L’inconvénient quand on veut donner son avis sur un remake, c’est qu’on ne sait jamais si on se cantonne à la plus-value de la nouvelle version ou critiquer simultanément l’oeuvre originale dans sa globalité. Un foutu casse-tête à vous empêcher de dormir la nuit et qui explique en partie ma longueur quelque peu abusive pour publier ce billet. Finalement, étant donné que la plupart d’entre vous connaissent au moins de loin The Wind Waker, j’ai décidé de m’attarder principalement sur les modifications apportées par cette refonte. Ce qui évitera à cet article de se perdre dans des égarements de dizaines de pages dans lesquelles j’aurais vanté toutes les qualités de ce merveilleux jeu. Croyez-moi, vous n’avez pas envie de me voir dans une crise de fanboyïte aiguë, aussi émouvant cela puisse être…
Eiji > Shigeru.
Alors oui, The Wind Waker est fabuleux, merveilleux voire arachnéen comme pourrait le dire Arielle Domsbale mais là n’est pas le sujet. Plutôt qu’une éloge sans fin, je vais me contenter de resituer ce Zelda dans son contexte de développement car vous vous êtes sans doute déjà demandé (et si ce n’est pas le cas, vous le saurez quand même) pourquoi cet épisode était artistiquement si différent des autres. Le professeur Rollin a toujours quelque chose à dire*, alors pourquoi pas moi.
Ce qu’il est surtout important de retenir, c’est que quand bien même Shigeru Myamoto est à l’origine de la série des Legend of Zelda, cela fait bien longtemps que ce n’est plus lui qui est aux commandes. Le dernier Zelda en date sur console de salon pensé par Myamoto est Ocarina of Time, ce qui nous ramène mine de rien à 15 ans de cela. Et encore, Ocarina of Time était à l’origine pensé par Eiji Aonuma avant que Myamoto ne reprenne les manettes, ce qui explique les similitudes en terme de gameplay et d’interface entre celui-ci et son successeur : Majora’s Mask. Mais ce qui caractérise les Zelda sortis de l’imaginaire de M.Myamoto, c’est leur classicisme quelque peu old school. A l’inverse, et comme peuvent en témoigner tous ceux qui se sont essayé à Majora’s Mask, Eiji Aonuma préfère innover quitte à déplaire et par conséquent à faire des Legend of Zelda une série sans cesse renouvelée, très différente d’un épisode à l’autre. De mon côté, bien que je sois totalement fan des opus ancrés dans ce classicisme, Ocarina of Time en tête, j’ai une préférence pour les créations de Eiji Aonuma, qui bénéficient généralement d’une patte réellement unique tel que l’on peut le constater pour The Wind Waker qui restera pour longtemps un de mes énormes coups de cœur. Certains qualifient le cel-shading utilisé ici de cache-misère; personnellement c’est un style graphique que j’apprécie beaucoup et qui lui donne, combiné à sa direction artistique exceptionnelle, un charme inouï et une certaine intemporalité.
C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes.
Le principal intérêt de ce remake qui peut pousser quelqu’un qui a déjà fait le jeu d’origine à dépenser ses deniers, c’est sans aucun doute le lifting HD. Et là, il n’y a quasiment rien à en redire. Bien que la version Gamecube reste encore appréciable de nos jours, elle ne tient pas la comparaison face son nouvel homologue… Plus qu’un simple rehaussement de la résolution comme il est courant d’en voir sur toutes les compilations HD, le jeu a été entièrement refondu. Certains disent que Nintendo s’est contenté d’appliquer un filtre sur les textures et de mettre du blur un peu partout, c’est peut-être le cas mais le résultat fait tout de même son effet. Que ce soit sur votre téléviser ou sur le Gamepad (car oui, il est possible de jouer uniquement sur celui-ci), The Wind Waker HD est un régal pour les mirettes.
Clairement, l’univers océanique du titre gagne en ampleur, ce qui n’est pas pour réduire notre envie de parcourir les mers des heures durant. Pouvoir profiter de cet excellent Zelda en 1080p sur sa bonne grosse dalle, ça n’a pas de prix. Dommage que le framerate ne suive guère,oscillant sans cesse entre les 30 et les 60 FPS, pour chuter radicalement à 3 FPS dès qu’il y a une ou deux pauvres explosions de choux péteurs à l’écran (et j’exagère à peine). Pour un jeu basé sur une technologie vieille de 10 ans, c’est assez curieux et fort regrettable.
Une ergonomie enfin irréprochable.
On reproche souvent au Gamepad de la Wii U de servir de gadget dispensable qui a pour seul but d’afficher cartes et inventaires. C’est exactement ce à quoi il sert pour The Wind Waker HDmais ici, il permet au gameplay d’être enfin fluide et lui évite son ancienne lourdeur obligeant le joueur à faire pause toutes les deux minutes afin de réaffecter ses objets. Désormais, libre à nous de sélectionner tous les items ou de consulter la ou les cartes instantanément, par simple glissement de doigts. Et croyez-moi, ça change la vie. Bien que le tactile soit vraiment trop peu sensible à mon goût, car résistif (une technologie apparue quasiment en même temps que le télécran), il fonctionne assez bien et il reste assez rare de se planter dans les manipulations. Une fois que l’habitude d’y aller franco sur l’écran a été prise, ce tactile réticent cesse d’être un problème.
Voilà pour ce qui est des améliorations côté technique. Mais Nintendo ne s’est pas arrêté en si bon chemin et nous a gratifié de quelques ajouts et remaniements au niveau du contenu.
Comme une bouteille jetée en mer.
Autant être clair tout de suite : non, aucun donjon n’a été ajouté. Oui, je sais, moi non plus je n’aurais pas craché dessus, mais nous n’avons droit qu’à ce que l’on nous donne. A la place,une nouvelle fonctionnalité faisant la part belle au social a fait son apparition. Surfant sur le thème marin, Nintendo a eu l’idée de maquiller les messages postés sur le Miiverse enbouteilles jetées à la mer. Pour faire simple, si l’envie vous prend de poster un message accompagné ou non d’une photo prise grâce à l’appareil contenu dans le jeu; l’envoi sera fait via la bouteille de Tingle que Link s’empressera d’envoyer valser au rythme des flots.
Par conséquent, vous trouverez lors de vous pérégrinations en mer d’autres bouteilles envoyées par d’autres joueurs. Seulement amusante au premier abord, cette fonctionnalité révèle toute son utilité une fois que l’on se lance dans la quête des figurines Tendo, qui consiste à prendre en photo chaque PNJ, chaque ennemi et chaque boss du jeu afin d’en fabriquer des figurines à collectionner. Une quête fortement addictive qui vous prendra quasiment autant de temps que de compléter l’histoire principale du jeu. Toujours afin de faciliter l’expression de votre collectionnite aigue, l’appareil photo s’obtient beaucoup plus facilement (exit aussi la quête secondaire de la luciole permettant de prendre des photos en couleur) et peut désormais contenir une douzaine de clichés (contre 4 à l’époque…). Link peut également, grâce à l’appareil, faire des selfies grimaçants auxquels il ne manque plus qu’une option de publication Instagram.
Côté ajouts, c’est a peu près tout. J’en espérais un peu plus et je suis loin d’être le seul. On pourra également noter un raccourcissement de la quête des fragments de Triforce,horriblement longue et répétitive à l’origine…
Au final, est-ce que je vous conseille d’acheter ce remake d’une perle de la Gamecube les yeux fermés ? Clairement, non. A vous de peser le pour et le contre. La principale motivation d’un achat tel que celui-ci est à n’en pas douter la nostalgie, tant les modifications apportées ne justifient pas, à mon avis, un prix équivalent à celui de n’importe quel jeu AAA. Par contre, si vous n’avez jamais posé vos mimines sur le jeu original, je ne peux que vous inciter à foncer dessus. Même si on pouvait espérer un contenu bien plus conséquent, cette nouvelle mouture enfonce totalement la version Gamecube.