[dropcaps style=’2′]En 2008, Sony nous préparait à la sortie de son blockbuster de l’année, exclusive à sa console. Mais pas d’action effrénée comme le titre de Naughty Dog sorti un an plus tôt, il s’agit plus d’un véritable OVNI. Arborant des graphismes tout mignons et délirants, un peu comme Patapon pouvait le présenter sur la console portable de Sony, la devise criée toute toile de jute dehors : « Jouez, créez, partagez ». Un véritable concept basé sur le communautaire qu’on n’avait jamais vu jusqu’à maintenant, le jeu en ligne ne servant jusqu’à maintenant qu’à allonger gentiment la durée de vie de jeux de sport ou de rassemblements de kékés sous fond de guerres hollywoodiennes ou autres défouraillages d’extraterrestres. Entre plates-formes old-school sur graphismes enfantins et oniriques et création de niveaux, le mot-clef à retenir est imagination. En attendant, force est de constater que le dénommé LittleBigPlanet a amené un sacré bol d’air frais et ce, à juste titre.[/dropcaps]
Un Sackboy c’est bien, plein de Sackboys c’est mieux
Là où Nintendo a toujours eu une longueur d’avance par rapport à ses concurrents Sony et Microsoft, c’est qu’il possède une mascotte emblématique : Mario. Au moment où Sega était lui aussi dans le marché de la console, il avait un certain hérisson bleu pour lui fournir une image de marque. En cela, on peut dire que Sony et Microsoft ont encore du chemin à parcourir. Et il fut un temps où Sony avait un double pas à faire. Microsoft a fait son entrée en scène avec la Xbox et il faut quand même admettre que ce dernier avait un atout que Sony n’a jamais réussi vraiment à concrétiser, même si la PS2 possédait la technologie pour : le jeu en ligne. Enfin, en Europe surtout où Sony a mis en ligne le jeu en réseau bien trop tard et, par conséquent, s’est fait littéralement bouffé par le géant américain. Alors, quand la PS3 est sorti, Sony a décidé de rattraper ses erreurs passées en tentant de fournir les deux revirements en un seul soft. Et celui-ci trouve son nom dans LittleBigPlanet.
Déjà, pour prétendre avoir une mascotte qui s’impose dans le milieu du jeu vidéo, il faut qu’elle ait du charme et qu’elle ne soit pas trop repoussante. En cela, le petit Sackboy remplit très bien la mission. Il est choupinou comme tout, s’avère terriblement attachant. Et, de plus, il est personnalisable selon nos envies (et la taille de notre portefeuille car beaucoup de tenues sont disponibles en DLC d’après ce que j’ai cru voir). En gros, c’est un petit peu la mascotte de nos rêves qui se matérialise devant nous, le côté personnel ajoutant une plus value non négligeable par rapport à un Mario ou un Sonic qui, eux, restent sous une forme fixe. Il est donc bien plus facile de s’identifier à ce petit personnage bizarroïde, d’autant plus que pour le personnaliser, il ne faudra pas ménager ses efforts pour trouver les différents éléments dans les niveaux.
L’autre point fort de la franchise de Media Molecule est tout le côté communautaire qui est développé dans son concept. Il y a bien un mode histoire mais il ne s’agit là que d’une simple mise en bouche. Une introduction avant de se plonger à créer ses propres niveaux pour les publier en ligne. Ou bien si vous ne vous sentez pas créatifs, vous pouvez toujours vous balader dans les niveaux des autres. Que dire par rapport à ça ? Oh, vous ne devinez pas ? C’est tout con pourtant… Tant qu’il y aura encore des gens sur les serveurs de LittleBigPlanet pour faire vivre tout ce petit monde, autant de temps il restera vivace et bénéficiera de nouveautés. Une durée de vie considérable en somme. Sans compter que rien ne vous empêche de faire les niveaux à plusieurs, étape obligatoire si vous voulez récupérer tous les objets disséminés dans les niveaux du mode histoire car certains passages vous demanderont l’aide d’une, deux, voire trois personnes en plus de votre petit Sackboy.
Bob le bricoleur
C’est bien gentil d’avoir un personnage tout mignon pour nous représenter dans ce petit monde (de toute manière, on nous l’impose, on ne va pas faire les fines bouches)… encore faut-il que le monde vaille vraiment le coup d’être vu. Et en cela, Media Molecule a touché vraiment eu le nez fin lorsqu’il a développé le design. Ce petit monde fait de décor carton, objets assemblés à l’arrache (on se débrouille comme on peut). Le bricoleur du pauvre, celui qui te créé un monde enchanteur à base de déchets à recycler ou destinés à partir dans une décharge. Ça émoustille nos petits yeux et en plus, c’est amusant. Mais, en allant au-delà de ces simples considérations superficielles, il faut quand même reconnaître que le parti-pris du design de LittleBigPlanet est vraiment cohérent avec le concept.
C’est en effet précisément ce genre de style qui nous enverra rêver, on se surprendra à retourner en enfance. Et à booster notre imaginaire. Il ne faut pas l’oublier, un des buts du jeu est de mettre la main à la patte pour créer et il faut tout de même admettre que c’est bien plus facile de s’y mettre avec ce genre de design, même si ça peut paraître gamin, qu’avec le truc post-apocalyptique de la mort qui tue, plus mature peut-être mais moins porteur de créativité. De plus, les différents univers sont très variés de façon à ce qu’on ne finisse pas par se lasser. Si l’on pouvait aller faire un tour dans les jardins du Roi, à la salle de réception d’un mariage burtonien ou bien même dans le côté urbain tuning & fashion très new-yorkais dans l’esprit entre autres dans le mode histoire, on trouve tout une masse d’autres thèmes dans le monde en ligne. Il n’est pas rare de voir des remises au goût LittleBigPlanet de licences vidéo-ludiques connues comme God Of War, Metal Gear Solid et même Mario (étonnant d’ailleurs puisqu’il ne fait pas partie de l’univers Sony). Je suis même tombé sur un niveau South Park durant mes petites tribulations, c’est dire.
Back to basics
Ce qui rend les avis sur LittleBigPlanet si unanimes sur le charme du jeu, et, par conséquent, ce qui l’a fait vivre et le fait vivre encore trois ans plus tard, c’est cette volonté de revenir aux bases de la plate-forme. On évolue dans des niveaux en scrolling horizontal qui contient néanmoins trois plans de profondeur comme au bon vieux temps. Les contrôles ont également été revu à la baisse : très peu de mouvements sont possibles dans LittleBigPlanet. On peut sauter plus ou moins loin, s’accrocher, tirer ou pousser un objet ou coller des autocollants, soit pour faire joli, soit pour activer des interrupteurs mais c’est à peu près tout. Cela ne veut pas dire que le jeu est répétitif pour autant, le gameplay étant très varié. Sauf que la variété est apportée par l’environnement et non les capacités de notre petit personnage. Tout le contraire de l’évolution reposant sur la multiplication des mouvements possibles par le héros qui a été apportée ces dernières années. Et à vrai dire, cela n’en rend le gameplay que plus efficace, le côté «usine à gaz» pouvant parfois entacher l’expérience de jeu. Pourquoi avoir besoin d’avoir un bouton de réquisitionné sur la manette pour poser des explosifs alors qu’il suffit tout simplement de pousser là où on veut un explosif présent à l’écran et de sauter sur l’interrupteur non loin de là pour le faire péter ? Certes, on pourra pester par moments sur la jouabilité un peu imprécise donnant un peu l’impression d’être un peu dans l’espace (pour les sauts en particulier) mais ce petit défaut ne vient pas non plus gâcher le plaisir de jeu pour autant. Il faut juste se montrer un tout petit poil plus patient.
Et de la patience, il en faudra ! Faire la comparaison avec le premier Rayman ne serait pas hors de propos. Comme les jeux de plate-formes old-school, LittleBigPlanet se veut être un titre assez exigeant. Si les premiers pas ne sont pas bien complexes, on se retrouve vite pris dans le feu de l’action et les nerfs se verront mis à rude épreuve. Si un petit côté réflexion vient se joindre à l’aventure de temps à autres, notamment pour les objets récupérables en coopération avec d’autres joueurs, ce seront surtout vos réflexes qui se verront souvent sollicités. Il faudra donc faire preuve de «zenitude» pour voir le bout de l’aventure, en particulier le mode histoire où les derniers niveaux sont particulièrement coriaces à traverser. De quoi contenter tous les férus de challenges car récupérer tous les objets éparpillés et finir les niveaux en une vie (qui permettra de débloquer des objets bonus) n’est vraiment pas une tâche aisée.
Le Dieu, c’est vous !
Comme on vous le suggère si bien, LittleBigPlanet, c’est jouer, partager et créer. Mais pour créer, encore faut-il qu’on nous mette à disposition un éditeur de niveaux. Qu’on se rassure, Media Molecule ne l’a pas oublié en chemin et a justement bien fait son boulot là-dessus car il est vraiment complet. Mais qui dit complet dit plein de possibilités (que vous avez pu découvrir en vous baladant dans les niveaux), et donc un brin complexe. Pas de panique, il y a plein de didacticiels très bien fichus pour apprendre à le maîtriser mais il faut tout de même admettre qu’accoucher de son propre niveau se fera dans la douleur. Pour mettre en place tout ce qu’on peut avoir dans son esprit, il faudra du temps, énormément de temps. C’est pour cela qu’il faut que vous ayez vraiment l’âme d’un créateur pour vous mettre sérieusement à la tâche. Les autres perdront patience, publieront peut-être un niveau à la va-vite qui s’avérera assez inintéressant, puis abandonneront tout de suite après leur échec cuisant.
Même si on est en droit de se demander s’il n’y avait pas possibilité de faire un créateur de niveau plus accessible, il n’empêche que ce choix n’est pas si mauvais après tout. Cela nous fait vraiment rendre compte à tel point être un créateur (et donc, un Dieu, cela va de soi) n’est pas une chose si facile qu’elle n’y paraît. D’ailleurs, la somme des efforts fournis pour voir son petit bébé publié en bonne et due forme n’en rendra que plus fier. Et aux autres de se rendre compte que certains de leurs semblables peuvent vraiment être dotés de créativité et d’ingéniosité qui se doit d’être reconnues.
[section id= »conclusion » style= »border:1px solid white;padding:10px;overflow:auto;background-color:#00a0db;color:#FFFFFF; »]LittleBigPlanet tient vraiment toutes ses promesses. Sackboy n’a pas grand-chose à envier aux mascottes de Nintendo et Sega et en plus, il permet vraiment à Sony de propulser le côté online de sa Playstation que nous, misérables Européens, n’avons pas eu le loisir de beaucoup profiter du temps de la PS2. En plus d’avoir réussi avec brio de développer un jeu basé sur le communautaire, Media Molecule en a fait un jeu vraiment enchanteur et plein de charmes. Une franchise exclusive à la PS3 à ne pas louper ![/section]
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