The Dark Knight rises

Why so serio… Why ? WHY ??

C’est avec un peu de retard que je me decide à écrire une review sur The Dark Knight Rises. Parfois il est bon de laisser passer un peu l’émotion après le visionnage d’un film aussi attendu. Entre ferveur palpable dans tous les médias et débats idéologiques autour de la réputation du film, pas facile de dégager une opinion claire et parfaitement légitime. Souvent, ce laps de temps alloué à la digestion a tendance à redonner un peu de positif à mon opinion quant à un film que je n’ai pas aimé. Sauf que cette fois, ce n’est absolument pas le cas. Attention, même si je vais essayer de faire plus court que d’habitude, je vais quand même appuyer ma thèse sur des exemples précis tirés du film. Spoilers inside, donc.

Why so… ?

On le sait, Nolan n’avait jamais prévu de faire une trilogie de sa série Batman qui, d’ailleurs, n’était pas la sienne avant le carton historique de The Dark Knight (2008). On n’entrera pas dans les arcanes de la commande qui devint la franchise la plus juteuse de toute l’histoire de la Warner.  Simplement, je tiens à rappellerque j’avais adoré le deuxième film de la saga Nolan.

Curieusement, d’ailleurs. Car, posons les bases d’emblée, je n’aime pas le style de ce réalisateur. Autant son approche filmique a méchamment la classe, à défaut d’être toujours justifiée au niveau sémantique. Autant la forme « cool et classieuse » de ces opus écrasent toujours d’une manière presque insupportable un fond qui va du  « faussement complexe »-pompeux (Inception) au « sympathique-astucieux » mais toujours pompeux (The Prestige). Je sais, j’utiliserai sûrement ce mot plusieurs fois, car je ne vois pas comment mieux qualifier le cinéma de Christopher Nolan. Pompeux. Allez pour ne pas paraître prétentieux derrière mon ton sarcastique, laissons nous aller à une petite touche d’étymologie afin de poser les bases avant d’attaquer sérieusement. Parce que c’est le genre de mots qu’on a tendance à utiliser à tout va sans toujours en connaître le sens précis.

Pompeux : adjectif
Féminin -euse
Sens : Avec une emphase solennelle [péjoratif]

Why the Dark Knight Rises ?

La fin magistrale de The Dark Knight constituait une sorte de point d’orgue vraiment bon à l’échelle du Batman. THE Batman. Le super héros adapté, revisité sans cesse depuis sa création en 1932. Cette définition du Chevalier Noir allait bien au-delà d’une narration premier degré qui raconterait une énième aventure du vengeur masqué. C’était la force du second opus de Nolan. Une dimension abstraite, symbolique, presque mythique qui flirtait sans arrêt avec l’aspect classique de ce duel anthologique entre Bruce Wayne et le Joker de Heath Ledger. Mais ça c’était dans The Dark Knight.

Dans ce troisième film, un nouveau méchant fait son apparition : Bane. Je vous invite à aller lire le comic book qui raconte la genèse plus qu’intéressante de ce rival particulier de Batman (Batman : Vengeance of Bane, 1993). Et de constater l’ampleur des dégâts ici, mais nous y reviendrons. Bane est un terroriste vivant dans les égoûts avec sa bande. Sa montée en puissance s’opère à un moment plus que propice : le Batman n’a plus donné signe de vie depuis des années, et à Gotham tout va bien car le symbole que constitue feu Harvey Dent contribue à maintenir la paix. Bah oui. Dans le Gotham de Christopher Nolan, la réputation immaculée d’un procureur décédé suffit à faire régner la paix dans une ville et apporte bonheur et prospérité dans le cœur de la population. En clair, quand le symbole qui permet une fin en apothéose du film précédent est réutilisé au premier degré au début du film suivant, il y a vraiment quelque chose qui cloche dès le départ.

La vie a continué à Gotham, le commissaire Gordon vit avec le mensonge garant de la réputation de Harvey Dent. Il nourrit une dose de remords manifestement insupportable. Tellement qu’il est sur le point de tout déballer au début du film, mais se ravise et remet dans sa poche le papier sur lequel est rédigé le discours d’aveux. J’ai tout de suite eu l’impression que ce Gordon-là n’était plus le même que celui du film précédent. On parle bien du personnage qui croit suffisamment en la justice pour être capable de faire croire à sa femme et son fils qu’il est décédé, dans l’unique but de coincer le Joker. Le retrouver aussi torturé à ce propos m’a fait un drôle d’effet. Soit…

Bruce Wayne vit reclu dans son manoir, le Batman est aux abonnés absents. Je ne vais pas rentrer dans les détails quant aux  tenants et aboutissants concernant le début de la misère à Gotham. Bane et ses terroristes des égoûts mènent une offensive sur fond de revendications populaires contre le système capitaliste et les inégalités sociales à Gotham. Bruce Wayne va sortir de son inactivité pour faire revenir le Batman, qui sera plus ou moins épaulé par une Catwoman plutôt cool campée par Anne Hathaway. Après une confrontation perdue face à Bane, Bruce Wayne/Batman va tout perdre : et sa fortune, et ses repères. Le Batman va devoir trouver la force mentale et physique par une voie longue, douloureuse et didactique afin de terrasser son nouvel ennemi. Enfin ça c’est ce qui ce serait passé dans un film sensé. Là, on croit que c’est ce qu’il va se passer. Mais non. Il ne se passe jamais ce qu’on croit dans ce film, de toutes façons.