Eureka Seven: Good Night, Sleep Tight, Young Lovers Theatrical

Parmi la flopée d’anime portant sur les mechas, Eureka 7 a su se détacher en proposant un univers inédit et des personnages rafraichissants. Détaché de toute contrainte de série, l’équipe s’est permise un reboot complet de l’histoire au point de ne proposer que les protagonistes et l’univers en commun : Eureka Seven : Good Night, Sleep Tight, Young Lovers Theatrical. Pari réussi ? Peut-être bien…

Le jeune Renton est orphelin et vit aux côtés de la petite Eureka. Les deux petits s’aiment d’un amour attendrissant. Malgré l’apparition de créatures extrêmement puissantes, les Eizo, sur Terre, les deux enfants essaient d’avoir une vie convenable. Etrangement, un soir, leur professeur principal, habituellement si sévère, les invite à passer un peu de temps avec lui. Au cours de cette soirée, non content de se montrer extrêmement mystérieux, il leur fait comme ses adieux… Peu de temps plus tard, l’armée se saisit d’Eureka, sous les yeux de Renton, impuissant… Le film reprend huit années plus tard, tandis que Renton fait figure de nouvelle recrue dans l’armée, avec pour spécialisation la direction de mechas. Il est affecté à une nouvelle équipe et a pour mission de récupérer un sujet vital pour l’Humanité. Ce sujet n’est autre qu’Eureka…

Les deux tourtereaux se retrouvent donc très vite, pour le meilleur et surtout pour le pire au vu du nombre impressionnant de péripéties qui survient par la suite. Eureka 7 perd peut-être son scénario d’origine mais n’en oublie pas pour autant de nous offrir du grand et beau spectacle. Avec sa réalisation très proprette, ni trop détaillée ni superflue, elle se montre tout à fait digne après son année de diffusion, à savoir 2009. Bien que les personnages soient issus des stéréotypes Shonen habituels – le héros optimiste, l’héroïne sacrificielle, le méchant pas si méchant, les ennemis venus d’ailleurs aux pouvoirs colossaux, le complot s’organisant au-dessus de tout – il faut avouer qu’il est difficile de bouder son plaisir devant l’anime de Bones. A cela une raison : le couple Renton – Eureka. Touchants comme deux adolescents découvrant l’amour, ils commettent maladresses sur maladresses amenant des moments à la fois drôles et attendrissants. A l’image de leur premier rencard… Et c’est sans compter sur les pitreries de Nirvash, le mecha organique de Renton, qui aime nous faire rire sous sa forme larvaire.

Le rythme de l’anime, un peu lent au départ avec la pose du scénario et la narration passée nécessaire pour bien saisir la suite, s’accélère très vite pour alterner de manière judicieuse phases de dialogue et d’action. Les personnages secondaires ne déméritent pas grâce à des révélations au compte-goutte alimentant ainsi la curiosité du joueur sur leurs motivations. Les camps paraissent au fil des minutes de moins en moins clairs, et laissent planer un léger doute sur les tenants et aboutissants de chacun. En cela, ce long-métrage est plutôt réussi, avec sa bande son parfaitement en accord avec l’image durant l’heure cinquante que dure l’aventure. Cependant, même si Eureka 7 est bien calibré, il laisse un goût de trop peu en bouche, nous donnant irrémédiablement envie d’aller zieuter du côté de la série animée, en cinquante épisodes, pour comprendre l’immensité de cet univers. Les zones d’ombre se montrent trop nombreuses pour que nous nous contentions du film.

Transposer Eureka 7 en film était un pari osé. Bones et Tomoki Kyôda l’ont réussi, en nous immergeant dans les affrontements contre les Eizo. Techniquement réussi, sans non plus impressionner, Kôkyô shihen Eureka Sebun: Poketto ga niji de ippai (en VO) fait passer un agréable moment et sert d’amuse-bouche avant de se lancer dans la série, à l’histoire radicalement différente. Nettement plus longue mais hautement plus précise. Long-métrage à conseiller aux néophytes de cet univers, les fans seront peut-être légèrement déçus…