To The Moon

Fly me

Genre
Aventure
Développeur
Freebird Games
Editeur
Freebird Games
Année
2021

Avec son esthétique 16Bit, To The Moon aurait pu vous faire dire “Encore un RPG sur Archaic !”. Le titre est d’ailleurs développé sous RPG Maker XP. Les premiers pas de nos deux héros les font rencontrer des oiseaux dans un combat au tour par tour. Pourtant, cet affrontement factice vous dira bien que vous n’êtes pas dans un RPG, mais dans un jeu d’aventure. Aux allures presque de visual novel tant l’action en sera absente.

Ici, point de combats, de monstres, ni même de game over. To The Moon nous raconte une histoire. Celle de Johnny, par l’intermédiaire de deux médecins, Eva Rosalene et Neil Watts, travaillant tous deux pour l’entreprise Sigmund Corp. Johnny, mourant, les a mandatés pour accomplir son rêve : aller sur la lune. Grâce à la technologie de Sigmund Corp, il est possible de modifier certains souvenirs pour donner les moyens, virtuellement, aux patients de réaliser leurs rêves. Toutefois, la procédure demande aux médecins de parcourir la mémoire du patient pour comprendre la raison de ce rêve, et trouver le meilleur moment à modifier pour l’amener à le réaliser tout seul. Avant le difficile dernier moment. To The Moon nous demande donc de suivre les deux collègues au travers différentes couches de souvenirs, des plus récents aux plus anciens. Nous découvrons ainsi, petit à petit, la touchante relation entre Johnny et sa femme River, aujourd’hui décédée de maladie, leur quotidien, leur rencontre, leurs amis, certains de leurs durs moments, puis l’enfance de Johnny. 

N’attendez pas de To The Moon un gameplay travaillé : le jeu ne souhaite que vous raconter son histoire. Par conséquent, vous ne dirigez que l’un des deux protagonistes, clavier/souris sur ordinateur, stick sur Nintendo Switch. Il est régulièrement nécessaire d’interagir avec le décor pour débloquer des moments de vie. Entre deux souvenirs, des puzzles vous sont proposés, jamais bien difficiles, pour pimenter quelque peu la progression. Mais il est impossible de rester bloqué tant l’ensemble est rudimentaire. Le titre de Freebird Games ne tente pas d’imposer un quelconque challenge. Il sait rester humble, par son propos et, surtout, par sa sublime bande son, signée Kan Gao. A la fois calme et mélancolique, elle accompagne à la perfection la plongée mémorielle, à la fois passionnante et touchante. Car To The Moon ne se veut pas spécialement gai. De par son contexte – Johnny est sur son lit de mort – mais également par son récit tournant autour de la maladie de River et du regard des autres. 

L’aventure ne dure guère plus de quatre ou cinq heures, en prenant son temps. Elle aurait pu être abrégée, certains moments manquant clairement d’intérêt. Mais malgré l’indéniable réussite de son histoire, le jeu a pour tare ses deux protagonistes jouables. Si leur duo fonctionne par instant, il a tôt fait de nous énerver, Eva restant désespérément froide et distante pendant une longue partie de l’aventure. Tandis que Neil nous tape juste le système avec ses réflexions permanentes. Il faut saluer l’excellente traduction française. Quelques fautes de-ci de-là sont à relever mais rien de grave, d’autant qu’elle a été réalisée gratuitement par des fans, fournie à Freebird Games pour intégration. Elle était donc disponible sur le site du développeur et intégrée aux versions mobiles et Switch.

To The Moon
Appréciation
To The Moon se laisse suivre avec plaisir et vous occupera, au mieux, une soirée ou deux. Au-delà de son histoire touchante, sa plus grande réussite réside dans sa bande originale exquise. D’ailleurs, les souvenirs de Johnny n’auraient pas cet impact sans elle. A noter que la chanson de Laura Shigihara, Everything’s Alright, accompagne, elle aussi, les moments forts. Nous oublions bien vite les quelques couacs notamment des deux personnages que l’on dirige. Les véritables héros sont Johnny et River.
Points forts
Une histoire touchante
Une bande son fabuleuse
Points faibles
Le récit aurait pu être raccourci
Deux protagonistes peu intéressants