Professeur Layton et l’Etrange Village

Petit studio montant depuis l’ère Playstation 2, Level-5 a su se forger une solide réputation au fil de ses créations. Principalement orientées RPG, elles sont su toucher le public et leur obtenir de gros contrats, notamment avec Microsoft, Sony et surtout Square Enix. Quoiqu’on en dise, le titre à avoir non seulement financé les petits projets de la société mais aussi et surtout révélé son savoir-faire au monde entier n’est autre que Dragon Quest VIII. Unanimement reconnu par la presse et adulé par les joueurs du monde entier, ce volet a su allier traditionalisme et modernité, le tout enrobé d’un écrin du plus bel effet. Fières de cette soudaine mais méritée renommée, les équipes de Level-5 se sont mises à créer toutes sortes de licences tout à fait originales. L’une d’entre elles se nomme Professeur Layton.

Un script…

Avec ses manières de gentleman et son haut de forme bien caractéristique, Le professeur Layton est un archéologue de renommée mondiale. Non pas en raison de son physique, ô grand dieu non, mais plutôt en raison de sa fascination pour les défis et devinettes. Son impressionnant sens de la logique ne laisse guère la place à l’échec. C’est ainsi qu’il a résolu palanquées d’énigmes jusqu’alors restées sans réponse. Nombreuses sont les personnes à faire appel à ses services pour résoudre les plus difficiles casse-têtes.
Le baron Augustus Reinhold était une personne fortunée, comme le laisse penser son titre. Son testament ne laisse rien d’autre à sa famille qu’une énigme : « La pomme d’or, trésor de la famille Reinhold, est cachée quelque part dans ce village. Celui qui parviendra à la trouver héritera de tous mes biens ». Sa veuve, Dalhia Reinhold, décide donc de faire appel au professeur Layton pour élucider ce mystère.

Le jeu débute alors que le professeur Layton et son jeune assistant Luke font route vers la résidence des Reinhold, à Saint-Mystère. Ils y rencontreront nombre de personnages tous plus énigmatiques les uns que les autres, et enclines à la coopération moyennant résolutions d’énigmes…

Des énigmes…

Professeur Layton et l’Etrange Village est, avant toute chose, un jeu de casse-têtes. Si l’emballage semble plus aguicheur qu’un Professeur Kawashima, le fond est le même. Pendant une douzaine d’heures, nous sommes amenés à résoudre plus de 120 énigmes. Elles vont de l’illusion d’optique au calcul d’aire en passant par la célèbre traversée des moutons et loups, sans oublier le remplissage de récipients. Leur variété étonne. Tout le monde peut en effet y trouver son compte dans le panel proposé. Aucune n’est réellement simple et toutes demandent un raisonnement guère évident de prime abord. Plus nous avançons dans l’aventure, plus nous nous imprégnons de la logique de déroulement et de raisonnement.

Un certain nombre de picarats – qui nous serviront une fois le jeu terminé – nous est alloué à chaque résolution. Si nous échouons, le nombre diminue pour atteindre un seuil minimum au bout de deux échecs. Level-5 a tenu à ne pas trop froisser les moins doués d’entre nous. De même, des indices sont accessibles moyennant des points SOS, pièces d’or se dénichant un peu partout dans le décor. A l’inverse de ce qui est annoncé dans le jeu, elles sont plutôt nombreuses, alors n’hésitez pas à en employer. Les plus masochistes pourront toujours tenter de résoudre l’intégralité des énigmes sans aide, ce qui constitue l’un des challenges de Prof. Layton et l’Etrange Village. Comme dit précédemment, 120 énigmes parsèment le jeu, à celles-ci, une douzaine viennent s’y greffer une fois le jeu terminé et encore d’autres disponibles en téléchargement. Autant dire que la durée de vie est plus qu’honnête pour un titre du genre.

Des clics…

Derrière ses puzzles, se cache un réel point’n’click. Prof. Layton se joue exclusivement au stylet, des déplacements à l’inscription de résultats. A l’image d’un Myst, vous naviguez d’un écran à l’autre en cliquant, dans un premier temps, sur la petite chaussure en bas à droite de l’écran, puis dans un second temps, sur une des flèches indiquant une direction. Le village de Saint Mystère n’est pas particulièrement vaste mais il recèle tout de même pléthore de lieux cachant eux-mêmes de multiples énigmes. Car si les différents personnages prendront un malin plaisir à vous en glisser pour un oui ou pour un non, tel un cheveu sur la soupe, les décors peuvent, eux aussi, en receler. Les développeurs ont donc fait appel à leur imagination pour en planquer un peu partout. Si elles peuvent paraitre annexes, sachez toutefois que certains lieux exigeront de nous un certain quota de puzzles résolus.

Dans le cas où nous en louperions, Mamie Mystère nous autorisera à les résoudre chez elle. Une aubaine, qui permet de ne pas se prendre la tête à nécessairement tout découvrir. Prof. Layton, non content de proposer une toile de fond passionnante, sait mettre à notre disposition foule d’à-côtés qui nous font vouloir toujours plus d’énigmes, à l’image du chien robot à construire ou du tableau à recomposer. Le titre de Level-5 tente donc de toucher aussi bien les joueurs curieux que les plus pressés. Encore leur faudra-t-il ne pas s’attarder sur les graphismes…

Du dessin…

Expert en cel-shading et maître du design tirant leur inspiration des dessins animés, Level-5 s’est inspiré des œuvres européennes, et plus particulièrement françaises et belges, pour concevoir les traits de Professeur Layton. Chaque recoin de Saint Mystère fait inéluctablement penser aux triplettes de Belleville. Il suffit de voir les teintes choisies pour ne plus avoir de doutes. L’univers décrit s’en rapproche, et les héros ne démentent pas non plus cette troublante ressemblance. Layton, avec son puissant accent anglais, anglais-britannique, et Luke, auquel quelques baffes ne feraient assurément pas de mal, ne peuvent que nous ramener aux Sherlock Homes.

Il faut signaler l’excellent doublage, anglais uniquement, dont a fait preuve le titre ; mixé à une bande son tout à fait en adéquation signée Mishiura (Rogue Galaxy, Dark Chronicle). Avec ses airs d’accordéon et de bals musette, il nous entraîne dans la France de l’entre de guerres. Un régal. D’autant que l’excellente adaptation française permet de comprendre sans l’ombre d’un souci les énigmes. Nintendo édite le jeu en Europe, cela se sent.

Du plaisir…

A l’inverse de Nintendo et autres grandes firmes, Level-5 ne s’est pas contenté de proposer aux joueurs DS une succession de puzzles sans rien autour. Bien au contraire. Professeur Layton et l’Etrange Village, non content de disposer d’énigmes intéressantes et très bien pensées, se permet d’offrir une aventure passionnante de bout en bout. Saint Mystère cache bien son jeu tellement le dénouement n’est guère prévisible. A la fois original et terriblement accrocheur, Prof. Layton saura attirer tous les mordus de logique tordue et les amoureux de fascinantes histoires. Précurseur d’une série de cinq épisodes, il ne saurait être laissé sur les rayonnages des magasins.