Harry Potter et l’Ordre du Phénix

Harry est de retour ! Les fans du petit magicien balafré trépignent autant qu’ils peuvent, braquent les magasins en espérant trouver le moindre goodies ayant attrait à leur héros fétiche. Comme chaque année, Electronic Arts en profite pour mettre sur le marché sa vision vidéoludique de la licence, vision étrangement proche du film. Remarquez, c’est généralement ce que l’on attend de pareil titre, ainsi qu’une certaine qualité. L’aurons-nous enfin ? Réponse dans les lignes qui suivent.

Pour ceux qui n’auraient pas trop suivi le précédent volet, Harry a assisté au retour de Voldemort et s’est empressé d’en répandre la nouvelle un peu partout dans le monde des magiciens. Malheureusement pour lui, le ministère de la magie ne l’a pas vu sous le même angle et a préféré considérer Harry Potter comme un menteur plutôt que prendre ses dires pour argent comptant. Afin de surveiller notre cher bambin, Madame Ombrage est nommée au poste de nouvelle professeur de lutte contre les forces du mal, elle va imposer un régime dictatorial à ses élèves tout en épiant les agissements de Dumbledore.

Harry, Hermione et Ron sont désormais en cinquième année et se préparent à passer le BUSE, l’examen final de Poudlard. Leur année n’est donc plus rythmée par les contrôles mais par les devoirs et les révisions ; ils ont donc tout le loisir de se pencher sur l’attaque qu’a subit notre binoclard de service pendant ses vacances, par des créatures dans le monde des moldus (des non-magiciens). Une fois encore, personne ne le croit alors que pourtant, il se trame bel et bien quelque chose et c’est à nos trois chers petits compères de faire la lumière sur ces évènements.

Ce cinquième épisode présente bien moins d’action que les précédents, sa trame scénaristique tournant essentiellement sur la vie étudiante de Poudlard. Ainsi, les développeurs ont opté pour un schéma de jeu assez différent de ceux du passé. Nous sommes désormais libres de nos mouvements.

Pour cet Harry Potter et l’Ordre du Phénix, l’équipe en charge du projet a effectué la modélisation intégrale de Poudlard. Oui, vous avez bien lu : vous pourrez circuler dans toutes les salles connues, ou presque, de l’immense école. Ce travail d’orfèvre a nécessité une étude minutieuse des longs-métrages et surtout une intensive utilisation des croquis de J.K. Rowling. Qu’il s’agisse de la salle commune, de la grande salle en passant par la volière ou les différentes salles de classe, vous aurez de quoi visiter. C’est d’ailleurs de la première frayeur du soft : la peur de s’égarer. Même les plus férus lecteurs de la série se perdront dans le labyrinthique escalier à 7 étages et ce, malgré la carte du maraudeur, consultable via une simple pression sur le bouton back. Absolument imbuvable, elle aura tout de même une utilité certaine : vous permettre de sélectionner une destination. Apparaîtront alors des traces de pas afin de vous guider vers l’endroit souhaité. Fort pratiques et aussi réactives qu’un bon GPS familial, elles auront pour défaut de n’être guère visibles dans les sombres couloirs. Toutefois, comme pour tout jeu, l’habitude faisant, les lieux n’auront très vite plus de secrets pour vous et ce, malgré l’immensité de l’environnement.

Mais plus forts que l’habitude, ce seront les innombrables allers-retours obligatoires à la bonne avancée du jeu qui vous feront vous souvenir de l’agencement des pièces. La progression se fait en effet via de très nombreuses missions qu’il vous faudra remplir pour espérer en voir d’autres. Relativement inintéressantes dans l’ensemble, elles en sont forcément lassantes et certaines d’entre elles semblent avoir pour seul but de tester la patience du joueur : retrouver un bouquin dans la bibliothèque, aller chercher une mandragore dans la serre botanique ou encore récupérer une potion dans l’infirmerie. Les activités sont assez variées dans l’ensemble mais les kilomètres à parcourir en énerveront plus d’un, c’est une certitude. Certaines épreuves ont été clairement conçues afin de rallonger la durée de vie, cela se sent et n’est nullement caché.
En plus de cela, vous trouverez plusieurs mini-jeux et quêtes annexes à remplir pour espérer afficher un somptueux 100% au compteur. Visiter Poudlard dans ses moindres recoins sera donc un rude défi tant l’exploration de la demeure demande minutie et courage. Ranger toute l’école, découvrir tous les raccourcis, débusquer toutes les pièces d’échec seront de véritables challenges à l’inverse des rares combats auxquels vous participerez.

Il faut savoir que vous apprendrez tout au long du jeu six sorts de base et six sorts de combat. Les premiers vous serviront à influer sur votre environnement comme allumer des torches ou déplacer des objets. Les autres, comme leur nom l’indique, vous seront indispensables pour vous défendre au cours des rares confrontations de ce cinquième volet.

Alors qu’on les attend fébrilement pendant des heures, ces bastons se révèlent être molles et sans réel attrait. N’attendez pas à déborder d’adrénaline, pris dans le feu de l’action, esquivant les frénétiques Rictusempra et autres Expelliarmus. Par conséquent, n’hésitez pas à mettre le jeu en difficile au départ, ça vous fera un succès supplémentaire à la fin. Oui, il n’y a aucune différence entre les modes « normal » et « difficile », autant en profiter…

Ce cinquième épisode se finira gentiment après une dizaine d’heures de jeu, auxquelles vous en rajouterez bien cinq-six pour tout explorer. La durée de vie, sans être transcendante, est plus qu’honnête. Il faudra par contre bien prendre le temps de savourer le jeu et ne pas tout faire d’un coup sinon il risquerait très vite de vous horripiler à vitesse grand V. Les innombrables allers-retours ne sont en effet pas étrangers à cela. Heureusement, pour faire passer la pilule, EA a mis les moyens sur la bande sonore. Et oui, le jeu a bénéficié de l’entière licence ce qui comprend donc les partitions. Par conséquent, nos oreilles auront le droit d’écouter les mélodies du film réorchestrées pour l’occasion. La société en est tellement fière qu’elle en parle dans les nombreux bonus à débloquer. Les voix sont celles des véritables doubleurs et il faut avouer qu’ils ont fait un excellent boulot. La plupart des intonations sonnent juste et l’impression de « lecture » s’est évaporée par rapport aux anciens Harry Potter.

Alors que les adaptations de film sont en règle générale décevantes, celle d’Harry Potter et l’Ordre du Phénix étonne. Il est évident que le manque de rythme en décevra beaucoup mais la réalisation en impressionnera d’autres. Le souci du détail est impressionnant, même si les textures auraient pu être bien plus travaillées. Les fans de la série, et plus particulièrement du film pourront se jeter ouvertement sur cette adaptation qui se révèle être l’une des meilleures depuis le début. Les autres s’ennuieront probablement après quelques heures de jeu.