Valkyrie Profile

Poésie, mais souvent tristesse aussi, accentuant le sentiment de mal-être qui peut survenir en vivant intensément l’histoire. Le parterre de fleurs du début ne peut laisser indifférent, d’autant que l’animation des environnements est simulée par de la synthèse intégrée aux décors, principe démocratisé sur console par Final Fantasy VII un peu moins de deux ans auparavant. Il est toutefois possible de naviguer entre différents plans à l’aide de sorties soit vers l’avant soit vers l’arrière de l’écran amenant le niveau suffisant de perspective pour ne pas repenser à la théorie de la Terre plate.

A ajouter à cela la possibilité de sauter et de lancer des sorts de glace, ce qui amène à penser que Lenneth sait se défendre au sein des donjons. Leur traversée se fait donc de la même façon que dans les villes et villages, à ceci près que Lenneth y est recouverte de son armure et qu’elle se permet de sortir son épée contre les ennemis qui y règneraient. Ceux-ci sont en effet visibles sur le terrain et, vu le niveau global de difficulté, il n’est pas inutile de les frapper avant de les heurter afin de prendre l’initiative au cours de l’affrontement. Comme à son habitude, Tri-Ace a inventé un système de combat non seulement unique mais surtout dynamiquement génial. A gauche, les ennemis, organisés par rangées, à droite, les quatre Einherjars pouvant prendre part au combat, chacun préalablement positionné sur une touche de la manette. Selon l’arme équipée, un personnage est capable de frapper une ou plusieurs fois au sein d’un même tour. Appuyer sur une touche fait attaquer l’Einherjar correspondant. Chacun pouvant attaquer n’importe quand durant le tour, c’est au joueur d’enchainer intelligemment les touches pour, selon les types d’attaque de chacun, provoquer des combos. Ces derniers font augmenter une jauge située en bas à gauche de l’écran jusqu’à son paroxysme à savoir 100. Une fois atteint, il est possible d’appeler les techniques spéciales des combattants ayant participé à son augmentation. Leur utilisation fait descendre la jauge mais elles peuvent elles-aussi s’enchainer. Ces coups, extrêmement impressionnants, permettent ainsi d’abréger de manière non négligeable la plupart des combats. Un principe simple mais mettant une claque à tout ce qui s’est fait avant étant donné son efficacité et dynamisme. Heureusement, vu le nombre considérable de combats.

Ils peuvent pour la plupart être évités. Valkyrie Profile est d’ailleurs un jeu pouvant être terminé en se contentant de regarder les scènes cinématiques et en utilisant ses périodes à se reposer ou à visiter les villes. La moindre des actions du joueur coûte en effet des périodes : recruter un Einherjar, parcourir un donjon, récupérer une arme dans une ville ou encore restaurer la santé de ses héros. Une fois le compteur du chapitre arrivé à 24 périodes, passage obligatoire devant Freya et Odin avant de découvrir le chapitre suivant. La fin du monde avance donc inéluctablement faisant de Valkyrie Profile un jeu de rôle chronométré. Ce système implique donc un minimum de rigueur dans la traversée des niveaux et dans la gestion de son parcours. Interdiction donc de flâner pendant des heures dans le monde de Midgard sans devoir en assumer les conséquences ensuite. Ce qui constitue à la fois un des points forts et un défaut du titre : selon la sensibilité du joueur, la progression ne se fera pas sans heurt.

Bien que le scénario, passionnant et superbement narré, pousse à la découverte, la répétitivité des donjons peut en décourager plus d’un. Si le mode Easy est une véritable partie de plaisir ne pouvant déboucher que sur les deux fins les plus pessimistes, le mode Normal offre un véritable challenge et la possibilité de découvrir la réelle fin de Valkyrie Profile. Le mode Hard, quant à lui, ouvre carrément l’accès des donjons inédits et surtout une difficulté prenant réellement aux tripes (chaque Einherjar étant recruté au niveau 1…). Pour les amateurs de challenge, Tri-Ace a, comme à son habitude, placé son donjon optionnel, Seraphic Gate, recelant moult secrets et boss à s’arracher les cheveux.

De par sa réalisation absolument sublime, Valkyrie Profile sidère ; mais son orientation artistique y est également pour beaucoup. Les teintes des décors, tirant sur le gris et bleu, se veulent, certes, reposantes pour les yeux, mais incroyablement mélancoliques. Rares sont les moments de bonheur et l’impassibilité de Lenneth vis-à-vis des destinées des Einherjars étonne. Tout l’attrait du véritable scénario du jeu – totalement optionnel mais menant à la meilleure fin, dite A – est d’amener Lenneth à réfléchir sur ses actes et sur sa véritable nature. Les très beaux artworks représentant les personnages et les voix digitalisées accentuent l’attachement que le joueur peut avoir pour les différents intervenants, le doublage, qu’il soit japonais ou américain, se révélant exemplaire. Le tout se déroule en compagnie des compositions de Motoï Sakuraba, qui signe avec Valkyrie Profile très certainement l’une des œuvres majeures de sa carrière. Que ce soit les morceaux tristes ou les partitions épiques, il n’y a que peu de fausse note, pour ne pas dire aucune, à tel point que la plupart de ces insidieuses musiques se veulent entêtantes au possible.

Tandis que les RPG tentaient de se renouveler profitant de la puissance des 32 bits, Valkyrie Profile se permet de prendre une avance considérable sur une grande partie de la concurrence de part son système à la fois simple et facile d’accès et surtout sa progression hachée extrêmement avant-gardiste. Le titre de Tri-Ace s’offre qui plus est une identité propre, que ce soit musicalement et visuellement, grâce à un character design exceptionnel du duo Yoshinari, Kou et You. Un sans faute donc, si ce n’est la redondance des phases de donjons qui pourront en lasser certains et la qualité plus que moyenne des scènes en images de synthèse. De même, l’histoire étant chronométrée, mais nécessitant tout de même près d’une trentaine d’heures pour être achevée, les amoureux des promenades en plein air pendant des heures risquent de tiquer. Ce qui les priverait de l’un des RPG les plus marquants de l’ère 32 bits.

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  1. Hé bien, moi l’iconoclaste de service, j’ai découvert ce jeu l’année dernière. Et quelle baffe. Si je l’avais connu en son temps, probablement que certains cadors de l’époque (que je ne citerai pas) m’auraient laissé des souvenirs encore plus vagues que ce qu’ils m’ont laissé.

    Ecriture, richesse, ambiance, justesse des personnages, « tranches de vie » toutes plus touchantes les unes que les autres, système de combats passionnant. Et la Valkyrie qui demeure le personnage féminin qui m’aura le plus marqué tant le paradoxe entre l’aplomb avec lequel elle assume son rôle de déesse de la destinée et en même temps…. Bah! je ne développerai pas par respect pour ceux qui n’auraient pas encore fait ce bijou de RPG au déroulement (recrutements, donjons, périodes, chapitres) absolument génialissime.
    Un jeu qui m’a profondément touché, ça c’est sûr. Son seul défaut : un manque de transparence au niveau des différents systèmes et des différentes mécaniques qui sont vraiment difficiles à comprendre la première fois, et une fin A complètement impossible à obtenir sans soluce.

  2. Pas mieux. Valkyrie Profile est un très grand jeu, pas que ça veuille dire qu’il soit parfait pour autant : comme l’a indiqué Vidok, le rythme peut devenir vachement répétitif si on veut exploiter toutes les périodes à disposition et il y a masse d’éléments de gameplay pas ou mal expliqué.

    Mais bon, à côté de ça, on a sans doute un des RPGs les plus audacieux qui soient, un jeu qui a offert une expérience radicalement différente de ce qu’offrait la concurrence. Et surtout, c’est un jeu qui est allé au bout de son trip, même si ça voulait dire glorifier la 2D à l’époque où seule la 3D était encore acceptable, proposer un scénario axé sur l’humain à l’heure où s’est diffusé le jeu vidéo grand spectacle ou démonter le système de progression classique d’un RPG pour coller à l’atmosphère d’urgence crépusculaire suscitée par l’émergence du Ragnarok. Le tout sans même parler de l’ahurissant système de fight que tri-Ace n’a jamais réussi à ne serait-ce qu’égaler dans ses productions successives.

    Bref, un grand jeu, un très grand jeu.

  3. Pas mieux. Par contre, plus que le côté répétitif qui personnellement ne m’a jamais dérangé (même si je comprends parfaitement qu’on le soit), c’est plus la fin A qui constitue à mes yeux le plus gros défaut du jeu. Pas par son contenu, magistral, mais par la manière de l’obtenir qui est à mon sens une véritable honte. C’est vraiment le seul échec du jeu à mon sens.

    Reste que même sans sa fin A, Valkyrie Profile est un très grand jeu.

  4. La redondance du principe m’a fait relancer le jeu plusieurs fois car je décrochais un peu à partir du cinquième chapitre. Mais en y repensant, il n’avait pas eu de chance d’arriver chez moi une semaine avant la sortie de Chrono Cross. Ce dernier me l’avait fait mettre au placard pendant un moment. Heureusement, je l’ai ressorti aussitôt après.

    Il reste que son scénario demeure l’un des plus touchants du genre sur Playstation. On comprend ce qui se trame dès le démarrage du jeu mais le voir arriver petit à petit est un grand moment. Il est vrai que l’obtention de la fin A est décevante – impossible à deviner… – mais c’était une époque où les soluces de jeu pullulaient de partout, ce qui en fait un état peu choquant à mes yeux, bien que désagréable pour le joueur n’aimant pas parcourir un jeu avec un livre sur les genoux – mon cas également.

  5. Beau fût le jour où coincé dans mon adoration pour les Final Fantasy, j’ai découvert Star Ocean 2 puis ce Valkyrie Profile. Un jeu assurément mélancolique dans son scénario et ses magnifiques musiques (qui donnent parfois la larme à l’œil), et qui propose pour moi le meilleur système de combat de tout les RPGs que j’ai pu jouer : dynamique, tactique (ou bourrin) et extrêmement grisant (s’acharner sur un boss, quel pied!). Tout ce temps passé dans les donjons et les menus à parfaire ses personnages… How nostalgic.

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