. Chaque action vous coûte un certain nombre de cases. Vous pouvez de cette manière effectuer de nombreuses actions au sein d’un même et seul tour. Exemple typique : au tour de Maria, avec qui vous vous entendez à merveille, sa jauge dispose de 9 cases ; vous effectuez cinq-six pas (3 cases), vous déclenchez sa furie sur un adversaire (1 case), vous attaquez et formez un enchaînement de trois coups sur un autre ennemi (3 cases) et vous vous placez en garde (2 cases), et tout cela dans le même tour. Un système excellent qui doit sa qualité à sa simplicité d’accès, son sens tactique et ses possibilités. Même si l’aspect tactique n’est pas aussi poussé que pour les ténors du Tactical-RPG… Le jeu est d’ailleurs dénué de tout menu de gestion et d’équipement. Vous n’aurez absolument rien à paramétrer : vos kobus sont prêts à l’emploi à chaque nouveau combat. Les fondus de gestion et de boostage de robots seront certainement déçus mais les programmeurs ont réellement voulu rendre accessible aux nouveaux joueurs, sans pour autant le rendre inintéressant pour les chevronnés du genre. Le challenge n’est donc guère très relevé mais il compense ses faiblesses par son confort.

Conclusion

Tout n’est toutefois pas rose dans Sakura Taisen Atsuki Chishioni puisque son niveau de difficulté reste tout de même très bas, et ce jusqu’au combat final. L’aventure est linéaire et il est impossible de rater un événement capital – Oogami s’y rendant forcément tout seul le moment venu. Ceci se révèle malgré tout pratique pour les non-japonisants. Car le second point qui pourrait rebuter est la barrière de la langue. Sakura Taisen V étant le seul à avoir franchi les frontières nippones, il ne faut pas trop espérer voir les autres débouler sans crier gare. Le japonais est donc indispensable pour profiter au maximum de Sakura Taisen. A défaut, vous y verrez un jeu rafraichissant mais un peu limité. Ce qui serait, vous en conviendrez, bien dommage.