Inazuma Eleven

Inazuma_Eleven_DS_jaquette_euro_pal[dropcaps style=’2′]En avant, il faut foncer droit au but… Deux mi-temps et quatre-vingt dix minutes… C’est assez pour rassembler nos espoirs… Et pour forcer la victoire… La victoire ! Ainsi aurait pu débuter le générique d’Inazuma Eleven tant l’esprit insufflé par Level-5 dans son RPG footballistique est proche de ce que proposait Captain Tsubasa – plus connu sous nos latitudes sous le titre Olive et Tom – en son temps. Quelle drôle d’idée, par ailleurs, que d’allier le football au jeu de rôle. Et malheureusement, la remarque est valable même une fois l’aventure achevée…[/dropcaps]

Endō Mamoru est un passio… Ah non, version occidentale oblige : Mark Evans est un passionné de football. Capitaine de l’équipe de foot du collège Raimon – et accessoirement gardien de but – il tente désespérément de motiver ses camarades à jouer avec lui. Ces derniers préfèrent passer leur temps sur leurs consoles de jeu plutôt que s’entrainer. Afin de justifier la dissolution du club, le directeur décide d’organiser un ultime match contre l’équipe championne nationale depuis 40 ans : la Royal Academy. En cas de défaite, Mark et ses amis devront se reconvertir. C’est alors qu’arrive un nouvel élève, Axel Blaze (Gōenji Shūya…). Mystérieux joueur de foot au passé trouble et ayant décidé de ne plus toucher à un ballon du haut de ses 12 ans (!), il galvanise involontairement Mark qui décide de recruter de nouveaux joueurs et empêcher la dissolution du club. Ce simple postulat amènera bien vite la petite troupe de joueurs à découvrir un véritable complot autour de la Football Frontier, la plus grande compétition inter-collèges, et surtout les raisons de la disparition de l’Inazuma Eleven, une équipe de football légendaire…

Une histoire sur le papier intéressante mais dont le suspense est tué dans l’œuf en raison de la cible visée par Level-5 : le jeune public. Entre les niaiseries des protagonistes, les retournements de retournements de situation en trois phrases et les révélations senties plusieurs heures à l’avance, il faut bien reconnaître qu’Inazuma Eleven ne passionnera pas les foules grâce à son scénario, à la progression digne d’un véritable shonen. L’équipe passera par les qualifications avant de se heurter à l’événement principal, le tournoi inter-collèges, tout en affrontant des équipes toujours plus fortes et en apprenant des techniques de ouf malade, dont certaines clairement pompées du modèle Captain Tsubasa. Hommage peut-être, diront certains. En tout cas, l’impression de naviguer en terrain connu est persistante et ne décolle pas en raison de la présence de tous les poncifs du genre, à savoir des manageuses secrètement amoureuses du capitaine de l’équipe, un joueur mystérieux au secret qui justifie tous ses actes, la puissance de l’amitié qui sauve tout et la positive attitude du début à la fin de la part du héros à tel point que l’envie d’en changer ne cesse de grandir au fil des heures.

Ces heures vous les passez à jouer au football. Pour réussir son pari, Level-5 a repris tous les éléments des RPG classiques à savoir un menu de gestion (équipements, objets, formation), des statistiques à augmenter, de nouvelles techniques, de l’expérience, des jauges et des affrontements aléatoires. En effet, tandis que vous vaquez à vos occupations, n’importe quelle bande peut vous défier – des joueurs du club de sumo, de judo, de tennis, … – au football. Ces combats se veulent des matches simplifiés : 4 joueurs de chaque côté, un terrain plus petit qu’à l’accoutumée et un objectif simple. Celui-ci consiste à soit marquer 1 but en premier, soit de ne pas en prendre, soit de récupérer le ballon, toujours dans un temps imparti, d’une trentaine de secondes. Ces matches vous permettent d’obtenir des points d’amitié et de motivation nécessaires pour recruter de nouveaux joueurs au travers d’un des systèmes les plus lourds que Level-5 pouvait mettre en place. 1000 joueurs peuvent être, sur le papier, embauchés, pour cela, deux méthodes : se reposer sur Silvia ou Nelly. La première vous présente un arbre de relations. Chaque feuille représente un collégien à recruter et votre progression fera sauter les quelques verrous situés sur les branches. Contre quelques points d’amitié, Célia vous indiquera où trouver le joueur – ce qui le fera apparaître… – afin que vous le défiez et convainquiez ainsi de vous rejoindre. Nelly, quant à elle, vous propose d’aller piocher dans les équipes préalablement vaincues : elle demande à son homme de main de choisir cinq recrues potentielles, vous les propose après un laps de temps plus ou moins long (surtout plus que moins…) et vous indique ensuite, selon votre choix, où la trouver. Peu intuitif, ce système amène une lourdeur là où un système à la Suikoden ou à la Pokemon aurait été bien meilleur, quitte à diminuer le nombre potentiel de joueurs.

Tout cela pour vous permettre d’affronter les plus grandes équipes du pays. Ces affrontements constituent les véritables enjeux, ceux où votre formation, vos équipements, votre expérience et surtout votre sélection de 11 titulaires et 5 remplaçants prennent tout leur sens. Si l’exploration peut se faire indistinctement à la croix ou au stylet, les matches de football sont réservés à l’utilisation tactile – un charmant écran aime d’ailleurs vous le rappeler avant chaque entame. Une fois le coup de sifflet donné, vos joueurs sont libres de leurs mouvements. Il est toutefois possible de les guider à l’aide du stylet et leur demander d’exécuter passes et frappes. Lorsque deux joueurs entrent en duel, vous disposez de trois possibilités, selon si vous attaquez ou si vous défendez, plus la liste des techniques spéciales. La moindre action consomme des PT, et les techniques se chargent de diminuer vos PE – à moins de ne pas s’être rechargé au préalable, il est difficile d’en manquer. Le but étant, vous vous en doutez bien, d’atteindre les buts adverses pour y coller un pion. Très vite, les adversaires haussant leur jeu, il est nécessaire de tout miser sur les techniques spéciales. Choc du dragon, Tornade de feu ou Foudre seront vos meilleures alliées pour tromper la vigilance des gardiens. Ces techniques offrent l’opportunité de voir de multiples scénettes, joliment réalisées en 3D, vous rappelant la larme à l’œil, encore une fois, Captain Tsubasa. Le tir du tigre n’étant pas bien loin.

Malheureusement pour Inazuma Eleven, si, encore une fois, sur le papier, le système de match, tout comme celui des recrutements, était prometteur, il est tout simplement plombé par l’absence totale de difficulté. Passé le premier match de la compétition extrêmement scripté et finalement peu agréable à jouer, vous nagerez dans un océan de facilité en plantant de nombreux buts à chacune de vos rencontres, et ce même lors des finales contre les équipes les plus terrifiantes, sans pour autant être inquiété du côté de vos cages. En voulant viser un public jeune Level-5 a totalement oublié d’intégrer la notion de challenge au point qu’il en devient ennuyeux de ne trouver aucune opposition. Ce qui aurait du être un point fort – le système de jeu est formidablement bien pensé – en devient une tare. Pourtant, tout est fait pour inciter le joueur à faire du levelling au travers des combats aléatoires, des matches amicaux face aux anciennes équipes ou l’entrainement dans le centre Inabaraki. A quoi bon. A quoi bon également profiter de la liberté totale de mouvements offerte dans les différents quartiers de la ville puisque mise à part des coffres mis bien en évidence, il n’y a pas grand-chose à découvrir. Les dialogues avec les habitants sont eux aussi peu inspirés voire totalement inintéressants, bien qu’à l’occasion contextuels.

C’est d’autant plus dommage que Level-5 s’était semble-t-il donné les moyens pour réussir avec une localisation intégrale. Des noms au doublage en passant même par l’introduction chantée, tout a été traduit en français. De nombreuses scènes cinématiques égaient les moments clés, tout en dessin animé, bien compressées et très belles. De véritables morceaux d’anime. A côté de cela, Yasunori Mitsuda (monsieur Xenogears, Xenosaga et les Chrono) a été appelé pour composer les différentes musiques du jeu. Difficile de l’imaginer dans un registre aussi peu sérieux et décalé qu’Inazuma Eleven. Pourtant, le monsieur offre une partition tout à fait en adéquation avec son sujet, une partition plutôt variée, qui ne restera pas dans les esprits mais qui n’a pas à rougir. Et si l’aventure ne dure qu’une douzaine d’heures de jeu en ligne droite, il est possible de gonfler ce chiffre en sauvegardant en toute fin pour continuer à affronter des équipes toujours plus fortes.

[section id= »conclusion » style= »border:1px solid white;padding:10px;overflow:auto;background-color:#00a0db;color:#FFFFFF; »]Alors comment Level-5 a-t-elle pu louper le coche ? En oubliant totalement les joueurs âgés de plus de douze ans. En n’instaurant aucune résistance dans sa progression, les développeurs ont rendu l’ensemble ennuyeux et lassant. Ce n’est pas faute de proposer un enrobage quasiment irréprochable et un système astucieux au possible, si l’on excepte l’exécrable technique de recrutement. Inazuma Eleven est au final un titre amusant pour son hommage à Captain Tsubasa mais qui, l’instant nostalgie passé, ennuie. Heureusement, sa courte durée de vie lui permet d’être aisément abordable afin d’attaquer le bien meilleur numéro deux…[/section]

  1. Je suis totalement en accord avec la critique. Après la grosse déception qu’avait été Captain Tsubasa: New Kick Off, j’avais pourtant envie de l’aimer ce jeu. Son succès au Japon, les critiques élogieuses de la presse, les comparaisons avec Pokémon…Sur le papier, ça donnait envie. Au final, c’est juste une grosse déception. Le jeu n’est pas mauvais, mais il manque tellement d’envergure que je ne comprends absolument pas comment a pu être un tel phénomène au Japon, ni comment la presse a pu se montrer aussi complaisant avec. Parce que le jeu vise avant tout un public jeune ? Ok. Mais dans ce cas, il aurait peut être fallu éviter d’aller trop loin dans les éloges et d’aller jusqu’à considérer Inazuma Eleven comme un « sérieux concurrent » aux Pokémons. C’est peut être mon côté fanboy de la licence de Game Freak qui fait que ce détail m’irrite un peu plus qu’un autre, mais je n’arrive vraiment pas à comprendre comment une telle comparaison a pu être faîte par certains journalistes. Là où Pokémon est calibré pour toucher un très large public, Inazuma Eleven se destine complètement à un public très jeune. Là où Pokémon est l’une des séries de RPG les plus riches en terme de contenu et de gameplay, Inazuma trouve très rapidement ses limites dans quasiment toutes ses composantes. Bref, le fait qu’on ait pu considérer Inazuma Eleven comme capable de concurrencer Pokémon sur son terrain reste toujours une énigme pour moi.

    Reste que le jeu est sympa, mais tellement loin de ce que l’on était en droit d’attendre vis-à-vis de toute la « hype » qui entourait la série avant sa sortie en Occident. Au final, c’est juste un petit RPG qui n’a rien d’extraordinaire en dehors de sa thématique. Je me ferais sans doute le deuxième opus pour voir si ils apportent quelque chose par rapport à ce premier épisode archi-limité, mais ce n’est clairement pas ma priorité.

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