King Kong

Superproduction hollywoodienne, King Kong a su conquérir un énorme public à sa sortie dans les salles obscures. Peter Jackson est un passionné de l’histoire du singe géant et il a su lui rendre un bel hommage à travers son film. Cependant, il a accepté que cet hommage se fasse également à travers le divertissement le plus proche du cinéma : le jeu vidéo. La tâche de transposer l’univers de King Kong en jeu a été confiée à Michel Ancel, le papa de Rayman. Homme d’expérience et rigoureux dans son travail (comme l’a démontré Rayman contre les Lapins Crétins…), il a su mettre tout son talent au profit de cette adaptation.

Alors que l’on aurait pu s’attendre à revivre les plus grands moments du film, King Kong, le jeu, nous surprend en proposant une trame bien différente. Les grandes lignes restent les mêmes bien évidemment mais les événements ne se déroulent pas de la même façon et le bestiaire diffère. Une grande liberté a finalement été donnée à l’équipe pour réussir le jeu et il faut reconnaître qu’une légère déception survient quand on prend conscience de cela. Certaines scènes du film sont tout bonnement absentes (prenons l’exemple de la crevasse remplie d’insectes et de vers). Les fans peuvent donc être étonnés mais finalement, on passe très vite outre cette désillusion pour essayer de profiter de la moelle du titre. Celle-ci a d’ailleurs été rudement travaillée et tout l’intérêt du soft repose sur l’ambiance. Mais pour réellement la comprendre, nous devons nous plancher sur les deux types de phases de jeu : Jack et Kong.

L’humain est faible

La majorité du jeu se fera à travers les yeux de Jack. Le gameplay se veut alors très « simple » et épuré. La vue à la première personne permet une plus grande immersion que l’aurait permis celle à la troisième. La peur d’avancer sera aussi bien plus présente. Car il s’agit bien là de l’élément le plus étonnant de King Kong : la peur. Grâce aux superbes graphismes, la jungle est criante de vérité. Se déplacer à travers de hautes herbes ou dans des marécages n’a jamais été aussi criant de vérité. Les effets de lumière, souvent accompagnés d’une brume de circonstance, rendent l’atmosphère mystérieuse. A cela, nous pouvons ajouter l’ambiance sonore, très pesante. Les musiques sont reprises du film et sauront vous mettre en situation quand le moment sera venu. Toutefois, le stress occasionné par la progression intervient sans cesse, même quand la musique se fait discrète puisque que c’est à ce moment là que l’importance des bruitages prend tout son sens : vous êtes dans la jungle. Les ennemis peuvent donc arriver de n’importe où et autant vous le dire tout de suite, le passe-temps favori des scolopendres sera de vous surprendre. Pouvant débarquer de n’importe quel trou mural, ils sont particulièrement rapides et peuvent se déplacer sur toutes les surfaces. Vous avez la phobie des insectes ? N’achetez pas ce jeu. Il faut malheureusement déplorer un certain manque de variété dans les rencontres car à peine plus de dix animaux différents planteront leurs crocs dans vos fesses. L’overdose d’insectes géants et de dinosaures carnivores n’est pas loin. Heureusement, les niveaux sont suffisamment courts pour permettre au joueur de s’arrêter quand il le désire et de revenir plus tard, le tout de manière simple et agréable.

Pour faire face, vous trouverez un peu partout dans les décors des os ou des lances laissées par les indigènes. Ces armes de fortune vous serviront aussi à transporter du feu et à casser quelques portes gênantes. Leur puissance s’avérera vite limitée face aux raptors ou venatosaurus ; mais heureusement pour vous, l’hydravion qui survole l’île à votre recherche lâche des cargaisons d’armes et de munitions aux quatre coins de la jungle et toujours là où il faut. A croire que le pilote anticipe tous vos besoins de puissance de feu… Fusils, pistolets et autres mitraillettes seront donc au rendez-vous, avec généralement peu de chargeurs. Le terme « survivre » peut être employé dans plusieurs passages particulièrement costauds mais ils sont (mal)heureusement assez rares.

Les passages avec Jack n’ont donc rien à envier à ceux des FPS classiques et la peur d’avancer se fera sentir plus d’une fois. La surprise est un élément avec lequel il faudra faire. Une ambiance du tonnerre et le sentiment d’impuissance sont omniprésents grâce, notamment, aux armes rustiques et à la dimension gigantesque des lieux.

Kong, la huitième merveille du monde ?

Le véritable héros de l’histoire sera bien évidemment jouable. Vous vous doutez bien que le gameplay est complètement différent. Dans les niveaux donnant la main au grand singe, nous faisons face à un jeu d’action et de démolition. Si un jour Midway désire faire passer sa série Rampage à la 3D, ils savent de quel jeu s’inspirer : King Kong. Le singe géant saute partout, se déplace extrêmement rapidement à travers la jungle et malgré cela, la maniabilité reste au poil. Un bouton pour frapper, un pour saisir, un pour se déplacer (saisir des lianes, monter, sauter, …) et c’est tout ! La caméra se place toujours idéalement pour mettre en avant l’action. Le côté cinématographique des scènes avec Kong est évident. Les développeurs ont visiblement énormément bossé l’aspect spectaculaire, afin de donner l’impression de participer à un film. C’est impressionnant et on a tout le temps de voir les superbes décors et plans étant donné le côté répétitif de l’action. La seule chose à faire avec Kong est de tuer tous les ennemis qui pourraient entraver votre progression. Très vite, protéger Ann sera également un objectif à prendre en compte mais vos parties de catch avec des T-Rex vous occuperont suffisamment.

Il est assez difficile de perdre dans ces phases tellement elles sont simples. L’avancée se fait de manière parfaitement linéaire, comme avec Jack. Il est impossible de se perdre et forcément, la durée de vie du jeu en prend un coup. Les 40 chapitres du jeu se finissent assez vite en règle générale : ils durent de 20 secondes à parfois 20 minutes. Comme je vous le disais plus haut, ce système permet de s’arrêter très facilement. Les checkpoints sont également toujours très bien placés, ce qui facilite le jeu et évite tout énervement. Car mis à part la peur d’avancer, le jeu ne présente aucune difficulté.
Les mécontents de la fin du jeu pourront recommencer tous les niveaux afin d’augmenter leur score et débloquer une issue alternative à tout ce conflit. C’est un atout supplémentaire pour l’endurance du titre mais aurez-vous le courage de refaire le soft ?

Et le Kong sonna

King Kong fait partie des meilleures adaptations de film depuis des années. Rares sont celles pouvant se vanter d’un tel souci du détail et d’une telle atmosphère. Michel Ancel a veillé au grain et c’est tant mieux. Nous nous retrouvons face à un excellent FPS ponctué de phases plus bourrines (si, si, c’est possible…) finalement très plaisantes. Ubisoft a donc réussi son pari et nous aimerions bien que davantage de développeurs en fassent de même…