Bionic Commando

Tout sauf Rearmed

Genre
Action-Aventure
Développeur
GRIN
Éditeur
Capcom
Année de sortie
2009

C’est en 2008 que Capcom eut l’idée de ressusciter Bionic Commando, un des rares jeux de la compagnie a ne pas avoir connu de véritable suite. Bionic Commando : Rearmed est né, reprenant trait pour trait le gameplay original du titre originel, avec une superbe refonte graphique et sonore, ainsi qu’un multijoueur et un tas de salles défis. Ce remake fût une goutteuse mise en bouche pour rappeler l’existence de la licence aux joueurs qui jouent depuis les années 80 et également l’installer dans l’esprit des nouveaux adeptes de jeux numériques. Tout ceci dans la préparation d’une chose bien plus ambitieuse : faire passer Bionic Commando de la 2D à la 3D. Un pari risqué quand on voit par exemple le nombre de hérissons écrasés sur les routes vidéoludiques par les 4×4 d’une certaine société. Tel le géant au plombier moustachu avec Metroid, Capcom ne développa pas ce projet en interne mais confia sa licence au studio à l’origine de l’excellent remake Rearmed : le suédois GRIN, dont les autres faits d’armes – les deux Ghost Recon version PC au un jeu de courses futuristes Ballistics – semblent avoir convaincu le japonais. Bonne pioche ? Du oui et du non, comme nous allons le voir.

Dix ans ont passés depuis l’anéantissement par le FSA de l’Albatross, ce vaste projet militaire orchestré par le général Kiltt et les Impériaux. Nathan « Radd » Spencer, le célèbre héros au grappin qui a neutralisé une bonne fois pour toutes le Leader et sauvé Super Joe, croule maintenant ses jours en prison après avoir été accusé à tort dans une affaire d’assassinat visant à l’enfermer lui et ses semblables. C’est pourtant lui que l’on va envoyer dans la ville d’Ascension City, récemment victime de l’explosion d’une puissante bombe fabriquée par l’organisation terroriste BioReign, qui réunit d’anciens soldats impérialistes et des rebelles bioniques. Avec pour chantage la promesse de précieuses informations sur Emily, sa femme disparue depuis des années, Spencer, qui a étrangement abandonné sa coupe de cheveux piquante et orange pour des dreadlocks (ce qui est en soit bien moins charismatique, mais son look rétro est déblocable via un code) est catapulté sur place pour enquêter et neutraliser toute résistance, avec l’assistance du gouvernement mais aussi de Super Joe, qui ne l’avait pas défendu avant sa condamnation définitive. S’en suivra en cours de jeu rencontres avec de vieux ennemis mais aussi plusieurs révélations sûr ce qu’il s’est passé durant les dix années qui séparent les épisodes NES et Next-Gen. Les scénaristes de GRIN ont pensé à ajouter de nouveaux personnages pour enrichir l’univers, dont Jayne Magdalene, une femme aux jambes bioniques qui a choisi de rejoindre la rébellion mais qui en pince pour Spencer, ou encore un mystérieux sniper dont on ne connaîtra pas les relations avec notre héros. Le scénario, très (trop) sérieux en comparaison du très humoristique Rearmed, est un peu bancal du début à la fin et aurait mérité d’être plus étoffé dans CET épisode et non pas dans une hypothétique suite qui ne verra sans doute jamais le jour. Mention spéciale au dénouement final qui ne manquera pas de faire sourire ou sourciller n’importe quel joueur tellement il est mal introduit et abracadabrantesque.

A l’instar de l’épisode 2D, le grappin de Spencer est au centre du gameplay de ce Bionic Commando nouvelle génération. Mais c’est avec un certain étonnement que l’on débute le jeu avec un seul bras, le partenaire bionique du héros ayant été envoyé séparément pour éviter tout problème. Le temps de le retrouver, les premiers affrontements avec les forces de BioReign se feront au simple mais très efficace pistolet, qui peut tuer net quand on place un gratifiant tir à la tête. L’arsenal « classique » viendra s’étoffer, en plus des grenades à main, d’un puissant fusil à pompe, un fusil mitrailleur, un lance-grenades, un lance-missiles ainsi qu’un fusil sniper. Ces armes seront très utiles dans les situations où le grappin sera inexploitable. Une fois l’engin bionique récupéré, un tutorial sous forme d’un flashback commence et c’est la première occasion de s’imprégner des premières actions disponibles. Particulièrement polyvalent, le grappin permet de s’accrocher un peu à tout et n’importe quoi pour se déplacer dans les airs en tel Tarzan, ou encore de gagner les hauteurs ou des endroits inaccessibles à pied en « grimpant » sur les murs. Il s’avéra aussi très utile pour aider notre héros à sortir de l’eau, ce dernier pouvant survivre sans broncher à une chute de cents mètres mais couler comme une brique de plomb. Ascension City offre un terrain de jeu idéal pour se balader (structures métalliques, arbres, bâtiments effrités) ainsi que des environnements variés (milieu urbain, parcs, grottes). Il est en revanche dommage que la ville, paraissant si grande, soit aussi cloisonnée et rende ainsi le jeu très linéaire. Si le joueur a le malheur de s’aventurer hors du chemin prédestiné, il sera irradié par un nuage ou des substances bleus collés sur les murs jusqu’à en mourir. Une exploration libre, à la Just Cause, aurait pu offrir d’avantages de chemins et d’approches pour atteindre un objectif. Hors ici il s’agira grossièrement d’aller de checkpoints en checkpoints pour désactiver des bornes qui parasitent les communications.

Les possibilités offensives du grappin se débloqueront au fur et à mesure de la progression dans le jeu, notre héros ayant quelque peu oublié ses combats passés. De ce côté là, Bionic Commando propose un nombre intéressant de coups (via un tir ou un simple coup de poing), adaptables à chaque situation, qui vont du violent rembobinage sur un ennemi juste agrippé, le lancer d’objets (et d’ennemis) sur des assaillants impuissants, ou encore plusieurs supers attaques pour disperser un groupe un peu collant ou neutraliser un mini-boss. L’armée BioReign, à l’IA pas trop idiote, va du simple soldat aux vifs engins volants tout en passant par des boss plutôt imposants. Ce gameplay est une franche réussite même si il demande un certain temps d’adaptation et n’est pas sans ratés, le grappin s’accrochant quelques fois là où ne le voulait pas à l’origine. Mais une fois maîtrisé, l’exploration de la ville et les combats sont deviennent grisants voir jubilatoires. Quel plaisir par exemple de choper un ennemi, le faire flotter quelques secondes dans les airs pour finalement l’envoyer rencontrer son pote à quelques centaines de mètres de là.

Entre un scénario assez bancal additionné d’un grand final des plus mal emmenés et le pari réussi d’un transfert du gameplay 2D en 3D, il est bon de noter que Bionic Commando propose une excellente bande son, qui reprend en grande partie les thèmes de l’épisode NES/Rearmed mais dans une orchestration beaucoup plus symphonique, très entraînante durant les combats et très agréable à écouter durant les phases de plate-forming. Le Diesel Engine ensuite, fier moteur graphique du titre, offre des visuels très agréables à regarder et sans grandes fausses notes niveau stabilité, ainsi qu’une panoplie de jolis effets comme les chutes d’eau, les explosions ou la gestion du focus de la caméra. Puis ces petits détails, tels un HUB qui bouge selon les actions du héros ou l’écran qui se salie, sont autant de trucs aussi anodins qu’appréciés. Le jeu propose enfin un mode multijoueur assez complet et potentiellement intéressant, avec un petit paquet de cartes et plusieurs modes de jeux dont on ne retiendra aujourd’hui que le vide de ses serveurs.

BONUS → Fortress : La Fantaisie Finale de GRIN

Bionic Commando
Appréciation
Pour son grand retour, Bionic Commando est un mix de bons et de mauvais choix. Bons au niveau du gameplay, bien adapté à un monde en 3D et grisant une fois maîtrisé, du level-design, des musiques, et du style graphique. Mauvais dans son scénario trop sérieux et flasque, son manque de liberté et une partie marketing en aval un bien trop discrète. L'idée de ne proposer qu'une démonstration du mode multijoueur pour s'essayer au concept était une autre erreur qui n'a pas dû aider. Il en reste au final un bon jeu à la durée de vie correcte, pas aussi exceptionnel que ce que Capcom et les joueurs attendaient, mais un bon jeu quand même.
Points forts
Gameplay maitrisé
Bande-son excellente
Level-design de qualité
Points faibles
Scénario ringard
Potentiel open-world gaché
  1. J’ai été déçu par ce jeu quand même. Sur le papier y a des idées excellentes, un gameplay vraiment sympa et tout ce qu’il faut. Quand on est face au jeu, le gameplay est effectivement bon, mais les situations font que l’on ne peut l’exploiter à 100%. Les environnements sont bien trop réduits et en couloirs (saloperie de truc radioactif sur les limites des niveaux) pour être agréables à parcourir. Je me suis régalé au début du jeu, mais plus j’avançais plus je m’ennuyais… jusqu’au final grand guignolesque.

  2. Je pense que c’est l’unique jeu de ma ludothèque où le gameplay explose le background à coup de barre à mine. Comment dire….comparé au kiff de plonger dans le vide et de se rattraper 80.000.000 mètres plus bas, le scénario, je m’en polis le fessier.

    Et je vous prie de croire que, d’habitude, le scénario fait les 3/4 de mon intérêt :book: D’ailleurs la critique est très bonne et à propos (petit bémol personnel pour la musique, qui m’a pompé l’air), c’est un excellent avis, merci! 😀

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