C-12 : Final Resistance

Rien à voir avec un personnage de Dragon Ball

Genre
Third-Person Shooter
Développeur
SCE Studio Cambridge
Éditeur
Sony Computer Entertainment
Année de sortie
2001

Nous sommes en 2001. La PlayStation 2 est déjà disponible depuis quelques mois sur les étales, et bon nombre de développeurs s’affairent à œuvrer sur ce nouveau support aux possibilités inimaginables jusqu’alors. Étonnement, du côté de certains studios internes de Sony, la bascule n’était pas encore tout à fait à l’ordre du jour, une poignée d’entre eux continuant de travailler pour vénérable PlayStation histoire, on l’imagine, de boucler leurs ultimes projets avant de passer à la nouvelle génération, ou tout simplement pour supporter encore quelques temps encore la toujours très populaire console. On aura ainsi vu notamment un troisième épisode de la série des Syphon Filter chez Bend Studio, ou aussi, comme l’on l’aura deviné à la lecture du titre du présent article, un certain C-12 : Final Resistance, concocté par SCE Studio Cambridge, l’équipe derrière les excellents MediEvil, qui signe avec leur troisième titre un virage mine de rien serré quant à l’univers proposé : en effet, adieu la fantaisie médiévale et loufoque, et bonjour la science-fiction et le futur post-apocalyptique.

Le futur nous attend donc, et comme il est souvent de coutume, il sera dystopique. La Terre a été envahie depuis quelques années par une civilisation extraterrestre particulièrement agressive et ici bien décidée à vider toutes les ressources possibles de la planète – les humains n’ayant visiblement pas réussi à le faire entre temps – et en particulier la plus abondante de toute : le carbone 12. Nous tenons là l’explication d’une partie du titre du jeu. L’humanité est en bien mauvaise posture, mais l’espoir renaît soudainement dans un coin inconnu du globe avec l’arrivée fédératrice du lieutenant Riley Vaughan, récemment revenu du front et sacrément amoché, à la limite d’un prochain trépas, mais sauvé in extremis par une équipe scientifique qui a pu avoir accès et su exploiter la technologie alien à bien escient. Devenu soldat cyborg, l’homme n’a que très peu de temps pour s’acclimater à ses nouvelles capacités puisqu’il est renvoyé en territoire ennemi avec pour objectif de mener, non sans une certaine pression, l’ultime et décisive bataille de la résistance.

Voilà qui peut résumer rapidement, après agrégation du maigre briefing en début de disque et du manuel fourni avec le jeu, la trame principale de C-12 : Final Resistance, qui sera loin de placer la barre haute dans les subtilités d’un scénario aux péripéties digne d’un direct-to-video d’un bac Noz, qui ne sera en tout et pour tout un prétexte pour aller envoyer en mission notre héros avec pour prérogatives d’exploser de l’alien avec un arsenal conséquent mis à disposition pour l’occasion. On n’en demandait pas plus franchement, mais le titre n’entretient pas vraiment la flamme d’un combat épique entre un super soldat face à une armée venue d’un autre monde, le liant ne prenant pas. Et pour cause : le jeu manque cruellement d’inspiration, voire d’implication, dans la mise en scène pour illustrer les évènements qui s’y déroulent, avec des missions expliquées succinctement par de bêtes bouts de textes durant les chargements et quelques scénettes ici et là réalisées avec le moteur du jeu mais qui manquent carrément de peps, et ce malgré un doublage français des voix plutôt réussi. Étonnement, nous sommes en 2001, et pour une œuvre issue d’un studio rattaché à Sony, celle-ci ne propose absolument aucune cinématique d’introduction, durant le déroulement du récit ou en guise de conclusion. Rien. Problème avéré de budget pour une équipe trop réduite ?

Si l’histoire n’est pas le point fort du jeu, tant qu’elle permet d’aller défourailler de l’alien à coups de blaster, c’est du tout bon. C-12 : Final Resistance propose fort heureusement cela : on se retrouve ainsi avec un third-person shooter où notre héros sera donc amené à s’équiper d’un arsenal de technologie humaine ou extraterrestre, avec généralement deux options d’armes allant d’une épée et un lance roquettes. Étant un soldat augmenté, il pourra également utiliser un bouclier pour absorber les tirs et activer sa vision cybernétique pour analyser différents éléments de son environnement. Pour un peu pimenter ou calmer nos pérégrinations, on se heurtera au gré des niveaux et des situations à quelques puzzles, un peu de plateforming, ainsi que deux ou trois boss. Côté contrôles, nous sommes sur du très standard, suffisamment bien appliqué ici cela dit, avec une DualShock mise à contribution pour les déplacements et la gestion horizontale d’une caméra pas trop capricieuse, la possibilité de verrouiller un ennemi par pression d’une gâchette, de se baisser, changer d’arme à la volée, ou encore grimper sur ou d’interagir avec des trucs. Tout réagit correctement, ce qui est fort appréciable.

De loin, on pourrait pu s’attendre à un contrat complet et réussi sur le gameplay, mais dans les faits, c’est autre chose : le lieutenant Riley Vaughan, bien que cyborg, ne transpire pas vraiment la puissance (ni le charisme d’ailleurs), celui-ci ne se contentant grossièrement qu’à tirer sur des méchants, à pousser des caisses, et à mieux encaisser les attaques ennemis. De l’autre côté, les aliens sont en somme assez bêtes, davantage occupés à vider leur chargeur plutôt qu’à se demander s’ils auraient plus de chance de survivre s’ils se cachaient un peu. On pinaille un peu, mais, bien que déployés sur le terrain avec différents équipements et atouts, ils s’avère finalement que peu nombreux durant les quelques affrontements proposés, et sont de ce fait vites torchés et laisseront à de nouvelles balades pas passionnantes à explorer les niveaux. C’est pas nerveux, ce qui est un comble pour un TPS tout de même ! On aurait aimé bien plus de combats et d’adversaires, et un peu peu plus d’agressivité et de tactique de la part de ceux-ci. Même les boss, pourtant impressionnants par leur taille, sont pliés en quelques secondes, avec quelques roquettes balancées par grappes de cinquante. On notera également que certains éléments de jeu, notamment la vision cybernétique et les ressources – sous forme de champignons aliens – permettant de concocter des explosifs, sont sous-exploités ici, car utilisés de manière trop sporadiques pour être pertinents.

C’est d’autant plus dommage que compte tenu des compétences du studio, C-12 : Final Resistance est franchement impressionnant techniquement pour de la PlayStation. Nous sommes d’accord que Metal Gear Solid, qui a clairement servi d’inspiration par ses couleurs ici, ainsi que Vagrant Story sont passés par là, mais quand bien même : le jeu de SCE Studio Cambridge tient encore particulièrement bien la route graphiquement, propulsé par un moteur solide qui parvient à cracher moult effets visuels plus ou moins subtils, comme des reflets, de la déformation de terrain, une certaine notion de physique et de gravité quant aux quelques câblages qui se balancent ici et là, ainsi qu’une gestion des lumières très convaincante. Le gap avec un certain Lone Soldier, sorti cinq années auparavant, avec un hardware loin d’avoir été maitrisé, est criant. Cela toussote parfois pas mal quand l’action se veut un peu plus présente, mais vraiment, ça globalement tourne bien, avec des chargements en plus pas trop intrusifs. Pour la partie sonore, c’est malheureusement du même niveau que le gameplay, avec une bande-son drum’n’bass un peu trop discrète, c’est dire, celle-ci n’intervenant que très peu, et étrangement, jamais aux moments où nous sommes en droit de l'(en)attendre.

C-12 : Final Resistance
Appréciation
Certes, on tient ici un jeu à gros potentiel, mais malgré une technique assez léchée et un socle assez solide, C-12 : Final Resistance ne parvient pas toujours à captiver, la faute à une histoire et surtout une mise en scène pas franchement passionnantes, et une partie action juste suffisante car pas des plus entraînantes. On se retrouve ainsi avec un TPS assez sommaire, efficace au demeurant, mais qui ne marquera pas non plus les esprits vu son rythme discret et son héros assez générique pour un contexte déjà vu dans d'autres médias de la même époque. C'est globalement réussi, mais il manque définitivement un petit quelque chose pour pourquoi pas en faire un classique. Cela sera en tout cas la dernière œuvre de SCE Studio Cambridge pour la vénérable PlayStation, le studio basculant par la suite sur sa toute aussi populaire petite sœur, avec pour première création pour le support, le non moins réussi Primal, qui marquera bien plus de bons points.
Points forts
Techniquement impressionnant
Globalement plutôt maniable
Base de gameplay réussie
Points faibles
Histoire quelconque
Mise en scène au rabais
Ça manque d'action