Interview Ekianjo – 16-32 Bits : La Passation

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Archaïc : Eh bien, je pense qu’on a fait le tour du projet en lui-même. Je te propose désormais d’aborder en quelque sorte les coulisses et en premier lieu, comment l’écriture du livre se déroule-t-elle ? Est-ce que c’est juste l’ouverture d’un traitement de texte et ça y est c’est parti ou il y a-t-il vraiment une machine à enclencher derrière ?

Ekianjo : Le traitement de texte est loin d’être la première étape. Tout démarre sur un carnet ou une feuille : j’essaie d’écrire le déroulement logique de l’article que je dois rédiger. C’est-à-dire ce que je veux dire au final et ensuite je remonte sur ce qu’il me faut pour le dire. Et si jamais je ne suis pas sur de mon point de chute, cela veut dire que je ne connais pas suffisamment le sujet et qu’il me faut faire davantage de recherche. Une fois la ligne de fin tracée, je commence à me poser des questions sur ce qui est nécessaire pour y arriver : Quel genre d’argument, quel genre d’exemple, quel genre d’illustration. Je commence alors à tracer une sorte de plan de l’article. Une fois que je dispose de cela, je présente à mes collègues de SANQUA pour savoir ce qu’ils en pensent – car ils connaissent bien le sujet aussi – si cela fait du sens, si les liens logiques sont bons, etc… Avant de me lancer dans l’écriture, je vérifie toujours si mon plan prévu est correct. A partir de là, une fois que nous sommes d’accord, je passe au traitement de texte et à la documentation. Une fois qu’une bonne partie est rédigée, l’étape suivante est d’imprimer cela, de m’éloigner de l’ordinateur et de retrouver le papier. Je reprends alors le stylo et je rature : je préfère pratiquer les corrections sur le papier afin de revenir à ce que j’aime appeler, le mode « analogique », qui me laisse générer de nouvelles idées sans avoir à utiliser le clavier. Ce dernier est pour moi un piège. Clavier égale obligation d’écrire quelque chose avec des mots, alors que le papier permet de repenser à la structure et l’organisation, de prendre du recul sur ce que j’ai écrit et c’est là que j’arrive à parfaire progressivement le contenu.

Archaïc : Justement, tu parles de tes comparses de SANQUA. Est-ce qu’ils participent à l’aventure?

– Ekianjo : Ils participent en tant que relecteurs car la plupart ont connu et connaissent l’époque au moins aussi bien que moi, si ce n’est mieux que moi pour le cas de certaines machines. Au temps des 32 bits, je n’ai pas eu la chance de posséder la Saturn. Un de mes amis en avait une donc nous jouions souvent chez lui, mais n’en ayant pas eu une chez moi, je n’avais pas accès à une grande partie de la logithèque Saturn, bien que je rattrape ce retard maintenant. Il y a donc des personnes qui vont m’aider sur certains pans que je connais moins bien. J’ai déjà beaucoup d’informations quant à l’historique des machines et comment elles ont été développées, mais au niveau des jeux, j’ai toujours besoin de vérifier plusieurs sources afin de m’assurer que ce que j’écris est valable.

Archaïc : Tu es donc le seul auteur de ce livre. Du coup, est-ce que tu tiens un réel planning ou est-ce un peu As Soon As Possible ?

Ekianjo : C’est un peu As Soon As Possible, mais cela dépend d’abord si le projet aboutit ou non. A l’heure actuelle, je suis en mode Stand By. Je compte me consacrer les deux prochains mois à la communication autour du projet et faire en sorte qu’il aboutisse. Si le projet aboutit, ce que j’espère bien, je continuerais à travailler sur le projet comme prévu. Je me suis laissé entre 6 et 9 mois pour finir le livre et il me reste actuellement entre 40 et 50% à réaliser. La documentation est presqu’entièrement réunie, ce n’est plus qu’un travail d’écriture et de traitement de l’information. Pour donner une date précise, cela risque d’être difficile vu le nombre de facteurs. En plus, j’ai tendance à être perfectionniste : je ne voudrais pas me lancer sur une date précise pour me retrouver déçu du résultat dans le cas où l’ouvrage n’est pas exactement comme je le voudrais à cet instant. Je préfère donc me donner de la flexibilité et garantir à ceux qui ont commandé le livre qu’ils auront le meilleur livre possible sur le sujet.

Archaïc : Le projet a débuté il y a donc un an, un an et demi. Comment l’idée de faire appel à Kiss Kiss Bank Bank t’est-elle venue ? Pourquoi maintenant ?

Ekianjo : En débutant le livre l’année dernière, j’ai découvert que pas mal de projets étaient financés par la plateforme Kickstarter aux Etats-Unis, plateforme qui commence à être de plus en plus connue. C’est alors que je me suis dit pourquoi ne pas financer le projet de cette façon-là. C’est plutôt intelligent comme façon de faire puisque tu trouves en même temps ton public, tu peux communiquer directement avec lui et voir si ton projet doit évoluer ou rester comme il est. Ce que je trouve bien, ce sont les liens entre les intéressés et l’auteur, qui permettent de raffiner le sujet, de voir ce que les gens aimeraient y voir… Ce qui au final m’influence un peu sur ma façon de présenter le bouquin, qui n’est pas forcément celle que j’avais en tête initialement.

Archaïc : N’est-ce d’ailleurs pas un peu dommage ?

Ekianjo : Non, car je ne pense pas que je vais écrire un bouquin qui sera très différent de ce que j’avais dans l’esprit au départ. En contact avec les autres, d’autres points m’apparaissent comme intéressants à aborder. Par exemple, je ne pensais pas traiter de la PC-FX de Nec, et finalement, il est vrai que si je parle des consoles un peu alternatives, pourquoi ne pas parler aussi de ces machines un peu exotiques qui n’étaient présentes qu’au Japon ? D’autant que je suis au Japon, et je peux directement avoir accès a cette information. Je ne compte pas en parler pendant dix ou quinze pages, mais il y a des choses intéressantes à dire aux sujets de ces supports et même si ce sont des échecs commerciaux, il y a toujours des conclusions à en tirer. C’est le genre de chapitre qui ne me serait pas venu si je n’avais pas eu ce contact avec le public.

Archaïc : Très bien, mais pourquoi ne pas être initialement passé par un éditeur français ?

Ekianjo : Bonne question, je la reçois souvent. Je suis passé par la case Pix’n Love, il y a de cela entre six mois et un an, je ne sais plus exactement. A ce moment-là, je n’avais pas un sommaire aussi clair qu’aujourd’hui, et j’avais surtout l’idée de reprendre les idées de SANQUA, de les compléter et d’en faire un bouquin, ce qui aurait donné plusieurs articles déconnectés et non un sujet continu comme celui que vous voyez actuellement. Malheureusement, l’affaire ne s’est pas faite, pour plusieurs raisons. Ils m’avaient répondu que c’était un marché de niche et donc ce serait difficile de trouver une audience, et donc trop risque pour eux. Après cela, j’ai préféré continuer mon projet en pensant retenter plus tard auprès d’autres contacts. Entre temps, j’ai vu avec des membres de SANQUA pour voir si un financement à 4 ou 5 était envisageable. Nous étions bien partants, et puis les plateformes de financement ont réellement émergé. Du coup, j’ai décidé d’y porter le projet de cette façon. J’espère qu’il aboutira. Ce qui est intéressant pour moi, c’est de voir s’il y a un public à la hauteur de mes espérances, en l’occurrence au moins 500 personnes. Je sais que même Pix’n Love ont des tirages extrêmement limités bien qu’ils soient déjà très connus. Il y a des sujets où ils n’en vendent guère plus de 1500-2000 exemplaires, d’après mes sources. Proposer mon projet est donc un véritable pari.

Archaïc : Quelles sont tes attentes concernant ce modèle économique ? Maintenant que tu as présenté ce projet au monde entier, attends-tu des retours sur ton projet ? On en a un petit peu parlé auparavant, mais que comptes-tu faire de l’argent ainsi récolté ?

Ekianjo : Première chose, il faut savoir que le projet ne sera financé que si l’argent récolté dépasse la barre des 15 000€.

Archaïc : Oui, sinon l’intégralité des dons est remboursée.

Ekianjo : C’est ça. Je tiens d’ailleurs à bien le préciser aux lecteurs d’Archaïc : l’argent n’est pas transféré tant que le projet n’aboutit pas (rires). Je préfère que ce soit clair pour éviter que les gens pensent qu’il y a des risques pour eux.

Archaïc : Ce sont en effet des promesses de don.

Ekianjo : Exactement. Ceci étant dit, si le projet aboutit avec la somme en question, l’argent est prévu pour payer les frais qui sont nécessaires à l’impression, les frais de plateforme, qui sont à hauteur de 8 à 10%, les frais d’expédition – j’expédie directement depuis le Japon – , plus des taxes diverses. Il n’y a donc pas de marge prévue mais je ne le fais pas pour ça. J’ai une passion pour ce sujet là. Je voulais faire un ouvrage papier depuis longtemps et je cherche simplement des lecteurs qui auraient eux aussi un intérêt pour cette période et qui, grâce à leur soutien, rendraient cette initiative réelle.

Archaïc : Concernant l’expédition, pourquoi ne pas essayer de la faire depuis la France ?

Ekianjo : Ce serait possible mais je n’ai plus beaucoup de contacts en France qui pourraient faire cela. Donc cela rend l’entreprise difficile. S’il y a des volontaires pour gérer l’infrastructure, je suis ouvert, cela reste une possibilité. Si c’est le cas, cela simplifierait les choses de mon côté aussi… Par contre, le problème… c’est que tous les bonus comme les signatures… je ne pourrai pas les faire ! (rires) Il s’agit en effet d’un petit bonus pour ceux qui soutiennent le projet un peu plus que la normale. De toute façon, toutes les personnes qui participent au projet, et ce dès 5€ de donation, auront leur nom dans la table des remerciements à la fin du livre, afin qu’il y ait toujours un bonus pour ceux qui auront participé. C’est avant tout un ouvrage communautaire.

Autre raison pour le choix du Japon : le fait d’être sur place me permet de contacter l’imprimeur directement. En cas de problèmes, d’ajustements nécessaires, je peux les régler moi-même, en direct. En France, cela risquerait d’être compliqué. Autre avantage : le papier au Japon est souvent de très bonne qualité. Il y a de plus pas mal d’options d’impression, Pour ajouter des effets sympas sur la couverture. Tu peux faire cela partout mais au Japon, c’est quasiment standard et peu coûteux, et c’est bien fait, avec un contrôle qualité a la hauteur. Si l’argent est là, je compte proposer, plus qu’un ouvrage complet sur le sujet, aussi un bel objet, agréable à regarder et à conserver.

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  1. Voilà une initiative et un projet de bouquin qui semblent des plus intéressants! Je m’en vais y participer dès que possible 🙂 Bonne interview en tout cas, je dois avouer que je connaissais pas du tout SANQUA. Voilà qui est corrigé!

  2. Sans vouloir dire du mal de ce projet, je trouve qu’il y a trop de bouquins sur le retrogaming, on en découvre tout le temps et pas mal sont de simples livres dans lesquels on nous balance tout un tas d’infos disponibles sur le net.
    Aujourd’hui je vois ce projet 32bits, il ne m’intéresse absolument pas, je pense qu’il y a suffisamment de données sur le web, et ce n’est pas du retro qui remonte à 30ans, un livre sur ça je ne pense pas qu’il y ai un engouement énorme.
    Maintenant vu le nombre de jours restants et vu que les 15000€ sont vraiment hors de portée, je suis persuadé que le livre ne se fera pas du tout.
    Pour conclure, je dirais que ce livre est un énième bouquin parlant de consoles qui n’apporte vraiment rien de plus que ce que l’on doit savoir.
    Désolé pour mon avis, mais je suis même assez énervé de voir autant de livres sortir de partout, c’est vraiment la mode. Ça m’énerve autant que tous ces mecs qui font des tests de jeux sur youtube et qui pensent être intéressants, comme si on avait besoin d’eux pour avoir des infos. C’est nul, et sans aucun intérêt.
    La passation 16-32 ? Mais franchement pourquoi pas la Passation 8-16 ? quel est intérêt de parler de la génération Playstation ? Les vrais amateurs de retrogaming s’intéressent au début du jeu vidéo, pas à la Playstation qui n’est d’ailleurs pas considérée comme faisant partie réelle du retro à part pour les gamins de 15 ans.
    On sait tous que la PSX devait être un lecteur cd du la super nintendo, après pour les détails tout est sur internet.

    1. Tiens, un serpent est venu cracher son venin ? 🙂
      Si les livres sur le rétro ne t’intéressent pas, ce n’est pas la peine de venir les dénigrer. C’est comme a la télé, quand tu n’aimes pas, tu zappes. Tu t’insurges contre plein de choses qui ne t’intéressent pas, dans la vie? Eh bien, tu dois etre malheureux, je te plains…

      Quant à savoir si ce livre « n’apporte rien », il faudrait déjà l’avoir lu pour en dire autant. Je pense écrire des choses bien plus intéressantes que « la PSX devait etre le lecteur CD de la SNES ». Merci de pas prendre les autres pour des imbéciles.

      Et je t’invite à juger par toi-même de mon article sur la 3DO dans le dernier SANQUA, tous ceux qui l’ont lu m’ont dit qu’ils avaient appris plein de choses. Comme quoi…

  3. je fais aussi parti de cette génération de joueurs qui a connu cette génération et au delà de la nostalgie, c’est vraiment les prémisses d’une « autre façon de jouer », et une consommation plus massive du jeu vidéo tel qu’on connait le marché aujourd’hui qui a commencé. Ce que l’on peut aussi regretter d’ailleurs. Après je ne peux pas juger un livre que je n’ai pas lu, mais la couverture laisse un peu penser à un bouquin très « pro-playstation » alors qu’avec du recul ce sont les jeux qui on fait l’époque et non pas le succé commercial d’une machine. là ou je peux rejoindre le Keke, c’est sur le fait que la playstation était vraiment une machine de son époque dont la PS2 et 3 sont dans la continuité , difficile donc (c’est un avis personnel) d’y voir un interet retro, là ou une machine comme la Saturn de part sa ludothèque chargé en jeux d’arcades et en 2D représente aujourd’hui encore beaucoup d’interet. Tout comme la Neo Geo d’ailleurs.

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