Subject 13

Les 12 précédents sont morts d'ennui

Genre
Point-and-click
Développeur
Microïds
Éditeur
Microïds
Année de sortie
2015

Figure indissociable de la société Delphine Software International, Paul Cuisset se cache derrière bon nombre de classiques du studio français comme Les Voyageurs du temps (réalisé avec Eric Chahi), Croisière pour un cadavre, Flashback et sa suite Fade to Black, Shaq Fu (OK, peut-être pas celui-là), Darkstone ou encore la série des Moto Racer. S’absentant durant quelques années du monde vidéoludique (en parallèle, Delphine déposa le bilan), l’homme y revint par intermittences, notamment en avec Mr. Slime Jr., Amy ou encore le remake de Flashback (pas celui de 2018), pour des succès pas spécialement au rendez-vous. Ce qui va nous intéresser dans les prochaines lignes se prénomme Subject 13, et constitue avec quatrième Moto Racer, une de ses dernières créations en date. Réalisée en 2015 en partenariat avec l’éditeur français Microïds, celle-ci fût financée avec une certaine réussite via une discrète campagne Kickstarter. Autant dire que sur la description de cette dernière, le titre avait de quoi plaire, mais malheureusement, souris en main, c’est vraiment autre chose…

Subject 13, ou “Sujet 13”, c’est le nom qui va coller à la peau de notre héros durant cette courte aventure. Un substantif donné par une mystérieuse IA à Franklin Fargo, un scientifique qui vient tout juste de se réveiller, légèrement perdu, enfermé au sein d’une capsule tout droit venue de L’Aventure Intérieure. Pour ne pas arranger les choses, on lui indique qu’il est prisonnier au sein d’une île paumée au milieu de nul part, et qu’il devra bien écouter et exécuter ce qu’on lui demande pour qu’il puisse espérer sortir de là. L’intelligence artificielle ne semble pas spécialement agressive et veut avant tout être d’une précieuse aide, mais elle reste très vague sur comment Franklin est arrivé ici, et n’est visiblement pas disposé à ouvrir quoi que ce soit pour aider notre héros… Après tout, il est un sujet, le numéro 13 qui plus est. Le jeu ne laisse pas vraiment planer un long mystère sur les volontés de chacun dans l’histoire, et autant dire qu’on en aura pas spécialement pour notre argent tant le scénario de Subject 13, vite ficelé, ne vole pas spécialement haut et demeure prévisible en tous points, proche du cliché de science-fiction, avec quelques choix possibles dans les dialogues qui ne changent finalement pas grand chose, en plus de n’est pas du tout passionnants.

Ce qui a oublié d’être dit c’est que le titre de Paul Cuisset est un point-and-click. Sur la partie scénaristique, c’est donc légèrement loupé, mais qu’importe si les énigmes sont intéressantes ? Vu que le jeu est présenté en 3D avec des graphismes modernes, il faut s’attendre à pas mal de variétés dans les puzzles proposés. Subject 13, de ce côté là, s’en sort plutôt bien au début : on est grossièrement lâché dans un ensemble de salles avec pas mal de choses avec lesquelles interagir et de trucs à mettre dans son inventaire pour les utiliser autre part, tout en proposant de tant à autre de s’attarder sur un objet en particulier que l’on pourra manipuler avec zooms et rotations via une interface qui rappelle le premier Resident Evil ou encore la cinquième affaire du premier Phoenix Wright, à la recherche de mécanismes comme des boutons ou des éléments coulissants. Ces puzzles, plutôt inventifs et stimulants pour les neurones, sont malheureusement trop peu nombreux et souvent remplacés par des variantes pas très inspirées de jeux du taquin ou d’énigmes de mémoires simples à mettre en œuvre. La personne habituée au genre s’ennuiera assez rapidement durant les premières heures de jeu avant de se heurter, durant le dernier chapitre, à deux épreuves particulièrement corsées : la première propose de réaliser des calculs à partir d’une base arithmétique issue d’une ancienne civilisation, assez obscure à comprendre pour les non matheux tant les indices donnés sur un bout de papier sont incompréhensibles et difficiles à juxtaposer avec ceux qui se trouvent dans le décor, souvent bien cachés. La seconde épreuve implique une repompe d’un jeu bien trop connu dont la difficulté est ici poussée à l’extrême puisque la MOINDRE erreur résultera sur un reset complet du puzzle, obligeant à recommencer le “déchiffrage”, non sans attendre une trentaine de secondes d’animations avant de pouvoir retenter. Bon prince, le jeu gardera en mémoire vos erreurs, avant d’éviter de se retaper tout le boulot indéfiniment. On se demande vraiment comment il est possible d’obtenir le succès qui impose de résoudre le puzzle en moins de dix minutes…

Subject 13
Appréciation
Cette dernière énigme, qui semble impossible à terminer sans noter la moindre action sur un papier, constitue à elle seule un quart de la durée de vie du jeu, qui se boucle en à peine une après-midi d’un mix entre ennui et frustration. Subject 13 partait pourtant avec une volonté certaine de vouloir bien faire et d'un prémisse alléchant, avant de s'effondrer comme un soufflet à cause de puzzles pas spécialement inspirés et une histoire finalement peu engageante. Malgré la présence d’un système d’aide en deux temps, une interface pas trop capricieuse et de sympathiques compositions musicales signées par Olivier Derivière, le titre de Paul Cuisset peine à se hisser dans la moyenne basse des pointés-cliqués proposés actuellement, anciens comme nouveaux, dans le domaine de la science-fiction ou non. Dommage.
Points forts
Intéressant sur le papier
Des musiques sympas
Points faibles
Intéressant sur le papier seulement
Des énigmes totalement abusées