Le Livre d’Eli

Les films décrivant la fin du monde ont fait un impressionnant retour sur le devant de la scène ces dernières années. Predictions, 2012, La Route, … Le Livre d’Eli. Les frères Hughes, responsable notamment de l’adaptation cinématographique de From Hell, réapparaissent après 8 ans de silence radio dans les salles obscures. Pour marquer à nouveau les esprits, ils se sont lancés dans un univers saturé, bien particulier, à même de marquer les esprits en ce début 2010. A sa sortie, Le Livre d’Eli est passé devant Avatar aux Etats-Unis, preuve qu’il a le potentiel pour ameuter les foules. Mais est-ce à juste titre ?

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D’autant que des univers comme celui dépeint ici sont monnaie courante. Il est d’ailleurs amusant de noter les évidences références aux œuvres marquantes du genre telles que Mad Max. La civilisation humaine semble s’être quasiment éteinte ; les mégalopoles ne sont plus ; le droit n’est plus. Seules des bourgades au look de bidonvilles servent encore de logis aux survivants. Depuis 30 ans, l’humanité est aux abois. Depuis 30 ans, un homme marche. Eli (incarné par Denzel Washingtion) se dirige vers l’ouest. Son seul but tient dans le livre qu’il transporte et qu’il lit tous les soirs, sans exception. Se sentant investi d’une mission divine, Eli ne se détourne sous aucune façon de son chemin, pas même pour sauver une femme d’un viol. Jusqu’au jour où Carnegie (Gary Oldman), le dirigeant auto-proclamé d’une ville naissante, découvre que notre être messianique est en possession du dernier exemplaire du livre qu’il recherche. Il va alors tout tenter pour non seulement le récupérer mais aussi mettre fin au voyage d’Eli, voyage durant lequel notre héros fera la connaissance de Claudia, la mère esclave et aveugle, ainsi que sa fille, Solara, curieuse du monde extérieure.

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La première demi-heure de pellicule nous amène dans un monde ravagé, enclin au doute et à la survie. Nul ne sait de quoi demain sera constitué ; mise à part peut-être les bandes de voyous, agressant, volant, violant et tuant les voyageurs. La plupart tombent sur des hommes et femmes sans défense, d’autres sur Eli. L’occasion pour nous d’admirer les très bonnes chorégraphies du film, alors que les bandes annonces ne nous laissaient pourtant pas en espérer autant. Denzel Washington a visiblement pris quelques cours d’arts martiaux, et nous l’en remercions. Son personnage intrigue. Calme, puissant, presqu’omniscient, et semble-t-il protégé par un pouvoir divin, il occupe très bien l’écran. Peu habitué aux rôles aussi musclés, il paraît tout à fait à l’aise. Ni trop sûr de lui, ni hésitant, il est détaché des autres protagonistes, sans les écraser et sans faire tâche. Il vit grâce à sa foi, sans non plus tenter de la promulguer autour de lui. Un héros seul.

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Cette image est brillamment mise en valeur par les somptueux plans du film. Les décors sont pour la plupart renversants. L’ambiance post-apocalyptique est très bien retranscrite au point que l’on s’y croirait. Le climat est plus que pesant. Ce sentiment est très bien appuyé par la bande son d’Atticus Ross, tout à fait à propos. A la fois lourde et saturée, elle attise cette impression qui pèse sur les épaules du héros tout au long de son périple. Le Livre d’Eli nous entraîne donc dans ce monde dévasté sans l’once d’un remord et d’une censure. Les combats se veulent violents, les allusions morbides nombreuses, les cœurs noirs. Au milieu de tout cela, Eli est montré comme la lumière qui éclairera bientôt le monde, superbe métaphore quand on regarde Denzel Washington d’un peu plus près. Malheureusement, ce sauvetage se veut un peu trop religieux pour être fascinant. A l’inverse du film sus-cité, La Route, avec Viggo Mortensen, Le Livre d’Eli propose une véritable propagande au profit de la religion. Eli passe très vite pour le messager de Dieu, à deux doigt de représenter le Christ du futur. Si tant est que la fin, bien que proposant un twist absolument génial et pouvant être interprété de plusieurs façons, en est lourdingue de tant de catéchisme imposé. Les frères Hughes ne laissent pas le choix des convictions et offrent une vision étriquée de l’espoir, passant nécessairement dans une foi aveugle.

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Après Je suis une Légende, le cinéma hollywoodien nous fournit, une fois de plus, un message bien trop imposant, sapant tout le travail de forme pratiqué pendant le restant du film. La première demi-heure, fabuleuse entrée en matière, annonçant clairement un film de genre, ainsi que les fusillades et confrontations très bien mises en scène sont sabotées par le fond, trop lisse et sans réelle saveur. Le Livre d’Eli est une œuvre superbe, sur un plan purement visuel, le fond est au fil du visionnage noyé par un message qui aurait gagné à être plus fin.

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