Eragon

Blockbuster au cinéma, Eragon avait la lourde tâche de remplacer Narnia le temps d’un Noël mais aussi et surtout le Seigneur des Anneaux au Box Office. L’ambition des lignes qui suivent n’est pas de faire une critique du film mais plutôt celle de l’adaptation sur Nintendo DS. Le jeu est paru également sur la plupart des autres supports disponibles (PS2, PC, GBA, Xbox 360). Avons-nous eu le droit à une belle version ? Vous savez : le genre de portages utilisant les capacités de la console, aussi bien graphiques que techniques et qui malheureusement se font bien rares sur nos consoles.

Première chose à faire avant de vous parler en long, en large et en travers du soft : vous situer l’histoire.
L’action se déroule dans un monde parallèle au nôtre, où la magie est reine. Heureusement d’ailleurs sinon nous n’aurions pas le droit à un univers d’heroïc-fantasy. Le monde était en paix grâce aux dragonniers. Ils étaient les gardiens du royaume jusqu’à ce que l’un d’entre eux, Galbatorix ne prenne le pouvoir. Il décida alors de décimer tous les autres dragonniers.

L’histoire qui nous est contée débute des années plus tard. Nous découvrons le jeune Eragon, paysan vivant avec son oncle et son cousin dans un village paumé. Un jour qu’il était dans les bois, il découvre une pierre qui se révèle très vite être un œuf de dragon. Comme vous vous en doutez, un dragon va naître peu de temps après, une dragonne pour être précis du nom de Saphira. Le jeune fermier va alors devenir dans le même temps l’espoir de tout un peuple en incarnant la renaissance de la caste des dragonniers.
L’histoire n’a rien de bien originale et ne vous fera pas décoller de votre siège. Faire d’un film médiocre un bon jeu est une entreprise difficile. Pourtant, commençons par aborder l’un des points qui pourrait étonner aux premiers abords : la réalisation.

Même si les graphismes ne sont pas les plus beaux du genre, ils demeurent intégralement en 3D. Nous y sommes de plus en plus coutumiers avec notre chère Nintendo DS mais voir pareil titre fait toujours plaisir. Que ce soient les maisons, les grottes ou les grandes plaines, la totalité des lieux visités présente une plastique affriolante pour de la DS. Les vidéos présentées avant la sortie du titre ne nous avaient pas menti. Les protagonistes ont malheureusement été éborgnés. Les PNJ ne ressemblent absolument pas à leurs modèles humains et les magnifiques polygones les composant ne peuvent que vous sauter aux yeux. Il ne faudra pas non plus trop en demander du côté des détails : les décors sont rarement pourvus d’éléments pour combler un vide béant. Les plaines possèderont de temps à autre un rocher, les villages, si l’on occulte les maisons, sont composés de quelques fétus de paille et d’une charrue. Apparemment, le jeu profite d’un bon moteur mais très mal exploité. C’est dommage car il en résulte un sentiment de frustration devant ce graphisme perfectible.

Les impressions liées à la qualité de l’animation sont similaires. Elle reste fluide la plupart du temps mais le joueur logique ne penserait pas que le contraire soit possible tellement les mouvements sont minimalistes. Vous pourrez courir, sauter et frapper. Eragon a d’ailleurs été doté dès son plus jeune âge d’un bâton dans le postérieur, ce qui a entraîné chez lui une certaine difficulté à se mouvoir de manière naturelle et d’une posture droite. Après une certaine avancée dans le jeu, vous remarquerez rapidement que toutes les créatures existantes ont subi le même rituel. Petit soulagement…

Une réalisation technique en demi-teinte donc qui devait pourtant constituer le point fort d’Eragon. Là où les développeurs ont réussi à se démarquer quelque peu de la concurrence est dans la pratique de la magie. Eh oui, Eragon, en tant que Dragonnier, est prédisposé à la magie et aux incantations. Elles seront à découvrir au fil de la progression. Mais il ne suffira pas d’appuyer sur un bouton pour les utiliser : à l’instar de Tao et Lost Magic (dans des genres sensiblement différents), il sera nécessaire de composer les glyphes sur l’écran tactile à l’aide du stylet. Un cercle ou un éclair suffira à utiliser des sorts ou des herbes curatives. Pour les sorts, une boule apparaîtra qu’il faudra alors envoyer sur l’adversaire en traçant un trait en direction de celui-ci. Le système est très simple et apporte un peu de variété au gameplay.

Ce dernier n’est pas ce que l’on peut appeler très évolué. Ici, à proximité d’un monstre, vous bourrinez le bouton B pour l’assaillir de coups. Certains demanderont un chouïa plus de technique : vous devrez attendre qu’ils frappent pour agir. La touche R reprend le système de lock inauguré par Ocarina of Time en son temps. Il n’y a donc pas de souci majeur à viser ses opposants malgré l’environnement en 3D. Petite originalité : l’utilisation de l’arc peut se faire en vue interne. Autant dire que grâce à cela, votre efficacité au tir n’en sera que plus importante. Néanmoins, le manque relatif de puissance vous fera très souvent préférer l’épée et le contact au corps à corps par la même occasion.

A vous de choisir le type de joueur que vous êtes mais sachez que plus vous utilisez une arme, plus elle devient puissante. Chacune gagne de l’expérience à chaque ennemi défait et Eragon voit ses facultés s’améliorer. Avec l’épée, ce seront de nouvelles techniques qui se dévoileront, et le nombre de coups par enchaînement croîtra.

Ces évolutions auront lieu durant la dizaine d’heures de jeu qui vous seront nécessaires pour faire afficher la scène finale… si vous trainez un peu. Eragon n’est vraiment pas un jeu ardu et encore moins long. Il a clairement été réalisé pour satisfaire tout type de joueur et son niveau de difficulté moyen remplit parfaitement les clauses de son contrat. La replay value ne sera pas des plus élevées. Les seules phases à peu près plaisantes à refaire sont les parties à dos de dragon. Elles sont d’ailleurs accessibles via l’écran principal. Durant celles-ci, vous devez composer des symboles sur l’écran du bas à l’aide du stylet pour maintenir la synchro entre le mental d’Eragon et de sa monture. Rien de bien folichon non plus.

Eragon est un titre dont on fait vite le tour mais qui permet de passer un agréable moment. Il n’est pas à ranger dans le camp de toutes adaptations totalement ratées dont les rayonnages français sont couverts. Il s’agit réellement d’un bon jeu d’aventure/action qui offre une épopée agréable, à faire au moins une fois. Il reprend en quelque sorte le concept du film (en mieux heureusement) : un visionnage et c’est tout.