Utopiales 2014 : Les films en compétition

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Dirigé par Fruit Chan

[tabs tab_names=’Synopsis|Avis de Hyades Luine|Avis de Margoth|Avis de Mizakido’ style=’1′ initial=’1′]

[tab]Un groupe de passagers empruntant un minibus, censé se diriger vers le district hongkongais de Tai Po, se retrouve soudainement confronté à une situation surnaturelle. Alors que le bus sort d’un tunnel, toute la population semble s’être évanouie, laissant les passagers seuls dans la ville, sans savoir si ce sont eux ou les autres qui sont morts.

[youtube width= »590″ height= »376″]https://www.youtube.com/watch?v=Ic47QdbNQcY[/youtube]
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[tab]Vainqueur du grand prix du jury de cette année, nous avons pu voir The Midnight After à l’occasion de la séance de rattrapage du dimanche. C’est dire si nous avons fini les Utopiales sur une note étrange. Commençons par le plus évident : The Midnight After est un film hong-kongais et se veut, d’une certaine manière, une immersion dans la culture de cette mégalopole. Le dépaysement est donc total pour le novice : de la langue aux lieux mis en scène, tout paraît à la fois neuf et exotique (et rappelle au passage que l’Asie ne se cantonne pas au Japon). Mais le film de Fruit Chan quitte très rapidement le registre du quotidien pour entrer dans le surnaturel, puis dans le n’importe quoi. Si l’image de ce petit groupe disparate confronté à une mégalopole désertée offre un contraste puissant, la sur-accumulation d’éléments mystérieux qui partent dans tous les sens finit par faire comprendre au spectateur que le film ne se donnera pas la peine de proposer un fil logique à ce qui se passe à l’écran. The Midnight After est donc une sorte de plongée onirique et surréaliste à l’intérieur de Hong-Kong dans laquelle il vaut mieux se laisser porter plutôt que d’y chercher un sens. [/tab]
[tab]Les jurys composés de professionnels resteront sans doute un grand mystère pour le commun des mortels. Dans le cadre de cette compétition, on peut dire que ce jury-ci a bien fait les choses en élisant The Midnight After comme gagnant. Catégorisé à juste titre comme non-sensique dans le programme des Utopiales, il est vraiment étrange de voir un tel film choisi alors qu’à côté, nous avons un Predestination qui jouissait de tous les éléments le prédestinant – oui, elle était facile je sais – à remporter la palme. Le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé et ce n’est guère étonnant : là où l’un était accessible, l’autre s’adresse à une audience bien plus restreinte. Car apprécier un film qui n’a pas vraiment de sens, ce n’est vraiment pas donné à tout le monde. Et avoir une explication de pourquoi aimer quelque chose qui n’a aucune signification dans sa finalité, c’est carrément impossible : on va à l’encontre de toute logique. De la même manière que The Midnight After qui appose couche sur couche pour ne jamais recentrer son dénouement sur une lumière en particulier qui expliquerait le pourquoi du comment. Personnellement, je suis plutôt bon public de ces films dits non-sensiques de par le côté délirant, improbable et totalement absurde qui peut bien ressortir. Certes, la frustration est bien là au bout du compte lorsqu’on s’aperçoit que le voyage n’aboutit nulle part mais cette dernière finit par s’estomper lorsqu’on repense au visionnage en lui-même, à savoir cette douce rigolade d’être confronté à des choses plus what-ze-fuck les unes que les autres. Car, vraiment, comment ne pas se marrer en voyant un mec nous jouer un mauvais numéro de karaoké sur un morceau de David Bowie là, comme ça, venant comme un cheveu sur la soupe ? Bien sûr, l’individu, pour pleinement apprécier le délire, se devra d’être le plus ouvert possible au second degré et au mauvais goût car The Midnight After nous exhibe tout un panel de nanardise : nécrophilie, combustion spontanée, zombie, pluie de sang, etc. Un vaste programme où tout est posé sans aucun liant, sans aucun contexte, et qui finalement, n’auront pas vraiment de répercussion sur les moments suivants, encore moins sur le dénouement qui se finit en incroyable – et honteuse diront beaucoup – queue de poisson. Au final, voilà ce que doit être un bon film insensé : un trip totalement halluciné enchaînant bizarreries et absurdités bien délirantes. Et pour cela, The Midnight After le fait fort bien. Le souci qui se pose finalement est de trouver le public qui apprécierait cette approche qui démonte les normes et les codes essentiels les uns après les autres. De même que les codes d’appréciation logiques que l’on se doit d’avoir. Car c’est typiquement le genre de film qu’on ne peut pas apprécier dans son ensemble. C’est pour un lot d’éléments qu’il présente, certaines personnalités de sa galerie de personnages (assez diversifiée il faut l’avouer), certaines ambiances, certains tons, certains délires… Ce qui fait qu’il est vraiment compliqué d’émettre un avis tranché : tour à tour, on lui laisse sa chance de par le délire quasi-junkie qu’on a pu ressentir çà-et-là avant de lui cracher à la gueule à cause de son intérêt final fort limité. Car même si le dénouement n’émet aucune véritable explication, l’ouverture laissée est tellement béante qu’il est totalement impossible d’émettre une réflexion ou une hypothèse qui pourrait justifier le schmilblick. Ce qui fait que même si on lui aura reconnu des qualités jusqu’à lui attribuer une appréciation positive, ce n’est pas un film qu’on regardera régulièrement tant il est compliqué de trouver le bon état d’esprit pour l’aborder et l’apprécier sans que la frustration ne vienne prendre le dessus. Alors, même si The Midnight After fait partie de ma came d’étrangetés que j’apprécie de voir et de découvrir, le voir gagnant d’une compétition avec de tels outsiders est un peu hors de propos. Qu’il soit applaudi est parfaitement compréhensible et je serais bien loin d’être la dernière à le faire mais c’est carrément le genre d’œuvre qui n’a pas à participer à un tel concours, voire éventuellement d’être reconnu en mention spéciale.[/tab]
[tab]Pourquoi le jury a élu The Midnight After le meilleur film du festival reste encore une énigme pour beaucoup de monde, mais admettons… Et pourquoi pas. Tout droit sorti les contrées d’Hong Kong et de l’adaptation d’une nouvelle publiée sur une le net, ce film est un curieux mélange entre de la science fiction, de la comédie noire, du thriller, de l’horreur et pourquoi pas, allez, un film écologiste. Si on pourrait s’attendre à un cocktail dégueulasse comme ceux servis dans une boite de nuit miteuse de Nantes, le résultat en est tout autre : deux heures d’un mystérieux amalgame de genres qui interroge, fait rire, fait sourciller, mais qui s’avère étonnement attirant et prenant. Ce qui s’annonce au départ comme une histoire de survie de ce qui semble des derniers humains encore vivant sur Terre se transforme rapidement en gros n’importe quoi scénaristique et visuel, pour finalement avoir la fin  la plus ouverte et inexistante qui soit… Pourtant on ne sort pas de la séance déçu, mais bien étonné d’avoir réussi à tenir jusqu’au bout en se disant à chaque minute que chaque question que l’on se pose n’aura jamais de réponse. Et que ce n’est pas si grave que ça. Mes félicitations, Monsieur Fruit Chan.[/tab]
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Dirigé par Darren Paul Fisher

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[tab]Dans la dimension parallèle où ils évoluent, Marie et Zak produisent une fréquence qui détermine leur destinée. Quiconque génère une haute fréquence sera naturellement béni par la chance et doté d’une intelligence extraordinaire. C’est le cas de Marie. À l’inverse, ceux qui émettent une basse fréquence sont condamnés à ne connaître qu’une succession de malheurs. C’est le sort de Zak. Pourtant, à l’instant où il pose son regard sur Marie, il sait qu’il veut pour toujours demeurer auprès d’elle.

[youtube width= »590″ height= »376″]https://www.youtube.com/watch?v=OhWyxZtvhiw[/youtube]
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[tab]Le résumé de Frequencies ne m’avait pas vraiment vendu du rêve. A vrai dire, je craignais la love-story un peu trop niaise. Le film a toutefois su se montrer convainquant dans son propos autant que dans son approche. Derrière l’histoire d’amour simple et légère de ses deux personnages principaux, ce sont aussi des thèmes beaucoup plus graves comme la fatalité ou le libre-arbitre qui sont abordés. Frequencies prend en tous cas rapidement ses distances avec la science-fiction pour loucher davantage du côté du fantastique. Le traitement de ses idées centrales se fait alors mystique et met en avant la langage et la musique comme des symboles mythiques, au risque parfois de ne pas être toujours très clair pour le spectateur. Mais à un niveau plus simple, Frequencies est aussi un film dont il se dégage une sorte de poésie du quotidien et servi par deux personnages principaux attachants. Au final, Darren Fisher propose un film d’une richesse inattendue qui peut se savourer à différents niveaux de lecture. [/tab]
[tab]Premier film de la compétition qu’il nous a été donné de voir. Celui que j’ai le moins aimé également. Après, je n’irais pas dire que je n’ai pas pris de plaisir à le regarder, son visionnage m’a même plutôt touchée. Juste que sur tous les films que l’on a pu voir dans cette compétition, c’est bien le seul que je ne m’imagine pas revoir une seconde fois. Sympathique à voir une fois mais je doute que la répétition lui sied si bien. Frequencies est un film plutôt difficile à appréhender. De par sa construction tout d’abord qui joue sur la répétition par trois fois des mêmes scènes, simplement nuancées par le point de vue du personnage mis en valeur. Voilà qui peut désarçonner mais cela ne m’a absolument pas dérangée. C’est bien ficelé et les différences sont plus que notables pour éviter l’aspect le plus négatif du déjà-vu. Ce sont davantage les thématiques qui me sont passées au-dessus du crâne : le concept que tout être dégage une fréquence reste assez confus. Car même le film semble avoir du mal à expliquer clairement ce que cela peut bien être exactement. Il donne bien des explications à propos de QI et de chance mais il faut quand même admettre qu’entremêler deux constantes aussi diamétralement opposées, l’une s’inscrivant dans la plus stricte raison, l’autre sur quelque chose de totalement irraisonnable, nous laisse sur quelque chose d’un peu abstrait. Un peu problématique car il s’agit de la base-même de l’édifice. Ce qui fait que l’œuvre paraît un peu branlante alors que le reste de la construction reste quand même bien solide tant tout ce qui résulte concrètement reste d’une logique physico-acoustique sans faille. Encore faut-il avoir quelques bases en la matière car les choses sont expliquées de façon assez intellectuelle sans que ce ne soit non plus élitiste. Ce qui pourra en perdre plus d’un si l’on exposait un tel long-métrage au grand public il faut l’admettre. Par chance, pour un public plus restreint qui disposerait d’un minimum de culture générale, l’émotion matérialisée par une petite histoire d’amour aussi sympathique et gentillette équilibre les choses et évite que le film ne parte vers une véritable thèse scientifique difficile à avaler. Frequencies est donc un film loin d’être évident, aussi fort que fermé puisqu’il est bien plus destiné à un public de niche.[/tab]
[tab]Voilà une belle petite surprise que ce Frequencies (ou OXV : The Manual), surtout pour une production petit budget subventionnée par la BBC. Mélangeant comédie, science-fiction et histoire d’amour, le film de Darren Paul Fisher s’avère être un petit film maîtrisé, quoi que retors dans ses nombreux flashbacks pour expliquer un tant soit peu son scénario plutôt original. L’idée que chacun d’entre nous produit une fréquence différente qui va déterminer notre destin est un peu dure à avaler au départ, et restera toujours une sorte d’aura énigmatique qui accompagnera les personnages et les spectateurs, pour quelques retournements de situations et un final plutôt convaincants. Sympa et drôle, et puis c’est tout.[/tab]
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Dirigé par David Hewlett

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[tab]Six jeunes hackers sont envoyés en mission sur un vaisseau spatial abandonné afin d’en débuger le système de contrôle. Ils se retrouvent confrontés à l’ordinateur de bord prêt à tout pour se venger et devenir « humain».

[youtube width= »590″ height= »376″]https://www.youtube.com/watch?v=Txz-ho3UCDA[/youtube]
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[tab]Il s’agit sans doute là du film le moins original de ceux que nous avons pu échantillonner dans la sélection officielle. Prenez le film d’horreur classique qui enferme une demi-douzaines de jeunes dans une maison isolée et sinistre et qui les met aux prises avec un tueur psychopathe qui leur en veut. Donnez une patine de science-fiction à tout ça et remplacez les jeunes par des hackers, la maison paumée par un vaisseau spatial et le tueur par une intelligence artificielle et vous obtenez Debug. A défaut d’être très original, le tout s’est tout de même avéré plutôt plaisant et rythmé, quelques scènes gore impromptues ayant même provoqué spontanément les applaudissements du public. De plus, Jason Momoa s’en donne vraiment à cœur joie dans son rôle d’IA méchante-parce-que-très-méchante. Malgré tous ces atouts, la 3D fauchée des scènes dans l’espace, les décors répétitifs et les scènes d’action qui surviennent à la fin du film comme un cheveu sur la soupe confèrent à l’ensemble une indéniable atmosphère de série B. Pas désagréable du tout, mais pas mémorable non plus. [/tab]
[tab]Voilà bien le film de la compétition que j’ai préféré. Après, aurait-il mérité de gagner, je n’irais pas non plus jusque là. Car Debug, c’est ce film un peu modeste dont on ne sait pas trop si c’est un film ou un téléfilm. On sent que le budget n’est pas là, ni même aucune sorte de volonté de faire évoluer le schmilblick. Car en terme de film SF typé space opéra mettant en scène une bande d’humains coincés dans un vaisseau où la machine a pris les pleins pouvoirs, Debug est typiquement le film qui n’apporte rien à l’édifice, ne fait que réutiliser des ficelles que l’on connaît déjà sans jamais aller chercher aucune once d’originalité. Je pense que c’est pour cette sobriété que j’ai aimé l’exercice : revenir à des bases de science-fiction, des racines sur lesquelles on appose aucun artifice fantastique, de tape-à-l’œil hollywoodien boom-boom-Bay et que sais-je encore. Et pour une production récente, voilà quelque chose que je n’avais pas vu depuis longtemps. Sans compter que c’est bien ficelé, bien joué, un rendu esthétique et autres effets visuels acceptables. On rajoute à cela un léger penchant vers le badass série B d’un goût oscillant entre mauvais et nanardesque selon les points de vue qui vient étonnamment se nicher çà et là – au vu de l’effluve d’applaudissements en réaction à la « fine » scène de décapitation arrivant là comme un cheveu sur la soupe, voilà un petit aspect qui a su trouver son public dans la salle. Au final, Debug, c’est ce bon petit film qui ne se prend pas vraiment la tête, qui restera très certainement dans la plupart des têtes comme « moyen ». Et pourtant, je trouve qu’il s’en dégage une sympathie certaine et tout plein de bonne volonté. A l’image de ce pote/connaissance qu’on a sans doute tous duquel on apprécie la compagnie de par sa gentillesse, attention, conversation et avec qui on passe toujours un bon moment mais qu’on ne voit pas si souvent car on a tendance regrettablement et inexplicablement à l’oublier.[/tab]
[tab]Habitué depuis longtemps à travailler dans la science-fiction en étant notamment un acteur privilégié des réalisations de Vincenzo Natali (Cube, Cypher), ou encore s’affichant comme l’interprète de Rodney McKay dans les séries Stargate, David Hewlett nous offre aujourd’hui son troisième film, Debug, pour un résultat plus que sympathique. Mixant différentes références comme Alien ou Matrix, le film propose globalement un scénario qui tient pas mal la route à défaut d’être révolutionnaire, un jeu d’acteur plutôt pertinent, mais au final une réalisation qui sent malheureusement un peu trop le téléfilm qui passe parfois sur la TNT : effets spéciaux rudimentaires, décors à huit clos aseptisés et répétés sans cesse, et un certain manque de rythme dans l’ensemble. En reste un film pas trop mal, avec deux trucs intéressants : Khal Drogo en méchant totalement délirant et une scène sanglante totalement badass. J’imagine que c’est déjà ça.
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Dirigé par Michael et Peter Spierig

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[tab]Un agent gouvernemental voyage dans le temps afin d’empêcher des meurtres et des actes terroristes. Sa dernière mission consiste à poursuivre un criminel qui lui a toujours échappé.

[youtube width= »590″ height= »376″]https://www.youtube.com/watch?v=9PmIJrthe-4[/youtube]
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[tab]Predestination est à mon sens le film le plus brillant de cette sélection 2014. Le public lui a d’ailleurs attribué son Grand prix de cette année. Sur la base bien connue du voyage temporel et des paradoxes qui en découlent, Michael et Peter Spierig bâtissent peu à peu une mécanique scénaristique d’une grande finesse en entrecroisant les époques et le destin de ses deux personnages principaux. Bien sûr, il est impossible de ne pas voir venir à l’avance certaines révélations dans ce genre de film, mais on a l’impression qu’il s’agit à chaque fois d’une concession accordée par les réalisateurs au spectateur pour mieux le surprendre par la bande. Ethan Hawke et Noah Taylor sont de plus tous les deux absolument parfaits dans les rôles principaux. En un mot comme en cent, un film absolument magistral que je vous recommande chaudement. [/tab]
[tab]Le film qui a gagné les faveurs du public lors de cette compétition. Et je comprends pourquoi il a tant rallié les foules tant il méritait de gagner. J’en suis restée pourtant bien perplexe à la sortie de la salle. Je ne pourrais pas expliquer pourquoi mais ma raison l’emporte. Moi qui pourtant n’a aucune difficulté à me saisir des perches les plus surréalistes (se rapporter à The Midnight After pour s’en convaincre). Mais dans le cas de Predestination, je ne peux m’empêcher de rester plus pragmatique sur une base plutôt branlante. Car le film a tôt fait de dire lui-même la grande question qui l’habite : qui de l’œuf ou la poule est venu le premier ? Et au final, l’existence-même d’une telle aventure me paraît en soi très paradoxale. Ne devrait même pas exister. Et pourtant Predestination existe bel et bien, ce qui est tout à son honneur car c’est un film très bien fait, le mieux produit (peut-être même celui qui a eu le plus de budget du lot) de ceux qu’on a eu l’occasion de voir. Il se laisse regarder avec une incroyable facilité malgré le fait qu’il s’amuse à jouer avec notre esprit en superposant les éléments d’une telle façon que toutes nos théories quant à la suite s’effilochent les unes après les autres. « Oui, tu as bien raison mais regarde, ce n’est pas que ça… », voilà ce qui se produit tout le long du film, montrant tour à tour un visage prévisible pour mieux nous surprendre quelques minutes plus tard. Petit à petit, le nouveau bébé des frères Spierig construit un mur solide alors qu’il ne démarrait qu’avec un malheureux tas de breloques informes. Qui a fini en ce qui me concerne à se fissurer au sortir du film quant aux doutes que j’ai émis plus tôt dans ce paragraphe. Même si le recul leur a collé un petite couche d’enduit bienvenue quant bien même elles restent encore (trop) visibles. Après tout, en dehors de toute question raisonnable, j’ai été surprise (en bien) de me retrouver face à un film bien plus fin et psychologique que ce à quoi je m’attendais avant de rentrer dans la salle. De même que j’avais beau m’amuser du discours d’introduction de l’organisateur qui aurait sûrement vendu sa mère pour défendre Sarah Snook, partageant la vedette avec Ethan Hawke, l’interprétation de cette dernière m’a carrément bluffée et sciée tant son personnage, tour-à-tour homme et femme, est ingratement difficile à jouer. Ce qu’elle a fait avec beaucoup de brio, de naturel et de justesse. Au final, en ce qui concerne Predestination, je comprends le succès qu’il a pu avoir, j’en ai moi-même apprécié beaucoup d’éléments. Tout en étant resté finalement un peu sur le carreau jusqu’à ce que je finisse par poser mon cul entre deux chaises.[/tab]
[tab]Et voilà mon coup de cœur. Si cette édition des Utopiales a proposé globalement une sélection fortement intéressante et d’une qualité homogène dans le bon sens, Predestination – une adaptation de la nouvelle “—All You Zombies—” – s’en tire avec les honneurs, assurément. Réalisé par les frères Spierig, à qui l’on doit notamment le rigolo Undead, ce film surfe sur la vague pas si exploitée que ça des voyages dans le temps et le fait excellemment bien. Le scénario, certes un peu perfectible au départ, nous prend littéralement par surprise par de subtiles allusions pour finalement relever un dénouement à nous filer un beau mal de crâne et une tonne d’interrogations. Le film lui, est réalisé très très proprement, avec une mise en scène plutôt lente mais finalement adaptée, pas une folle variété de décors, mais surtout un casting d’acteurs à la hauteur : si le premier rôle est assuré par un Ethan Hawke très pertinent, on notera l’excellente performance de la jeune Sarah Snook, dont la prestation forge le respect. Un film à voir, assurément, sachant qu’il n’aura pas le privilège de sortir dans les salles obscures, mais seulement en direct-to-DVD/Bluray début décembre… Alors que dans le même genre, Interstellar, au final bien moins bien écrit, va lui voler la vedette sans broncher. La vie n’est pas toujours bien faîte.[/tab]
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