Bayonetta 2

bayonetta-2-wii-u-jaquette[dropcaps]La belle Bayonetta est de retour. Malgré le flop commercial du premier – du moins sa juste rentabilité – la belle sorcière de l’ombre n’était pas destinée à revenir sur nos consoles de salon. Platinum Games avait en effet dû stopper la phase de préproduction devant la frilosité de SEGA, propriétaire de la licence et éditeur du premier volet. C’est alors qu’un Nintendo, bien décidé à reconquérir son public de joueurs perdu lors de la génération Wii, est arrivé en beau chevalier blanc sauver Bayonetta 2. Compensation : exclusivité Wii U. Soit. Voilà Platinum Games de nouveau au boulot sur la chère demoiselle, si l’on peut dire.[/dropcaps]

L’histoire de Bayonetta 2 débute peu de temps après les événements survenus dans le premier épisode. A l’approche de Noël, Bayonetta – Cereza pour les intimes – et Jeanne parcourent les boutiques préparant ainsi le futur réveillon, tout en en profitant pour compléter leur garde robe. Et pas qu’un peu. Malheureusement pour elles, voilà que des anges viennent s’inviter à la fête. N’écoutant que leur envie d’en découdre, les deux sorcières se jettent dans la mêlée. Pour rappel, l’univers de Bayonetta dépeint la traditionnelle lutte entre la lumière et l’ombre, à l’originalité près que les méchants sont ici du côté de la lumière et essentiellement constitués d’hommes. Leurs représentants sont les sages de Lumen et toutes les créatures sont liées au paradis. A l’inverse, l’Ombre, épaulée par les Enfers, est représentée par les Sorcières de l’Umbra. Chaque camp dispose de pouvoirs surhumains, en plus de pouvoir s’associer à de monstrueuses entités. Le prologue de Bayonetta 2 se ferme sur la désobéissance d’un démon appelé par Bayonetta pour dévorer le boss angélique. Ce dernier surprend les deux jeunes femmes et réussit à envoyer Jeanne aux Enfers. Bayonetta, sur les conseils de Rodin – le démon tenancier du bar Les Portes de l’Enfer – compte s’y rendre et extirper son amie avant que son âme ne disparaisse à jamais. Il reste alors seize chapitres au jeu pour emmener le joueur dans une pléthore d’environnements tous plus étonnants les uns que les autres, dont certains rappelleront des souvenirs aux connaisseurs du premier.

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Il est d’ailleurs fortement préconisé de faire Bayonetta avant sa suite, ou de prévoir d’enchaîner dessus sitôt le deux terminé. Les deux histoires sont en effet étroitement liées et de manière, il faut bien l’avouer, très maligne. Elles forment un tout qui donne de la consistance à l’univers – même si tout le monde s’accordera pour dire qu’il y a mieux. Pourtant, ce n’est clairement pas sur ce terrain que le jeu était attendu. Platinum Games est réputé pour ses jeux à gameplay. Celui de Bayonetta était réglé comme du papier à musique, celui de sa suite ne déroge pas à la règle. La progression s’effectue en deux temps, l’exploration et les combats. Lors de la phase de promenade, Bayonetta peut courir et sauter presque où bon lui semble au sein de l’aire de jeu, relativement confinée – en bon beat’em all, le jeu est très linéaire. L’occasion de casser des roulottes ou des tonneaux pour glaner des anneaux – la monnaie du jeu, nous y reviendrons – des ingrédients – nous y reviendrons également, et autres bonus plus importants tels que des morceaux de cœur ou de pierres lunaires capables d’augmenter la taille de notre barre de vie et de magie. Toutefois, une fois arrivés dans certaines portions du niveau, des barrières se forment et les ennemis apparaissent. Nous basculons alors en combat, nommé Verset dans le jeu – le champ lexical de la musique est omniprésent. Bayonetta peut s’y défendre à l’aide des armes attachées à ses mains mais également à ses pieds, l’amenant très souvent à réaliser des ballets assez étonnants, adepte qu’elle est de la bonne pose. Ses esquives, tout aussi spectaculaires et aisées d’accès sur une gâchette, se doivent toujours d’être d’une précision chirurgicale pour non seulement éviter les coups mais aussi arrêter le temps de quelques instants pour se sauver d’une mauvaise posture ou frapper toujours plus fort. A compléter avec la complétion de la barre de magie pour faire appel à des coups plus puissants. Bayonetta dispose toujours de ses exécutions, telles des fatalities, permettant de mettre en scène divers objets de tortures, sadiques et faisant gagner beaucoup de bonus.

bayonetta-2-wii-u-003Toujours dans son optique d’offrir un spectacle démesuré et fou, l’équipe de Platinum Games a veillé à supplanter le premier Bayonetta déjà complètement délirant, lui-même coupant la chique à Devil May Cry, autre bébé d’Hideki Kamiya. A noter qu’il n’est plus réalisateur sur Bayonetta 2, mais superviseur. Le non-initié ou le spectateur aura vite fait de cataloguer le gameplay apparent comme brouillon. Le joueur manette en main s’amusera sans vergogne. A la fois pensée pour les débutants que les hardcore gamers, la maniabilité de Bayonetta 2, tout comme celle du 1, se veut irréprochable, répondant au quart de tour, et appuyée par une animation délicieusement sans faille en 60 images par seconde. Autant dire que la fluidité est au rendez-vous et heureusement, tant le nombre d’ennemis à l’écran peut vite augmenter au fil de la progression. Les joueurs chevronnés utiliseront la mablette les premiers instants, le temps de voir que des coups sont faisables via le tactile – ce qui se révèle être peu pratique en pleine action – et éventuellement débloquer le charme associé pour très vite basculer sur un pad pro, parfaitement adapté au jeu. La dégaine de Bayonetta, mix parfait entre agressivité et sensualité, se veut toujours aussi provocatrice. La croisée none-SM du premier épisode conserve son sex appeal et son statut de femme forte à qui rien ne fait peur. Les maltraités sont ici les hommes, dont certains ne sont clairement pas à leur avantage. Son léger relooking semble la veillir tout en lui ajoutant une sagesse bienvenue. Métaphore de ce second volet ? Peut-être bien.

bayonetta-2-wii-u-011Difficile de ne pas sourire aux répliques de cette héroïne, toujours très percutantes et assurées. Le duo formé avec Luka dans le premier volet cède sa place à celui avec Loki, un jeune garçon n’ayant pas sa langue dans sa poche, et jouable au cours d’une très courte phase de jeu. A nouveau, Bayonetta 2 alterne les gameplays pour entrecouper l’avancée de phases de shoot, de surf et même de mecha. Une première. Digne représentant des jeux d’arcade d’antan, Bayonetta se permet quelques incursions extrêmement bien amenées et étonnamment jouables dans les autres genres. Ceci continuant d’amener de la variété à une aventure qui sait se diversifier et nous impressionner toutes les minutes. C’est bien simple : il ne se passe pas cinq minutes sans aucun rebondissement – le mode normal se boucle en une douzaine d’heures la première fois sans se presser. Décor qui explose, boss gigantesque tombant du ciel, combat aérien, téléportation, course-poursuite, déplacements sur les murs, Bayonetta 2 se permet d’enchainer les activités extraordinaires à un rythme effréné. Celui-ci constitue d’ailleurs l’une des plus grandes qualités du jeu puisqu’il y est impossible de s’y ennuyer, le tout s’enchaînant sans heurt.

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bayonetta-2-wii-u-009Même la difficulté a été rabaissée pour cette sortie Wii U, indispensable exigence du cahier des charges de Nintendo. Si le mode Facile est un immense entrainement, le mode normal permet de découvrir tranquillement l’histoire tandis que le mode difficile apporte enfin un minimum de résistance. En revanche, le vrai challenge se révèle être le mode Infini, débloqué en finissant le niveau de difficulté inférieur, où le moindre ennemi est capable de nous envoyer ad patres en quatre-cinq coups maximum, si tant est que notre barre de vie ait progressé jusqu’à son maximum. Heureusement, des objets peuvent être achetés chez Rodin et Bayonetta, une fois un certain livre obtenu, est capable de réaliser des concoctions à l’aide des ingrédients ramassés et ainsi générer des soins et des bonus de magie ou de résistance. Système très peu utilisé dans les niveaux de difficulté les plus bas, il est indispensable d’en avoir engrangé un grand nombre avant de s’attaquer aux derniers. Bayonetta 2 étonne également sur sa durée de vie particulièrement longue. Chaque niveau de difficulté amène son lot de récompenses, entre nouveaux personnages, armes et surtout nouveaux costumes, il y a de quoi faire. Les costumes, pour certains liés à l’univers Nintendo, disposent de certaines features plus qu’amusantes. « Un costume » modifie même certaines cinématiques et séquences de jeu, histoire de récompenser encore un peu plus le joueur. Passons sous silence les six chapitres cachés – grosso-modo une suite de combats de plus en plus costauds – les charmes à débloquer – l’équivalent des trophées et succès des consoles concurrentes, internes au jeu – pour nous concentrer sur les cartes.

bayonetta-2-wii-u-001Au nombre standard de 52 – standard car dans un jeu aussi généreux, il est évident qu’il y en a en réalité des cachées… – elles constituent le socle du mode Double Apothéose. Inédit, il s’agit d’un mode de jeu, à deux, en ligne. Et si le solo de Bayonetta 2 ne suffisait pas encore à prouver tout le génie de Platinum Games, ce mode en coopération finit d’achever le tableau. Chaque partie doit être constituée de six manches. Une fois associé à un joueur en ligne – ou à un ordinateur le temps d’être invité par quelqu’un – il nous est demandé de choisir une première carte représentant un combat contre un paquet de monstres, ou juste un boss. Participer au combat est gratuit – niveau zéro – en revanche, nous pouvons parier sur notre réussite, jusqu’à trois niveaux de pari, chacun nous coûtant de plus en plus cher mais dont le coefficient multiplicateur en cas de réussite peut grimper jusqu’à dix. Bien évidemment, chaque niveau de pari correspond à une difficulté du jeu. Autant dire que le niveau trois peut vite se transformer en calvaire. Dernière précision : la victoire ne consiste pas seulement à vaincre l’adversaire en compagnie du second joueur, mais il faut également marquer davantage de points que lui. Plus le joueur à côté de nous est fort, plus il est simple de vaincre mais plus nous perdons de manche. Au sortir des six manches, les totaux sont pratiqués et un vainqueur est annoncé, gagnant ainsi tous les anneaux engrangés au cours des manches. Au moindre échec – des deux joueurs donc – il est nécessaire de recommencer à la première manche. Compliqué à expliquer, simple à comprendre une fois en jeu, le Double Apothéose allie à merveille la coopération et la compétition. Une véritable réussite, passage obligatoire pour récupérer suffisamment d’anneaux et ainsi débloquer les objets les plus rares dans la boutique de Rodin – dont certains demandent plusieurs centaines de milliers d’anneaux voire dix millions pour le mystérieux ticket de platine.

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Épatant de bout en bout, Bayonetta 2 n’en oublie pas pour autant d’être superbe. Malgré sa présence sur Wii U et non sur une console dernière génération telle que la Xbox One et la Playstation 4, il se permet des excentricités et une maîtrise technique rare. Effets de lumière à gogo, destructions du décor en pleine course, familiers se battant en arrière-plan lors d’une confrontation avec un boss, Bayonetta nous avait déjà habitués à ce genre d’artifices mais son second volet va encore plus loin. Et ce ne sont pas les quelques textures préhistoriques dénichées dans les coins de certains chapitres qui viendront ternir ce constat idyllique. Le jeu est d’ailleurs bien plus coloré que le premier. Sans compter que la bande son est toujours aussi de circonstance, avec ses deux facettes selon que nous affrontons des anges ou des démons. Chœurs d’un côté et jazz, pop, métal de l’autre. Les musiques toujours plus épiques lors des confrontations face aux gardiens des lieux finissent d’asséner le coup de poing final à notre mâchoire qui ne tenait déjà plus à grand chose. Comble du bonheur, le doublage, qu’il soit japonais ou anglais, est excellent et modifiable dans les options, à tout moment.

[section id= »conclusion » style= »border:1px solid white;padding:10px;overflow:auto;background-color:#00a0db;color:#FFFFFF; »]Après tant d’élogieuses palabres, peut-être serait-il temps de discuter des défauts de Bayonetta 2. Ce n’est pas faute d’avoir cherché, mais après trois runs, de nombreuses parties en ligne et plus de trente heures au compteur, pas l’ombre d’un défaut à l’horizon. Bayonetta 2 est réglé au poil – si je puis dire – à tous les niveaux. Esthétique superbe, technique irréprochable, maniabilité intuitive et incroyablement précise, durée de vie excellente, scénario non révolutionnaire mais gagnant dans l’association au premier, humour omniprésent, bande son impeccable. Bayonetta 2 est, à sa sortie, ce qui se fait de mieux sur Wii U, et par extension dans son genre, réussissant le pari fou de supplanter son grand frère que nous pensions déjà indéboulonnable.[/section]

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Mise à jour version Switch :
Afin de rentabiliser au maximum ses productions Wii U, Nintendo s’amuse à porter l’intégralité du catalogue de la défunte sur sa petite soeur, chaque portage profitant de quelques fonctionnalités propres à la Switch. Bayonetta 2, développé par Platinum Games mais édité par Nintendo, ne déroge pas à la règle. Mais avant d’aborder la petite nouveauté, il est tout de même nécessaire de s’arrêter le temps de quelques lignes sur la qualité de cette nouvelle itération. En un mot, impeccable. Légèrement plus fin, peut-être un chouïa moins aliasé, Bayonetta 2 continue d’impressionner alors qu’il a déjà 3 ans d’âge, aussi bien visuellement qu’en termes d’animation. Si la version WiiU affichait des fluctuations entre les 30 et les 60 images par seconde selon le nombre d’ennemis à l’écran, sur Switch, le jeu tourne en 60 images par seconde sans rarement broncher. Un plaisir, d’autant que la manette Pro de la Switch est un régal – déjà que celle de la WiiU n’était pas en reste. La maniabilité tactile est toujours possible, en non docké, bien évidemment – mais toujours aussi inutile.

La seule nouveauté tient dans la possibilité de jouer en coop local dans le mode Double Apothéose, une possibilité anecdotique sur le papier mais qui permettra aux plus complétionnistes, ayant un ami avec eux, de débloquer plus simplement les derniers objets. Rien à redire donc sur le meilleur jeu d’action de ces 10 dernières années. A noter que la version Switch de Bayonetta – vendue avec dans l’édition collector quel que soit le territoire ou disponible séparément sur l’eshop – bien que souffrant un peu plus de ses rides – pour rappel, 2009 – reste une sommité du genre et que le portage est d’aussi bonne qualité.[/infobox]