[dropcaps style=’2′]En 1993 sortait un « petit » jeu SNES qui allait révolutionner son petit monde avec un savant mélange de course et de « pougnage de tronche » prenant tout son sens en multijoueurs. Une véritable bombe de fun et d’amusement. Son nom : Super Mario Kart. C’est que Nintendo a eu le nez fin en sortant Mario et ses potes de leur concept de base pour faire un spin-off tout ce qu’il y a de plus rafraîchissant où l’on retrouvait karts, bananes, carapaces, champignons et autres joyeusetés. Une valeur sûre dont le géant japonais ne s’est pas gêné à réutiliser pour chacune de ses consoles. « Même pas peur », voilà la devise implicite de Nintendo qui ne se fait aucun souci à toujours nous ressortir ses vieilles armes sans aucune crainte de taper sur le système d’un public qui pourrait (éventuellement) en avoir marre depuis toutes ces années. La Gamecube n’a bien sûr pas dérogé à la règle puisqu’elle a aussi eu le droit à son Mario Kart portant le nom de Double Dash !!. Notez tout de même de l’effort d’imagination déployé cette fois. C’est vrai quoi, il aurait été si facile de l’appeler Mario Kart Gamecube ! Signe d’un opus porteur de changements ?[/dropcaps]
On prend les mêmes et on recommence !
Tss, qu’allez-vous croire bandes d’ignares ? Nintendo reste Nintendo quoi ! C’est ainsi que dix ans après la sortie du premier opus, on se retrouve, au-delà des évolutions technologiques amenées par le support, avec le même univers inspiré de divers décors de jeux Nintendo (ouais, un truc inspiré de Gears Of War, ça aurait fait un peu bizarre… et puis, il était même pas encore sorti à ce moment-là de toute manière) tels la jungle de Donkey Kong ou diverses choses emblématiques de Mario. Toujours également ces mêmes couleurs chatoyantes faisant passer les jeux made in Nintendo pour de vulgaires jeux pour gosses de quatre ans. Les grands qui pensent que la maturité passe par des décors ternes, sombres, sanglants ou post-apocalyptiques peuvent passer leur chemin : une telle exposition de couleurs éclatantes devant leurs yeux leur fera ressentir une vive éruption sanglante dans les pupilles. Un choc visuel qui les rendra aveugle, tel un vampire qui se baladerait dans le Sahara à midi.
Si pour les graphismes, la technologie apporte la profondeur de la 3D en lieu et place de la platitude propre à la 2D d’antan, une sorte de poudre aux yeux pour mieux camoufler le côté récup’, on ne pourra pas dire la même chose d’autres aspects. Les musiques, même un peu modernisées, restent toujours les mêmes ainsi que les bruitages, strictement identiques à la version SNES (et les autres). C’est peut-être furieusement mignon et emprunt de nostalgie mais force est de constater qu’à moins d’être un fan inconditionnel de Mario ou Nintendo (ou les deux), les oreilles finissent par tirer la sonnette d’alarme au bout de cinq minutes tant c’est gonflant et ça manque de variété. De l’ancêtre Super Nintendo, on en retire également la même histoire, c’est-à-dire aucune. Ce qui est fichtrement dommage, le monde vidéo-ludique ayant évolué depuis 1993. Apporter ce genre d’apparat pour amener une petite motivation pour le jeu solo, surtout pour ce style de jeu, aurait été pourtant le bienvenue. C’est que Mario Kart reste peut-être une référence dans son genre et ce n’est pas faute de ne pas avoir été copié. Il n’a même jamais été égalé, il faut l’admettre, mais on ne peut cacher que certaines pistes apportées par d’autres softs concurrents, ceux de Naughty Dog avec Crash Team Racing sur Psone et Jak X sur PS2 en l’occurrence, avaient de l’intérêt. Amener un fil conducteur entre les courses résulte sur une bonne dose de motivation pour s’adonner au solo et ainsi débloquer les divers éléments cachés de manière moins poussive et contrainte et ce, même si l’histoire se veut convenue et bidon. Comme ce n’est pas le plus important, on accorde plus de clémence et même si au final, cela n’apporte pas énormément, le seul fait que notre quête en solitaire ait une utilité dans un certain sens suffit pour convaincre. Une piste que Nintendo devrait réfléchir car on ne peut cacher que ça fait défaut à moult de ses titres.
Petit moment en tandem
Toutefois, il serait bien malvenu d’aller dire que cet épisode Gamecube n’apporte rien. Comme si Nintendo se rendait enfin compte qu’il devait faire comme un Mario « conventionnel » et chercher à faire évoluer sa recette, Double Dash !! amène le principe de ne plus être tout seul sur son kart mais bel et bien à deux. Un peu comme les jeux de baston de cette génération de consoles où l’on se retrouvait à faire équipe avec deux personnages switchables à tout moment. Mais il n’est nullement question d’être au bord d’un lac à se faire des courses de pédalo, chacun ne se tient pas sa pédale respective. L’un les tient bien toutes les deux (ainsi que le volant, cela va de soi), l’autre, à l’arrière, s’occupe de mettre des bâtons dans les roues des concurrents. Et bien évidemment, ce n’est pas un personnage que l’on contrôle mais bien les deux (sous certaines conditions multijoueurs mises à part mais on y reviendra par la suite). Ce qui varie subtilement le propos dans le gameplay par rapport aux opus précédents.
Pour ce qui est du pilotage, il n’a pas fondamentalement changé. Toujours aussi simple à prendre en main mais d’un autre côté, toujours aussi pointilleux. C’est que faire un départ tonitruant ou un dérapage si parfait de maîtrise demande toujours autant de timing et de dextérité dans nos réactions. Même si la catégorie la plus basse est d’une facilité à pleurer, la suite s’avère bien plus délicate et les adversaires (l’IA mais nul doute que vos potes ne jouent pas forcément dans la cour de la galanterie) deviennent progressivement sans foi ni loi. Pas de pitié, l’objectif, c’est la victoire et rien d’autre ! Tous les moyens sont bons pour l’emporter ! Malheureusement, toutes ces bonnes choses se voient contrebalancées par l’absence du saut, pourtant présent par le passé, qui pouvait s’avérer extrêmement pratique dans certaines situations. Sans compter que cela apportait plus de profondeur au pilotage qui n’est pas si simpliste que les apparences ne laissent à penser (non, ce n’est pas pour les gosses !).
Comme chacun le sait, gagner une course à Mario Kart ne se cantonne pas à vos talents d’as du volant. Le but est également de s’en mettre plein les dents dans la joie et la bonne humeur. Et c’est là que le fait d’avoir deux personnages est extrêmement important. Chacun des seize (plus quatre cachés) personnages a une capacité propre. A nous de la prendre en compte et de savoir l’utiliser à bonne escient. Un Donkey Kong sera plus apte à balancer des grosses « bananes surprises » tout comme un Bowser s’octroiera des carapaces dopées aux hormones de croissance par exemple. Mais, selon les personnages, les compétences ne se limitent pas qu’au domaine offensif. Peach, de toute sa délicatesse royale, est capable de se protéger à l’aide d’un bouclier de cœurs (à se demander comment elle a pu se faire autant kidnapper avec un tel talent cette pouffiasse). Bien sûr, chaque personnage peut stocker un piège dans sa besace, même celui qui conduit, et il est possible d’échanger les rôles des deux compères à tout moment d’une simple pression de bouton. Évidemment, libre à vous d’explorer toute cette dimension du gameplay ou non. Il serait tout de même bien dommage de passer à côté tant cela apporte un soupçon stratégique rafraîchissant aux courses. Notez néanmoins que les personnages n’ont pas réellement d’incidence directe sur le pilotage.
Des karts ? Oui, mais pas que…
Les performances liées au style de conduite sont en effet liées au véhicule choisi. Chaque machine dispose de statistiques propres et la vitesse, le poids ou l’accélération ne proviennent pas du personnage choisi pour piloter mais bel et bien du véhicule. Il n’empêche que le choix des personnages a une incidence indirecte puisqu’un véhicule n’est pas adapté à tous. Il n’y a pas que des karts à piloter, on retrouve d’autres étrangetés comme des modèles landau. Et vous vous doutez bien qu’un gros gabarit comme Bowser ne serait pas adapté à un tel modèle. Chaque personnage possède donc sa corpulence qui fera que tous les véhicules ne sera pas forcément à sa disposition. Trouver sa paire ne s’avérera pas aussi facile qu’on se l’imagine puisqu’il ne faudra pas hésiter à faire des compromis sur nos affinités avec tel ou tel personnage afin de se retrouver avec le style de conduite qui nous sied le mieux. Ou l’inverse bien entendu.
De même qu’il serait dommage si l’on privilégie la vitesse de sacrifier cette dernière. Mario Kart Double Dash !! marque une avancée dans la série dans le sens où on a enfin l’impression d’avancer. Fini le temps où l’on pensait être dans la voiture sans permis de mamie ! Même si ce n’est pas spécialement flagrant en 50 cc, c’est une autre histoire en 150 cc. Enfin bon, pas si vite non plus, retirez les noms de F-Zero ou Wipeout qui viendraient éventuellement squatter votre esprit en lisant cela. Ce sont des karts, pas des engins futuristes non plus hein…
Si t’as pas d’amis, prends un curly…
… Et fais toi en des amis avec ton paquet rouge ! C’est que comme tout Mario Kart qui se respecte, son existence prend tout son sens en multijoueurs. Et il ne faut pas compter sur Nintendo, surtout à l’époque de la Gamecube, pour s’adonner corps et âme au online (c’est qu’il est toujours un peu frileux par rapport à ça). Si on se fait toujours une ou deux courses avec plaisir tout seul, c’est vraiment la convivialité d’une réunion entre potes qui apporte tout le fun et l’addiction qu’un Mario Kart est capable de procurer. Tout seul, on remballera vite la marchandise il faut l’avouer (et ça n’a pas grand intérêt non plus). Sur ce coup-là, Nintendo ne démérite pas, c’est toujours aussi fun et ça peut l’être tellement qu’on peut, excusez du peu, jouer jusqu’à seize en LAN. Enfin bon, allez trouver huit Gamecubes et huit télés, ce n’est pas toujours très simple. Qu’importe, la recette prend de toute façon à deux, trois ou quatre aussi. De plus, sur le plan technique, quelque soit la configuration, tout reste toujours fluide même si la sensation de vitesse se retrouve réduite à plusieurs. On sent tout de suite la marque de qualité du géant japonais.
Malgré tout, si vous en venez à vous lasser des sempiternelles courses, rien ne vous empêche de marquer une petite pause bienvenue en vous attaquant au mode Battle. Entre le mode Ballons déjà vu et les inédits Voleur de Soleil et Bataille de Bob-Omb, il y a de quoi se changer les idées. Et il y en a bien un quatrième à débloquer en plus d’arènes supplémentaires. De courts petits matchs bourrés d’intensité à base de balançage de bombes en règle, de luttes pour faire perdre des ballons ou à une sorte de capture de drapeaux où ce dernier n’est autre qu’un soleil (à vous de relier les noms et descriptions entre eux). Pas original pour deux sous peut-être mais en-cas diablement savoureux entre deux courses.
Pour finir, on peut évoquer la possibilité de jouer en siamois. Une bonne idée puisque cela permet de jouer en équipe avec un autre pote. L’un sera le pilote, l’autre le lanceur de pièges. De quoi permettre de mettre à profit les qualités de chacun et de se crêper le chignon sur le canapé. C’est qu’avoir un timing parfait en appuyant chacun en même temps sur le bouton au bon moment, ça demande de l’entraînement jonché de coups de coussins bien sentis en pleine poire en cas d’échec. Même si, sur le papier, le fait de se faire amputer d’un rôle par rapport à d’habitude laisse une légère impression de passivité, la réalité est toute autre. La convivialité engendrée par une partie de Mario Kart change totalement la donne et on se prend totalement au jeu, le fait d’être confiné à un seul rôle motive pour plus s’en appliquer afin de décrocher la victoire. Une autre façon de jouer, pas si désuète, et qui met à profit la principale nouveauté de cet épisode. La boucle est bouclée !
[section id= »conclusion » style= »border:1px solid white;padding:10px;overflow:auto;background-color:#00a0db;color:#FFFFFF; »]Force est de constater que l’épisode Gamecube, ce Mario Kart Double Dash !!, est certainement celui qui apporte le plus d’innovations par rapport aux autres. Sans aller dire qu’il aille surplomber l’épisode fondateur, il faut admettre que ce Double Dash possède autant de charme que son aîné. Par contre, il est regrettable que Nintendo ne fasse pas d’efforts pour pallier à ce gros problème de solo. On le sait un Mario Kart est avant tout un jeu multijoueurs mais on se retrouve tout de même vite lésé de devoir se coltiner à faire le tour du solo afin de tout débloquer (et ainsi avoir plus de possibilité en multi). Allez, Nintendo, quoi, Peach n’est plus à un kidnapping près tu sais ![/section]