Bilan de l’année 2021 [Margoth]

Une année creuse bien remplie !

Tout le monde semblait soulagé de laisser une année 2020 qui avait tout chamboulé. Comme si tout allait être balayé pour une aube 2021 où l’on allait enfin retrouver « notre vie d’avant » en toute insouciance. Que nenni, encore plus semblent soulagés maintenant de la voir s’achever. Parce que 2021 a été pire ? Pas réellement au final, juste qu’il est normal qu’à force que la situation sanitaire toujours aussi instable et incertaine dure, l’endurance psychologique finit par faiblir. Et surtout, pour certains, c’est en 2021 que l’on s’est pris de plein fouet certaines conséquences. C’est plus ou moins ce qu’il s’est passé de mon côté cette année en tout cas, devant gérer pas mal de changements et soucis divers. Et histoire d’en rajouter une couche, voir subvenir sans crier gare ce bon vieux syndrome de la page blanche qui a réduit à néant toute volonté de partager, qu’importe le domaine. Le tout renforcé par le retour à une vie professionnelle au rythme aussi fractionné, physiquement soutenu que décalé dont j’avais pourtant réussi plus ou moins à assouplir ces dernières années. Pour être honnête, la plume reprend tout juste du service pour rédiger ce traditionnel bilan annuel, sans que je ne sois réellement certaine que l’étincelle soit de retour.

Encore une année blanche…

L’année vidéo-ludique qui se termine n’arrange pas les choses non plus dans cette petite remise en selle. Que s’est-il passé ? Quelle grosse sortie a défrayé la chronique et marqué tous les esprits ? J’ai beau réfléchir, me remémorer et retourner ça dans tous les sens, rien ne me vient à l’esprit. Certes, il y a bien eu des vitrines de chez Sony – le nouveau Ratchet & Clank ou encore Returnal et de Microsoft Forza Horizon 5 et Halo Infinite sorties mais il ne s’en dégage nullement une aussi forte aura qu’un God Of War, un nouveau jeu de Kojima ou de From Software. L’E3 distanciel improvisé a été insipide, pour ne pas dire inutile et superflu. Hormis des Elden Ring ou Horizon : Forbidden West qui devraient voir le jour d’ici les mois à venir, difficile de percevoir de quoi les prochaines années seront faites en terme de jeux. Non pas parce que les projets n’existent pas, juste parce qu’ils n’ont pas forcément été dévoilés. Tandis que d’autres qui ont pu avoir été dévoilés il y a des années ont disparu des radars aussi secs ou se voient repris depuis le début (le prochain Metroid Prime ou encore Everwild de Rare Software). Bref, à l’image de notre vie depuis le covid, on nage dans l’incertitude au niveau des gros acteurs de l’industrie vidéo-ludiques. Plus les années passent, plus on les sent à la peine, sur tous les niveaux. Déjà pour rester dans leurs frais dans le cadre de développement de triples A de plus en plus coûteux pour contenter un public avide d’une qualité souvent inatteignable qui devrait en plus être proposé le moins cher possible (autant dire : impossible). Mais aussi pour faire face à une main d’œuvre bien décidée à jouir de meilleures conditions de travail et reconnaissance. Car après Quantic Dream et Ubisoft, cela a été au tour d’Activision/Blizzard d’être pris dans la tempête. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Microsoft a profité du tourment pour dépenser ses étrennes de début d’année afin de s’offrir un nouveau très gros nom sous sa houlette. Mais si cette nouvelle promet des conséquences importantes, cela marque plutôt 2022 et si impact il y a, à l’image de l’achat de Bethesda, cela sera concrètement dans le moyen voire long terme que l’on en verra l’intensité.

… Mais encore beaucoup trop chargée pour tout faire.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de jeux non plus, au contraire. La scène indépendante et quelques doubles A sont toujours là afin de nous mettre beaucoup (trop) de choses à nous mettre sous la dent. Au point de suivre tout plein de trucs depuis des lustres pour au final ne pas trouver le temps d’y jouer au moment de leur sortie concrète. Et ce, même dans une année où, à défaut d’avoir écrit, j’ai également beaucoup joué. Parmi les loupés intéressants et que j’ai pourtant accès pour certains (via achats ou Game Pass), on pourra citer Twelve Minutes, Sable, Road 96, Inscryption, Happy Game ou encore Chicory. On citera également Voice Of Cards : The Isle Dragons Roar, le nouveau (modeste) titre de Yoko Taro, mêlant RPG et cartes, habilement rehaussé d’une narration apparemment singulière. Il y a bien eu aussi Tales Of Arise dont j’attends de posséder une PS5, ne voulant pas me contenter des versions PS4/Xbox One dans ce cas de figure, au même titre que le fort joli Kena : Bridge Of Spirits. Ce dernier qui a su faire tourner quelques têtes, que ce soit pour son visuel aguicheur qui n’a rien à envier aux studios Dreamworks ou Pixar, que pour sa petite dose de sel de Guérande avec ses petites influences Dark Soulesques que l’on n’attendait clairement pas croiser pour un titre se voulant tout public. Et bien entendu, tout plein d’autres également, notamment dans le J-RPG aussi affectionné dans ces colonnes que bien chronophage comme Monster Hunter Stories 2, Bravely Default II, Shin Megami Tensei V ou Persona 5 Strikers, grossissant une liste d’occupation de retraite – bien que l’on se doute bien que l’on n’en jouira sans doute pas – déjà assez remplie pour occuper dix vies complètes au bas mot. Au moins, on n’ira pas se plaindre de ne pas avoir le choix.

Microsoft ou le credo du service et du confort.

Donc cette année, comme la précédente, beaucoup de jeux. Majoritairement récents. Mais surtout majoritairement Xbox, histoire de faire joujou avec la nouvelle Series S – qui optimise le confort du joueur et non l’amène vers l’innovation, qu’on se le dise – acquise sous le sapin en fin 2020. Et donc de Game Pass puisque c’était clairement le but dans cette petite mise en bouche, pas spécialement onéreuse dans cette version dépourvue de lecteur, de new gen en attendant que la Playstation 5 jouisse d’un catalogue plus étoffé et d’une meilleure distribution et disponibilité. Le service typé Netflix du jeu vidéo, quand bien même il pose questionnement quant à l’impact qu’il pourra avoir en terme d’industrie et d’économie vidéo-ludique, est quand même une offre alléchante. Et surtout imbattable lorsque l’on voit la qualité et diversité globales proposée au fil des mois. Parfait pour des petits budgets qui n’auraient clairement pas les moyens d’acquérir tout le pan « day one » ou presque et c’est justement sur ce point, avec la connectivité PC (le Gamepass PC est encore là où le service pèche avec une tripotée de titres que l’on n’arrive même pas à lancer), cloud et mobile que le Game Pass se révèle plus aguicheur que le PS Now de Sony, pas inintéressant pour autant mais quelque peu à la traîne. A voir comment le géant japonais répliquera en terme de service de ce genre, les rumeurs enflant et allant bon train ces derniers temps à ce propos. Outre les questions de porte-monnaie, le Game Pass a surtout été pour moi un excellent biais afin d’assouvir moult curiosités. Et c’est la principale motivation pour moi pour avoir opter pour ce service depuis l’année dernière : tester des titres que l’on n’est pas sûr d’être le public et apprécier. Avec ses bonnes surprises. Mais également quelques douches froides.

Les petits tests erratiques pas très concluants.

Parmi ces dernières, car il y en a eu quelques unes, je pourrais citer Astria Ascending. J-RPG sortant sous la houlette d’un studio français en étroite collaboration de gros noms issus du Japon, ayant contribué entre autres au développement des vieux Final Fantasy. Une esthétique aux artworks sentant bon l’approche Vanillaware, des combats au tour par tour : autant dire, sur le papier, il y avait tout pour me plaire. Et pourtant, après y avoir passer 2h, je suis passée sur autre chose bien embêtée tant je m’y suis ennuyée et ne suis pas rentrée dedans. Le début se révèle maladroit en terme de narration, les combats sont franchement trop mous du genou, cela n’invite nullement à passer le cap fatidique où l’accroche finit par opérer (et il faut apparemment attendre un bon moment). Même s’il ne s’agissait que d’une démo et que le jeu n’est pas encore sorti, la direction qu’a pris Tunic, le mignon Zelda-Like en vue isométrique mettant en scène un renard, m’a également bien refroidie tant je ne voulais clairement pas que l’on rajoute du Dark Souls dans mon Zelda. Et même si je ne m’attendais pas à grand-chose de Craftopia, ce jeu indé voulant faire tout et n’importe quoi (Zelda, Pokémon, craft à la Animal Crossing… et peut-être si l’on fouille dans les menus fera-t-il le repassage et la popotte dans nos chaumières), l’état de l’accès anticipé sorti il y a quelques mois faisait franchement peur tant ça rame et se révèle totalement dénué des feedbacks les plus basiques. Bref, si le soft se révèle (par miracle) qualitatif à sa sortie définitive, il y a encore un gros boulot à abattre afin d’en arriver là tant l’on a l’impression de plus se cantonner à une alpha qu’une bêta à proprement parler.

Les petits tests erratiques qui auraient sans doute mérité plus d’attention.

Il y a eu aussi les jeux que j’ai tout juste commencé pour voir à quoi ça ressemblait mais qui auraient vraiment mérité d’être joués jusqu’au bout. Parmi ceux-là, je pourrais citer Les Chroniques de la Guerre de Lodoss : Deedlit au Labyrinthe des Merveilles, un bel hommage au Symphony Of The Night de Castlevania. Du neo retro comme je l’apprécie : ça ressemble à du vieux, ça a le même genre de saveur mais avec une moins grande austérité que les jeux d’antan, rendant le soft accessible à tous, tout particulièrement aux néophytes. Dans une veine tout aussi pixel, l’action / platformer Flynn : Son Of Crimson, s’est aussi révélé aguicheur avec sa belle esthétique et magnifique bande-son. S’il a pu décevoir quelques personnes ayant financé le projet par Kickstarter par un certain classicisme, le soft n’a beau pas rajouter grand-chose au schmilblick, on lui reconnaîtra qu’il semble au moins le faire bien, tant dans sa réalisation que sa prise en main agréable. Ce qui est déjà pas mal. Pixel toujours, l’action/RPG d’influence 16 Bits, CrossCode m’a fait également une très belle impression, aussi beau graphiquement qu’il semble ambitieux avec une narration plus présente que ce que l’on voit dans d’autres productions de ce genre. Dans un style radicalement différent, Two Point Hospital semblait également digne de ses louanges de digne suite spirituelle du mythique Theme Hospital. The Gunk marquait la première entrée pour les développeurs de la série SteamWorld à la 3D. Premier essai qui semble réussi, tant le titre misant sur l’exploration et nettoyage d’une planète gangrenée par une mystérieuse « moisissure » bouleversant l’écosystème, s’est révélée être une petite parenthèse détente plutôt satisfaisante sur les 2 ou 3h que j’y ai consacré. Enfin, Psychonauts 2 s’est également avéré intéressant dans le sens où Double Fine semble avoir trouvé une bonne formule entre utiliser une technique plus actuelle sans spécialement renier la formule usitée par son prédécesseur, pleinement ancrée dans l’ère 128 Bits. Entre singularité d’ambiance et madeleine de Proust, il y a de quoi donner l’envie de s’y pencher plus sérieusement dans les prochains mois.

Les gros morceaux qui pouvaient atteindre les sommets mais que je n’ai pas encore fini.

Commençons d’emblée par la redécouverte de Final Fantasy XIII, toujours aussi plaisant soi-dit-en passant, par le biais du Game Pass. Passé avec la moulinette de la nouvelle Series, c’était l’occasion de voir la gestion de la rétrocompatibilité au naturel, le soft ne jouissant d’aucun patch d’optimisation. Et même si je n’en suis qu’à peine à la mi-route du parcours, j’avoue avoir été bluffée. Par les temps de chargement express tout d’abord – alors que sur Xbox 360, il fallait patienter quasi-toute l’apparition du résumé, on peut maintenant rentrer en jeu alors que le premier paragraphe n’a même pas encore de s’afficher – mais surtout par le léger step-up visuel que la machine permet. Le soft était déjà magnifique en 2009, force est de constater que tant que l’on ne déplace pas notre personnage dont l’inertie est révélatrice de son époque, on pourrait presque se laisser berner d’être sur un jeu PS4 d’entrée de génération. Bref, à défaut de l’existence d’un remaster – et on imagine bien que la trilogie finira bien par y passer – voilà une bonne alternative pour s’y (re)plonger. Autre Final Fantasy, on pourra parler également de la dernière extension de quatorzième opus, Endwalker. Si je suis proche de la finalité de l’arc scénaristique principal entamé depuis la refonte A Realm Reborn, c’est encore trop tôt pour le voir se hisser parmi le top tant il serait plus cohérent de patienter que l’ensemble des nouveaux contenus annoncés arrivent au fil des MAJ. Mais même sans en avoir vu le bout, j’ai eu moult moments grandioses. L’extension précédente avait déjà poussé le bouchon de qualité loin, Endwalker n’a rien à lui envier, même si l’ambiance globale est clairement différente. Mais là où Final Fantasy XIV marque mieux l’année, c’est sur sa sortie un brin erratique : le jeu bénéficiant d’un plus grand succès, les serveurs, pas assez puissants pour une telle affluence, ont été à la peine. S’est ensuivi la dure décision pour Square Enix de retirer le jeu de la vente – et de l’essai gratuit également – à peine deux semaines après sa sortie afin de contrer l’engorgement et permettre aux joueurs de ne plus subir des files d’attente d’entrée en jeu de quelques heures jusqu’à recevoir recevoir les nouveaux serveurs, prévus de longue date mais non reçus à temps à cause des pénuries de composants informatiques. On terminera enfin par Lost Judgment que je n’ai clairement pas assez avancé afin d’émettre un jugement définitif mais qui m’accroche tout autant que son prédécesseur. Si ce n’est plus d’ailleurs tant on sent l’effort d’extirper et insuffler une plus forte personnalité à ce qui sera maintenant une véritable série à part entière plutôt que de faire un Yakuza première formule-bis.

Les petits jeux sympas et pas forcément connus pour briller en société.

On va très succinctement passer sur un petit déroulé de jeux menés à leur terme (mais il y en a concrètement bien plus) qui auront fait passer un bon moment sans qu’ils ne méritent pour autant un quelconque développement et autre figuration dans le top. Tout d’abord, citons Haven qui a été une grosse attente de mon côté, à qui il manque de nombreux aspects pour être se hisser plus haut mais jouit tout de même d’une aura bien à lui qui fonctionne très bien. Encore faut-il ne pas y voir un RPG mais plutôt le déroulé d’une relation amoureuse vraiment touchante sous fond d’exploration bourrée de bonnes vibes. Exploration et détente toujours avec The Wild At Heart, pleinement inspiré par Pikmin et sa gestion de petites bestioles faisant toute la sale besogne à notre place dès lors que l’on en donne l’ordre, avec une petite surcouche narrative supplémentaire, au détriment de s’être focalisé sur le challenge. Exploration entre plate-forme et réflexion plus poétique cette fois avec Omno, se voulant jouer sur des plates-bandes rappelant de loin Journey sans que l’on n’en vienne atteindre le même prestige et intensité. On reste dans la poésie avec Lost Words : Beyond The Page, oscillant entre plate-forme/réflexion en 3D où l’on avance en utilisant des mots et avancée narrative au sein des pages d’un journal intime. Bel habillage pour un récit à double sens de lecture du deuil à la Rime que l’on voit malheureusement de plus en plus que cela fait perdre l’impact émotionnel des titres précurseurs de ce genre de terrains narratifs. On terminera enfin par Dodgeball Academia, RPG/sport pleinement inspiré par Inazuma Eleven sauf qu’il est ici question de balle au prisonnier. Sympathique et bon enfant pour celui voulant une petite parenthèse « shōnen de sport » avec tout le côté dérisoire que cela peut inspirer (« le dodgeball est la chose la plus importante au monde ! »).

Les expériences singulières.

On arrive sur une petite triplette narrative qui mérite clairement que l’on en parle rapidement, même s’il est certain qu’ils ne vont pas plaire à tout le monde. Tout particulièrement les deux premiers, à savoir Genesis Noir et The Artful Escape. Même si les deux reposent sur des directions artistiques et propos assez différents, ils ont le point commun de se reposer sur un fond de propos musical. A savoir le blues/jazz sous fond visuel noir et blanc et polar noir et narration plutôt perchée d’une histoire finalement simple pour Genesis Noir tandis que The Artful Escape, autrement plus coloré et acidulé, serait plutôt une ode à l’inspiration psychédélique et débridée des années 60/70, hommage évident à David Bowie au top de son jeu de rôle SF sous les traits de Ziggy Stardust. Deux expériences jouant davantage sur l’exercice de style que sur du gameplay pur et dur à proprement parler qui méritent d’être parcourues si l’on est client d’expériences singulières. A contrario, Unpacking agit à l’exact inverse en mettant du narratif dans sa seule interactivité. Petit jeu détente où l’on doit déballer les cartons d’une personne à chacun de ses emménagements au cours de sa vie, on finit vite par comprendre la singularité du propos narratif qui se cache derrière, tant l’on finit par être attaché à cette personne que l’on ne voit jamais à force de voir ses nouveaux lieux de vie et contextes que l’on peut en déduire (chambre d’enfant, chambre étudiante, installation en colocation ou en couple, séparation, etc) et effets personnels évoluant ou étant au contraire conservé tout du long. Le tout sans le moindre texte, hormis l’année desdits emménagements. Si le concept de rangement semble de prime abord bébête, il faut admettre que ce qu’il en découle s’avère étonnamment passionnant.

Les frasques les plus importantes de l’année.

Comme d’accoutumée avec moi, il n’y a pas tellement de hiérarchisation. Encore plus que d’habitude justement cette année, la mise en avant est surtout qu’ils ont représenté un important temps de jeu et/ou laissé une belle impression, voire émotion plutôt que d’être à proprement parler des jeux foufous et révolutionnaires. C’est particulièrement le cas pour Scarlet Nexus, très loin d’être une baffe mais qui a le mérite de m’avoir très positivement surprise. Lors des annonces précédant sa sortie, j’avoue que je n’en attendais finalement pas grand-chose. Au final, j’ai apprécié découvrir dans la démo que la formule tirait davantage d’Astral Chain de PlatinumGames avec un gameplay beat’em all nerveux et hyper agréable plutôt qu’un Code Vein comme je le craignais d’emblée. Pour au final m’étonner encore du jeu final où l’on découvrait un aspect RPG un brin plus poussé (bien que parler d’action/RPG est peut-être un peu exagéré) et un univers finalement attachant quand bien même la narration principalement visual novel en succession de plans fixes – à la manière des scénettes de Tales Of Arise et rythme global loin d’être frénétique en a refroidi plus d’un. Un parti-pris qui ne m’a pas spécialement dérangé et est certainement révélateur d’un budget pas forcément suffisant afin de jouer à la fois sur une mise en scène suivie et l’effort d’un gameplay solide et bien ficelé. Après, évidemment, le jeu a bien des maladresses qui l’empêchent de se hisser au-delà du « bon jeu sympa et divertissant » mais ce coup de pied à l’étrier montre un certain potentiel si Bandai Namco décide d’en faire véritablement une nouvelle franchise.

Alors que Pokémon Snap faisait son grand retour cette année, j’ai préféré passer un peu de temps sur une proposition de jeu de prise de photo plus modeste, à savoir TOEM. Point de safari mais plutôt une petite balade chill et tranquille, l’appareil photo accroché autour du coup afin de photographier la faune, la flore et autres. Par plaisir de prendre des photos mais également rendre service aux autochtones afin de pouvoir continuer à voyager jusqu’à ce paysage aussi mythique que mystérieux qu’est TOEM. Fort d’une jolie esthétique, entre dessin et 3D, et d’une ambiance aussi mignonne que positive, le soft se pose comme une parenthèse détente qui fait plaisir.

The Medium est en revanche beaucoup moins mignon. Nouveau jeu narratif à ambiance fantastique et horrifique des Polonais de Bloober Team à qui l’on doit Layers Of Fears et Observer et jeu vitrine de la Xbox Series à son quasi-lancement (en exclusivité temporaire Microsoft), c’est surtout leur projet le plus ambitieux. Et clairement, cela fait plaisir car Bloober Team a déjà fait preuve de très bonnes idées d’univers et maîtrise des ambiances sombres qui font gentiment frissonner. Et l’évolution se fait tranquillement : The Medium, sans être parfait, montre encore une plus grande aisance d’ambiance et mise en scène, jouant davantage sur le côté pesant et non l’avalanche grossière de jump scares, quasi inexistants ici d’ailleurs. Alors que ses géniteurs se risquaient pour la première fois à passer en vue 3ème personne, plutôt rigide d’ailleurs, sans que ce ne soit non plus gênant dans ce cas de figure où le gameplay n’est pas le cœur du propos. Bref, pour ceux appréciant les frasques narratives qui rechercheraient le même genre d’inconfort psychologique que Silent Hill, voilà un jeu qui pourrait amplement faire l’affaire.

Cris Tales était une grosse attente pour moi. Elle semblait l’être pour beaucoup d’ailleurs. Il est dommage que finalement, le titre soit sorti avec beaucoup d’indifférence, malgré sa mise à disposition day one sur le Game Pass, alors qu’il avait fait tourné les têtes lors de sa première annonce surprise à l’E3 il y a quelques années. Noyé dans la masse ? Prix plutôt élevé pour un jeu indépendant ? Cela y a peut-être contribué. Douche froide chez ceux qui y plaçaient des attentes démesurées ? Certainement également lorsque l’on jette un coup d’œil à différents avis de joueurs négatifs où certains points d’argument frôlent le ridicule. Alors bien entendu, on pourra être déçu que son petit twist de formule à base de voyage temporel ne soit finalement que trop peu exploité sur l’ensemble du jeu pour en faire un titre véritablement novateur. Il n’empêche que j’ai vécu Cris Tales comme j’aurais voulu vivre un certain Child Of Light qui m’avait profondément ennuyée il y a quelques années : un bel hommage au genre du J-RPG de tradition faisant office de véritable madeleine de Proust dans tout son parcours. J’ai vraiment retrouvé une fibre tirant davantage sur le old-school (ce qui n’a sans doute pas été compris d’une partie du public d’ailleurs), aussi bien sur la naïveté de son récit que sur une approche stratégique un tantinet exigeante et autres pics de progression parfois étonnamment et injustement abrupts. Comme à la belle époque en somme. Bref, un très bon moment moderno-nostalgique pourrait-on dire.

Lorsque AI : The Somnium Files a intégré le Game Pass en parallèle à l’annonce de Spike Chunsoft au Tokyo Game Show qu’une suite arriverait en 2022, j’avoue l’avoir lancé sans trop savoir à quoi m’attendre. Le fait que ce soit un visual novel en anglais appuyait même peut-être une mention « sans conviction ». Que nenni, le titre a su m’accrocher d’entrée de jeu au point que je ne l’ai pas lâché jusqu’à son dénouement. Anglais très accessible, personnages attachants, univers et ambiance d’enquête avec bon équilibre entre ambiances sordides et humour grotesque rappelant de loin une sorte de City Hunter futuriste macabre, construction de récit à plusieurs routes « parallèles » vraiment intéressante et haletante (bien que non dénuées de légères maladresses, notamment en fin de parcours), AI : The Somnium Files a été une très bonne surprise. Un beau coup de cœur même car c’est typiquement le type de production un brin flinguée par sa technique et budget limités mais pétrie de tout pleins de bonnes idées et intentions qui nous touchent et nous accrochent.

L’année dernière, je l’avais cité et le revoilà plus sérieusement puisque je l’ai maintenant terminé. Mon avis sur Yakuza : Like A Dragon n’a pas changé : en terme de J-RPG, on est face à un chef d’œuvre tant ce nouvel opus mettant la saga sur de nouveaux rails a parfaitement réussi son virage. Il s’approprie les codes du J-RPG de tradition et réussit le tour de force de les contextualiser afin de les rendre cohérentes à l’univers Yakuza et surtout amusantes à découvrir et passionnantes à jouer. Car il ne s’agit pas que de tourner en dérision, c’est surtout rendre hommage tant l’on sent que le studio Ryu Ga Gotoku a de l’amour à revendre vis-à-vis du J-RPG. Après, est-ce un chef-d’œuvre vis-à-vis de la série, je ne franchirais pas non plus ce pas. Je n’ai pas fait les opus précédents mais il paraît clair que ce cher Ichiban, nouveau personnage central de ce renouveau, n’a clairement pas la même prestance que l’emblématique Kiryu. Et pourtant, le côté « chiot naïf et maladroit » tout juste sevré d’Ichiban finit rapidement par toucher, en plus d’être pertinent avec ce côté initiatique du RPG où le héros doit apprendre et progresser. Et l’on se plonge dans ce nouveau Yakuza à corps perdu, entre rires – l’humour débridé se voulant encore plus présent qu’auparavant – et larmes – on n’en oublie pas les moments graves et forts en émotion pour autant. On se délecte de cette écriture si bien maîtrisée, plutôt lente mais toujours captivante, et surtout, on se dépayse tant, par-delà de l’humour et autres exagérations, il y a quelque chose de très crédible dans la représentation sociétale dépeinte ici (avec quelques prises de position implicites vis-à-vis de certaines de ses problématiques au passage). Et bien entendu, on salue au passage Sega pour sa décision de localisation française depuis le précédent spin-off, Judgment, sorti l’année précédente. La démarche s’est révélée payante tant la série semble toucher un plus large public aujourd’hui. Vivement le prochain !

Et après ?

J’avoue que ces derniers mois, je suivais bien plus ce qui pouvait bien sortir plutôt que ce qui allait sortir dans un futur proche. En résumé, je sais finalement peu de choses sur ce qui sortira au cours de 2022. Bon, il y a bien le nouveau Pokémon Legends : Arceus ou encore le fameux Stranger Of Paradise : Final Fantasy Origins… qui me paraissent fort tristes du peu que j’ai pu en voir. Ah si, le coup de cœur inattendu de AI : The Somnium Files me fait gentiment languir de sa suite qui sortira vraisemblablement en juin. Du côté de Nintendo, le nouveau Kirby me tente gentiment également. Je reste plutôt curieuse de l’action/RPG Eiyuden Chronicle Rising des créateurs de Suikoden, même si c’est plutôt la déclinaison Hundred Heroes, présentée comme une véritable suite spirituelle de la série de Konami, qui m’intéresse le plus mais ne sortira qu’en 2023. J’espère également un portage Switch de Fantasian, le nouveau Mistwalker cantonné pour le moment à l’Apple Arcade. Dans tous les cas, pas forcément de grosse attente cette année. Qu’importe, j’ai un Lost Judgment et un Final Fantasy XIII (avec l’objectif d’enchaîner sur ses deux suites qui est toujours d’actualité) et l’extension Endwalker du XIV à finir. Les choix de rattrapage/backlogs ne manquent pas. Les tentations du moment non plus, bien qu’il soit peu probable qu’elles soient finalement assouvies. Étant prise dans une spirale très japonaise depuis quelques mois, l’appel des grandes aventures J-RPGs chronophages se font fatalement ressentir. Persona 5 Royal est toujours dans un coin de ma tête. Me lancer cette fois à corps perdu, pour de bon, dans Xenoblade Chronicles, de multiples fois commencé avec grand bonheur pour tomber finalement des mains tout aussi sec depuis sa monture originelle sur Wii, me titille. Ou encore la curiosité latente depuis longtemps se fait de plus en plus persistante de découvrir les Nier ou la série des The Legend Of Heroes de Nihon Falcolm. Spoiler : quand bien même je serais plus studieuse dans mes sessions de jeu et moins éparpillée dans mes lubies, je n’aurais pas le temps. On en reparlera l’année prochaine !