Bilan de l’année 2017 [Margoth]

[dropcaps style=’2′]Retour aux traditions des bilans deux ans plus tard. J’avoue qu’à de multiples niveaux, je n’en mène pas large. Parce que ces deux années ont été complexes pour moi, à titre professionnel et personnel, ce qui explique la mise en jachère de mes activités culturelles, tant musicales que vidéo-ludiques. Et cela s’en ressent considérablement, je suis encore en pleine lutte pour m’y remettre sérieusement, gérer mon temps correctement afin de retrouver un semblant de régularité de publications. Si j’ai réussi, depuis la rentrée 2017, à retrouver un certain équilibre dans mes activités annexes de chroniqueuse musicale – quand bien même reste-t-il encore fragile – je dois bien admettre buter encore pour Archaic. Quand bien même la motivation et le plaisir sont là, des idées de contenu potentiel – et potentiellement intéressant – également. Juste que, techniquement, cela ne suit pas, la plume est rouillée, de même que mon regard en général sur le média. En même temps, les choses sont mal tombées vu que la mise sur pause du site s’est opéré pour tout le monde, sur la même période, chacun pour ses propres raisons aussi bien négatives que positives. En cela, un grand merci aux comparses Mizakido et Ryuzaki d’avoir maintenu le radeau un minimum à flot, histoire que ces colonnes ne tombent pas dans l’abandon pur et simple. Et peut-être que reprendre cette tradition annuelle rime avec bonne résolution de reprendre du service plus sérieusement, plus régulièrement, afin de retrouver un statut – aussi modeste était-il – équivalent aux périodes fastes où l’on arrivait à publier un ou deux articles par semaine en maintenant une qualité honorable, statut qui s’est tari en toute logique au fur-et-à-mesure du rythme de parution déclinant. Et, lecteur, n’y vois aucun reproche te concernant, cela rentre dans l’ordre des choses que ton intérêt se retrouve amoindri si un lieu se trouve moins régulièrement agrémenté de nouveau contenu, d’autant plus lorsque cela s’opère de manière si soudaine que cela ne l’a été dans ce cas précis.[/dropcaps]

C’est un processus que j’ai commencé à enclencher depuis la dernière rentrée : se reconstruire. En quatre mois, j’ai réussi à le faire sur le plan musical et je parviens d’ailleurs à bien maintenir ce cap. Ce qui est un peu plus complexe avec le jeu vidéo qui demande bien plus d’attention sur le temps que l’on y alloue. De même qu’en terme de plume où je suis encore dans une insatisfaction telle que j’ai l’impression de tout recommencer de zéro. Ceci explique pourquoi je n’en mène pas large, de la même manière que le fait d’admettre que je n’ai, au final, pas beaucoup joué durant ces deux ans fait que cela me chagrine d’en faire un bilan. Car au final, j’ai commencé des choses, les ai laissé en pause et ne me suis pas tant attardée sur beaucoup de cas dans leur entièreté. Et quand c’était le cas, c’était surtout sur des jeux de courte haleine, n’ayant pas eu la force de m’investir sur des titres longs tels les RPGs que j’affectionne pourtant tant. Ce qui ne rend la situation que plus complexe : par-delà de retrouver la fibre de rédactrice amatrice, c’est surtout la gameuse que je me dois de reconstruire.

Bien sûr, l’étincelle de la passion est toujours là, je ne fais pas que forcer une coquille vide. J’en veux pour preuve que, paradoxalement au fait de ne pas avoir passé beaucoup de temps manette en main, j’ai passé énormément de temps à suivre les frasques de certains vidéastes et/ou streamers afin de découvrir une pléiade de nouveaux jeux, nouveaux ou anciens, certains m’ayant titillé à maintes reprises en terme de curiosité, m’ayant fait penser spontanément qu’il fallait que je m’y attarde lorsque j’aurais retrouvé un esprit plus serein et propice à les jauger dans de bonnes conditions. Même si je n’ai pas lu le contenu en question, je pense qu’avoir vu passer le titre d’un article de Gamekult sur Twitter explique ce regain de curiosité intensifié. A savoir, une douce complainte d’un journaliste disant que le marché vidéo-ludique devenait tellement dense avec l’essor du jeu vidéo indépendant qu’il n’arrivait plus à suivre et que le site, avec son effectif de journalistes actuel, ne pouvait plus se permettre de tout traiter. Cela m’a beaucoup fait sourire car c’est une situation à laquelle j’ai toujours été confrontée dans le milieu musical et ce, même en se cantonnant sur un style en particulier : un nombre indécent de demandes de chroniques de la part des groupes et labels et tellement peu de temps et de paire d’oreilles sous la patte pour en honorer ne serait-ce qu’un dixième. Je comprends donc sans peine la frustration que cela engendre mais c’est justement la situation-même qui fait que les choses deviennent intéressantes à de multiples niveaux. Fouiner sur un média ne tient plus forcément de se tenir au courant des simples news de trailers de jeux attendus ou encore de potentielle date de sortie, c’est surtout chercher à faire de la découverte sur l’existence de tel ou tel jeu. Une scène exagérément prolifique incite à fouiner dans la masse avec la motivation de trouver des petites pépites inconnues, prendre plaisir de la satisfaction d’être tombé dessus puis les mettre en avant dans l’espoir qu’elles sortent de l’anonymat. Certes, cela fait longtemps que la scène indépendante est vaste mais on arrive aujourd’hui à un point qu’un jeu indépendant est un jeu à part entière, peut même se décliner plus facilement en version physique à un prix plutôt attractif si le succès est là, par rapport au statut tenant plus du « mini-jeu du pauvre » que beaucoup aimaient bien lui attribuer vu qu’ils ne juraient que par les gros titres. Bref, le passage à cette génération de console fait que les joueurs aujourd’hui accordent autant d’importance à un jeu indépendant qu’un blockbuster, si ce n’est plus d’ailleurs, parvenant parfois même à faire la part des choses en terme d’inégalités budgétaires des différents titres. En toute honnêteté, je trouve d’ailleurs cet état de fait nettement plus édifiant et excitant que la situation qui était en place durant la génération PS360 où seuls les Triple A régnaient en maître, tant sur les ventes que dans la bouche des joueurs et la place que leur allouaient les médias professionnels et amateurs.

Même si c’est une évolution logique par rapport à mon goût prononcé pour les jeux d’aventure/point’n click, j’avoue que je me suis pas mal focalisée sur les jeux d’ordre narratif durant ces deux ans. Je me souviens d’un essai assez infructueux de simulateur de marche avec le The Path de Tale Of Tales, où j’avais à l’époque le plus grand mal à trouver ma place. Le genre a, depuis, fort évolué et la sauce prend aujourd’hui bien mieux. C’est ainsi que j’ai été touchée par un Everybody’s Gone To The Rapture. Même si je doute de son potentiel de rejouabilité à cause de son rythme très lent et contemplatif, cette ville ainsi que son histoire, entremêlant fantastique sur le sort de ce village bucolique et banalités de la vie quotidienne liée à l’histoire des PNJ mis en avant m’ont toutefois fascinée et touchée. Dans une autre approche, j’avoue avoir également été sciée par Her Story et son concept assez particulier : partir d’une vidéo d’interrogatoire partiel et devoir rechercher à l’aide de mots-clés via une interface de PC virtuel le reste des documents vidéos qui y sont stockés afin de comprendre les tenants et aboutissants de cette affaire. Un bon moment de réflexion pour le côté jeu de piste afin d’isoler tel ou tel terme qui nous semble important et surtout, une remise au goût du jour du stop-motion, loin d’être utilisé de manière ridicule et ringarde comme ça a pu être le cas dans le passé. Le jeu de la seule actrice à contribution est fort convaincant, apportant énormément de crédit au propos de ce jeu pas si modeste qu’il semble être au premier abord. Dans le même ordre d’idée, j’ai été agréablement surprise également par Tales From The Borderlands, mon tout premier Telltale post-The Walking Dead. Loin d’être une œuvre pour autant, il s’agit d’un excellent divertissement accessible à tous, du féru de l’univers de Borderlands qui y verra moult clins d’œil fan-service que le profane qui découvrira un univers post-apocalyptique plein de charme et de dérision en plus d’être bien écrit. Même si l’on y perçoit sans mal les limites de l’importance des choix, tenant plus de la poudre aux yeux dans beaucoup de cas. En cela, Life Is Strange des Français de DONTNOD s’est mieux débrouillé. Ce titre a même été mon plus gros coup de cœur. Deux runs avec des choix différents menant sur des différences vraiment notables, il faut admettre que c’est plutôt bien fichu. Mais c’est surtout sur l’émotion transmise que j’ai été scotchée à mon canapé, sentant même des remontées lacrymales aussi récalcitrantes que retenues. Je ne m’étendrai pas plus sur le sujet, vu qu’une critique devrait prochainement pointer le bout de son nez. Et pour terminer dans le crescendo budgétaire, Until Dawn m’a également agréablement surprise, quand bien même il n’arrive pas à la cheville du référentiel Heavy Rain. Moins concon qu’il ne paraissait être sur le papier et dans ses premières heures de jeu, le titre de Supermassive Games réussit à se montrer haletant et à réussir son pari en instaurant une certaine tension horrifique, tout en montrant une technique impressionnante malgré quelques fautes, certainement plus liés au jeu d’acteur qu’à ses développeurs, ainsi que quelques scènes vraiment folles et marquantes.

Pour ce qui est du reste, comme je le disais précédemment, cela tient surtout à des jeux mis en pause après quelques heures, n’ayant pas eu la force de m’investir plus dans ces titres de longue haleine. Malgré tout, je commence un peu à y retrouver goût, ayant réussi à mettre un point final à Fable II que j’avais commencé il y a deux ans et que j’avais longuement mis en pause. Un titre sur lequel je me suis amusée même si certains aspects ont plutôt mal vieillis et m’auront un brin agacée (ah, ces collisions…). Bien qu’il ne m’a pas fait changer d’avis sur ma nette préférence pour le troisième volet pourtant souvent décrié où je me sens plus en phase. Ma partie sur Final Fantasy HD Remaster, avec comme objectif d’obtenir le sésame de platine qui sert en réalité de carotte afin que je découvre tout l’annexe sur lequel je ne m’étais jamais attardée avec l’époque sur Playstation 2, avance lentement mais sûrement, non sans moments diaboliques – faire griller du chocobo mariné aux chiures de mouette n’aura jamais été aussi tentant, comprendra qui pourra. Sans compter que de ces jeux touchés du doigt, nul doute que j’y reviendrai, durant cette année je l’espère, car ces quelques heures d’essai m’ont donné bonne impression. Même s’il est beaucoup critiqué, l’aspect road trip de Final Fantasy XV me parle énormément, en pratiquant moi-même dans la vie parfois, même si ma Twingo est loin de rivaliser avec le bolide royal du père de Noctis. Pour en rester avec la série des Final Fantasy, le remaster de Final Fantasy XII semble parvenir à quelque chose qui me semblait impossible : j’aborde plus positivement le soft aujourd’hui – les petites subtilités sur le système de jeu apporté par la version Zodiaque y étant peut-être pour quelque chose – ayant même réussi à dépasser le moment où j’avais toujours abandonné à l’époque, sans m’être spécialement forcée, preuve que le jeu originel était peut-être un peu trop en avance sur son temps. World Of Final Fantasy, renouant avec un système à l’ancienne avec une dimension Pokémon très prononcée, m’a aussi surprise positivement alors que je l’avais acheté sur un coup de tête sans trop spécialement avoir eu d’attente particulière. Pas du grand Final Fantasy certes, mais divertissant et doté d’un gameplay plus profond qu’il n’y paraît. En parlant de Pokémon, je suis également parvenue à mettre en place un défi follement nostalgique : reprendre cette bonne vieille version bleue Game Boy originelle et partir en quête des 151 créatures, à l’ancienne, à grand renfort de comparses s’adonnant en parallèle sur sa version antagoniste et câble Link. Back to basics donc. Le prologue de Bravely Default m’a également convaincue de la véracité de sa bonne réputation et le fait d’avoir acquis le second volet pour une bouchée de pain lors des dernières soldes me motive d’autant plus à m’y attarder. Mais celui qui m’inspire le plus est sans conteste Persona 5, nouvellement acquis sous le sapin, dont la direction artistique m’a toujours titillé. Et surtout cette OST de l’amour que j’ai reçu il y a pas quelques jours dans ma boîte aux lettres directement envoyée du Japon. A un prix scabreux pour un support CD soit dit-en passant, c’est dire si cela a été un coup de foudre sonore.

Ce qui laisse tout un tas de possibilités pour l’année à venir, d’autant plus que de jeux en stock dans mes placards, de styles et plate-formes diverses, cela ne manque pas dans mes placards qui ont largement de quoi occuper une retraite honorable. D’autant plus qu’un Ni No Kuni II et un Detroit pointent cette année le bout de leur nez et représentent mes deux seules véritables attentes. Même si je guette d’un espoir qui tient plus du fantasme une éventuelle sortie hors du Japon un certain Taiko No Tatsujin, ma petite lubie folle du moment, qui le rendrait moins onéreux afin d’embêter mon voisinage en toute cordialité à grands coups de tambour. Et que je regarde toujours du coin de l’œil ce qu’il se passe du côté de Nintendo avec sa fameuse Switch qui a su faire tourner les têtes dès sa sortie. Succès mérité d’ailleurs, cette nouvelle machine hybride s’avère bourrée de potentiel et représente à mon sens ce qu’aurait peut-être dû être la Wii U, une machine que je défends d’ailleurs toujours tant elle méritait mieux sur le papier que ce vilain sabordage de console maudite quasi-morte-née. Peut-être que 2018 m’en apportera une, Super Mario Odyssey et Xenoblade Chronicles 2 représentant des arguments de poids dans la balance de l’investissement éventuel, même si j’apprécierais de voir son catalogue d’exclusivités, notamment des éditeurs tiers, s’étoffer davantage avant de casser le compte en banque. Mais dans tous les cas, que ces attentes soient comblées ou non, cela importe au final assez peu : faire de 2018 une année avec du jeu, après deux ans de mise en hiatus, voilà certainement ce qui compte le plus.