Pour son lancement européen, la PS Vita a su proposer un line-up extrêmement diversifié et en grande partie de qualité. A côté des blockbusters que sont les Uncharted : Golden Abyss, Rayman Origins et Wipeout 2048, se cache Dungeon Hunter Alliance de Gameloft. Portage vita du jeu du même nom disponible sur le Playstation Store pour la PS3, il est le représentant du genre RPG et plus précisément du Dungeon Crawler. Gameloft étant plutôt réputé pour ses inspirations que pour ses idées originales, il ne faut pas s’attendre à de l’inédit…
Que ceux qui ont le jeu sur Playstation s’arrêtent là, puisqu’il s’agit d’une copie bête et méchante, à un mode et des fonctionnalités tactiles près. Pour les autres, sachez que vous prenez possession du défunt roi de Gothicus. Ayant vu sa femme mourir, il avait fait appel aux forces des ténèbres pour la ressusciter. Malgré l’incantation réussie, la reine est revenue du monde des morts changée. A tel point que le roi ne la reconnaissait plus. Non contente de commencer à corrompre ses fidèles, elle assassina le roi pour lui voler le trône. Des années ont passé et le roi est de retour en Gothicus, ressuscité, grâce au même sort qu’il avait lui-même employé, par une fée. Cette dernière lui annonce que le royaume a sombré dans les ténèbres, la reine noire, a perverti tous ses soldats et n’espère désormais plus qu’une chose : faire venir la fée des ténèbres en Gothicus. Pour cela, elle doit ouvrir un portail vers une autre dimension et la faire traverser, ce qui signerait la fin du royaume. Rien que ça.Désireux de se venger et sauver son peuple, le roi – le joueur – doit donc arpenter de nombreux donjons et faire face à des hordes de monstres de toutes sortes.
Sur le papier, Dungeon Hunter Alliance se veut extrêmement classique. Son gameplay l’est d’ailleurs tout autant que son histoire puisque l’on retrouve tout ce qui a fait la renommée de Diablo. A commencer par la classe de personnage à choisir : mage, brigand et guerrier. Peu de choix, d’autant que le physique du héros n’est pas laissé à notre guise, et surtout peu de différence dans l’utilisation sur le long terme, puisqu’il est possible de faire ce que l’on désire de son combattant. Au sein des très rares villes du jeu, vous aurez l’occasion de croiser des PNJ vous octroyant des quêtes à remplir (en général deux par acte), des marchands – vendant à des prix exorbitants – et les portails/portes nécessaires à votre avancée. Une fois dans le donjon, la progression se veut très hachée en raison de vagues particulièrement fréquentes d’ennemis, assez peu variées au sein d’un même donjon. X pour attaquer, les autres servant à lancer des compétences préparamétées, un tapotage sur l’écran pour demander à notre charmante fée d’exécuter son attaque fétiche, L pour se lancer une potion (remontant à la fois la vie et la magie) et R pour interagir soit avec le décor soit avec les objets laissés par vos ennemis. Le loot est comme dans Diablo au cœur du système, avec un système de couleur permettant de remarquer d’un simple coup d’œil les objets rares. L’inventaire n’étant pas infini, il s’agit de bien choisir ce que l’on ramasse, surtout en fin d’acte. Le héros récupère bien évidemment une certaine somme de points d’expérience à chaque assassinat, celle-ci servant à octroyer deux points à ses caractéristiques et un aux compétences. Toujours très classiques, les caractéristiques sont la Force, la Dextérité, l’Energie et l’Endurance. Les compétences proposées sortent un peu plus de l’ordinaire, même si l’on y trouve toujours les techniques passives et actives propres au genre.
L’avancée se fait de manière plutôt fluide, chaque acte demandant entre une et deux heures pour se terminer. C’est d’autant plus agréable que le jeu affiche de jolis graphismes. Attention, rien de transcendant, il s’agit d’une conversion un peu moins fine que l’originale et bien impressionnante que sur un écran de smartphone, mais il n’a pas à rougir d’embarras. Tout comme l’excellente bande son offrant des pistes sacrément épiques et toujours de circonstance. Un bonheur pour ceux qui décideraient de sortir le casque. En revanche, là où la technique pêche, c’est au niveau de l’animation : fluide pendant le premier quart du jeu, ralentissant souvent pendant la moitié suivante et saccadant énormément sur le dernier quart. Celle-ci ne supportant pas la surabondance d’ennemis déboulant sur l’écran, notamment au sein des derniers lieux à visiter. Certains boss aimant faire appel à moult effets pyrotechniques, vous devrez surveiller de près la jauge de vie entre deux saccades. C’est d’autant plus rageant que certains affrontements se veulent relativement corsés – mais rien de rédhibitoire puisqu’il suffit de faire un minimum de levelling pour passer les salles sans trop d’encombres. Dungeon Hunter Alliance se traverse d’ailleurs en une vingtaine d’heures de jeu, sans trop chômer. Une durée de vie honorable renforcée par le New Game + dans lequel vous conservez l’intégralité de vos caractéristiques, compétences et objets, le niveau des ennemis étant bien évidement revu à la hausse. A compter du niveau 30, le mode Survival « La tour des forces » se débloque, vous proposant d’affronter des vagues d’ennemis, lâchant des objets rares utilisables en solo ou multi. Une durée de vie en théorie plus que raisonnable mais qui dans les faits ne dépassera guère plus l’accomplissement d’une partie, la faute à un principe redondant – c’est le genre qui veut ça – et un manque de réel intérêt dans les modes suivants.
Que ce soit seul ou en multijoueur (ad hoc et théoriquement en ligne – « théoriquement » car le jeu semble souffrir d’un sérieux problème de connexion empêchant de rejoindre des parties…), Dungeon Hunter Alliance se révèle plutôt agréable à jouer. Son statut de premier jeu d’aventure sur Vita en Europe n’est très certainement pas étranger au capital sympathie qu’il peut générer. Les acharnés de la Vita s’entêteront à en voir le bout – une fin romanesque se dévoilera à eux, soit dit en passant, bien que ne bénéficiant pas de la mise en scène qui lui est due – les autres lâcheront sûrement en cours de route. Le Dungeon Crawler est synonyme de répétitivité, soyez en conscient.