Utopiales 2021 : les courts-métrages

Ils courent ils courent

Toutes les années très attendues, les multiples sessions de courts-métrages, variant de six à sept pour cette édition 2021, sont encore l’occasion de découvrir des films qui passeront pour beaucoup sous les radars, à moindre d’être une personne assidue du format court, ce qui est loin d’être notre cas… Mais on se soigne donc ici. Comme à l’accoutumée, les organisateurs tentent d’équilibrer les genres avec de la romance, du trash, du dessin animé, de l’humour, et bien sûr de la science-fiction. Il y en a pour tous les goûts et ce à chaque séance. Il nous a été possible de voir trois des quatre séances pour cette reprise des Utopiales. Nous comptons donc, une fois encore, vous offrir notre point de vue et nos éventuels coups de cœur.

Un astérisque * au niveau d’un court-métrage signifie que ce dernier est visionnable dans son intégralité… Du moins, au moment de la publication de cet article !


Séance numéro 1

Avis de Vidok

  • À la mode : Que ces aplats sont laids, mais heureusement, le court-métrage français se veut amusant, sans oublier une morale sur cette irrépressible envie de suivre les modes et les tendances, de peur de dépareiller. Un bon moment.
  • Angst : Le concept est intéressant : dans un monde sans peur, proposer des shoots de peur. La réalisation ne démérite pas mais le rythme très lent et l’absence manifeste de présence à l’écran fait que l’ennui succède à la surprise.
  • Facelift : Bien que son dénouement ne laisse pas l’ombre d’une chance au suspense, Facelift coche toutes les cases de l’agréable film d’horreur. Il maîtrise son sujet et sait être juste.
  • Opera : Opera est visuellement impeccable. Sa pyramide de salles s’animant sous nos yeux, avec la pléthore de bonshommes tous affectés à leurs tâches, est un régal. Peut-être même trop, tant il est difficile de suivre les activités de chaque salle. Une jolie morale termine le tableau.
  • The Following Year : Le meilleur cru de cette première session. Le mystère enveloppant à la fois la jeune femme se réveillant et le propriétaire de la maison nous occupe tout du long, jusqu’à ce que les morceaux s’emboîtent. Rythme haletant, narration maîtrisée, bons acteurs. Une jolie réussite.
  • Recoding Entropia : Non. Non, on n’inflige pas cela à ses spectateurs. Certes, nous avons vu (encore) pire en termes de courts-métrages inutiles, mais ce n’est pas une raison pour accepter d’y perdre son temps.
  • The Hearers : Le court-métrage dont nous aimerions la suite. Il serait le parfait préquelle à une série TV. Suspense, horreur, mystère, jeu d’acteur convaincant font que The Hearers intrigue, avant de nous laisser sur notre faim. Que du bon donc.

Avis de Mizakido

  • À la mode : belle entrée en matière, avec des jeux de mots à se pouffer de rire tellement ils sont nuls mais forcement drôles, tout comme la réalisation en aplats de photos étrangement animées.
  • Angst : étrange concept, présenté dans ce film, que de proposer aux gens, visiblement shootés au bonheur, une drogue leur permettant pour vivre leurs pires terreurs. Mais bon, c’est de la science-fiction, donc pourquoi pas, surtout si la réalisation suit.
  • Facelift : reprenant le classique cahier des charges des films d’horreur, voilà un court des plus réussis, à l’ambiance plutôt crispante et avec pas mal de bonnes idées tournant autour d’inlassable quêtes de la jeunesse éternelle. Bien évidemment, ça tourne mal.
  • Opera : présentant un petit monde plein de bonhommes qui vivent et se font la guerre et fourmillant visuellement de plein de détails, Opera demanderait moult visionnages afin d’en cerner ne serait-ce que la moitié. Et pour ça, c’est vraiment un court original.
  • The Following Year : de loin le meilleur de cette section. Scénario bien adapté au format, intrigue intrigante, mal de questionnements durant le déroulement, des acteurs qui jouent bien et une réalisation à hauteur de ses moyens.
  • Recoding Entropia : une belle démo graphique pleine de formes en 3D et de fractales, qui aurait peut-être plus d’intérêt dans sa version VR que sur un grand écran. Mais cela reste joli et bien réalisé.
  • The Hearers : bon court à l’horreur psychologique et au scénario bien ficelé, mais qui est malheureusement – comme souvent avec ce format – victime de la fin en cliffhanger qui fait pester, vu qu’il ne s’agit ici que d’un coup d’essai éphémère qui ne sera jamais poursuivi en moyen ou long métrage.

Séance numéro 2

Avis de Vidok

  • Les corps électriques : Les films expérimentaux en noir & blanc sont rarement pour moi. Je préfère laisser mon comparse Mizakido les apprécier à leur juste valeur. Les Corps électriques ne fait pas exception. Obscur, intriguant mais peu engageant, il m’a parfaitement laissé sur le carreau.
  • Human Trash : Enfermé dans une décharge métallique, deux hommes tentent de survivre. Mais très vite, les origines de chacun vont se révéler. Entre révélations et questionnements, Human Trash ne laisse pas indifférent, surtout avec sa palette de couleurs orange/jaune/rouge/noir. Agréable.
  • The Immortal : Pas de longs dialogues, ce court-métrage nous fait comprendre son histoire complètement par l’image, par l’enchaînement d’aventures d’un homme ayant trouvé le moyen de devenir immortel. Aussi fascinant que court. 
  • It’s not safe outside : Ce court-métrage nous dépeint une société où les gens doivent rester cloîtrés chez eux, l’extérieur étant trop dangereux. Télétravail, livraisons à domicile, nombreux écrans. Au-delà du message d’anticipation, il faut saluer l’humour de l’œuvre. Le meilleur de cette deuxième session.
  • Faces : Faces nous raconte l’histoire d’amour entre deux êtres si nous étions capables de changer de visage à volonté. L’ascenseur émotionnel attendu est là. Anxiogène mais assez quelconque dans sa réalisation. Autrement aussi vite vu qu’oublié.
  • La Increíble Vacuna del Doctor Dickinson : Et si le vaccin contre une pandémie avait pour effet secondaire de faire pousser un pénis sur le front des patients, que ferez les autorités ? Une interrogation, bien qu’atypique, plutôt d’actualité, sur le ton de l’humour bien gras mais qu’en reste pas moins intéressante.

Avis de Mizakido

  • Les corps électriques : ce qui semble être un court venant du pays breton ne laisse pas une forte impression. La photo est sympa mais le concept proposé n’est pas forcement le plus impactant… Si bien que l’on ne souvient pas trop de ce qui a bien pu se passer.
  • Human Trash : poisseux et globalement bien réalisé, le film n’est pas forcément des plus marquants, notamment à cause d’une trame plutôt prévisible et d’un dénouement tout aussi attendu. Tout est limite dans le titre !
  • The Immortal : un bon court, qui fait bien le travail. Bon, le héros a le charisme sans doute le moins convaincant du monde, mais les idées sont bonnes, la réalisation très réussie et pour le coup, vu que cela s’enchaîne bien, on voit pas le temps passer. Encore une fois, on voit le truc arriver, et le traitement aurait manqué d’un peu plus être travaillé.
  • It’s not safe outside : très COVID-19 dans l’ambiance, ce court sait mettre en place de manière très drôle son intrigue et ses idées. Quelque peu cynique et un brin réaliste – bien que le trait est grossi – de l’impact des confinements et du télétravail, on rigole pas mal, et c’est bien le principal.
  • Faces : un court rapide, un brin cynique là encore, et avec un concept sympa et un ton sérieux pour une critique de la quête absolue de la beauté ici… Superficielle. La réalisation est globalement sans grosse originalité, en résulte qu’on aura tendance à oublier rapidement ce film plus vite que d’autres.
  • La Increíble Vacuna del Doctor Dickinson : encore une fois très COVID-19, ce film d’animation va bien plus dans l’humour gras et grossier, mais s’avère plutôt rigolo dans sa globalité. Dommage que durant la séance, ou peut être à cause du côté « vieux dessin animé », le son ait été aussi saturé, ce qui n’était pas agréable pour les oreilles.

Séance numéro 3

  • Smiles | Javier Chavanel – Angleterre – 2020
  • Zealandia | Bruno Du Bois – Nouvelle-Zélande/Belgique – 2020
  • Survivers | Carlos Gomez-Trigo – Espagne – 2020
  • Swallow The Universe | Nieto – France – 2021
  • Ghillie | Mike Marriage – Angleterre – 2020
  • System Error | Matthew Vesely – Australie – 2020
  • Please Hold | KD Davila – États-Unis – 2021

Séance non vue ! Rappelez-vous cette histoire d’agenda difficile…


Séance numéro 4

Avis de Vidok

  • Exit : Mon chouchou. Ce court-métrage russe présente une salle, sombre, sans fond, au sein d’une bâtisse en construction. Nous ne savons rien dessus, et nous suivons les déboires des trois salariés du constructeur face à cette anomalie. Entre suspense et horreur, Exit mériterait un plus long traitement, et le développement d’un “lore”. 
  • Tales from the multiverse : Et si Dieu avait conçu le monde au travers d’un logiciel ? Ce court-métrage, très drôle, nous emmène voir une simulation de monde ainsi créé. Entre son contexe totalement décalé, et ses situations toutes plus invraisemblables les unes que les autres, c’est un condensé de bonne humeur qui passe malheureusement trop vite…
  • Pandora : Tandis que les sept minutes de Pandora ne laissent pour ainsi dire aucun souvenir. “La revisite du mythe de Pandore au travers de l’émancipation d’une poupée” (le pitch) avait tout pour plaire mais c’est non seulement pas très réussi esthétiquement (au secours l’animation) et seul l’ennui gagne.
  • Les mécanorganes : typiquement le genre de film que l’on regarde pour la performance plus que pour ce qu’il a à raconter. L’animation y est impeccable et mérite le détour. That’s all.
  • Anomalie : En général, la présence du réalisateur lors de la diffusion du court-métrage n’est généralement pas de bonne augure. Heureusement, Michael Jeanpert n’a pas à rougir de son œuvre : Anomalie est perturbant. Nous sommes aussi perdus que son protagoniste masculin qui est envoyé par sa petite amie dans un étrange bâtiment. Seule la fin m’a laissé sur ma fin, l’ensemble manquant de naturel et de spontanéité. Le reste se dévore sans souci.
  • Mask of the evil apparition : L’univers sombre et onirique ne laisse pas indifférent. Les possibilités offertes par ce contexte, au-delà de soulever un sourcil, sont originales (le placard reliant différentes salles). Le court se laisse donc suivre avec plaisir et finit de marquer, que ce soit son ambiance que ses personnages. Il aurait peut-être mérité quelques éclaircissements mais sûrement qu’un second visionnage résoudra le souci.
  • Pimple of the nose : Un vidéoclip déjanté, de prime abord, sans queue ni tête et qui n’encourage pas une seconde à ce qu’il y ait une deuxième impression. Intérêt très limité.

Avis de Mizakido

  • Exit : une excellente surprise que ce Exit : le concept est vraiment original, c’est bien réalisé, les acteurs jouent très bien et le court distille une bonne dose de suspense et de mystère, pour un dénouement dont on laissera aux gens l’occasion de le découvrir (et puis je m’en souviens plus).
  • Tales from the Multiverse : il y aura eu pas mal de courts horrifiques dans ces sessions, et c’est toujours bien d’avoir un peu d’humour nobrain. C’est tout à fait ce que propose ce court-métrage d’animation là, avec pas mal de références rigolotes et une réalisation soignée.
  • Pandora : de l’animation saccadée tout à fait étrange et légèrement dérangeante pour un film dont on ne retiendra pas grand-chose.
  • Les mécanorganes : présenté sous forme d’un croquis animé, ce petit film présente une série d’animaux bizarres de façon assez originale, mais pas spécialement de la manière la plus passionnante. C’est sympa mais sans plus.
  • Anomalie : un court une fois encore réussi (décidément c’était quand même une belle édition) avec une bonne intrigue bien distillée à l’écran par suffisamment de mystère et de bons acteurs. Le rythme est bon, c’est un brin dystopique, y’a de la SF, quoi demander de plus.
  • Mask of the Evil Apparition : réalisé par Alex Proyas, réalisateur à la filmographie… Disons variable – Dark City c’est lui… Mais Gods of Egypt aussi – ce court mixe plutôt bien les univers du film noir et de l’horreur, avec une belle photo et un casting assez terrible. Un peu trop foutraque quand même.
  • Pimple on the Nose : coloré et bien rythmé, on a cependant plus l’impression de voir un clip musical plutôt qu’un véritable court métrage. M’enfin, pour terminer une session déjà bien fournie en films de qualité, c’était pas si mal.